Introduction

La littérature béninoise fait son chemin et la famille des écrivains béninois s’agrandit de jour en jour. Avec son roman « Les Délires de l’Inconscience » Enock J.C GUIDJIME fait son entré dans cette belle famille. Paru aux éditions Milca à Cotonou en Septembre 2018 « Les Délires de l’Inconscience » est un roman de 204 pages. Rien qu’à lire le titre  et à voir la première de couverture du livre, on se retrouve face à une multitude de questions, auxquelles il faut forcement trouver de réponses. Délire de l’inconscience? Pourquoi ce titre? Délires, de quel genre? Mais les délires de l’inconscience de qui? Mais l’auteur dans une interview apporrte lui-même quelques éléments de réponse:  » « Il faut noter que ce n’est pas le premier titre que j’ai proposé au roman. Le premier était ‘‘Une Lutte Coriace’’. Mais avec l’évolution des idées, j’ai vu que ce titre n’englobe pas le contenu du roman d’une part et n’est par accrocheur d’autre part. C’est ainsi que j’ai proposé le titre ‘‘Les Délires de l’Inconscience’’ parce que la quasi-totalité des personnages principaux du livre ont agi dans l’inconscience ignorant, par ricochet, les inconvénients négatifs que cela pourrait engendrer. » http://biscotteslitteraires.com/interview-enock-guidjimme-eg/

De la couverture, il explicite dans la même interview:  » « La première couverture met en exergue des images de regrets. On y voit deux jeunes et un vieux. L’homme à genou avec un paquet de cigarette à côté et une bouteille de Jack Daniel n’est personne d’autre que Ayissè qui explose de regrets après ses délires. De l’autre côté, une femme. C’est bien-sûr Akonam qui ne s’en revient pas du fait qu’elle soit éperdument perdue pour avoir, sans ambages, foulé aux pieds les désidératas de ces parents. Le vieux sur l’image est un sage pétri d’expérience qui voyait dans l’ombre cette jouvence qui regrette ses erreurs. » http://biscotteslitteraires.com/interview-enock-guidjimme-eg/

Ces interrogations levées, nous essayerons, dans le présent travail, de faire une brève présentation de l’auteur. Suivront ensuite le résumé de l’œuvre, les thématiques, les personnages du roman ainsi que l’actualisation et la critique.

Présentation de l’auteur

Journaliste en fonction à la presse écrite spécialisée dans les questions éducatives, Educ’ Action, Enock J.C GUIDJIME est né à Cotonou le 23 Octobre 1992. « Les Délires de l’inconscience » est son premier roman.

Résumé de l’œuvre

Entièrement consacré à la jeunesse et à ses questions, le roman « Les Délires de l’inconscience » voltige entre amour, jalousie, injustice, vol, polygamie. Ce roman nous conduit dans un univers passionnant, fascinant, un univers de regrets et de larmes. Ici le dénominateur commun à tous les maux a pour nom : l’inconscience. C’est en effet l’inconscience qui a conduit la jeune et belle Akonam à tomber amoureuse de Konaboué un homme déjà marié, foulant ainsi aux pieds l’interdiction de ses défunts parents de s’unir à un homme déjà en couple. Si, chez Akonam c’est l’amour qui a entraîné cette chaine « d’inconsciences », chez Badessi c’est la jalousie. Ayissè et Gbédjigan n’ont pas su échapper à ce même virus qu’est l’inconscience. Ayissè s’était lié amitié avec la paresse et l’ambition démesurée. Gbédjigan avait trouvé plus de plaisir dans la rue que dans les classes d’écoles. De génération en génération, comme  une malédiction, ni Sessi ni Kpètindé n’ont échappé à cette chaine. « Les Délires de l’Inconscience » un mélange de joie et de pleur, de bonheur et de malheur, d’amour et de haine.

Thématiques

Amour : Cela se traduit par l’amour entre Akonam et Konaboué. « L’amour naît et circule. C’est un fleuve. Quand il prend un chemin, il arrive toujours à destination. » page 45 – L’amour vit à sa façon. Il procure joie et bonheur, mais il arrive qu’il soit source de pleut, de souffrance et pourrait aussi bien se transformer en haine On pourrait se dire que c’est par amour que la belle et respectueuse Ekonam a fait preuve d’inconscience en se livrant à une idylle  avec Konaboué, un homme déjà marié. Par amour elle s’est éprise de Konaboué malgré la précédente interdiction de ses défunts parents de se lier à un homme déjà en couple. Et ce côté obscur de l’amour, Sèssi, la jeune sœur de GBédjigan et de Ayissè, en a été victime. Elle s’est donné la mort, car elle s’était retrouvée face à un amour impossible. Elle aimait son demi- frère Kpètindé d’un amour autre que fraternel. Est- ce une raison pour ne plus vouloir vivre? C’est une question à laquelle chacun doit répondre ou tout au moins y réfléchir.

La jalousie : Badessi a fait preuve de jalousie en accusant injustement sa coépouse Akonam de la mort de Konaboué. « Le désir de Badessi était d’obliger Akonam à quitter la maison de leur mari » page 63

La haine : C’est ce sentiment que Sessi éprouva envers sa mère quand elle eut vent de tout ce qu’elle a fait subir à Akonam. « Mais, Sessi n’avait plus envie de cohabiter avec sa mère. »

Mais la plus grande inconscience que l’auteur, par-delà tout, fustige derrière ses mots et phrases, c’est la polygamie. Loin d’être un mal nécessaire, la polygamie crée des conflits entre frères d’un même père. Elle résout moins de problèmes qu’elle n’en crée. L’auteur affirme : « La polygamie est fastidieuse selon moi. Et l’homme arrive à la polygamie pour deux raisons. Soit il nourrissait cette envie depuis son enfance ou il s’est senti obligé au détour de sa vie conjugale d’y faire recours parce que cette vie est versée dans la routine. La flamme de l’amour n’est pas ravivée à tout moment ou il n’a pas ce qu’il espérait dans sa vie conjugale, d’où il va se rabattre sur une autre femme pour espérer mieux. C’est le cas de Konaboué avec Badessi où il a pris une nouvelle femme ‘‘Akonam’’. » http://biscotteslitteraires.com/interview-enock-guidjimme-eg/

Les personnages

Akonam : mère de Kpètindé, sœur de Sègnidé elle fut la deuxième femme de Konaboué.

Konaboué : Époux de Badessi et de Akonam, père de Ayissè, Gbédjigan, Sessi et de KPètindé.

Badessi : Mère de AYissè, Gbédjigan et de Sessi. Elle fut la femme de Konaboué

Gbédjigan : Fils de Konaboué et de Badessi, il est le frère cadet de AYissè. C’est lui en effet, le vieux Noundé qui nous raconte l’histoire.

Ayissè : Fils aîné de Konaboué et de Badessi, frère de Gbédjigan et de Sessi.

Sessi : Fille de Badessi, elle tomba follement amoureuse de son demi-frère Kpètindé au point d’y perdre la vie.

Kpètindé : Fils unique de Akonam, il est le neveux de Sègnidé.

Sègnidé : frère de AKonam.

Actualisation

 » Les Délires de l’Inconscience  » est un roman principalement centré sur des phénomènes ou des sujets actuels. L’œuvre est avant tout destinée aux jeunes qui, selon l’auteur, sont appelés à tirer leçon des erreurs et errements des anciens. Les thèmes qui y sont abordés le prouvent clairement. On sait que la jeunesse est une époque très important dans la vie de chaque homme. C’est un moment de grandes mutations et de profonds tumultes et perturbations. Et si ce rubicond n’est pas bien franchi, si ce virage est mal négocié, l’avenir en est hypothéqué. Voilà pourquoi l’auteur, tel un prophète, embouche la trompette de la conscientisation en appelant chacun et tous à une réévaluation de ses actes et à l’amour du travail. A la vérité, quand paresse et ambition s’accouplent, cela ne peut que générer des vices. Ayissè en est une preuve. Jeune et aîné de son père, Ayissè aime vivre sans difficulté, il adore la vie facile. L’auteur écrit que « La facilité est une source de perdition » page 59. Incapable de supporter la vie scolaire, il se réfugie dans l’ombre de son père Konaboué, le plus grand et riche cultivateur de Lonmandon. Et là aussi, Ayissè n’a pas su résister. Il préfère mieux son lit, les boites de nuit, les meilleures boissons que tenir la houe. Et pendant ce temps, GBédjigan son jeune frère, dans son uniforme kaki, préfère suivre la danse des revenants que ses cours à l’école. La jeunesse actuelle, à bien des égards, pourrait se retrouver dans les travers dénoncés par l’auteur.

Conclusion

L’œuvre est belle, les personnages plus ou moins bien portraiturés, le style simple et directe.  En dépit de ce que le roman « Les Délires de l’Inconscience » nous livre une histoire intéressante, l’on a l’impression, ce n’est qu’une impression, que l’auteur a fait preuve d’anachronisme. Volontairement ou involontairement? Envie de choquer ou de provoquer le lecteur? Pour preuve, sauf erreur de notre part, nous mentionnons  les télévisions à Écran plasma, qui ne pouvaient exister à cette époque-là et dans le cadre historique où l’auteur campe son récit, si on se réfère à notre vie d’aujourd’hui et celle de l’histoire qui pourrait dater de 20ans en arrière. Mais nous sommes dans une œuvre de l’esprit, et dans le roman, œuvre fictionnelle, l’auteur a la latitude de manier à sa guise les éléments dont il dispose pour la construction de son récit. La liberté de création le permet. Et il faut saluer l’audace de l’auteur qui, dans un ton direct, a su, en tant que jeune, s’adresser aux jeunes dans les termes que les jeunes comprennent. C’est un mérite.

© Camelle ADONON

Camelle ADONON est étudiante en première année de droit à la Faculté de Droit et de Sciences Politiques d’Abomey-Calavi . Elle aime la lecture et l’écriture.