Il était une fois Mayiboui, un pays très lointain, si lointain que pour y accéder, il fallait des jours et des nuits, des lunes et des soleils. Il advint que le ciel ne fît pas tomber la pluie. La terre s’était asséchée. Tous les puits et cours d’eau étaient à sec. Une grande famine s’installa alors. Hommes, femmes, enfants et bêtes mourraient comme des vers de terre au passage du feu.

 

Un jour, un jeune décida de se lancer à l’aventure, à la recherche des vivres pour sauver sa famille. Pendant six jours, il marcha, marcha, escalada monts et vallées, traversa forêts et savanes. Le septième jour, n’en pouvant plus, fatigué de marcher, il s’affaissa sous un arbre et dormit. A son réveil, il vit devant lui, une vieille femme au corps remplie de plaies putrides. Il n’eut pas peur. Il ne la prit pas en dégout non plus. La vieille lui demanda de l’aider à nettoyer ses blessures et à les panser. Nougnon accepta volontiers et lava la blessure, qui puait comme un cadavre en pleine décomposition depuis trois jours. Il pansa les blessures sans rechigner. Son travail dura plus de cinq heures. A la fin, la vieille le pria de la suivre chez elle. Nougnon s’exécuta. La vieille le supplia de balayer sa maison. Le jeune le fit avec joie et sourire aux lèvres. Mieux, il sarcla les mauvaises herbes qu’il y avait autour de la maison, nettoya les lieux d’aisances, lava les assiettes et calebasses, remplit les jarres d’eau, arrangea sa chambre, lui fit le lit et lava ses vêtements. A son départ, la vieille, toute émue, lui demanda en guise de récompense, d’aller prendre derrière la maison, parmi les calebasses qui s’y trouvaient, une des plus petites. Elle pourra lui dit-elle, les nourrir, lui et sa famille: « Il suffit seulement de lui demander ce qu’on veut. Elle se charge de vous le donner. »

 

Une fois là-bas, il vit assez de calebasses. D’aucunes disaient :  » prends-moi, prends-moi, je te nourrirai jusqu’à la fin de tes jours. N’écoute pas ce que la vieille dit. Elle ne veut pas que tu aies beaucoup à manger.  » Et c’étaient toutes les grosses calebasses qui agissaient ainsi. D’autres, les plus petites, ne voulaient pas qu’on les prenne. Elles fuyaient d’ailleurs chaque fois que Nougnon s’approchaient d’elles. Mais il finit par en prendre, une petite, la toute petite. Il rentra à la maison en faisant moins de temps qu’à l’aller. Il ne réussit jamais à savoir comment, mais toujours est-il qu’il revint à la maison prestement. Il installa la calebasse dans la chambre. La première des choses demandées était un repas. Sur le coup, la calebasse leur fournit un met très copieux. Toute la famille mangea. Et durant des jours, la famille était à l’abri de la faim, dès que Nougnon parlait à sa calebasse. Ceci suscita dans leur entourage, envie, haine, jalousie et grincements de dents.

Mougbé, décida lui aussi daller à la recherche des vivres. Il vint s’enquérir auprès de Nougnon des aléas et péripéties de son aventure. Ce dernier, très humain, lui avoua tout, même les épreuves qui l’attendaient. A peine avait-il fini de parler que Mougbé démarra en trombe sans remercier son bienfaiteur. Après seulement six heures de marche, il trouva que la distance était trop longue. Il fulminait contre ciel et terre, maudit le jour de sa naissance, blasphéma contre les dieux protecteurs dont il disait qu’ils étaient de faux dieux, des dieux misérables incapables d’arrêter la famine en faisant tomber la pluie. Mais animé et dévoré par le vif et brûlant désir d’être lui aussi un héros, il n’abandonna point et continua. Il dormit plusieurs fois au cours de son voyage avant d’atterrir sous l’arbre. Une fois à ce lieu, il cria d’une voix forte et appela la vieille. Celle-ci ne vint pas tout de suite. Mais quand il lui plut d’apparaître, elle demanda à Mougbé de lui panser ses plaies. Il refusa prétextant qu’il était seulement venu prendre la calebasse. Il refusa tous les travaux que la vieille lui demanda de faire. La vieille lui dit d’aller chercher une petite calebasse derrière la maison. Arrivé sur les lieux, il fut fasciné par les grandes et pensa d’ailleurs que la vieille lui avait menti. Il prit la grande calebasse dans l’intention d’avoir beaucoup plus de richesses que Nougnon. Il imaginait déjà quelle belle maison il demanderait à la calebasse de lui construire en un clin d’œil. Il était déjà sûr de faire fléchir le coeur de la dernière épouse du roi, d’évincer ce dernier et de prendre son trône. Avec sa calebasse, il pensait déjà qu’il mettrait à ses pieds tous les chefs religieux, tout le village et même les divinités. Il se voyait déjà roi, puissant, imposant, vêtu d’or, de soie, de lin, de laine…

 

Il revint à la maison, s’enferma avec sa famille et demanda à la calebasse de leur servir à manger. La calebasse fit sorti une lanière et des cordes, le ligota et le frappa à mort.

 

Depuis ce jour-là, les enfants de Mayiboui ont appris et garder la belle leçon: il faut écouter le conseil des sages. Chacun a son étoile et il ne faut pas chercher à avoir coûte que coûte ce possèdent les autres.

 

Kouassi Claude OBOE

  1. Joli conte qui me replonge dans mon enfance.

    On a ce qu’on mérite. Ceux qui ont bon cœur finissent toujours par trouver la solution à leurs maux alors que les vaniteux, les envieux , les égoïstes sont accablés par la honte et l’échec.

    • Exact, mon ami. Le conte des calebasses. « Wa gbèmi » (viens me cueillir). Merci Kouassi CLaude OBOE

      • Salut Jovincio. Merci d’être dans nos parages. Merci aussi de nous cueillir toujours

      • Merci à vous de nous suivre et de nous donner chaque fois vos points de vue pour nous permettre de grandir.

        • Validé,Claude. Ils sont de bons gars, Désy Ray et Jovincio fils de KPEHOUNSI, généreux gourmands de belles lettres. véritables bouquineurs et fiers de lettres.

    • Salut Désy Ray. Merci pour le passage. Vous avez l’air un peu dur envers les envieux, mais vous avez raison. Il faut être modéré et ne pas désirer la raie de l’autre quand on peut se contenter de son fretin.

    • Salut Désy Ray. Merci pour le passage. Vous avez l’air un peu dur envers les envieux, mais vous avez raison. Il faut être modéré et ne pas désirer la raie de l’autre quand on peut se contenter de son fretin.

    • super, Amoni. Nous serons heureux de lire quelques-uns de ces contes que tu nous offriras volontiers.

  2. Beau conte. J’ai aimé cette aventure dans les contes. C’est à croquer tout simplement