BL: Monsieur Bernard, veuillez-vous présenter, s’il vous plait.

BT: Je m’appelle Bernard TCHIVADJI alias « EL SOLO » auteur de « KORA D’AZIZA« , un recueil de 28 poèmes, chants, et slams, paru chez « Les éditions du Couffo  » en novembre 2017. Le 1er lancement a été fait le 24 novembre 2017 à  Blue zone Cotonou Je suis aussi comédien et conteur. Je suis d’une famille d’artistes dessinateurs et d’artisans. J’aime bien écrire et bien dessiner, sans me fatiguer. Quand je trouve un joli papier ou un nouveau cahier, je meurs d’envie de calligraphier dessus.

BL: Comment est-elle née chez vous cette passion pour l’écriture?

BT: J’écrivais des lettres d’amour pour mes camarades élèves. La poésie, c’est quand j’étais en 3ème qu’un cousin m’en avait parlé. Lui il était en terminal. Et depuis lors, est née cette passion pour Dame Poésie.

BL: Pourquoi avoir choisi de débuter votre aventure d’écrivain par la poésie?

BT: Chacun a sa mission avant de venir au monde. De plus, chacun est unique en son genre. J’ai lancé ce que je peux appeler ma carrière d’écrivain par la poésie parce qu’elle est un genre littéraire qui aiguise l’esprit, vivifie, donne saveur à la vie. Écrire de la poésie n’est pas une fantaisie, de la voyoucratie ni de l’idiotie ; écrire de la poésie c’est plutôt faire œuvre utile et donner la preuve que l’esprit est capable d’élévation. J’ai choisi de commencer par la poésie, parce cette dernière réunit des énergies, proverbes et adages qui concourent à la culture personnelle. En réalité, j’aime la poésie parce que c’est souvent un petit texte qu’on peut lire en un instant.

BL: Comme on peut le constater, le thème principal développé est Dieu. Ce n’est pas très courant. Comment l’idée vous est-elle venue de parler de Dieu dans la poésie?

BT: Dieu est la source de toute inspiration, l’origine de tout ce qui est Beau, Bien, Vrai. Et ce Dieu est amour. Cet amour contient la diversité et la diversité exprime la beauté de la nature. Et si la poésie est contemplation de la nature, elle est, avant tout, obédience à celui qui a créé cette nature qui émerveille tous ceux qui sont sensibles au beau. Il faut l’avouer, l’Amour, tout comme Dieu, est au centre de tout. Quand on aime Dieu, on aime aussi sa patrie. Et comme vous pouvez le constater, les textes orientent vers Dieu-Amour et l’amour de sa patrie.

BL: Et pourquoi avoir baptisé le recueil  « KORA D’AZIZA »?

BT: Si je mets l’accent sur la patrie, c’est parce qu’il faut reconnaître que Dieu qui nous a créés, nous a donné une terre. On est toujours de quelque part. Et quelque part, notre terre aussi dit quelque chose de notre identité. L’ouvrage est écrit en français mais le titre, ainsi combiné, fait réfléchir et on se demande ce que signifie ce binôme en langues nationales . En effet ‘’KORA’’ signifie « Prince » en Bariba quand on parle de la royauté à Nikki. Cela signifie également un instrument de musique qu’on joue au Mali et au Sénégal. Le nom AZIZA signifie « Génie » autrement inspiration en langue Adjagbe, ma langue maternelle. Et quand on joue la Kora à côté de vous, cela vous calme, vous inspire et excite en vous le génie créateur, et à travers cette musique, vous louez l’ingéniosité et l’agilité des doigts de l’instrumentiste. Mais si c’est Aziza lui-même qui se met à jouer en vous cet instrument, c’est qu’il vous amène inéluctablement à produire d’excellentes et succulentes œuvres de l’esprit. Voilà, en quelques mots, d’où vient le titre ‘’KORA D’AZIZA’’. Mais en réalité, cette œuvre parue au Bénin, à travers le vocable de « Kora », fait penser à toute l’Afrique. Et au-delà de la muse qu’est AZIZA, je voudrais faire ressortir le génie qui préside à la production de si belles mélodies quand on pince les différentes cordes de la Kora. C’est assez expressif pour moi: que diverses cordes, de grosseurs différentes, sous le maniement des doigts d’une personne, donnent des sons si agréables à l’ouïe, pour moi, que c’est un appel vibrant à l’unité, la solidarité et la fraternité où l’harmonie des cœurs devient le gage d’une Afrique plus unie et plus forte.

BL: Puisque vous évoquez l’Afrique, quels sont les poèmes de votre recueil qui en parlent?

BT: Il y a des titres comme l’Africaine, la sénégalaise

« Tu es mon feu, je suis l’aigle de la diaspora

Je leur dirai là-bas : »je suis le nouveau Thomas SANKARA

La poussière à la poussière

Femme africaine mon infirmière »

Ce poème parle de l’amour de sa patrie, même à l’étranger je reviendrai épouser une femme africaine et ce vers le caractérise ‘’la poussière à la poussière, femme africaine mon infirmière’’. Le feu de brousse est un danger pourtant c’est là que l’aigle trouve sa proie. L’idée véhiculée est la suivante: quelle que soit la méchanceté, la sorcellerie de la femme africaine, je me rendrai fort pour l’aimer toujours. En évoquant le nom de SANKARA, je voudrais dire que je suis un homme engagé, prêt à défendre mon continent, je voudrais aussi affirmer qu’il n’est pas mort, « le Sankarisme » et qu’ils seront toujours vivants les autre révolutionnaires africains. Si tu aimes ta patrie, tu ne laisseras pas la dictature et la mauvaise gouvernance infester la vie de tes concitoyens.

BL: Quelles sont les difficultés que vous avez rencontrées avant la publication de ce recueil?

BT: J’entends souvent dire que « ce sont les défis qui rendent la vie importante, mais les surmonter la rend meilleure ». Celui qui fuit le risque sera en proie à des risques plus grands encore. Après l’écriture de mes poèmes, j’ai dû faire face au manque de moyens financiers, matériels et techniques. Dans mes diverses recherches de maisons d’éditions qui pourraient publier mon œuvre, mes pas ont croisés ceux de Monsieur Bataboutou AMOWONOU, un aîné, écrivain lui aussi, qui m’a permis de bénéficier des services de sa maison d’édition. Mais c’est le Professeur Marc-Aurèle AFOUTOU qui a fait la correction et la sélection des 28 poèmes qui figurent dans le recueil. L’imprimerie avait fait une facture Pro-forma que je ne pouvais pas supporter. C’est ainsi que j’ai fait appel à Marguérite TCHIVADJI, institutrice à Aplahoué, qui m’avait avancé un fonds de démarrage, ce qui a permis que j’aie un certain nombre d’exemplaires pour le lancement. Il faut notifier que mes demandes dans les administrations ou au Ministère de la Culture n’ont jamais abouti. Néanmoins, ma foi était debout, droit comme la verge de « Lègba alagbara », pour la réussite du projet. Cette foi est la solution de tout problème. Des gens m’ont aidé à transformer ces difficultés en opportunité, et c’est le lieu de saluer, si vous le permettez bien, mes Maîtres spirituels Aleph Damien ZINSOU, Wills APOVO, pour leur soutien financier aussi ; la Directrice de Blue zone Cotonou, la Directrice de l’ORTB TV.

BL: Malgré toutes ces difficultés financières, êtes-vous encore prêt à sortir d’autres ouvrages ?

BT: Si Aziza m’inspire et que Dieu m’exauce, je crois que je publierai encore beaucoup d’autres œuvres. Comme on le dit en Ajagbé « un nu gu vɔ » qui signifie « j’ai déjà fait mon alliance », donc plus de peur d’avancer. Je puis déjà vous souffler que le prochain ouvrage est fin prêt, et est intitulé ‘’Pas tard’’ ; un poème long play qui abordera  la situation socio-politique de notre pays . Le plus long voyage, commence toujours par un seul pas. Le premier pas est franchi, je continue la marche, sûr que le parcours ne sera pas aisé.

BL: Sur quel autre front culturel faites-vous vos preuves?

BT: Comme je le disais au début, mon nom de scène est ‘’EL SOLO’’. Je suis conteur, slameur et comédien. La série « Kutonu » sur A+ en témoigne.

BL: Un mot à l’endroit de tous ceux qui croient en vous…

BT: Il y a toujours des gens à remercier, vous savez. Et comme vous m’en donnez l’occasion, je voudrais ici en savoir gré à ceux qui sont restés avec moi aux temps de difficultés. C’est très difficile de faire éditer un livre au Bénin si vous n’avez pas de l’argent. Que Boby Robert HOUADJETO, comédien et bientôt auteur d’un recueil de pièces de théâtre, Président du Réseau Label Coach, de la Compagnie Irikpè art et culture, un grand ami, trouve ici l’expression de ma vive reconnaissance. On a dit que nous sommes dans un désert de compétence, mais je vois poindre partout des étoiles et des talents qui révèlent autrement le Bénin. Il faut rêver et croire en ses rêves, ensuite laisser le Seigneur les réaliser. Dieu nous a passé la balle ; il attend aussi notre passe pour le but.

BL: Avez-vous d’autres projets?

BT: Je griffonne chaque jour. D’autres œuvres viendront sans tarder. Pour l’heure, je voudrais juste annoncer que « KORA D’AZIZA » sera présenté le 29 décembre 2019 dans la salle polyvalent de l’Hotel « YESU LEME » de klouékanmey à 15h, sous le co-parrainage de Marguérite TCHIVADJI et de Cyrille Ghyslain TOHOUENOU.

BL:  Votre mot de la fin
BT: J’invite les écrivains à penser et à écrire pour sauver l’humanité, nos peuples des mains des bourreaux. Écrire pour éveiller les esprits. Je nous invite à multiplier les événements littéraires afin de susciter de potentiels talents littéraires chez nous. Car on en a besoin. Celui qui a pu écrire l’histoire de sa famille ne sera plus embêté par les falsificateurs. Nous avons besoin de beaucoup d’écrivains engagés, des défenseurs de nos peuples. Grand merci au plus haut écrivain, Dieu le Suprême. Merci à Biscottes littéraires.

 

  1. Je reconnais l’acteur de Kutonu la série qui passe sur A+ actuellement. Au plaisir, frère de plume et bonne chance à nous.