BL: Bonjour Monsieur Roland DONOU. Nos amis lecteurs sont impatients d’en savoir davantage sur vous. Qui est Roland DONOU? Que fait-il?

RD: Roland DONOU est un jeune Béninois ressortissant de Sey, dans la commune de Toffo. Après ses études secondaires à Allada, il a fait différentes formations après le bac: Licence en sciences politiques, BTS en communication. Actuellement,  je suis en Master 2 à l’ISMA. Bien que je demeure apprenant, le maire d’Allada, séduit par mes textes, m’a nommé rapporteur de sa Cellule de Communication.

BL: Comment est-elle née chez vous cette passion pour l’écriture?

RD: La passion amatrice d’écrire m’est venue depuis longtemps, quand j’avais le plaisir de soigner mes lettres d’amour au collège. Mais écrire un livre, cette idée est venue de mes abonnés sur Facebook ainsi que de mes lecteurs sur les réseaux sociaux, en général.

BL: Vous avez, dit-on, des relents politiques, ce que vous ne cessez de confirmer. Comment arrivez-vous à réconcilier en vous ces deux âmes : celle de l’écrivain et celle du politicien (apprenti politique? rires)?

RD: J’ai de l’aversion pour la politique à cause des manigances cousues de perfidies qu’elle engendre, en confondant ceux qui naguère étaient exempts de salissures. Cependant, mes cours académiques reçus à l’Université (FADESP) ainsi que les intrigues politiques à Allada et à Toffo m’inspirent et me donnent une vision macroscopique de la politique nationale. D’où mes commentaires, pamphlets et chroniques qui circulent sur les réseaux sociaux.

BL: « Miel-Amer »est votre première production littéraire officielle. Parlez-nous de sa genèse et des diverses péripéties, difficultés et joies qui ont marqué sa publication

RD: Dans le souci de relater ma vie adolescente ainsi que les conséquences qu’elle eut sur moi, j’ai écrit « Miel-Amer ». Pour parvenir à sa publication, je n’ai pas tellement souffert car ma marraine a été très généreuse. C’est le jour de mon lancement que j’ai souffert : un problème d’électricité a ralenti la multiplication. Et mon éditeur s’était trompé de fichier en envoyant à l’imprimerie un manuscrit plein de fautes. J’ai dû relancer une autre multiplication après. Ça m’a coûté. Mais in fine, j’ai satisfait beaucoup de mes admirateurs. Une première expérience qui m’a vacciné contre certains aléas ; dans quatre mois, j’irai plus loin.

 

BL: Ce qui frappe au prime abord, quand on regarde le titre, c’est qu’il est fait d’un groupe nominal. pourquoi avoir mis un tiret (-) entre « Miel « et « amer » quand on sait qu’on a à faire avec un substantif et une épithète ?

RD: Je n’ai pas voulu que le titre s’écrive en deux mots. Car, selon moi, la douceur et l’amertume sont des sœurs jumelles, mais avec des saveurs contraires. En amour comme dans les autres réalités de la vie, l’oxymore est toujours visible. La nuit et le jour, le soleil et la lune, le douleur et la douceur, le sucré et l’amer, l’amour et la trahison….

BL: Mais il est constaté que le titre est en deux mots. Comment l’expliquez-vous?

RD: Deux mots reliés, comme pour dire que la vie des humains baigne dans un dualisme existentiel, sans fin.

BL: Que répondriez-vous au lecteur qui considère la première nouvelle « Miel-Amer » comme un récit autobiographique?

RD: Je ne peux que leur concéder cette impression qui se dégage, surtout au sein de l’opinion des lecteurs qui me connaissent un peu, dans la vie quotidienne.

BL: Ce Roland doit vous être cher! Il revient dans la deuxième nouvelle où il est encore question d’amour et de déception…

RD: Les textes ont été juste alignés des plus mielleux aux plus amers.

BL: Attardons-nous sur le personnage de Roland avec qui vous portez le même nom

RD: C’est là ou ceux qui ont parlé d’autobiographie n’ont pas tellement menti. J’ai dis plus haut que c’est une synthèse d’expériences. Nul ne naît sage ou héros, on le devient. Et si le destin est tracé, ceux qui doivent vous y amener s’invitent dans votre vie. Vous tirerez des intrigues et des prouesses qui naîtront entre vous pour forger tout ce qu’il faut pour vous exprimer.

BL: L’oeuvre dans son ensemble est orientée vers la sexualité, l’amour que vous baptisez en définitif  « Miel-Amer ». Qu’est-ce qui vous y a poussé? Et que voulez-vous exprimer en réalité?

RD Plus pour le plaisir de séduire et de courtiser que pour le plaisir charnel, j’ai eu beaucoup d’amies quand j’avais entre 18 et 25 ans. Miel amer est aussi la synthèse de ces intéressantes passades.

BL: Vous avez comme diabolisé la plupart des personnages féminins de votre livre. que ce soit Akwélé, Fabienne, la go sexy de Facebook ou même Nikita dont on peut dire qu’elle est sournoise et hypocrite, la gent féminine n’a peu droit à vos éloges dans ce livre. Misogynie. Volonté de rendre les femmes responsables de tous les désordres sociaux et moraux? Attaque des féministes? Expliquez-nous un peu ce choix de peindre en noir les femmes

RD: La femme a une grande puissance comparativement à l’homme qui ne se vante qu’en fonction des muscles de son biceps. Si la femme choisit de s’assagir, l’humanité changerait, du coup. Elles seules ont cette onction de durcir le mou et d’amollir le dur. Devant elles, rien ne résiste, si ce n’est la mort. Dieu l’a même enseigné, en inspirant le Jardin d’Éden. Je ne suis pas misogyne, loin de là. Mais les jeunes amoureux lecteurs, à travers mon livre, doivent savoir que sous les attirantes toilettes, il y a un être qui est né pour être séduit, pour être entretenu. Le défaut de l’une de ces conditions débouchera sur l’amertume.

Quand la femme dit oui à un homme, elle a dû fermer d’autres portes, menant à son cœur, pour ouvrir une seule, apparemment. Mais parmi les portes fermées, il en a qui sont couvertes juste de rideau, de grillage, de claie. D’autres sont fermées sans clef. Alors, quand viennent les moments durs, que font la plupart ?

Je suis un amoureux et j’aimerais le rester. Mais il est de bon ton qu’on décrive ce qu’on aime dans son aspect pervers. Quand on a donné « Kpassagon » comme nom à une localité à Bohicon, ce n’était pas pour dire qu’il n’y avait que des baobabs dans la localité. Mais, les baobabs étaient juste plus remarquables. J’aime la femme dans ses délires et espiègleries. C’est leur particularité.

BL: A qui attribuez-vous les causes des perversions que vous dénoncez dans votre livre?

RD: Certaines femmes, qu’elles en arrivent à agir négativement, ce n’est pas toujours de leur faute car elles ont été d’innocents bébés, de vierges adolescentes avant de se pervertir. L’État, la famille au sens strict et au sens large, sans oublier les religieux, sont les responsables de ce qui souille la gent féminine.

BL: La politique et la littérature seraient-elles incompatibles? Un écrivain peut-il faire de la politique et demeurer entièrement écrivain et aussi libre qu’auparavant?

RD: Machiavel est-il écrivain? Si oui, d’où tient-il le réalisme politique qu’il a décrit dans « Le Prince » ? Pour avoir été secrétaire d’un monarque de la Florence, si j’ai bonne mémoire. L’exercice du pouvoir peut apporter de la matière à un écrivain. Mais il revient à chacun de décrire ce qu’il a vécu ou ce qu’il aurait voulu vivre.

BL: Comment prévoyez-vous alors l’interaction entre politique et littérature, une interaction qui garantisse la liberté et l’objectivité de l’écrivain politicien ou du politicien écrivain?

RD: L’écrivain n’est pas un homme à part, c’est un citoyen comme tout autre. Si à rien de pratique et d’actuel il ne s’intéresse, il perdra son lectorat. Mon prochain roman qui paraîtra dans quatre mois s’intéressera à la politique. La communication politique, quant à elle, peut user de la littérature, mais l’objectivité de l’écrivain est au dessus de la politique et de la rhétorique du communicant.

BL: Pourriez-vous monnayer la dernière phrase pour nous autres pauvres lecteurs?

RD: (Rire.) La communication politique, quant à elle, peut prendre par la littérature pour aboutir, mais l’objectivité de l’écrivain est au dessus aussi bien de la démagogie politique que de la rhétorique circonstancielle du communicant.

BL: Qu’attendez-vous de vos lecteurs?

RD: J’invite mes lecteurs à la patience car ce qu’ils ont de moi aujourd’hui est moins que le centième de ce que je leur réserve pour le futur.

BL: Que pensez-vous que votre public attend de vous?

RD: Ils attendent, à juste titre, que mes livres soient nombreux et réguliers dans les rayons des librairies.

BL: Un regard sur la littérature béninoise.

RD: Les Béninois écrivent beaucoup et nous font oublier déjà l’hégémonie des auteurs africains et étrangers. C’est d’ailleurs pourquoi les livres au programme ont été revus, afin qu’il y ait une promotion locale.

BL: Vos projets, outre votre prochain roman?

RD: Tourner des films en transformant mes nouvelles en synopsis.

BL: Votre mot de la fin

RD: Je remercie mon grand ami et petit-frère Ghislain GANDJONON dont la magnanimité, à travers son génie d’informaticien, m’a offert une grande promotion sur la toile en tant que chroniqueur ; de même, je ne peux pas ne pas reconnaître la sympathie des membres de Biscottes Littéraires qui, sans me connaitre, se sont investis à organiser cet entretien pour la visibilité de mon œuvre. Seuls, les jeunes, en se serrant les coudes, pourront relever les défis de la relève qui s’impose à l’humanité. Merci à toute l’équipe et à la prochaine!

  1. Belle interview. Félicitations et bon vent à l’auteur. Et merci à Biscottes littéraires qui nous révèlent les talents littéraires de notre chère patrie, le Bénin. Je dois avouer que j’en suis fier. Faisons surtout la promotion de nos auteurs béninois. On like, on partage, on interagit.