Sa mère avait connu Yassir très jeune, très naïve aussi. Yassir était mariée à une riche commerçante ; faisant croire à sa mère qu’il était célibataire ; amoureux et désireux de l’épouser. L’idylle était parfaite mais s’écroula très vite lorsque Yassir appris que Geneviève était enceinte de lui.

-Tu ne peux pas garder cet enfant ma chérie. Il faut que tu avortes. Nous ne sommes pas prêts pour une grossesse.

Ma mère avait refusé puis le loup caché sous la face de brebis avait sorti ses crocs.

-Tu avortes ou je te quitte. D’ailleurs, je suis mariée et je n’ai pas l’intention de prendre une seconde épouse.

Geneviève avait accusé le coup et malgré la douleur de la déception avait gardé cet enfant. Yassir avait reconnu l’enfant mais n’avait pas voulu que cela s’ébruite. Sa mère certainement amoureuse avait continué a fréquenté l’homme marié ; et au bout de deux ans ; une seconde grossesse s’en était suivi. Yassir n’en voulait pas. Il l’aimait mais il ne pouvait pas prendre en charge deux enfants. De plus, « sa madame » venait d’accoucher d’un garçon.

Geneviève s’était détournée de lui, la mort dans l’âme mais avait gardé la grossesse. A cinq mois, l’échographie montra que c’était deux garçons. Malheureusement, elle fit une fausse couche dans le septième mois.

Yaêlle avait vu plus d’une fois sa mère pleurer dans son coin croyant qu’elle ne remarquait rien. Elle pleurait seule dans sa chambre puis après elle sortait vaquer à son commerce avec le sourire aux lèvres.

Elle avait élevé Yaëlle seule avec tout ce que cela impliquait ; mais elle n’avait pas abdiqué puis un jour elle avait rencontré Sébastien ; le père de ses demi-frères, un homme qui l’avait adopté comme sa fille et s’en était occupée avec beaucoup de dévouement.

Yaëlle n’avait vu son père qu’un nombre comptable de fois dans sa vie et elle n’en gardait aucun souvenir chaleureux. Yassir était un homme distant ; froid et manipulateur.

Arrivée à l’âge adulte ; Yaëlle s’était souvent demandé ce que sa mère avait pu lui trouver.

Le destin défiait quelque fois la logique. Puis de toute façon ; elle n’existerait pas si les deux larrons ne s’étaient rencontrés.

Yaêlle avait vu son père vivre dans un luxe insolent tandis que sa mère et elle se contentait du minimum pour vivre. Mais les supplications pieuses de ma mère furent entendues et elle rencontra Sébastien, un homme au cœur d’or et à la main généreuse. Il l’épousa quand Yaëlle avait sept ans et rien ne fut plus pareil.

 

Cet après-midi, elle était là dans la demeure d’un père quasiment inconnu ; un père absent. Un père dont l’absence au final avait été plus productif que la présence.

Yaëlle ressemblait physiquement à sa mère, frêle d’apparence, menue et apparemment inoffensive mais à l’intérieur elle était un roc solide. Elle avait hérité du caractère résolu de son feu père. Lorsqu’elle avait décidé de poursuivre une cause ; elle n’abandonnait jamais. Seule la fin justifiait les moyens. Elle savait faire preuve d’une résilience hors du commun et lorsqu’elle avait dit NON, c’était non pour la vie. Yaëlle était une main de fer dans un gant de velours. Son apparence frêle avait trompé plus d’un et cela elle l’utilisait à son avantage.

Ce soir, la fille d’Agar était dans les murs d’Abraham et ses enfants légitimes profiteraient de la fragilité de son apparence trompeuse ‘’de-jeune-femme-de-rien du-tout’’ pour lui dicter leur loi. Mais elle ne se laisserait pas faire.

 

A suivre…

Lhys DEGLA.