L’homme d’affaires (3/5)

L’homme d’affaires (3/5)

Richard partit d’un éclat de rire, tellement heureux d’avoir entendu sa femme déblatérer sans raison, et coupa net.

  • Attends, attends un peu. Toi-même qui me parles des gens qui réussissent leur vie sans un grand diplôme, tu oublies que tu as été au BEPC trois fois dans ta vie et cela n’a jamais marché, non ? Et que j’ai réussi à te faire engager dans cette société parce que nous avons trafiqué ton diplôme. Nous avons fait croire que tu as le niveau bac, alors que tu sais bien que tu n’as jamais mis pieds au second cycle. Comment peux-tu d’ailleurs le faire, puisque non seulement tu as échoué à obtenir ton BEPC, mais aussi et surtout, malgré les trois fois que tu as fait la classe de 3è, tu n’as jamais réussi à obtenir une moyenne supérieure à 7. La première fois, tu as eu 4,33 comme moyenne. Tu avais dit que c’était à cause de ta maladie en début d’année qui n’a duré qu’une semaine après les cours. Ta deuxième année en 3è, tu as eu 6,74 et la dernière année que tu as faite dans une autre école, puisque tu fus exclue de la précédente, tu as réussi l’exploit d’obtenir une moyenne inférieure à toutes les deux moyennes. Tu n’es eu que 4,27 comme…
  • Assez, je ne veux plus qu’on en parle. C’est un moment douloureux de ma vie. Je ne veux pas y penser.
  • Tu vas y penser kaka [1], car autant tu prends du plaisir à mal parler des autres, autant tu dois être heureuse que je te rappelle ton passé. La vie n’est pas que rose, et c’est très facile de critiquer les autres. Tu aurais dû t’analyser avant de sortir les mots de ta bouche pour éviter de créer autour de toi des maux. Je n’aime pas trop qu’on diminue des gens qui se sont battus pour réussir leur vie et dans leur vie, sachant bien qu’on n’est même pas meilleur qu’eux. C’est à cause de ces bavardages que notre pays n’évolue pas et refuse le décollage économique. Ils sont nombreux, ces soi-disant moralisateurs à parler des autres à longueur de journée ; les autres qui font au moins l’effort de gagner leur vie à la sueur de leur front. Et pourtant, eux-mêmes sont les pires paresseux du monde. il faut que les choses changent. Il faut que le monde change.

Cette nuit, la tension fut au paroxysme dans la maison. Akwavi ne pardonna point à son mari de l’avoir si rabaissée. Elle alla se coucher dans la chambre d’amis, abandonna son mari seul dans le lit conjugal. Ce dernier ne se plaignit point. Au contraire, il était heureux d’avoir dit à sa femme ses quatre vérités. Pour la première fois, il dormit tranquille, le cœur libéré…

[1] Néologisme qui veut dire tu vas y bien penser.

…. A suivre.

Claude K. OBOE.

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