C’était ma première fois. Le cours avait commencé avant que je ne rentre en classe. J’ai dû chercher des excuses imaginaires auprès du Proviseur. Mais comme je faisais partie de l’équipe de football du lycée, je n’avais pas été puni. Mais j’avais été sérieusement verbalisé. En classe, le professeur me réprimanda et m’avertit qu’il ne tolérerait plus de retard. Je ravalai ma fierté et comme un margouillat mouillé, je hochai la tête en signe d’approbation. Durant tout ce cours, je ne m’étais pas du tout concentré. Je me trouvai étrange, d’être près et si loin de cette belle créature assise à mes côtés, une créature inaccessible mais qui m’assommait volontairement ou inconsciemment de milliers de maux, les maux les plus affreux qui puissent exister au ciel, sur terre et aux enfers. J’étais comme dans des nuages, qui, sous peu, allaient s’amonceler pour laisser place à un grand orage. Je le savais. Je n’avais pas le cœur net. Qui était donc cette fille ? A dix heures, pendant la récréation je pris mon courage à deux lèvres et je l’abordai :
– J’ai l’impres…l’imp… l’impression qu’on s’était vu une fois avant cette rentrée, mais je ne sais pas où exactement. Il se pourrait que je me trompe, mais le problème est que je me trompe rarement.
– Tu ne t’en souviens pas ? Moi je le sais. L’année scolaire dernière, tu as été l’homme du tournoi en ratant un penalty sur le terrain en finale. Une finale qui a opposé ton école et la mienne. C’est nous qui avons gagné la coupe. Tu fus un des meilleurs de ton équipe, puisque c’était grâce à toi que vous avez réussi à venir jusqu’aux tirs au but. Le reste, tu le connais. J’avais aimé ton jeu. Tu courais sur le terrain comme un fou, tu dribblais tout le monde. Parfois même, tu te dribblais. Tu avais tellement fait rire les gens que certains s’en moquaient. Mais moi, je te trouvais admirable. C’est pour cette raison, à la fin, quand tu avais raté ton penalty, j’étais venue te réconforter.
– Je m’en souviens maintenant.
Je faisais comme si je ne me souvenais plus d’elle.
– Mais diable, comment ai-je pu oublier ce visage angélique en ce moment, le seul qui était venu à mon secours ?
Je la regardai devant moi, comme si c’était la première fois, et je la trouvai encore plus belle. Je la dévisageai. Elle était d’une beauté rare, sans maquillage, contrairement à ces dames qu’on dit bonne dame qui s’enlaidissent le corps à force de se cacher sous des produits chimiques et des mèches brésiliennes ou mexicaines. Elle me sourit. Mon cœur faillit sortir de ma poitrine. Déjà que ma respiration s’était accélérée, ce n’était donc pas le moment de se trémousser. Je pourrais avoir un infarctus. Je lui dis que je la trouvai jolie et qu’elle me plaisait bien, avec bien sûr un pansement au cœur, car j’avais peur d’un risque de refus. Sur place, elle ne me dit rien, mais me promit se pencher sur le cas.
A suivre….
Claude KOUASSI OBOE