« Si je pouvais avoir une baguette magique, j’aurai fait disparaitre tous les gouvernants de ce continent et taper sur la tête des nouveaux qui vont prendre les fauteuils afin que l’eau de la mauvaise saison sorte de leurs narines. » Boubé Hama
BL : Bonjour Monsieur Boubé Hama. C’est un grand plaisir pour nous de vous recevoir sur notre blog. Vous êtes écrivain, poète, romancier, nouvelliste. Veuillez nous en dire davantage sur vous.
BH : Oui, je suis auteur, acteur culturel nigérien. Responsable des Nouvelles Editions du Sahel (NES), une jeune maison d’édition créée au Niger pour booster l’activité du Livre au plan national et sous-régional. Ecrivain, passionné de mon art, j’ai plusieurs ouvrages à mon actif,des ouvrages publiés en France, au Cameroun, au Togo, au Bénin et bientôt au Niger.
BL : Depuis quand écrivez-vous?
BH : J’écris depuis l’âge de (12) douze ans mais en réalité je n’étais pas conscient de la main que m’a donnée le bon Dieu. Il m’a fallu être au lycée en 1997 pour que je prenne conscience de cette passion que je vis tout doucement aujourd’hui.
BL : Comment s’est fait le déclic ? Comment est né le besoin d’écrire ?
BH : Cela a commencé par s’affirmer étant au collège en 1990 avec la poésie sentimentale et après s’est imposé l’amour d’écrire dans les autres genres littéraires. Pour moi, écrire est une libération-liberté. Je vis une passion tout simplement.
BL : Vous êtes un auteur prolixe et polyvalent. Quel avantage a-t-on de toucher à plusieurs genres littéraires comme vous le faites ?
BH : D’abord, on se perfectionne davantage. Et l’expérience vous conduit ensuite à mieux parfaire vos œuvres. Ainsi cela vous ouvre beaucoup plus au monde culturel.
BL : Est-ce facile ?
BH : Je ne vous le dis pas ! (Rires) Ce n’est pas du tout facile. Cela fait rapidement vieillir l’organisme humain au point où certaines personnes penseront que vous êtes « un papy » vu l’apparition des cheveux blancs. Vous avez tendance souvent à être marginalisé par votre entourage parce qu’il pense que vous êtes trop ‘’Blanc’’ dans votre tête et que vous n’aimez pas les gens. Disons que vous n’êtes pas sociable pour certains.
BL : D’où tirez-vous d’ailleurs toute cette inspiration ?
BH : Je tire mes inspirations de la vie active et quotidienne. Souvent, suite à des échanges avec des grands parents, comme c’est le cas pour certaines histoires de mes nouvelles, l’inspiration jaillit. Des fois, elle prend naissance de simples causettes entre proches, parents ou amis.
BL : « Afrique, pleure…», «Ah! L’Afrique». Le continent noir a une grande place dans vos textes. Peut-on en déduire que Boubé Hama est un grand militant panafricaniste ?
BH : Oh oui ! Si vous le dites. A cela, je suis un auteur qui prône le changement de mentalité et de comportements à travers mes écrits. C’est de cela qu’a besoin l’Afrique pour se hisser au rang des grandes nations. L’Afrique ne mérite pas ce qu’elle traverse de nos jours. Car elle a toutes les richesses de ce monde qu’elle lui faut. La preuve, elle est convoitée par tous les continents telle une jeune princesse vierge dans un royaume de jeunes princes. Elle n’est que le résultat des comportements irresponsables des gouvernants. « Elle pleure », c’est une métaphore pour désigner son caractère pitoyable dans lequel elle végète depuis des lustres.
BL : «La plume carcérale» est votre dernière publication. Parlez-nous de cette œuvre.
BH : « La plume carcérale » est un roman qui a pour thématique l’injustice sociale, et avec comme sous-thème le mysticisme, cette arme qu’utilisent les africains pour s’entredétruire au lieu de prendre son côté positif pour se développer. De cette histoire, nous apprenons que beaucoup de jeunes filles élèves s’adonnent à la prostitution même avec leurs enseignants. Cette œuvre romanesque est présentement en cours de réédition aux « Nouvelles Editions du Sahel ». « La plume carcérale » est par ailleurs l’ouvrage imposé à la trentaine de candidates au concours Miss Littérature Niger 2020. Un concours qui a son origine au Bénin.
Le nœud de l’histoire de cette œuvre relève du réel, même si l’ouvrage est cousu sur du fictionnel. La leçon à tirer est que les deux parties : « enseignants et enseignés » doivent à tout prix respecter leurs positions même en dehors des classes.
Excusez-moi ! Mais certains professeurs se font bêtement piéger par des élèves ou étudiantes en se faisant coller de force une grossesse dont ils ne sont pas l’auteur. D’autres se font filmer lors des ébats sexuels. Et cela vient compromettre toute une carrière. J’invite tous les jeunes professeurs et étudiantes à se procurer ce petit ouvrage dès sa sortie.
BL : L’Afrique, la politique, l’éducation, le mysticisme…Qu’est-ce qui motive le choix de vos thèmes d’écriture ?
BH : Je meurs d’envie de voir l’Afrique changer positivement sur tous les plans. Si je pouvais avoir une baguette magique, j’aurai fait disparaitre tous les gouvernants de ce continent et taper sur la tête des nouveaux qui vont prendre les fauteuils afin que l’eau de la mauvaise saison sorte de leurs narines. Ensuite un deuxième coup sur leur tête pour leur planter à vie la puce du « Patriotisme ». Un nouveau départ avec de nouveaux cerveaux. Il faut éradiquer tout mal par la racine. Souriez avec moi !
BL : Quels sont à vos yeux les défis que l’Afrique doit aujourd’hui relever pour avoir le droit de sourire et de rire ?
BH : Les défis sont énormes mais je vais citer quelques-uns. D’abord, l’Afrique se doit de combattre le mysticisme négatif, se former en un seul bloc pour bouter dehors, sensibiliser toutes les populations africaines à s’unir et se tenir la main comme des frères et sœurs, combattre tous les dirigeants – ces politiciens qui sèment la graine de l’ethnocentrisme et du régionalisme dans le cœur des paisibles et honnêtes citoyens africains pour les diviser afin de mieux régner. Enfin, il est de notre tâche, cette nouvelle génération d’auteurs africains pétris de talents et d’ingéniosités, de faire ramener nos différentes et jeunes populations africaines à la lecture. Endiguons ce mal qui consiste à fuir la lecture, il faut le combattre dès la racine surtout en cette ère des réseaux sociaux et des technologies nouvelles.
Je termine par ces assertions miennes : « Un pays sans culture est un peuple sans racine. » ; « A chaque œuvre littéraire son secret. », « Lire, c’est : voyager, s’éduquer, s’instruire, s’éveiller… ».
BL : La plupart de vos ouvrages, sont parus chez Edilivre à Paris. Pourquoi ce choix ? N’y a-t-il pas de maison d’édition au Niger?
BH : Très belle question. Tout d’abord, sachez que ce n’est pas un choix mais une contrainte car j’étais non seulement à mes débuts mais aussi j’étais un néophyte en la matière. Cependant, je vous avoue que le Niger n’a pas de maison d’édition proprement dite et digne de ce nom. Tenez-vous bien : même une Bibliothèque Nationale, nous n’en avons pas…
Je rends grâce à Dieu, aujourd’hui, qui m’a permis de créer une maison d’édition au Niger dénommée « Les Nouvelles Editions du Sahel » avec le soutien de plusieurs amis (Bénin, Côte d’Ivoire, France et Niger) qui sont collaborateurs à cette jeune maison d’édition. Nous avons une équipe dynamique et qualifiée sur toute la ligne.
BL : Parlez-nous plus amplement de cette maison d’édition.
BH : Les Nouvelles Éditions du Sahel (NES) ont été créées en novembre 2019 à Niamey. Elle est une maison d’édition à compte d’auteur qui se veut soucieuse et ambitieuse d’éditer tous les jeunes auteurs nigériens, de la sous-région Ouest-africaine et d’ailleurs pour une visibilité de l’art culturel et littéraire nigérien et africain.
Sa création a été motivée par le fait qu’au Niger, les auteurs font beaucoup plus face à des imprimeurs que des éditeurs digne de l’édition.
Une maison d’édition est une entreprise ou une association dont l’activité principale originelle est la production et la diffusion de livres ou de documents mis en page.
Les Nouvelles Éditons du Sahel éditent à moindre coût et disposent d’une équipe très professionnelle. Plusieurs de ses membres se trouvent en Côte d’Ivoire, au Bénin, au Niger et en France. Tous les écrivains nigériens doivent faire confiance en cette jeune maison d’édition nigérienne qui a un comité de lecture très dynamique et une chaine de production technique très expérimentée. Elle édite et a un large réseau de distribution et de diffusion efficace et fiable. Ladite maison d’édition est connue des registres du Bureau Nigérien du Droit d’Auteur (BNDA) et protégée par celui-ci.
L’édition à compte d’auteur consiste pour un auteur à faire éditer ses ouvrages par un éditeur qui assure seulement la partie technique de l’édition et de la diffusion, en dehors du choix éditorial proprement dit. Les Nouvelles Éditons du Sahel se veulent une maison d’édition de meilleures qualités de produits finis.
Son responsable n’est plus à présenter au grand public culturel nigérien et de la sous-région. Ecrivain, poète, nouvelliste, romancier, acteur culturel, président de l’association poétique et littéraire du Niger (Apol-Niger) , représentant du concours Miss Littérature Bénin au Niger, il est né à Arlit au Niger et est l’un des jeunes acteurs culturels les plus adulés, actifs de son pays. Il est l’auteur de plusieurs catégories d’ouvrages. Membre de plusieurs associations culturelles dans le monde, il a été plusieurs fois primé dans le domaine littéraire et culturel en Afrique et en Europe. Boubé HAMA travaille en tant que Responsable des Ressources Humaines dans une entreprise à Niamey.
Cette maison d’édition est née dans le souci d’avoir une édition de livre de proximité pour les écrivains nigériens. Le Niger est le seul pays à ne pas avoir une maison d’édition digne de son nom, respectant les règles et principes de ce milieu.
À l’endroit de tous les jeunes écrivains du Niger et d’Afrique, vous pouvez les contacter par :
Courriel : n.editionsdusahel2020@gmail.com
Téléphone : +227 88029528
BL : Écrire au Niger, peut-on en vivre ?
BH : Non ! Le pire s’est même produit au Niger, il y a de cela quelques mois. L’autorité en charge de ce secteur a eu l’audace de supprimer la Direction Nationale du Livre et de la Lecture Publique. Acte que j’ai décrié sur les réseaux sociaux. Ce pourquoi aujourd’hui je suis devenu la bête noire de l’autorité culturelle du Niger. Je l’assume. Ils vont jusqu’à dire « pourquoi il n’a pas sa langue en poche ? ’’ Pour qui se prend-t-il ? » Il parait que même des investigations ont été menées à mon encontre pour savoir de quel bord politique suis-je ? Pendant ce temps, devanciers et jeunes auteurs nigériens restent complices à la situation.
BL : Quelles sont les difficultés auxquelles sontconfrontées l’écrivain nigérien ?
BH : Les difficultés sont multiples. Je vous cite la majeure – le mépris total de l’autorité culturelle de mon pays à l’égard de tous les auteurs nigériens. Il te faut une coloration pour être soutenu et /ou avoir un piston. C’est ignominieux comme comportements.
BL : Quel regard portez-vous sur la littérature nigérienne passée et présente ?
BH : Je dirai tout simplement que celle passée était merveilleuse car elle a su rendre nobles les couleurs du pays tant au niveau national qu’international tandis que celle d’aujourd’hui souffre à petit feu malgré son talent. Les efforts sont éparpillés. Chacun cavale de son côté.
BL : Y-a-t-il un quelconque avenir pour la plume au Niger ?
BH : Je dirai oui ! Il y a un temps pour tout. Un jour, les jeunes comprendront, seréuniront et deviendront forts pour ensemble combattre et éradiquer ce mal commun qui les ronge. Pour le moment, l’autorité culturelle a démissionné. Nous avons plein de talents littéraires au Niger.
BL : Selon vous, quels en sont les avantages et les inconvénients pour la promotion de la littérature ?
BH : Bonne question ! Mais nous avons plein de points forts et faibles si je peux m’exprimer ainsi. Dans l’ordre : elle permet à la littérature d’éveiller l’esprit des peuples soit individuellement ou collectivement. Elle perfectionne l’éducation des humains que nous sommes. Permettez-moi à ce point de rappeler une citation de ce grand homme de lettre qu’a connu le monde. Il dit, je cite : « En littérature, je suis pour le grand contre le petit, et, en politique, je suis pour les petits contre les grands. » disait Victor Hugo. Voyez-vous !
Les engagés utilisent la littérature pour dénoncer les maux qui minent la société.Jean-Paul Sartre, par exemple, utilise la littérature comme une arme de combat. En effet, il écrit dans son œuvre autobiographique « longtemps j’ai pris ma plume pour une épée. ».
BL : Parlez-nous de vos projets littéraires. De poète, romancier, nouvelliste passera-t-on bientôt à dramaturge ou essayiste ?
BH : Bien, tout comme mentionné ci-dessus, suis en train de rééditer mon roman « La plume carcérale». Un ouvrage, genre nouvelle, est en cours de publication chez Vénus d’Ebène au Bénin. Un autre est en travaux à Paris, ce sera un roman autobiographique basé sur mes trois premiers séjours passés en France. Je tairai le titre pour l’instant. C’est dans cet ouvrage que je dis que : « En démocratie, l’Etat doit servir le peuple et non le contraire.»
Un dramaturge ? Un essayiste ? Bah, j’opterai pour dramaturge car j’ai souvent une montée d’adrénaline, cette envie aveuglante d’adopter une de mes œuvres à l’écran. Alors disons, réalisateur ou metteur en scène ; sans trop exagérer. A cœur vaillant…
BL : Enfin dressez-nous de vous-même un portrait chinois.
BL : -Un héros (ou héroïne)
BH : Rahan
-Un animal
BH : Lion
BL : -Un repas
BH : Cuisse de poulet au spaghetti, chaud, bien pimenté ou un sandwich grec à la sauce marocaine
BL : -Une qualité
BH : Modestie (humilité)
BL : -Un défaut
BH : Rancunier mais pas revanchard
BL : -Un feuilleton
BH : Non, suis trop film documentaire « Secret d’histoire »…
BL : -Un livre
BH : Les Contes du Niger
BL : – Un Ecrivain
BH : Dany Laferrière
BL : -Un personnage mythique
BH : Saraounia du Niger (une reine qui a combattu la pénétration coloniale au Niger sous toutes ses formes)
BL : Merci M. Boubé HAMA pour votre disponibilité. Un mot pour finir.
BH : C’est moi qui vous remercie.Vous faites honneur aux Ecrivains africains en faisant leur promotion. Je vous tire mon chapeau car « Biscottes Littéraires » dépasse les frontières de son pays d’origine qu’est le Bénin. Puisse Dieu unir davantage la jeune génération culturelle africaine !
Je termine avec cette citation mienne : « Plus de lecture, moins de réseaux sociaux. »Simple mais significative.