Voici un livre bouleversant par son titre:   « C’était à Tigony » qui, à lui seul, fait office d’accroche. « Que s’était-il passé à Tigony? » m’étais-je demandé en tombant sur cet ouvrage où l’auteur a voulu cacher derrière le blanc de la couverture les horreurs et les erreurs dont est maculée l’histoire de la rencontre entre l’Afrique et l’Occident. Si Aimé Césaire pense que c’est un malheur pour nous d’avoir rencontré cette France-là sur notre chemin, Olympe Bhêly-Quenum enfonce le dard de l’indignation au plus profond de nos torpeurs et de nos complicités pour enfin conclure que : « […] L’UNESCO est une des rares organisations socioculturelles où les problèmes claniques et de stratifications tribales, pires qu’en Afrique, ne seront jamais étudiés » (C’était à Tigony, p.153).  Le livre est intriguant, sulfureux et osé. L’auteur témoigne lui-même :  » René Dumont, qui avait lu ce roman peu avant sa mort, n’avait pas hésité à me dire au téléphone comme je l’ai déjà écrit dans un texte en ligne sur mon site:  » ….Olympe, ton livre sera enterré, tu as mis les pieds dans trop de plats en porcelaine…. » Il parlait d’or: 45 exemplaires envoyés à la presse française ont été étouffés. »[1]  Tant que c’est l’Afrique qui est piétinée, le monde peut sourire et se féliciter en se frottant les mains. Qu’on pille les richesses africaines, le monde n’en a cure. On lit d’ailleurs sur la quatrième de couverture :  » La découverte d’une mine d’or et son exploitation par un consortium international fait prendre conscience que les richesses du sous-sol et du sol du pays ne devraient pas être au seul bénéfice de l’Occident. Tandis qu’une sourde tragédie s’amorce au pied de la mine, les droits sociaux gagnent du terrain. Dans C’était à Tigony, Olympe Bhêly-Quenum pose l’un des problèmes cruciaux du continent. » Ce livre que nous étudions ici est paru aux éditions Présence Africaine-NEI, en octobre 2000 et couvre 385 pages.

Le Décor

Toujours dans son style original, Olympe Bhêli-Quenum décrit sans réserve, les vestiges de la colonisation, et les conséquences du néocolonialisme dont est victime Tigoni. En effet, Tigoni est une petite ville, mieux une banlieue où sévissent l’insécurité, la pauvreté, la misère bien que regorgeant d’importantes ressources aussi bien naturelles qu’humaines. Son péché est d’être situé au Wanakawa, un pays devenu malheureusement le fief des hors-la-loi européens qui y règnent en maîtres absolus en complicité avec des dirigeants noirs non moins voyous et qui se révèlent in fine comme de vilains dictateurs. Les multiples manifestations, protestations et insurrections mèneraient-elles le peuple victime à avoir gain de cause alors que les politiciens sont amorphes, très peu préoccupés de la satisfaction des moindres besoins fondamentaux ? Toutefois, comme un messie, la géophysicienne européenne, Mme Dorcas Keurléonan-Moricet, en mission dans le pays, s’engagera, contrairement à ses semblables Blancs, à défendre les intérêts économiques du peuple noir. Mais que peut une femme contre un repère de loups voraces décidés à décimer les noirs et à piller leur or?

Ce fils de Vodounsi, jaloux de son héritage culturel. Né le 20 Septembre 1928, l’écrivain Béninois Olympe B. QUENUM a ses origines à Ouidah, ville coloniale, et en même temps creuset du Vodoun. Cette situation spatio-temporelle de ses origines n’est pas sans influence sur son style littéraire et ses prises de position. Ayant eu le privilège d’être né avant les indépendances en Afrique et d’avoir, par conséquent, vécu l’époque coloniale, il a toujours su user de ces atouts non négligeables pour défendre sa culture, ses origines, et faire la guerre pacifique tant au colonialisme qu’au néocolonialisme puis aux différents maux qui minent la terre noire. Ainsi dans ses œuvres que ce soit “ Un piège sans fin ”, “ C’était à Tigony ”, “ L’initié ”, “ Un enfant d’Afrique ” et j’en passe, il n’est pas rare de le voir dézinguer les idéologies colonialistes et dénoncer vivement les mauvais us de ses frères Noirs. Cette objectivité constitue une grande force dans l’originalité de ses écrits dont les protagonistes sont toujours des personnages originaux.

Les protagonistes principaux de « C’était à Tigony »

Mme Dorcas Keurléonan-Moricet, épouse de Gaëtan Keurléonan. Géophysicienne envoyée en mission en Afrique avec son mari raciste, avec qui elle a eu deux enfants, elle se verra attachée fortement à la cause des Africains au point où elle n’hésitera à mettre fin à son mariage avec ce dernier pour épouser Ségé n’Di. Elle participe à la marche de protestation des chômeurs de Tigony, occasion de sa rencontre avec Ségé n’Di. En effet, elle se réclame être en partie “Africaine” puisque née à Ouidah en République Dahoméenne où a été enterré son placenta, à l’image des autochtones. Sa détermination permettra aux Africains de détenir le monopole de l’exploitation du gisement d’or qu’elle a découvert. Elle incarne la franchise, l’honnêteté mieux la probité dans l’ouvrage.

Mr Gaëtan Keurléonan, époux de l’héroïne et raciste, il était lui aussi envoyé en mission en Afrique en tant que Secrétaire général adjoint de la Mission de Coopération internationale dont l’Agence avait son siège à Tigony. Il n’est pas celui qu’on qualifierait de “mari fidèle” ni de “père modèle”. Champion dans l’adultère, il est pourtant l’incarnation de la jalousie. Il perdra sa femme par un divorce et s’attachera à Myriam Haïlé-Haïkouni, une Noire qui aussi finira par le laisser à cause de ses penchants mauvais. Le contrast dans sa personne est que malgré son désamour pour la peau noire, il y trouve quand-même satisfaction à ses pulsions sexuelles et en éprouve même des sentiments. Après avoir provoqué la mort du vieux n’Ata, grand-père de Ségé n’Di par la tentative du meurtre de celui-ci, il finit par se suicider. Sa personne représente la forme humaine de l’hypocrisie, la haine, le racisme…

Ségé n’Di, jeune Africain sans emploi, vendeur de journaux à la criée. Il a perdu ses parents par faute de la situation de crise de son pays, et a été élevé par son grand-père n’Ata. Il mènera plusieurs fois les marches manifestant les désapprobations du peuple grugé vis-à-vis du pouvoir en place. Il devient amant de Mme Keurléonan-Moricet dont il a fait la connaissance dans la foule au cours de la marche de protestation. Très tôt, il s éprit d’elle, et elle réciproquement. Avec l’aide intelligente de celle-ci, il réussira à un concours qui lui vaudra un job dans un Consortium régionale dont elle est elle-même directrice. Ayant suscité la jalousie de Mr Gaëtan Keurléonan-Moricet —qui le soupçonnait de lui avoir volé sa conjointe —, il sera objet d’un assassinat manqué orchestré par celui-ci. Ceci lui coûtera non seulement une intervention chirurgicale mais aussi la vie de son cher vieux n’Ata, la seule parenté de ligne directe qu’il lui restait. Il finira au-delà de tout par établir son règne dans le cœur de Dorcas son heureuse élue. Il inspire dans cet ouvrage, l’esprit patriotique, l’amour et le recours aux origines, la bravoure que l’auteur attend de l’Africain.

Mr Greenough, journaliste irlandais envoyé d’un grand quotidien, il était chargé de rendre compte chaque fois de la situation à Tigony. Il ne ménageait aucun effort pour blâmer aussi Blancs et Noirs dans leurs méfaits antisociaux. Il avait un dédain contre les exactions des Européens vis-à-vis des Africains. Son seul moyen, sa seule force de frappe sans pour autant s’attirer des ennuis imparables reste sa plume et son masque de journaliste du Daily Encounter, un quotidien dont la renommée et la notoriété n’est pas des moindres. Il consacrera un scoop spécial à la vraie face de la personne de Mr Gaëtan Keurléonan-Moricet après la mort de ce dernier. Faisant partie des rares exceptions des Européens du Wanakawa, il incarne l’objectivité, l’amour du métier que l’on exerce, la passion au travail…

Mme Myriam Haïlé-Haïkouni, une Noire Éthiopienne, de parents juifs, elle arborait la quarantaine. Mère de deux enfants dont un garçon métis et une fille noire, elle est Secrétaire Générale du Ministère de l’Economie, des Finances et du Budget. Elle est une vielle amie de son Excellence le Président de la République Mr Haïnakogninifu qui lui proposa à maintes reprises, mais en vain, des portefeuilles ministériels. Dans l’exercice de sa fonction, elle fera la connaissance de Mr Gaëtan Keurléonan dont elle deviendra l’amante mais qu’elle finira par laisser à cause de la nature raciste de ce dernier. Riche de son état, elle est d’une influence puisque née d’une famille noble et de grande renommée. Elle sera ralliée à la défense de la cause commune grâce à l’amitié qu’elle noua avec Dorcas. Par son aide, des démarches seront menées en vue de rendre aux Noirs le monopole sur le gisement d’or du Mont Franakiniriyo. Elle est de ces femmes que l’on appellerait “Dame de fer” puisque faisant montre de rigueur non seulement envers elle-même mais aussi envers son entourage, et incarnant la droiture, l’honnêteté, le patriotisme…

Sujets abordés

Cet ouvrage aborde plusieurs thèmes dont les plus accrochants sont le réel et le fictif dans le roman, le retour aux sources, la crise sociale qu’est le néocolonialisme.

Le réel et le fictif dans le roman

Parlant du réel et du fictif dans le roman « C’était à Tigony », entendons par «réel» ce qui existe et par conséquent palpable, perceptible par les sens, le «fictif» étant l’opposé et donc l’imaginaire et l’abstrait. Ces deux termes semblent bien contraires de par l’approche de compréhension sus faite. Cependant il nous faut noter que le fictif — entendons l’imaginaire — a pour auteur l’humain qui, lui, est réel et vit dans le réel, tenant pour source d’inspiration son entourage qu’il appréhende par les sens. Ainsi le réel et le fictif quoique conceptuellement opposés, sont intrinsèques l’un à l’autre ; car le second trahit, de par sa réflexion, le premier qui lui donne naissance. Ce même scénario se trace dans cet ouvrage. En fait, bien qu’il s’agisse d’un ouvrage de fiction, l’auteur semble bien connaître un lieu réel où se déroule l’histoire. Car malgré tout sa nature fictive, le récit attire l’attention sur l’Afrique en générale et l’Afrique Noire en particulier, plus précisément sur un bidonville du Kenya appelée «Tigoni». L’usage très flagrant des noms propres de personnes «Nelson Mandela» (p.225), de lieux «Prétoria, Afrique du Sud» (p.225) ou «Ouidah, Kandi, Dahomey» (p.301–302), et leurs situations géographiques par rapport au Wanakawa frisent la peinture fictive d’un lieu bien précis, mieux bien indexé. Cette explicitation de l’auteur lui-même dans un courrier adressé à Fidèle QUENUM, nous éclaire davantage. L’auteur écrit en effet :  » C’ETAIT A TIGONY était publié à la même époque que le roman de John Le Carré au sujet de l’industrie pharmaceutique en Afrique; son roman est campé au Kenya ou en Afrique de l’Est; le mien concerne la découverte et l’exploitation d’une mine d’or; Tigoni est au Kenya que je connais assez bien, mais Tigony (avec y) symbolise les pays africains où pendant plus de dix ans j’avais effectué des enquêtes. »[2] De plus, loin de n’être qu’un livre de contestation, l’auteur fait y voir une œuvre prophétique. A la vérité, « C’était à Tigony » semblait prédire la crise sociale ivoirienne, les élections au Kenya caractérisées par des carnages à Tigoni, et le conflit sanglant au cœur des élections au Zimbabwé très présent dans l’ouvrage avec la description de l’hôtel Monomatapa. Coïncidence. Hasard? Toujours est-il que ces faits évoqués ont eu lieu huit mois après la parution de l’œuvre.

Retour aux sources

Quant au retour aux sources, il se traduit par la conviction qu’un individu a souvent en se référant à ses origines pour mieux appréhender certains faits et aspects de la vie. Il traduit aussi l’amour, l’attachement d’un individu à ses racines. Cette Conviction, cet attachement est intrinsèquement typique à la Terre Noire, comme pour confirmer cette leçon africaine qu’« il faut savoir faire recours au passé afin de mieux comprendre le présent et de bien construire l’avenir ». En effet, l’écrivain béninois Olympe B. Quenum a toujours le mérite de faire référence à ses origines dans ses ouvrages, quel qu’en soit thème. Il le fait de même ici et plus précisément à travers les personnages du vieux n’Ata et de Ségué n’Di. Il les fait interroger la nature, se remémorer l’histoire des ascendants, faire usage de sagesse africaine pour mieux scruter ceux européens, etc. « Ils s’y assirent face au cours d’eau, écoutaient en les traduisant ses chuchotis, les commentaient ou devisaient » (p.235). Pour ingurgiter le texte de l’Odyssée en vue de son concours, Ségué n’Di n’a eu que le réflexe de le traduire dans sa langue maternelle, langue de ses origines et le rendre aisément comme une histoire livrée par un vieux sage (p.82–83) ; il fait également recours à ses savoirs antérieurs reçus de la sagesse africaine pour étayer ses opinions : « […] en Afrique, la conjugaison des efforts peut aboutir à des réalisations sans qu’on aille quémander ailleurs (…) » (p.231). Il fait même recours aux dieux pour raviver sa foi et ses convictions « Je ne possède aucune arme…“les dieux de l’Afrique toute entière auront raison de cet Occidental qui fait si peu de cas de la vie d’un être humain, même d’un nègre (… ) » (p.291) comme pour se montrer loyal aux enseignements de son “bon vieux n’Ata”. Le vieux Nakinokofu n’Ata ne s’exprime presque jamais sans d’abord faire référence à la nature, ou aux ancêtres ou encore aux dieux : « Les dieux permettront que tu en aies un à toi… » (p.65), « […] Il y a des terres fertiles, des forêts, des montagnes riches de richesses qui y dorment, des rivières qui offrent parfois des pépites d’or… » (p.24), « Les dieux me rejettent si telle est ma pensée… » (p.63), « n’Ata prie les mânes des ancêtres et celles de vos propres parents en pensant à vous » (p.282) ; et même son métier de sculpteur hérité des ancêtres, en dit long : “continuer la tradition”. Le recours à la source n’a pas fait défaut dans l’ouvrage. Mais loin de faire de Ségué n’Di et de son vieux n’Ata des traditionalistes catégoriques, il rappelle aux Africains l’amour et l’attachement qu’ils doivent à leurs origines et aux valeurs africaines malgré l’avènement des civilisations occidentales : « […] il n’existait aucun antagonisme entre son désir, son choix si ancien et celui, plus élevé, qu’il visait pour son neuvième petit-fls attaché à la maison ancestrale, bien que ce dernier eût fréquenté l’école des Occidentaux… » (p.63), « selon la coutume, aucun étranger, quelle que soit la couleur de sa peau, n’assiste à la mise en terre d’un initié » (p.284). L’auteur n’a donc point lésiné sur le brassage de ce thème, conformément au proverbe africain que « Même quand on perd le chemin de là où l’on va, on se souvient bien de là d’où l’on vient ». Ainsi les noms des localités surtout fictifs, les substantifs et patronymes des Africains, et même leurs manières de penser dans l’ouvrage sont là les signes tangibles que « C’était à Tigony » ne fait pas exception à la conviction d’Olympe B. Quenum de transmettre au monde entier, à travers ses écrits, l’amour et le respect que l’on doit à la Terre Noire qui, par surcroît, est et demeure le berceau de l’humanité. Pourrait-on sous cet  angle qualifier aussi la ruée des Occidentaux en Afrique d’un “recours à la source” ?

Le néocolonialisme

En ce qui concerne le néocolonialisme, comme nous l’avons toujours entendu, il se traduit par la manifestation non seulement de la volonté des pays développés et surtout occidentaux à maintenir leur domination sur les pays colonisés d’Afrique décidés à recouvrir leur souveraineté, mais aussi de la faiblesse de l’État post-colonial et du laxisme des peuples africains. « C’était à Tigony » ressasse de long en large ce phénomène toujours actuel. Ainsi on y remarque que les dirigeants Noirs se crétinisent et se « pantinisent » en face de homologues occidentaux qui leur dictent quoi faire : « Ainsi à de rares exceptions près — parce que ces nantis défendent et protègent des intérêts qui ne sont pas de ceux de leur pays, mais appartiennent à des puissances qui les maintiennent au pouvoir sans constituer des remparts face au peuple s’il entrait en rébellion — le gratin de l’administration n’est qu’une erreur de la nature ; l’État, une gigantesque fiction, le gouvernement, un leurre ; l’un et l’autre impopulaires et méprisés » (p.204). Ceci favorise l’affluence en Afrique des “ Sans-papiers ” Européens qui viennent y régner en maîtres : « Des étrangers, tous Européens, ont sous leurs ordres des autochtones dans un pays dont ils ne parlent ni ne comprennent aucune des cinq langues […] » (p.205). Se voyant alors toujours supérieurs au Noir même malgré son indépendance (illusoire en réalité), ils se permettent toute exaction possible vis-à-vis de ce dernier sans que rien n’y fut. Mr Gaëtan Keurléonan ira jusqu’à exiger de son employé Noir, Malifiki, un père de famille, de se mettre à poil pour qu’il vérifie si ce dernier ne lui a pas dérobé son sous-vêtement égaré dans sa lingerie (p.147). Même les crimes semblaient leur être “autorisés” (cf. p.289–293). Par surcroît, ils surexploitent en douce les ressources naturelles de la Terre Noire pour la cause de l’Occident, pendant que les frontières occidentales sont fermées aux migrants Noirs. Toujours est-il qu’il y en a, Noirs comme Blancs, qui ne cessent d’exprimer leur désapprobation de cet état de chose, comme dans l’ouvrage (à l’instar de Ségué n’Di, vieux n’Ata, Mr Greenough, Mme MyriamHaïlé-Haïkouni…) Malifiki qui n’hésite pas à affronter son patron quant à défendre l’intégrité de ses origines « […] vous vous trompez d’homme et d’époque… » (p.148), « […] l’Afrique esclave n’existe pas au Wanakawa… » (p.149), ou Dorcas qui déplore l’hypocrisie des Occidentaux à l’égard de l’Afrique où seuls leurs intérêts comptent « […] l’esprit de conquête, d’ingérence dans les affaires des pays situés à des milliers de kilomètres du continent européen, est une maladie… », « pour ne parler que de mon pays, cette maladie semble atavique : le nombre de Français qui critiquent l’Afrique, mais y vivent […] », « Que dirait-on si des Africains en Europe se conduisaient comme nombre de nos compatriotes au Wanakawa ? » (p.167). Mais jusque là qu’est-ce qui fut fait ? Qui est-ce qui s’en préoccupe vraiment et en fait une lutte ? « […] L’UNESCO est une des rares organisations socioculturelles où les problèmes claniques et de stratifications tribales, pires qu’en Afrique, ne seront jamais étudiés » (p.153).

En guise de conclusion

Remarquons, pour finir, que bien que « C’était à Tigony » fasse, dans une tonalité plus ou moins satyrique, pathétique et même lyrique, le procès du néocolonialisme et celui des mauvaises mœurs des Africains, il y en a quand-même, aussi bien Noirs que Blancs comme le vieux n’Ata, Mme Dorcas Keurléonan-Moricet qui peu ou prou faisaient exception. Ceci attire l’attention sur le fait que la vie n’est pas faite que de mal mais aussi de bien; ce qui justifie même la diversité des couleurs de peau au sein de la race humaine, laquelle diversité est souvent mise en relief dans les œuvres de l’auteur pour appeler Noirs et Blancs à une collaboration équitable et équilibrée dans le respect mutuel et non à toutes ces exactions dont nous ne cessons d’être témoins. C’est d’ailleurs pour cela que la principale problématique de l’ouvrage se veut être : » pourquoi les médias ne parlent jamais de migrants Européens “ sans-papiers ” en Afrique pendant que leurs semblables Noirs en Europe, entassés dans les ghettos et taudis tels des troupeaux parqués pour les enfers que paît la mort, font objet de choux gras pour l’actualité mondiale ?  » Leurs multiples méfaits et exactions envers nos frères, nos sœurs, et même nos terres et nos sous-sols seraient-ils donc légitimes ? Sinon la définition occidentale de l’émigration serait-elle spatialement variable ? Et pourquoi faut-il que ce soit toujours les Occidentaux qui viennent défendre l’intérêt économique de l’Afrique et non les Africains eux-mêmes ?

Mon coup de cœur pour « C’était à Tigony » résulte du fait qu’il interpelle non seulement les dirigeants Africains et Occidentaux, mais aussi les jeunes d’aujourd’hui et dirigeants de demain sur la question du racisme, l’une des maladies endémiques qui ne cessent de porter atteinte à l’épanouissement de toute la gent humaine.

Paterne HOUNKPE

[1] http://illassa-benoit.over-blog.com/article-benin-le-doyen-o-b-q-repond-a-fidele-quenum-concernant-la-privatisation-de-benin-telecoms-s-a-51259876.html

[2] http://illassa-benoit.over-blog.com/article-benin-le-doyen-o-b-q-repond-a-fidele-quenum-concernant-la-privatisation-de-benin-telecoms-s-a-51259876.html