Cyr ZOGO alias The Cyr est un passionné de tout ce qui s’écrit, se lit et se dit en beauté. Ce féru de mots et de lettres s’est donné pour mission de (d)écrire le monde autrement, et il s’y livre d’ailleurs sur Monde en Lettres (www.mondeenlettres.com). Son blog, comme il le définit est celui où les lettres se rencontrent et se racontent,…. www.biscotteslitteraires.com se propose donc de vous faire découvrir ce blogueur littéraire et son Monde en Lettres.

 

« Les gouvernants à travers les ministères en charge de la culture peuvent réfléchir dans ce sens, et mettre en place des projets d’accompagnement et de promotion des plumes africaines. » Cyr ZOGO


BL: Bonjour Monsieur Cyr ZOGO. Merci pour cette interview que vous nous accordez.

CZ : Bonjour Biscottes Littéraires. Tout le plaisir est pour moi.

BL: Vous êtes passionné de lettres alors que vous avez fait une formation scientifique. Comment l’expliquez-vous ?

CZ : Sourire. Et bien tout est peut être parti de ce Robert Junior que mon père m’avait offert pour mon septième ou huitième anniversaire. Je me rappelle que je passais énormément de temps à le lire, essayant de connaitre et d’apprendre la signification de tous les mots qu’il contenait. Puis je fus inscrit à la bibliothèque du CED (Centre d’Etudes et de Documentation) à partir du CM2 jusqu’en première ou terminale. Je pense que c’est au cours de cette période que je suis devenu non pas un rat, mais plutôt une souris de bibliothèque. Parfois il fallait littéralement me chasser à l’heure de fermeture pour que je rentre. Puisque je faisais des études du second cycle et celles du supérieur en Génie civil puis en Gestion de projets, il faut avouer que je n’avais plus vraiment le temps de m’adonner à la lecture. Ce n’est qu’une fois lancé dans la vie professionnelle, que j’ai découvert la rédaction web qui m’a ramené à la lecture.

BL: Vous affectionnez particulièrement la poésie. Comment définissez-vous cet art ?

CZ : Pour moi c’est l’une des plus belles manières de voyager vers soi, de découvrir le monde et même, de se laisser découvrir tout simplement. La poésie est un rêve que l’on fait et qu’on souhaite partager avec les autres, car on écrit de la poésie pour être lu. Et puis la poésie, c’est aussi l’art de savoir jouer avec les mots. Jongler, faire des slaloms entre eux, donner et ressentir des frissons avec des mots, changer la température d’une journée morne rien qu’avec des vers bien choisis. Pour moi, la poésie c’est un peu ça et plus encore…

BL: Au regard des difficultés que rencontrent les écrivains de nos jours, il urge de penser une politique du livre au Benin et en Afrique en général. Quelles propositions concrètes pourriez-vous faire dans ce sens ?

CZ : Je pense qu’il serait intéressant d’avoir des concours (déjà au plan national) destinés à révéler les potentiels écrivains, mais aussi une politique de promotion des écrivains déjà confirmés. Des facilités depuis la conception du livre jusqu’à sa mise en vente seraient également les bienvenues, pour soulager un temps soit peu le calvaire que vivent les écrivains. Ce serait intéressant qu’ils puissent véritablement jouir du fruit de leurs efforts. Les gouvernants à travers les ministères en charge de la culture peuvent réfléchir dans ce sens, et mettre en place des projets d’accompagnement et de promotion des plumes africaines.

BL: Rien n’est facile dans la vie. L’écriture n’échappe pas à cet axiome. Dites nous quelles sont vos difficultés majeures quand vous décidez de dégainer votre plume ? Quelles sont les conditions qui doivent être réunies pour que l’inspiration frappe à votre porte et vous mette en transe ?

CZ : Je n’ai pas spécialement besoin d’une routine pour être inspiré, à vrai dire. Tout peut m’inspirer et à n’importe quel moment. Il peut par exemple s’agir des paroles d’une chanson, voir des enfants s’amuser ou rire, un parfum, une femme ravissante ou son sourire, etc. Quelques fois je suis en train de manger ou faire quelque chose et hop, j’ai envie/besoin d’écrire. J’attrape juste mon Evernote et je me mets à faire valser les mots. En résumé, je dirai que c’est la Vie qui m’inspire tout simplement. Quant aux difficultés, je pense que la principale est le temps. Le temps pour gérer toutes mes occupations journalières et le celui pour me consacrer réellement à ce qu’aime par-dessus tout : écrire. Après il y a peut-être la fatigue … La recherche d’idées d’articles pour le blog, la rédaction du contenu et tout ce qui va avec. Mais comme le dit Confucius : « Choisissez un  travail que vous aimez et vous n’aurez pas à travailler un seul jour de votre vie. » J’aime ce que je fais et donc ça va globalement.

BL: Les prix littéraires à envergure internationale sont souvent dédiés aux écrivains ayant publié dans les grandes maisons d’éditions. Ne pensez-vous pas comme certains que chaque pays doit avoir ses propres prix pour récompenser ses écrivains ?

CZ : Absolument ! D’un côté cela participera au développement du secteur du livre dans chaque pays, mais permettra de porter plus haut le flambeau de ces maisons d’éditions nationales. Cela vaut évidemment pour le Bénin aussi. Les prix nationaux sont non seulement de bons leviers pour booster la compétitivité entre les écrivains, mais permettront aussi à ces derniers de se surpasser pour produire des œuvres de qualité. Si à cela on ajoute une politique de promotion et des mesures d’accompagnement adaptées, je pense que la littérature béninoise en sortira plus forte.

BL: Quel plaisir ressentez-vous quand vous écrivez ?

CZ : Sourire. Difficile de mettre des mots dessus mais j’essaierai en disant, qu’écrire me fait vivre. Ecrire, me rend ivre de vivre et m’emporte dans une autre dimension. C’est ma drogue et j’en suis accro. En écrivant j’ai découvert un autre moi qui s’ignorait en moi, et depuis je valse avec les mots.

BL: Vous êtes aux commandes d’un blog littéraire : ‘’Monde en Lettres’’ (www.mondeenlettres.com) . Qu’est ce qui vous y a motivé finalement ?

CZ : La volonté d’avoir un espace plus grand où m’exprimer, me faire plaisir et partager ce bonheur avec d’autres amoureux des mots. Il y a de cela quelques années, je n’écrivais que pour moi. Dans des carnets de notes, sur des feuilles volantes et autres. J’avoue que j’étais assez timide à l’époque et donc je n’aimais pas qu’on me lise. Puis je suis passé à Whatsapp où je partageais quelques textes avec les amis, avant de créer mon premier blog sur Medium. Là j’ai commencé à plus m’exprimer en publiant plus ou moins régulièrement, des poèmes, de petites nouvelles et d’autres choses sorties de mon imagination. Cette étape m’a ensuite permis de passer sur Wattpad, qui est une plateforme plus populaire destinée aux écrivains en herbe du monde entier. Mais je me sentais toujours à l’étroit parce que j’avais besoin de personnaliser mon espace, et interagir avec ceux qui prenaient du plaisir à me lire. Finalement j’ai décidé de créer mon monde, et y accueillir toute personne qui souhaiterait y entrer. www.mondeenlettres.com a donc vu le jour.

 

 

BL: Pourquoi Monde en Lettres ?

CZ : Rire. Il faut que j’avoue avoir passé de longues semaines à chercher le nom parfait pour mon blog. Je voulais surtout quelque chose d’unique, et qui renseigne en même temps sur la thématique abordée. Quelque chose qui dit tout en peu de mots. Monde en Lettres parce qu’on parlera de littérature, mais sur le plan international. Bien entendu nous commencerons par le Bénin, mais le blog rassemblera tous les amoureux de lettres où qu’ils soient dans le monde. Un monde en lettres donc.

BL: Quel objectif assignez-vous à votre blog littéraire ?

CZ : Déjà j’écris pour me faire plaisir parce que j’aime ça, et donc l’un des objectifs de Monde en Lettres est de partager mes créations littéraires. J’y parlerai également de mes coups de cœur, mes découvertes littéraires, etc. Le volet de la promotion n’est pas à négliger, car il est important que les blogs littéraires deviennent des maillons importants de la chaine du livre. Il sera donc question concernant ce point, de promotion et de diffusion de la littérature béninoise dans un premier temps. Par ailleurs, l’un des buts de mon blog est de rendre la littérature accessible à tous surtout en termes de contenu.

BL: On est frappé par l’humour qui se dégage de chacune de vos publications sur votre blog. En somme, derrière Cyr, se cache-t-il un comédien ?

CZ : J’ai plutôt le sens de l’humour et j’adore rire. Travailler dans la bonne humeur et avec une touche d’humour rend plus productif. Enfin, j’ai toujours fonctionné comme ça. D’autre part, j’avoue que j’ai du mal à lire des choses trop « carrées » pour ne pas dire ennuyeuses. Ma plume est un prolongement de ma personnalité, et c’est donc à juste titre qu’elle teint ses notes d’humour.

BL: Selon vous, un blog littéraire peut-il tenir le pari d’une bibliothèque ?

CZ : Je dirais plutôt oui et non. Dans un premier temps, force est de remarquer que nous vivons dans un monde de plus en plus connecté. Que ce soit la télévision, la radio et autres, vous pouvez presque tout faire de nos jours sur internet. Cela enlève parfois l’envie et même la volonté de se rendre dans une bibliothèque, puisque vous pouvez avoir les livres que vous voulez rien qu’à partir de Google. Le blog peut dans une certaine mesure être une interface pour découvrir des livres, et même les télécharger selon les cas. Rien ne peut cependant remplacer le plaisir que vous ressentez en parcourant les rayons d’une bibliothèque, à la recherche d’un bon livre. Le fait de se retrouver dans la même pièce que d’autres lecteurs et peut être discuter avec eux ‘’en vrai’’, ce n’est pas pareil derrière un écran. En fin de compte, le blog littéraire peut vous donner un aperçu des livres (par les comptes rendus publiés et autres), mais je ne pense pas que cela puisse se substituer à une bibliothèque.

BL: Comment la chaine du livre peut-elle tirer réellement profit d’un blog littéraire ?

CZ : La vérité c’est que cette chaine aura de plus en plus du mal à se passer des blogs littéraires. La raison est toute simple et se résume en un mot : internet. Aujourd’hui les gens veulent savoir à quoi ils auront droit en achetant le livre de tel auteur ou tel autre. Que font-ils en premier ? Aller sur internet et faire une recherche par rapport à l’ouvrage en question. Ils tomberont donc sur un site (certainement un blog littéraire) qui a déjà traité le sujet, et présenté un compte rendu de lecture à propos du livre. Si l’internaute est satisfait par ce qu’il lit, la probabilité est donc forte qu’il se rende en librairie pour acheter le livre concerné. Des fois vous entendez dire que tel auteur a publié un livre, mais il n’y a aucune trace sur internet. C’est très grave et les écrivains doivent désormais composer avec les blogueurs littéraires pour non seulement faire créer du contenu à propos de leurs ouvrages, mais aussi pour en assurer la promotion. En somme le blogueur littéraire est un maillon important de la chaine du livre, mais certains le savent déjà.

BL: Le monde est en pleine mutations. Le papier a-t-il encore sa place à cette ère du digital ?

CZ : Personnellement je pense que tant qu’il y aura des arbres sur Terre, le papier aura une longue vie. Rires. Il a bien sûr sa place, mais il commence à perdre du terrain. L’idéal serait de faire éditer des versions numériques des ouvrages et les mettre ainsi en vente, comme cela se fait dans de nombreux pays. Il y a de par le monde plusieurs plateformes numériques dédiées au livre. Mais même si cela n’est pas encore dans nos habitudes ici au Bénin, nous y viendrons un jour. Aujourd’hui il est même possible de créer chez soi, et pratiquement sans rien débourser, des livres en PDF, et les commercialiser. La chaine classique du livre papier est donc menacée, mais tiendra sans doute bon. Mais jusqu’à quand ?

BL: Au poète que vous êtes, qu’est ce qu’un enfant peut vous inspirer ?

CZ : J’aime beaucoup cette citation d’Ursula K. Le Guin : « Un adulte créatif est un enfant qui a survécu ». Toute la créativité dont est capable un Homme est en étroite relation avec l’enfant qui vit (encore) en lui. C’est beau de voir un enfant (sou)rire, jouer innocemment et tenter d’imiter les grandes personnes. Personnellement, ce genre de chose me fait fondre. Ma plume n’y résiste pas et se laisse facilement emporter. J’ai pas mal de poèmes à propos des enfants, que je publierai progressivement sur www.mondeenlettres.com. En attendant, vous prendrez sans doute du plaisir à lire ce souvenir à propos de deux petits anges, que je raconte dans https://mondeenlettres.com/innocence-et-responsabilites/

BL: Sony Labou Tansi trouve que l’acte d’écrire est un acte d’amour. Il faut écrire quand on a envie de le faire et non de le faire sous influence ou pression externe. Un écrivain qui rêve de vivre de son art peut-il s’inscrire dans cette lancée ?

CZ : Tout à fait, car le lecteur sentira à coup sûr que l’écriture est forcée. Il n’aura donc aucun plaisir à lire et cela ne pourra que se retourner contre l’écrivain qui serait alors victime d’une dépréciation massive de son œuvre. Au final, il ne pourra pas vivre de son art, mais il se retrouvera en plus avec assez d’exemplaires non vendus de ses livres.

BL: Qu’est ce qui vous motive à aller de l’avant ?

Il y a d’abord ma mère, cette véritable (m)amazone qui me booste dans les pires moments. Elle ne sait peut-être pas écrire des poèmes et tout ça, mais c’est elle qui m’a appris depuis mes premiers mois à persévérer, quelles que soient les difficultés. Et puis il y a cette citation de George Bernard Shaw : « Il y a deux tragédies dans la vie. L’une est de réaliser ses rêves. L’autre est de ne pas les réaliser. ». Personnellement je préfère suivre mes rêves car ils connaissent le chemin, certainement mieux que moi-même. Une fois à destination, on verra bien de quelle tragédie il s’agit. Rires.

BL: Quels sont vos projets ?

CZ : Continuer à faire grandir et connaitre Monde en Lettres, ici et ailleurs. Travailler sur différents projets avec les autres blogueurs (littéraires ou non) du Bénin, et même au delà de nos frontières. Au cours des prochains mois, il y aura assez de Challenges Monde en Lettres pour faire gagner des lots aux lecteurs et partager avec eux, cette passion livresque comme le dit mon cher Eurydoce Désiré Godonou de https://saveurslivresques.com/.

BL: Votre mot de la fin

CZ : Je remercie Biscottes Littéraires pour cette opportunité de faire connaitre mon blog, et reste disponible pour toute collaboration. Je vous félicite aussi pour l’excellent travail que vous abattez et vous encourage. Merci et à présent, (d)écrivons le monde autrement…

 

  1. Merci cher ami Cyr pour ce bel entretien empreint d’humour et de simplicité. Il paraît que Dieu est un grand blagueur aussi

    • Merci à toi Cyr, d’avoir décidé de réaliser ton rêve en nous faisant rêver aussi. Puisse le Seigneur tout puissant puisse t’inspirer au-delà de ton imagination. Bonne suite dans ton oeuvre et courage.

      • Amen, Glorieuse HODE. L’avenir nous réserve des surprises agréables