Chez les Fɔ̀n du Danxomὲ (Dahomey), saluer un humain ou invoquer une divinité sans lui déclamer un panégyrique, c’est éloquemment parler pour ne rien dire, ou arroser abondamment un arbre sans ne guère nourrir sa sève. La laudation, cette apologie à la fois esthétique et mystique, moulée dans une belle exaltation, enfourche son dada dans une rhétorique relevant du genre épidictique pour conférer à tous les cérémonials ou train-train une solennelle oralité séculaire qui structure la pensée dans une dynamique identitaire.
Pour opérer un décryptage systématique, la présente étude s’investit dans une perspective socio-anthropologique, historico-politique et spiritualo-théologique en ce sens qu’elle aborde le panégyrique comme un véritable stimulant littéraire qui, depuis la nuit des temps, dresse les faits socioculturels, structure les archives nationales ou monarchiques, puis psalmodie les magnificat dans les liturgies vodún. D’une approche discursive, elle revigore, en quelque sorte, les symboliques exotérique et ésotérique à partir d’une immense anthologie issue des collectes de pièces dorlotant les clans représentatifs de Agbǒmὲ (Abomey), louant les souverains du Danxomὲ — inspirateurs de Agbídinùkún Glɛlὲ qui, nommé chef-canton à l’époque coloniale, se mue en un roitelet à Sinwé — et priant les entités hagiographiques, le panthéon des Vodún Tɔ́xwíyɔ́ et Sakpatá notamment. La vitalité de cette production bien fournie charme encore l’art contemporain, propulsant une floraison de créations musicales, comme c’est souvent le cas dans les chefs-d’œuvre d’Alèkpéhanhou, un chantre du « Zὲnli rénové » qui en adjoint par moments d’autres rythmes traditionnels fɔ̀n.
Le livre sera bientôt disponible en librairie.