BL: Bonsoir M. Marius, pourriez-vous vous présenter à nos chers lecteurs de Biscottes Littéraires ?

JMH: Merci Révérend Père, je suis Jean-Marius Gbénou HOUESSOU, philosophe politique de formation, menuisier, homme de culture. Je suis également comédien metteur en scène, auteur du recueil de théâtre: « L’Education en berne« .

 

BL: De la craie au poinçon ou au rabot. Qu’est-ce qui n’a pas bien fonctionné entre temps ?

JMH: S’il est vrai que j’ai fait une formation d’enseignement qu’est la philosophie, il est aussi vrai que je suis héritier d’un sculpteur sur bois de qui j’ai reçu un pré-requis sur la transformation du bois que j’ai consolidé après mon cycle 2 à l’université à savoir l’ébénisterie et la menuisier industrielle. Ma plus grande motivation à laisser la craie, certes un métier noble, pour un métier de bois est cette folle envie de transformer avec mes mains et de participer de manière pratique au développement de mon pays. Mon but c’est de révéler le bois du Bénin et la qualité du boiseur béninois pour une fierté de consommer local en mettant fin à l’importation de bois plaqué

BL: Et qu’est-ce qui a orienté vos pas vers la plume ?

JMH: Mon choix d’écrivain est avant tout lié à mon cursus scolaire et ma passion pour lecture. J’ai eu un Bac A1. Je suis un lecteur. Mais mon option est de garder toujours un lien avec l’éducation c’est ce qui explique l’écriture de mon premier ouvrage « L’Education en berne« , un recueil de quatre piécettes de théâtre qui sensibilisent, éduquent les adolescents et les jeunes sur des problématiques actuelles.

BL: « L’Education en berne » est votre premier livre. Au-delà de votre « option de garder toujours un lien avec l’éducation », qu’est-ce qui vous a motivé à l’écrire ?

JMH: Ma motivation à écrire « L’Education en berne » est avant tout de dénoncer certains phénomènes à savoir la décrépitude de l’éducation, le harcèlement sexuel en milieu scolaire, la scolarisation des filles, l’immigration clandestine avec ses conséquences faucheuses, mais surtout mon envie de révéler mon côté artistique et littéraire.

BL: « L’Education en berne » Pourquoi ce titre qui a un arrière-fond visiblement alarmiste et pessimiste ?

JMH: L’Education en Berne est un titre choisi pour mieux évoquer le contenu de l’écriture. Le fond alarmiste et pessimiste exprime le niveau de la saignée. Dans le fond le Bénin et l’Afrique nouvelle n’ont pas encore retrouvé le modèle d’éducation approprié à notre développement. Notre système éducatif est désuet et les décideurs n’en ont pas encore conscience, du moins ne prennent pas encore la mesure de la situation. La jeunesse en paie le prix fort. Sur la couverture du livre, la flamme tenue par une main représente donc la lumière que chaque acteur doit apporter pour éclairer le paysage et redonner espoir pour l’avenir

BL: Avez-vous choisi le genre dramatique pour véhiculer votre message, parce que vous aimez la chose théâtrale, ou vous pensez que c’est le seul genre capable qui puisse vous y aider ?

JMH: Vous avez bien cerné la motivation de mon choix du genre littéraire. Je suis un homme de scène et je pense que par le théâtre ce serait plus facile de mieux sensibiliser

Et comme je le dis souvent, il faut revoir les programmes d’enseignements pour mieux les adapter aux besoins de la jeunesse et au développement de notre pays.

BL: Quand on a fini de poser le diagnostic du mal dont souffre l’éducation au Bénin, avec quels yeux peut-on regarder l’avenir ?

JMH: Il faut revoir le programme et l’adapter à nos réalités socio-culturelles, gage de tout développement.

BL: Si vous étiez Inspecteur des Enseignements Primaires et Secondaires, quelles mesures proposeriez-vous pour que l’éducation au Bénin recouvre ses lettres de noblesse ?

 

 

JMH: Ce serait d’intéresser la jeunesse à la lecture sans l’ennuyer avec de longs textes quand on sait aujourd’hui que les jeunes n’aiment plus trop la lecture. C’est une manière de les intéresser à la lecture.

BL: Votre ouvrage est un peu original, car nous avons un recueil de petites pièces de théâtre ou carrément des sketchs. Une révolution ?

JMH: Vous savez la question que nous avons traitée dans la première pièce, celle de l’état de l’éducation, est avant tout politique et pour ne pas égratigner, nous avons choisi de mener une réflexion fictive pour mettre la main sur le mal et que chacun s’y retrouve.

BL: Que répondez-vous à ceux qui pensent vrai l’adage qui dit que « Celui qui travaille à l’hôtel doit vivre de l’hôtel », en parlant des relations amoureuses entre élèves et professeurs ? Nous posons cette question surtout en faisant référence à votre personnage « Martin » dans « La goutte d’eau qui a fait déborder le vase ».

JMH: Rires…À l’hôtel il n’y a que du matériel alors qu’à l’école nous parlons des âmes et je pense que cet adage n’est pas le bienvenu dans ce cas. À travers Martin nous avons choisi de dénoncer les enseignants à la libido insatiable qui hypothèquent l’avenir des élèves filles et ce mal continue malgré la mobilisation et la sensibilisation. Nous avons été quelque fois témoin et nous déplorons beaucoup cet état de choses.

BL: Ne pensez-vous pas que les filles aient une part de responsabilité dans les harcèlements dont elles sont victimes ?

JMH: Absolument elles ont leur part de responsabilité due aux toilettes extravagantes que quelques unes d’entre elles font. Mais dans le fond c’est les parents qui abandonnent leur responsabilité, il faut que les parents aient au delà du budget économie le budget temps pour leurs enfants surtout

BL: Vous avez abordé aussi le thème de l’immigration clandestine. Est-ce parce que l’éducation est en berne que l’immigration clandestine a le vent en poupe ?

JMH: C’est l’incertitude qui pousse les jeunes à l’immigration et je pense qu’une éducation bien pensée et organisée peut-être génératrice de certitudes et peut donc les rassurer à construire leur avenir ici en Afrique.

BL: En écrivant votre livre, vous pensiez certainement aussi à des approches de solution. Que préconisez-vous concrètement ?

Je préconise que le système éducatif soit une préoccupation de tous car seule l’éducation réussie peut booster notre développement

BL: Quel regard portez-vous sur la littérature béninoise ?

JMH: La littérature béninoise s’éveille du coup il y a beaucoup de jeunes écrivains mais la lecture est en souffrance c’est pourquoi il faut encourager les initiatives comme Biscottes littéraires que vous animez

BL: L’écrivain dans la cité aujourd’hui, quel rôle lui assignerez-vous ?

JMH: L’écrivain comme toujours a pour rôle d’éveiller la conscience des citoyens.

BL: Avez-vous déjà songé produire une œuvre littéraire dans votre langue maternelle? 18 JMH: L’idée est bonne mais je n’y ai pas encore pensé.

BL: Vous avez certainement des projets littéraires. Veuillez les partager avec nous…

JMH: Je suis en projet d’écriture pour un roman.

BL: Votre mot de la  fin.

JMH: Je voudrais vous remercier pour cette belle initiative et je félicite tous ceux qui vous suivent car ils ont fait une bonne option, celle de se ressourcer aux biscottes littéraires.