BL: Bonjour Monsieur NAROU N’GOBI Cha-Toko. Bienvenue à vous sur Biscottes Littéraires. Veuillez-vous présenter à nos amis lecteurs.

NNC: Mon nom est NAROU N’GOBI et mon prénom Cha-Toko. De formation, je suis Professeur Certifié de Lettres Modernes. Je suis enseignant. Et enseignant, j’en suis persuadé, c’est le plus généreux métier qui soit. Pour ma part, je lui ai tout donné et je lui dois tout. J’ai finalement compris que le métier qui enrichit le mieux et le plus, c’est celui qui vous choisit et auquel vous vous abandonnez avec la plus grave et la plus fertile inconscience infantile. C’est cela le rapport délirant que j’entretiens au quotidien avec ma profession. C’est même à la limite enivrant !

BL: Professeur certifié des Lettres Modernes, écrivain, conteur… pourquoi ce choix ?

NNC:En vérité, on ne choisit toujours pas. C’est qu’il y a parfois des passions qui vous possèdent et qui ne laissent guère de choix. De professeur, conteur à écrivain, c’est en fait le même cheminement et la différenciation n’apparaît qu’au niveau de quelques minimes variables. Sinon l’essentiel, c’est toujours d’élever, de former, de faire grandir, de transformer, d’aider à vivre et surtout d’assurer à la nation une relève de qualité.

 

BL: « Rumeurs de la brousse profonde, » Et si on parlait de cette œuvre ? Pourquoi ce titre ?

NNC: « Rumeurs de la brousse profonde, » c’est l’Afrique regardée et vue en profondeur. C’est cette Afrique qui semble lointaine, rétrograde, obscurantiste mais qui est toujours avec nous, partout où nous allons. C’est encore cette Afrique qui semble lointaine, rétrograde, obscurantiste mais qui est toujours en  nous, partout quoiqu’on croie avoir changé ou avoir « évolué. » C’est enfin cette Afrique qui semble lointaine, rétrograde, obscurantiste et qui s’accroche intimement à nous, bien qu’on s’amuse au quotidien à avoir honte de notre propre faciès, qu’on se renie aujourd’hui avec des choix hasardeux, qu’on se perd en nous éloignant du nombril de notre être et qu’on croit redevenir un autre être plus « civilisé » juste parce qu’égarés à la périphérie  de l’occident et de l’orient principalement, et que nous les singeons.

« Rumeurs » parce que beaucoup de gens, y compris les Africains eux-mêmes, ne croient pas à la « science » ou aux miracles à l’africaine. Pour beaucoup, c’est des histoires à dormir debout ! Ils sont incrédules et, à leur aise, estiment que cela ne répond à aucune norme « rationnelle » ou à aucune logique « cartésienne. » Réfléchissons un peu : si l’Afrique est le berceau de l’humanité, qu’on me dise où se trouve le moindre soupçon de vérité, si Adam et Eve sont faits « blancs » et non « noirs. »

Mais les mêmes acceptent volontiers et prient les yeux fermés les « Prophètes Blancs » qui « multiplient le pain… transforment l’eau en vin, etc. » Et le prophète arabe qui fait tuer un mouton pour sa chapelle, honore Dieu. Mais le Noir des traditions qui fait le même rituel et implore aussi Dieu, il est dit de lui qu’il fait de « l’animisme » ou de l’idolâtrie. De même, lorsque leurs propres grands-pères noirs multiplient les bouts d’igname pour éviter au village de mourir de faim, ils les appellent « sorciers » ou, au meilleur des cas, ils crient à « l’idolâtrie » et non aux prophètes.

Pour l’Africain, c’est que l’invisible est plus présent et plus expressif que le visible. Aux yeux de l’Afrique, le rationalisme ou la science n’est qu’une infime part du possible.

« Rumeurs de la brousse profonde« , c’est cette Afrique qui refuse qu’on la sacrifie sur l’autel de quelque prétexte de développement, de scientisme, de modernisation ou de mondialisation.   

 

BL: « Rumeurs de la brousse profonde, » L’œuvre est-elle un recueil de contes ou un recueil de chroniques ?  »

NNC: «  Rumeurs de la brousse profonde  » est un recueil de chroniques et non pas du tout de contes. Dans «  Rumeurs de la brousse profonde  » les personnages sont des personnes réelles. Ces personnes ont existé et leurs tombes sont là. L’espace et les lieux sont aussi réels. Les villages, les agglomérations et les autres espaces mis en scène existent réellement. Ils sont vérifiables et au besoin peuvent être visités. Il en est également du temps et de la période des faits évoqués : ils ont été pris et gravés dans leur contexte de réalité. Toutes ces indications spatio-temporelles ne relèvent nullement de la fiction. Les faits et la conduite des protagonistes, eux non plus ne relèvent pas intimement de la fiction. Par endroit il y a eu juste quelques aménagements pour protéger soit l’intimité, soit l’honneur de quelques protagonistes et de leur descendance. Donc  « Rumeurs de la brousse profonde » est un témoignage rendu à des « forces africaines vivaces » à travers le prisme d’une couverture littéraire qui s’est imposée pour devenir un recueil de chroniques.

BL: Dans votre ouvrage « Rumeurs de la brousse profonde, »  vous essayez de renvoyer le lecteur à des origines lointaines de notre société où virtuellement encore  » Dieu et l’Homme étaient Noirs ». Concrètement, que voudriez-vous faire découvrir au lecteur à travers cette œuvre ?

NNC: « Dieu et l’Homme étaient Noirs ». En effet il s’agit de cette Afrique qui était en harmonie avec sa nature, son quotidien, son rêve, son idéal de vie. Cette Afrique-là était libre de penser avec sa propre tête. Cette Afrique-là était libre de se mouvoir de son propre vouloir. Son soleil était son propre soleil. Sa lune était sa propre lune. Ses enfants étaient ses propres enfants. Sa vie était sa vie. Ses rêves étaient ses propres rêves. Ses horizons étaient à sa portée. Même Dieu était à son image. Dieu était noir, gai, enjoué, paternel et généreux. Même dans la douleur et la faute, Dieu était toujours le patriarche tutélaire.

Aujourd’hui le répondant du Noir c’est le Diable. Dans les subconscients occidentaux, arabes ou autres et même dans certaines manifestations de leur conscient en tant qu’êtres humains et peuples, le Noir, c’est le sosie du Diable donc de l’esclave. A moins que le pauvre nègre ne s’aliène à accepter que ses ancêtres sont gaulois, arabes, juifs, romains, tibétains, etc. Et là encore, c’est que le pauvre bougre n’est pas encore assez décoloré à leur goût pour approcher leur image et qualité d’humain, au sens soigneux du terme.

BL:  Vous avez enrichi votre œuvre de maximes palpitantes et attrayantes. Est-ce votre manière de faire revivre ce passé baatonou dont la nostalgie ne semble pas vous avoir quitté ? Ou bien, un souci de transmettre à la génération actuelle l’art de bien parler dans un langage codé ?

NNC: Mon premier souci à travers cet ouvrage est de d’abord « ressusciter » le bon verbe vivant et frétillant des anciens. A travers « Rumeurs de la brousse profonde, » c’est de faire revivre le cyclone du verbe qui tournoie lorsqu’il arrive qu’« une parole a atteint le seuil de la parole» et que le verbe se fait école, autorité et sagesse à la fois. C’est de faire appel à ce verbe qui se veut arbre ancestral aux racines lointaines, au tronc qui témoigne du temps et aux branches multiples qui s’étendent vers toutes les directions. C’est de montrer que l’éloquence, la rhétorique, la poésie ne sont pas que des vertus et des atouts de l’occident. Toutes les langues du monde en regorgent à l’infini. Pour le Baatonou lorsque le proverbe s’éloigne, c’est la parole qui le ramène. Et lorsque la parole s’égare, c’est le proverbe qui la retrouve. 

 

 BL: Vous êtes un professeur certifié des Lettres Modernes, mais votre œuvre a révélé dans son ensemble un gros effort de recherches en histoire. D’où vous est née cette passion ? La littérature et l’histoire se compénètrent-elles selon vous ?

NNC: Entre l’histoire et la littérature, le lien est très étroit. J’ai l’habitude de répéter que la littérature est la fille aînée de l’histoire. La littérature est la voix apaisée et raisonnée de l’histoire. La littérature suit l’histoire à la trace et elle vit même parfois dans l’ombre de l’histoire. La littérature même lorsqu’elle se décide à s’émanciper n’ose pas abandonner entièrement le cocon maternel. En a-t-elle d’ailleurs la possibilité ? Elle peut s’en éloigner mais de là et par son propre regard, c’est qu’elle entre à l’intérieur et dans l’intimité de la mère histoire pour la remuer, la secouer et la psychanalyser de fond en comble.

Imaginez toutes les formes d’expression de la littérature, vous verrez qu’elles s’empêtrent toutes dans un fond de l’Histoire. Les premiers, ce sont les romans de grands récits. Même les écrits à forte teneur psychologique, psychanalytique et autres qui explorent et élucident l’intérieur des choses et des êtres ont un parcours qui en emprunte à l’Histoire. Nous avons peut-être la possibilité en apparence de renier notre histoire mais aucun d’entre nous n’a le pouvoir de s’en défaire.

Mais de grâce malgré toutes ces accointances, voire toute cette complicité entre l’histoire et la littérature, il faut convenir que la littérature ce n’est pas l’Histoire. Chacune développe son propre champ. Et chacune a besoin de l’autre.

BL: Pensez-vous que les contes ou généralement les histoires de nos peuples, de notre société ont vraiment un mot à dire dans notre processus de développement ? Si oui, lequel ?

NNC: En général, c’est la nature qui détermine la culture. La culture elle-même détermine le mode de pensée, le mode d’existence et d le mode e développement. Enfin le processus de développement lui-même est entièrement tributaire de la nature. Donc la trilogie nature-culture-développement avant même d’être un tout indissociable est d’abord une vérité ontologique.

Soyons sérieux, de quel processus de développement parlez-vous lorsqu’il s’agit de celui-là, l’Africain, qui ne se retrouve même plus d’abord en tant qu’être humain auprès des autres, de celui-là qui se renie,  de celui-là qui a honte de son passé, de sa pensée, de sa différence et les renie,  de celui-là qui emprunte aux autres tout son mode de vie : sa culture, ses religions, son rire, son jugement, ses combats et même ses triomphes ; de celui-là dont les autres disent discrètement et couramment qu’il est à la périphérie du monde et même de l’espèce humaine. Notre culture est le seul gage de notre réel développement. Aujourd’hui du fait que c’est nous-mêmes  qui rejetons  la réalité de notre fond culturel fait qu’on est ce qu’on est : la périphérie du monde, la poubelle du monde, la risée du monde, les rebuts du monde, etc. Soyons sérieux ! En dehors de notre culture prise avec ses réelles capacités d’adaptation, c’est l’aventure et l’errance qui continuent.

BL: Quel est votre regard sur la littérature Béninoise ?  

NNC: La littérature Béninoise évolue. Il y a plus d’écrivains et c’est l’écriture féminine qui d’ailleurs a fait le plus de progrès. Pour ma part, « l’embonpoint » de la littérature Béninoise cache en réalité un malaise. La qualité de beaucoup d’ouvrages laisse à désirer. Certes il existe une poignée de génies mais le reste a fortement besoin de progresser. La littérature Béninoise, on ne peut d’ailleurs que la célébrer surtout avec l’émergence de cette nouvelle vague d’écrivains. Quand on se réfère à l’étape de déperdition sociale et de sinistre intellectuel de notre système scolaire, on ne saurait espérer davantage.

BL: Il est dit que les enfants parlent mal la langue française aujourd’hui. Vous en faites certainement l’éprouvante expérience au quotidien. Mais est-ce pour autant une évidence qu’ils manient à merveille leur langue maternelle ? Si non, à quel type de génération assistons-nous ? Samba Diallo serait-il de retour ? 

NNC: C’est encore pire  qu’à l’étape de Samba Diallo ! Dans le contexte de Samba Diallo il y avait au moins avait des repères qu’on craignait justement ou non de dénaturer ou de perdre. Mais avec nos enfants, il n’y a plus rien ! Rien ! Rien ne leur est garanti. Ni un passé, ni le présent et en majorité ils sont d’ores et déjà absents de l’avenir. Si vous en tant que pères, vous êtes déjà à peine « lisibles et traçables, » quel héritage allez-vous léguer à votre progéniture ?  Nous sommes aujourd’hui en plein dans un contexte de démission, de faillite sociale et de décadence morale. Et c’est ce que nous avons à transmettre pour le moment. Nos enfants ne sont ce qu’on en fait.

 

BL: Vous qui êtes Bariba  que pensez-vous que cette aire culturelle puisse apporter à la littérature béninoise aujourd’hui ?

NNC: Le peuple baatonou (bariba) occupe un vaste territoire au Bénin, au Nigeria et même « indirectement » au Nord Togo. A l’intérieur de cette immense étendue, de même qu’à chacune de ses extrémités, il y a une multitude de peuples avec lesquels le Baatonou partage son histoire, sa culture, sa vision du monde, etc. Il s’est en définitive bâti un cosmopolitisme et une diversité de richesses culturelles qui n’excluent aucun pan de l’activité humaine et qui ont grandement enrichi la culture baatonou.  Ce cosmopolitisme et cette diversité de richesses culturelles nourrissent, par ricochet, toute la culture et toutes les littératures béninoises (écrite et orale). Aujourd’hui encore la littérature orale baatonou et même la tradition orale de ce peuple sont presque intactes et ne demandent qu’à « servir. »

BL: Vous avez traduit votre livre en Bariba. Félicitations à vous. Bel exemple à imiter. Qu’est-ce qui vous y a poussé ? Avez-vous eu besoin nécessairement des partenaires sociaux avant d’y arriver ?

NNC: Toutes les cinq histoires singulières racontées à travers le volume no1 de  Rumeurs de la brousse profonde ont  été recueillies directement et oralement auprès d’informateurs dont la plupart ne connaît même pas un traître mot français. Tout au long de cette phase du travail, j’ai souvent été grisé et enivré par l’expression imagée, le ton, les mimiques et l’emphase appropriée du récit. Mais lorsque j’ai fini d’écrire le livre, j’ai constaté que je n’ai en fait pas réussi à restituer l’essentiel des énormes richesses des récits de départ. Il ne me restait qu’à les rapporter comme tel dans un autre livre avec la langue d’origine et l’expression de départ.

BL: Quelle leçon tirez-vous vous-même de cette expérience de traduction en bariba de votre livre ?

NNC: La leçon principale, c’est que le français ne peut pas traduire fidèlement et transmettre les sensations, de même que le fond générateur et novateur de nos langues. Bien des fois d’ailleurs, il existe des concepts, des faits ou des états qui sont mieux précisés dans nos langues alors que la référence en français se fait plus vague et parfois même insaisissable. J’ai été enchanté de constater de moi-même que pas une seule de nos langues n’est en aucun cas une sous langue. Il suffit seulement de les cultiver davantage.

BL: Comment le public a-t-il accueilli ces différentes versions du même livre ?

NNC: Il faut dire d’abord que les deux versions du livre ont été bien accueillies. Il ne se passe pas de semaine sans qu’un fidèle lecteur ne me demande de produire le volume no2 de Rumeurs de la brousse profonde. Aujourd’hui c’est la version en baatonou qui est devenu le livre de référence dans les centres d’alphabétisation.

BL:  Tout bien considéré, l’oralité est-elle une chance ou un malheur pour l’Afrique?

NNC: L’oralité, à côté des autres formes modernes d’expression de la pensée et de la culture, devrait être même une particularité africaine. Il faut voir l’oralité et la développer comme une spécificité africaine et en faire une reconnaissance universelle pour toutes les variétés de griots africains. Le slam, le rap qui paraissent aujourd’hui comme une forme d’éloquence et de rhétorique sont un héritage d’Afrique. Et on a de cesse de nous délecter de la beauté, de la richesse et de la profondeur de certains des textes que ces styles musicaux véhiculent.

BL:  Nous sommes à l’ère des TICS. Qu’est-ce que cela apporte réellement à la littérature ?

NNC: L’apport des TICS (utilisés à bon escient)  à la littérature pourrait être énorme. C’est d’abord un nouveau support et un support plus dynamique, plus « vivant » pour la littérature. C’est ensuite un large et vaste réseau de diffusion qui pourrait atteindre un public à la fois énorme, varié et diversifié aux plans géographique, humain, philosophique, intellectuel et culturel. Dans l’histoire de l’humanité, du point de vue de la communication de masse, cela paraît sans commune mesure. Il revient aux acteurs de la littérature d’exploiter et de faire prospérer cet immense potentiel des TICS. Il s’agit surtout de faire comprendre à la jeune génération que l’usage des TICS n’est pas incompatible avec l’appropriation personnelle de la littérature. Bien au contraire ! Malgré toutes les apparences de désuétude, il n’y a toujours que la littérature pour former, forger et concréter solidement l’homme en entier en commençant de l’intérieur, de son essence jusqu’à déterminer son moindre quotidien.

BL:  Parlez-nous de vos projets…

NNC: Ma première œuvre, Rumeurs de la brousse profonde, a été publiée en octobre 2012. Elle a été traduite en langue baatonou en 2013.

En décembre 2017, est paru mon deuxième ouvrage : l’énergie des noms et des titres chez le Baatonou. Il a permis de restituer « la vérité » sur la signification et la pertinence des noms de souche ancestrale et de faire comprendre que les noms d’emprunt de provenance occidentale et arabe ne détiennent pas à eux seuls « la clé du paradis. »

Dans le courant de l’an 2018, j’envisage renforcer mon répertoire avec une nouvelle publication qui est relative au temps et aux saisons dans nos sociétés traditionnelles. Là encore l’occident et l’orient tentent de nous éloigner de la « vérité » de la perception et la gestion du temps propre aux réalités et contraintes de notre environnement géographique, climatique et de nos traditions ancestrales.

 

BL:  Votre mot de la fin.

NNC: C’est d’abord vous dire merci pour l’attention et l’intérêt que vous portez à la littérature en général et au travail que je fais personnellement. C’est à la fois heureux et rassurant. Aujourd’hui parler de littérature à maints endroits paraît hilarant voire anachronique. A maintes occasions, on croirait être le dernier des hommes à croire encore à ce « truc de rêveurs » d’une autre époque. Que de plus jeunes s’en passionnent, c’est véritablement apaisant ! Que la science et la technologie emballent le monde à leur rythme de folle frénésie, la constance des règles génératrices de l’existence rassure : la littérature est à la société ce que l’air pur est à l’homme.
Je suis joignable au  97 49 60 29 / 95 48 84 22. Email: chatoko1@yahoo.fr

 

  1. Belle interview qui donne envie d’avoir ce recueil de chroniques avec soi……