C’était au temps où, avant d’épouser une femme, il fallait montrer sa bravoure publiquement. Le roi KAKPOVI-TRITO avait trois filles. A chacune des ses filles, il cherchait un époux, mais pas à n’importe quel époux. Il devait en effet remplir les conditions suivantes : être travailleur, beau et courageux. Avec ces règles éditées, personne ne réussit à épouser les filles du roi tout simplement nt parce qu’aucun candidat n’avait toutes les qualités réunies. Il y en avait qui étaient courageux, mais trop laids au goût de la cour, d’autres, très beaux et mignons, mais de véritables peureux, qui à la présence d’un petit lézard préférèrent prendre la poudre d’escampette ; d’autres encore, et c’étaient les plus nombreux, n’étaient ni beaux, ni courageux. Malgré cela, ils étaient venus se présenter pour tenter d’être le gendre du roi. Mais ce fut sans succès, bien entendu. Ils furent d’ailleurs chassés du palais. Il y en avait même qui avaient offert assez de présents au roi pour épouser l’une des princesses, mais le roi ne consentit point. Ce comportement ne plut pas aux gens, et on pouvait entendre des murmures et des grincements de dents.

 

Un jeune prétendant, qui était relativement cossu et passablement pondéré, eut le courage de dire tout haut ce que la plupart pensaient tout bas :

– Qu’il les épouse, lui-même, si c’est ce qu’il veut.

Sur le champ, le roi le décapita aux yeux de tout le monde. Et plus personne ne parla. Tous trouvèrent juste les fait et gestes du roi.

Un jour, un homme arriva dans le royaume. Il était très beau, d’une beauté à faire courir les jeunes filles, tel le miel qui attire les mouches. Outre sa beauté, il était doté du courage de la souris qui s’amuse à tirer la barbe du chat. Toutes les filles du roi étaient inconsolables, car elles voulaient toutes cet homme. KAKPOVI-TRITO leur donna une semaine pour que chacune d’elle se prépare à recevoir cet étranger apparemment sans défaut. Personne ne devrait voir ces filles pendant cette semaine accordée. Elles rentrèrent chacune dans sa chambre et vécurent cloîtrées, loin et hors des regards des hommes et femmes du royaume, à l’exception de celui de leur mère.

 

Est-il besoin de rappeler que toutes ces filles du roi étaient vraiment belles. Le roi lui-même en était jaloux et c’est pour cette raison qu’il ne voulait pas que n’importe qui les épouse. Au terme du temps accordé, et devant un parterre de sujets, les filles qui devraient sortir ne firent pas leur apparition. On envoya des émissaires les appeler, car tout le monde les attendait. Une fois là-bas, ils les appelèrent, en vain. Ils revinrent bredouilles annoncer au roi qu’elles n’y étaient pas. Le roi envoya de nouveau un cortège, qui n’eut pas non plus de succès. On demanda au prétendant de les attendre sur place. Avec toute sa garde et la population derrière, il se dirigea lui-même au domicile de ses filles. Et là, horreur. Elles étaient toutes décédées. Sur le champ, personne ne comprit la cause de cette mort. On consulta sur place les dieux. La révélation était terrible: « Les trois princesses, durant cette semaine, se sont lancé des sortilèges pour non seulement s’empoisonner et s’envoûter les unes les autres, mais aussi et surtout pour avoir l’homme à elle toute seule ». Elles sont toutes décédées.

 

Ils revinrent tous sur leurs pas, et une autre surprise : le prétendant n’était plus là. On dirait qu’il s’était volatilisé. Le roi n’en croyait pas ses yeux. Il vient de perdre ses filles, et le soi-disant prétendant aussi a disparu. On consulta de nouveau les dieux pour mieux comprendre. C’est alors qu’ils firent savoir  que c’était une punition pour le roi à cause de son entêtement à refuser les prétendants et aussi à vouloir s’enorgueillir de la beauté de ses filles. Il tira son sabre et se l’enfonça dans le ventre.

 

Moralité de l’histoire : Il faut savoir être aussi flexible dans la vie. Ce n’est être lâche que d’âtre conciliant par moment.

Kouassi Claude OBOE

  1. Super.A force de trier,on finit par tout perdre!Très instructive cette histoire.

    • C’est cela même, Exaucée. On doit vraiment faire attention, et savoir en réalité ce qu’on veut.