Chers lecteurs et lectrices, c’est avec une grande joie et un immense plaisir que nous vous saluons. Vous avez été très nombreux à accueillir avec enthousiasme, « Biscottes littéraires », votre blog. Nous sommes heureux que « Biscottes littéraires » fasse désormais partie de votre quotidien, de votre vie. Toute l’équipe vous en remercie pour l’intérêt que vous nous portez. Avec vous, nous irons loin. Nous avons prévu chaque semaine un éditorial. Aujourd’hui nous allons parler du devoir de violence.

Comme vous pouvez bien vous en douter, chers amis, deux monarques se disputent le cœur humain : le travail et la paresse. Celle-ci se classe d’emblée dans la catégorie des roitelets qui fédèrent leurs énergies pour vassaliser et catapulter l’homme dans les égouts de l’inanité. Celui-là se fait représentatif des forces qui élèvent l’âme vers le Bien, le Vrai et le Beau, et engagent le corps dans la réalisation de l’homme.

La paresse vient dès le matin, et convainc l’esprit et le corps de l’inutilité de se mettre à l’ouvrage. Mais quand il lui résiste, le soir venu, l’homme contemple avec émerveillement le travail abattu, les sillons tracés. Certes la contemplation des fruits fait oublier les efforts fournis, mais il nous arrive bien souvent d’être tentés de ne pas éreinter au travail. Les douces et insidieuses sollicitations de la paresse, en nous éloignant de notre devoir d’état, font défiler dans notre esprit les cas d’hommes et femmes qui ne travaillent pas beaucoup, mais qui ont réussi leur vie. Bien plus, en revivant nos efforts infructueux, nos échecs, nous nous laissons en proie au défaitisme et au découragement. Et c’est là le piège! Progressivement, nous nous éloignons de nos idéaux, de nos rêves et ambitions, à force de ne plus chercher à nous bousculer.
Pour nous faire bonne conscience, pour nous convaincre que nous nous démenons « quand même » volontiers, nous ressassons le vieux proverbe : « Le singe transpire, mais ses poils ne permettent pas de le remarquer » ou encore : « Il faut bien s’approcher du serpent pour s’apercevoir qu’il a des oreilles ». Nous nous remémorons nos anciennes victoires dont nous brandissons le trophée avec l’arrogante fierté du juge qui reçoit la défense de celui qu’il vient de cocufier. Pour ne pas avoir à nous déranger, nous recourons bien facilement aux acquis du passé, à la manière d’un enseignant qui ne dispose que des fiches jaunies, jamais réactualisées. Quand nous laissons la paresse s’installer dans notre vie, la léthargie nous gagne. Or nous avons besoin de nous mouvoir pour faire évoluer le monde.
Pour jouer notre rôle de moteur et de roue de l’histoire nous avons besoin de nous ébrouer comme le coq qui dès son réveil, emplit la campagne de son cocorico matinal. Nous avons besoin de faire violence sur nous-mêmes pour renouer avec nos bonnes habitudes qui consistaient, par exemple, à dévorer un livre par semaine, ou griffonner quelques lignes chaque soir, faire naître un petit poème, une petite comptine, avant de rendre à Morphée ce qui est à Morphée. Ce devoir de violence c’est ce qui a manqué au crabe. En effet, le jour où le Créateur convoqua les animaux pour leur donner une tête, le crabe préféra se prélasser dans les marais. Au moment où il se rendit finalement à la convocation du Créateur, il n’y avait plus de tête disponible; les fourmis, les lucioles, les puces et les chiques et même les moucherons avaient déjà tout pris. Le Créateur fut obligé de coller deux gros yeux tristes au tronc du crabe. Si seulement il avait secoué le joug de ses somnolences !
L’esprit ne saurait donner le meilleur de lui-même sans ce devoir de violence sur le corps. Le devoir de violence sur soi suppose le courage. Il sollicite notre volonté qu’elle invite à se dompter et à s’affranchir de l’atonie.
Chers amis, le devoir de violence sur soi, c’est le premier pas vers la réalisation de nos rêves; cela requiert abnégation et bravoure. Ne l’oublions pas : « L’homme brave n’est pas fait pour mourir dans son lit, l’homme brave est un éléphant, c’est un serpent cracheur. » . (Aimé Césaire, in Une Saison au Congo)
Merci de continuer d’être des nôtres pour que vive le « Devoir de violence ».

Avec vous, nous sommes nous…

Destin Mahulolo

    • En effet, Adebayo Cyriaque ADJAHO; être soi avec et grâce aux autres. Cela t’inspire certainement des réflexions philosophiques comme tu les aimes… En attente de les savourer sur ce blog. Avec vous , nous sommes nous !!!

  1. Devoir de violence, devoir de prestance. Destin, cet éditorial parle à l’âme et fait bouger la conscience. Savourons chaque ligne avec acte et doutons de nos postures quotidiennes !

    • Il s’agit de s’ébrouer. Mais avouons que ce n’est pas si aisé de bousculer les habitudes du corps. Mais avec un peu de courage, on y arrive.