«..Souffle de l’Ailleurs… Je ne vivrai jamais plus pour un parce que… Je ne mesurerai plus le monde par un pourquoi ?… Le comment ? ne m’intéressera point, et encore moins le quand ? »

Quand on souffre, quand on voit souffrir et quand on en a marre de souffrir, il faut oser des moyens perspicaces pour se faire entendre. Quand le monde s’effondre autour de soi, des actes immondes dans un monde plein d’horreurs, il importe de faire taire le pourquoi de certaines choses qui, pourtant, ne sauraient rester sous silence. Et l’espoir, même s’il est permis, n’offre aucun pourcentage rassurant. Nonobstant ce, il y en a et en aura toujours qui plaideront pour l’humanité : Syram ! C’est dans cette perspective de dénonciations des maux ruinant et accablant l’humanité, horribles maux qui de plus en plus déshumanisent, que le béninois Okri Pascal TOSSOU s’inscrivant désormais dans la ligue des écrivains, publie chez CAAREC Éditions en 2012 son roman, Syram.

Docteur en littérature et civilisations françaises, discipline qu’il enseigne au département des Lettres Modernes de la FLASH à l’université d’Abomey-Calavi, l’auteur s’intéresse, parallèlement, à la poétique des écritures engagées, avec une attention particulière aux avancées de l’analyse argumentative. Vu comme un écrivain féministe, Okri TOSSOU se fait écrivain engagé. Il ne lésine pas sur les mots pour exprimer ses pensées, ses impressions. Par « Syram« , l’auteur raconte l’histoire d’un jeune homme africain, Axiole, qui se rendit à Dunk en Occident pour ses études avec toute la fébrilité qui anime les jeunes africains devant passer de l’autre bout de l’Océan. Revenu au pays, suite à son militantisme politique, il sera mis en geôle, lieu où il rencontrera Antonin, un homme-machine à pet avec qui il partagera l’enclos. Syram dont cet ouvrage porte le nom, l’amie au départ, la fiancée ensuite et l’épouse attentionnée d’Axiole, est une femme fantastique qui s’emploie à aider, à sauver les âmes vulnérables, rendre joyeux ceux qui l’entourent malgré la complexité des habitudes humaines, les guerres dans le monde, les catastrophes naturelles. L’auteur évoque un monde horrible, déchiré, où la famine sévit, mais où les dirigeants, le ventre plein, feignent de secourir. Tant de pensées, tant de souvenirs amers qu’Axiole, lors de ses évasions d’esprit, a embrassés dans sa mémoire jusqu’au jour où ses camarades, il s’évade de la prison. Ce plan ourdi par Syram et exécuté par Jacky et John, lui permet de recouvrir pleinement sa liberté.

« Syram » est une histoire d’actualité, du fait des guerres incessantes dans le monde, les mauvais traitements en prison, la violation des droits et des devoirs et le rôle de la femme dans la réconciliation et la paix dans le monde. La femme, pour l’auteur, est l’héroïne de l’histoire du monde. C’est d’ailleurs ce qui explique qu’à l’œuvre soit donné le nom d’une femme, Syram, bien qu’un autre titre rendrait mieux compte du bel ouvrage construit sur un fond d’amour, amour languissant entre Axiole et Syram, idée d’amour qui comble l’un en l’absence de l’autre.

Par endroit, l’auteur interpelle le lecteur dans ses descriptions comme si l’on était encore dans l’univers des classiques, or il faut évoluer selon l’approche de son temps. Il n’évoque pas ou ne fait pas entrevoir un véritable et convaincant espoir surtout par la mort d’Antonin qui a reçu une balle lors de l’évasion et l’idée des catastrophes sociales, de la mort que chacune des pages renferme. Son style exprime ses ressentis: un registre courant, délicat et très praticable pour toutes les couches intellectuelles avec des périodes humoristiques, des pensées instructives et de belles phrases.

Comment est le souffle de l’Ailleurs ? Suffit-il d’étudier ailleurs pour mériter un bel avenir? Que devient le monde ? Que représente l’être « femme »? Qu’est-ce que l’amour ? Existe-t-il ? Voilà autant d’interrogations auxquelles on peut répondre avec Syram. Syram, un roman à lire absolument.

BACHOLA Amoni I. Mafoya

  1. Syram est un beau roman. une vue panoramique sur les problèmes du monde actuel. J’ai aimé le réalisme de l’auteur qui finit toujours par rappeler à l’homme son néant, son insignifiance. Le riche pète autant que le pauvre, il dort comme lui, comme lui il ronfle et se fâche. J’ai ailé aussi le génie avec lequel il a conduit l »histoire.