Chers amis de Biscottes Littéraires. L’aventure avec les éditeurs se poursuit. Aujourd’hui, nous recevons pour vous Carmen Toudonou, une grande actrice du monde du livre.
BL : Bonjour madame Carmen Fifamè Toudonou. Quelle joie de vous recevoir à nouveau sur notre blog. Merci pour la disponibilité toujours offerte. Une petite question de curiosité : « Qui se cache derrière « Noire Vénus », « Presqu’une vie », « L’odysée Vodun, « Carmen Fifonsi Aboki », « D’une œuvre à l’autre », « Tant de gens espèrent être aimés et beaucoup ne sont que mariés », « Le lionceau et le papillon », « Le vert, le rouge et le noir », « Sororité chérie (Collectif) », « L’orgasme douloureux », Les Editions Vénus d’Ebène et bien entendu le Concours Miss Littérature ?
CT : L’honneur est réellement à moi, et ce n’est pas une façon de parler… Je suis administratrice des services parlementaires, et je suis, comme votre question l’indique, autrice. Je tiens aussi un blog, et je conduis des travaux de recherche à l’université d’Abomey-Calavi. Je suis la Directrice du concours panafricain Miss Littérature.
BL : De Noire Vénus à « L’orgasme douloureux », la moisson n’est pas moins abondante. D’où puisez-vous toute cette énergie ?
CT :Je prends cette question pour un compliment. Je pense que tout est passion, dans mes choix de vie. Je me suis très tôt passionnée pour la lecture, et cette passion a enfanté tout le reste : mon inclination pour l’écriture, mon choix du métier de journaliste puis d’éditrice, etc. Le livre est le fil conducteur de tout cela. Comme je bouquinais abondamment des ouvrages littéraires, c’est logiquement que l’envie d’imiter les auteurs que je lisais, et continue de lire, est venue. J’ai écrit des poèmes, des nouvelles et un roman que j’ai publié en 2014 : « Presqu’une vie ». Ce premier livre rendu public a reçu un accueil, pour moi, inattendu. Donc je n’ai pas jugé pertinent d‘arrêter…
BL : Que signifie être « femme de lettres » dans le contexte de notre société ballotée par les tempêtes des technologies (dont, entre autres, TikTok et ChaptGpt) qu’elle a pourtant créées elle-même ?
CT : Une amie me faisait remarquer, fort justement, il y a quelques jours, que le groupe de mots « homme de lettres » n’existe pas, du moins, est fort peu usité, contrairement à son pendant féminin. C’est dire encore combien, il est vécu par notre société comme singulier, le fait pour une femme, de prétendre, je dis bien prétendre, s’intéresser aux belles lettres, a fortiori, écrire. Donc être femme de lettres, c’est comme une responsabilité. Je dirais même que c’est une gageure. Moi je le prends avant tout comme un privilège que l’on ne m’a pas donné, mais que j’ai pris. Je le prends aussi comme une grâce, née du fait que j’ai été éduquée, et que j’ai pu être au contact du livre, née aussi du fait que, avant moi, de nombreuses femmes et une poignée d’hommes se sont battus pour que les femmes aient droit de cité… J’essaie de transmettre ce flambeau, à travers le concours Miss Littérature. C’est vrai qu’il y a aujourd’hui un environnement technologique inédit ; il faut en faire un allié, puisqu’on ne peut le combattre. Moi je publie mes couvertures de livres du Tik Tok par exemple, j’y lis des extraits de mes œuvres. Et il se trouve que certains suivent ce genre de contenus. Ce n’est peut-être pas pour rien que Tik Tok est le sponsor officiel du salon du livre de Paris cette année. Je crois qu’il faut faire avec ces nouvelles technologies, tout en veillant à ce que la place du livre soit garantie tout de même, même si maintenant, il faut faire cohabiter livre et portable.
BL : Votre dernier livre, L’orgasme douloureux est paru chez Lakalita. Veuillez nous mettre dans le secret du processus ayant conduit à la publication de ce livre lancé à Cotonou le samedi 27 mai 2023.
CT : Toute cette histoire a commencé quand j’ai eu la lubie d’écrire quelque chose d’assez décalé, d’assez « grivois », tout en étant absolument grave, sur le sujet de la dictature. Un jour donc, j’ai posé une dizaine de pages de ce qui était censé être le début de ce roman. Et puis je l’ai oublié. Heureusement, j’ai eu la chance, l’immense opportunité d’être mise au courant un jour du lancement par les éditions Lakalita du Burkina Faso d’un appel à résidence d’écriture, pour des romancières. J’ai pensé qu’il ne me coûtait pas grand-chose d’envoyer ces quelques dix pages, avec un curriculum vitae d’artiste. Et j’ai eu la belle surprise d’apprendre que je figurais sur la liste des trois autrices retenues pour participer à cette résidence littéraire. J’ai donc rédigé le roman et il a été publié à compte d’éditeur par Lakalita.
BL : Quelles leçons tirez-vous de cette expérience que vous venez de faire avec Lakalita ?
CT : C’est une magnifique expérience. J’en déduis qu’il faut toujours croire en soi. Je salue l’altruisme de la grande Fatoumata Kane Ki Zerbo, responsable de ces éditions. Je remercie toute son équipe, ainsi que le Dr Ndongo Mbaye, grand écrivain africain, qui a assuré le suivi de cette résidence.
BL : Quelle est votre réaction chaque fois qu’on vous dit que les jeunes ne lisent pas ou plus ?
CT : Je demande d’abord des chiffres comparatifs entre cette prétendue époque où les jeunes lisaient et l’époque contemporaine. Il n’y en a pas. Je demande ensuite les conditions qui ont été créées par les adultes, et malgré lesquelles, les jeunes ne liraient pas. Il n’y en a pratiquement pas… Les jeunes, les enfants ne font qu’imiter les adultes. Si les jeunes ne lisent pas, que font les adultes ?
BL : Vous arrive-t-il d’être déçue de cette effervescence et cette floraison en matière de productions littéraires au Bénin quand on considère aussi bien le fond que la forme ?
CT : Non il n’y a pas de déception qui tienne. Moi je suis fière de ce foisonnement : il y a de nouvelles maisons d’édition, de nouvelles initiatives, de jeunes écrivains qui publient des livres, c’est une excellente chose. Il y a forcément du très bon et du moins bon, mais c’est toujours le cas dans la réalité. Il faut promouvoir ce qui est bon, et aider ceux qui ne sont pas encore performants à s’améliorer.
BL : « Le livre béninois, comparé à d’autres pays subtropicaux, n’impacte vraiment pas comme autrefois. », entendons-nous souvent. Ce constat qui ne manque pas d’être vrai, à certains égards, ne vous laisse pas indifférente. Comment le recevez-vous et qu’est-ce que cela réveille en vous ?
CT : Il y a un passéisme béat qui me laisse perplexe. C’est à croire que tout ce qui se faisait par le passé était parfait. Nous savons tous que c’est faux. C’est juste que, en général, quand une génération passe, ce qui se transmet à la postérité, c’est surtout ce qu’il y avait de bon dans ce passé. C’est tout. Donc ce passéisme ne m’émeut pas plus que cela.
BL : Vous êtes la promotrice des Editions Vénus d’Ebène. On y sent une proximité et une continuité logiques avec votre premier livre Noire Vénus. On sait que Vénus n’est pas une divinité de notre mythologie. Comment se fait-il qu’elle soit noire ? (Rires)
CT : Nous avons décidé de noircir Vénus (rires). En fait, Noire Vénus est mon deuxième livre publié, un recueil de poèmes, paru en 2015, un an après mon premier roman Presqu’une vie. Vénus est la déesse romaine de la beauté, mais surtout, Vénus est la deuxième planète la plus proche du Soleil. Considérée comme la planète jumelle de la Terre, elle partage avec la planète bleue une taille, une masse et une composition assez similaires. Cette planète a fait l’objet des premières observations astronomiques. Elle a été une source d’inspiration inépuisable pour les plus grands écrivains et poètes anciens. Le symbole astronomique de Vénus est le même que celui utilisé en biologie pour le sexe féminin : un cercle avec une croix pointant vers le bas.
La Vénus d’Ebène pour nous donc, symbolise la beauté des belles lettres, la féminité (source intarissable de fécondité), et l’inspiration jamais prise à défaut. Les éditions Vénus d’Ebène se proposent de donner du beau (forme, fond) dans le domaine littéraire, depuis la terre noire et fière de l’être, qu’est l’Afrique.
BL : Revenons à la maison d’édition à proprement parler. Comment est-elle née et quelles sont les lignes et les objectifs que vous lui avez conférés dès le départ ?
CT : Les Editions Venus d’Ebène sont spécialisées dans la littérature générale. Notre ligne éditoriale est de publier des œuvres de création littéraire, des essais littéraires et des ouvrages de sciences humaines, peu importe leur provenance géographique. Nous ne publions pas d’écrit à caractère sectariste, raciste ou xénophobe. Ces éditions sont nées de l’initiative d’un groupe d’écrivains qui visent à créer le plus grand vivier d’écrivains de la nouvelle génération, aussi bien au Bénin qu’ailleurs en Afrique et partout dans le monde. Les Editions Venus d’Ebène sont divisées en six principales collections : la Collection Horizons pour les nouvelles, la Collection Oniris pour le roman, la collection Prométhée pour la poésie, la Collection Actés pour le théâtre, la Collection Esquisses pour les essais et la collection Kinikini pour les livres de jeunesse illustrés.
BL : Quel est le bilan à mi-parcours que vous pourriez faire après ces quelques années dans le monde de l’édition ?
CT : Le bilan est globalement positif. En bientôt sept années d’existence, nous avons publié une trentaine d’ouvrages. Notre parti pris, dès le départ, a été de considérer le livre comme un objet culturel et économique. Donc nous avons voulu publier des livres beaux, du point de vue du contenu et du contenant. Cet idéal reste toujours de mise dans nos choix éditoriaux. Nous avons publié huit romans, huit recueils de nouvelles, quatre recueils de poèmes, sept essais, ainsi qu’un livre de jeunesse illustré. C’est le lieu de remercier tous les auteurs qui nous ont fait confiance. Je voudrais souligner que notre structure ne vise pas une performance de chiffres, dans le sens du nombre d’ouvrages publiés par an, mais plutôt a pour objectif, la qualité avant tout. Bien éditer au Bénin, c’est comme choisir un sacerdoce. Ce n’est pas une activité lucrative, loin de là. Malgré tout, nos satisfactions sont surtout morales. Nous sommes fiers d’avoir remporté le Grand prix littéraire du Bénin avec notre excellent auteur Gilles Gbeto, auteur du roman « La rivale de Dieu ». Nous sommes tout aussi fiers d’avoir été finaliste du Prix Ahmadou Kourouma du salon du livre de Genève, aux côtés de grandes structures éditoriales de l’Hexagone, avec le recueil de nouvelles Carmen Fifonsi Aboki (CFA), publié en 2020 par ma modeste personne.
BL : Nous serons heureux que vous nous parliez davantage du Grand Prix Vénus d’Ebène. L’initiative est-elle toujours vivante ?
CT : C’est justement grâce à l’initiative du Grand prix Vénus d’Ebène que nous avons « découvert » et publié Gilles Gbeto. Ce prix est né du constat selon lequel nous avons sur le marché béninois très peu de romans. Le grand prix revient très bientôt avec de belles innovations.
BL : L’une des remarques les plus récurrentes que l’on fait de nos jours aux livres édités sous nos cieux, c’est malheureusement l’aspect des livres que certaines maisons d’édition mettent sur le marché. Vous convenez avec nous qu’il existe sur le marché beaucoup de livres qui sont mal présentés, aussi bien dans la forme que dans le fond. Voici d’ailleurs ce qu’en dit Daté-Barnabé Akayi : « Quand ils ont la bonne volonté de prendre en charge entièrement le livre, lorsqu’ils (les éditeurs) l’envoient à l’imprimerie, le livre ne revient pas toujours en de bonne qualité : c’est comme si nos imprimeurs (ou leurs machines) ont une dent pourrie contre l’esthétique du produit physique qu’est le livre. Eh bien, le livre n’est pas, sur le marché, attirant ! » Que pensez-vous, en tant qu’éditeur, de cette remarque qui ne manque pas d’être pertinente ? [1]
CT : Comme je le disais plus haut, il y a du bon, et du moins bon. Nous par exemple, nous avons créé Vénus d’Ebène, avant tout parce que nous avions envie de faire des livres de qualité, sur les plans littéraire et esthétique. Nous avions la certitude qu’il est possible d’éditer (relire, faire du conseil éditorial, corriger, monter…) et d’imprimer des livres au Bénin, et de rester intransigeant sur l’aspect de la qualité du produit physique. Nous croyons l’avoir démontré, mais le constat est que les imprimeries qui satisfont à cette exigence de qualité, sont aussi les plus chères. Ceci explique certainement le constat que vous évoquez…
BL : Toute la faute revient-elle vraiment à l’imprimeur ? Ce dernier est-il aussi comptable des montages affreux, des couvertures où l’on lit difficilement le titre du livre ou le nom de l’auteur et des tonnes de fautes que l’on rencontre dans certains livres ?
CT : Justement, c’est toute la chaîne de l’édition qui est en jeu. Pour le montage, les excellents monteurs ne sont pas les moins chers. C’est pareil pour les correcteurs. Nous à notre niveau, nous assurons trois niveaux de correction. C’est une chose qui a un coût…
BL : Nous allons rebondir sur la question : Entre l’auteur et l’éditeur, qui est comptable des fautes qui subsistent dans le livre publié étant attendu que le travail de l’auteur finit dès qu’il a soumis son manuscrit et qu’il l’a retravaillé sur instruction de l’éditeur qui, de concert avec son équipe, doit épurer le manuscrit et publier un texte propre?
CT : L’éditeur est, sans la moindre hésitation, comptable des fautes qui subsistent. Cela dit, je lisais récemment un classique littéraire français du dix-septième siècle, et j’ai relevé une coquille. Cela veut dire que le travail de l’éditeur est de tout mettre en œuvre pour tendre vers le « zéro faute ». C’est un idéal qu’il faut chercher à tutoyer au mieux.
BL :Est-ce méchant de dire que le livre au Bénin est à l’image de ces maisons d’édition qui ne prennent pas toujours le temps d’accompagner l’écrivain afin qu’il réécrive son manuscrit, ou qui publient le manuscrit dès que l’auteur paie la facture à lui adressée par l’éditeur ?
CT : Oui c’est méchant de le dire parce que le livre au Bénin présente des visages divers. Tout n’est pas médiocre. Par contre, c’est important de mettre en place les conditions pour que les maisons d’édition soient professionnalisées, que les acteurs de l’édition, relecteurs, graphistes, imprimeurs soient mieux formés… Je crois que ce n’est pas détester un écrivain que de lui dire que son texte ne peut être publié en l’état. Si le texte, le titre peuvent être revus avant publication, il faut pouvoir le faire. Nous le faisons souvent à Vénus d’Ébène. Mais si carrément le texte est mauvais, il faut avoir le courage de renvoyer poliment l’écrivain à sa plume. Nous l’avons déjà fait, à notre niveau, avec la manière bien entendu.
BL : Pensez-vous que les éditeurs béninois aident vraiment les auteurs en ce qui concerne la promotion et la visibilité ?
CT : Je pense que vous touchez là le ventre mou de l’édition au Bénin. La promotion des œuvres demande des moyens que bien souvent, nous n’avons pas. Pour en revenir à notre propre pratique à VE, nous mettons à contribution nos réseaux sociaux, et nos relations dans la presse. Est-ce suffisant ? Certainement pas. Nous pouvons mieux faire, avec plus de moyens…
BL : Quelle est la touche particulière de Vénus d’Ebène dans le combat pour un renouveau des lettres et du livre chez nous ?
CT : Nous entendons promouvoir les plumes talentueuses, à travers un travail de détection des jeunes valeurs. Ce volet a été enclenché grâce au Grand Prix Vénus d’Ebène qui a déjà permis de révéler deux jeunes plumes talentueuses. Le deuxième volet de notre engagement concerne la publication de biographies et d’autobiographies de personnalités publiques. Nous y travaillons. Le troisième volet a trait à la circulation des œuvres éditées en Afrique et à l’international. Nous y travaillons également, avec nos moyens pas vraiment gras. Enfin, nous aurons bientôt une collection d’ouvrages écrits en langues nationales du Bénin.
BL : A quoi un auteur doit-il s’attendre lorsqu’il soumet son manuscrit aux Editions Vénus d’Ebène ?
CT : Il y a tout un processus qui s’enclenche à ce moment là. Le texte est d’abord soumis au comité de lecture pour juger de la pertinence de son édition. S’il est accepté, nous procédons à la signature du contrat d’édition. Le processus éditorial peut alors commencer. Nous procédons tout d’abord à une première révision, qui permet de valider de commun accord avec l’auteur, différents choix éditoriaux (nombre d’exemplaires à tirer, format, type de papiers, etc.). Nous faisons, à cette étape, du conseil éditorial, pour la réécriture ou réorientation de certains aspects du livre, le choix de son titre, etc., toujours en accord avec l’auteur. Ensuite, nous passons aux trois corrections, puis à la phase de la mise en page intérieure et de la création des projets de couverture. L’auteur ayant choisi la couverture qui lui plait, le projet est finalisé. Nous faisons une dernière révision du texte mis en page, puis nous soumettons ce dernier draft à l’auteur pour obtenir son aval pour l’impression. Dès que le livre est imprimé, nous nous assurons de son dépôt légal à la Bibliothèque nationale. Nous organisons, avec l’auteur des séances de signature et dédicace. Tout le long des différentes phases d’édition, nous assurons la communication autour de la prochaine parution, puis de la parution de l’œuvre. Nous apportons également un appui à l’auteur pour la participation à des émissions dans la presse audiovisuelle nationale. Nous assurons la présence de l’œuvre lors de différents rendez-vous littéraires (salons, expositions, prix littéraires, etc.).
BL : Votre mot de la fin
CT : Je suis très reconnaissante à votre blog, Biscottes Littéraires, pour cette interview, qui m’a permis aussi de mieux mesurer le chemin parcouru et d’entrevoir quelques perspectives nouvelles. Je salue la merveilleuse équipe que vous constituez pour tout le travail que vous accomplissez pour le bien du livre béninois. Merci pour l’intérêt accordé à Vénus d’Ébène Éditions. A notre petit niveau, nous sommes fiers de contribuer à doter le catalogue littéraire national d’œuvres de qualité acceptable, et c’est là, notre seule satisfaction : quand, à partir d’un texte saisi dans un ordinateur, nous donnons à lire au public, un livre beau et bon.
[1] https://dekartcom.net/date-atavito-barnabe-akayi-enseignant-ecrivain-il-faut-quon-conditionne-le-public-beninois-a-la-lecture/