BL : Bonjour Madame Lhys Dègla. Merci de nous avoir accordé cette interview qui ravira nos lecteurs qui voudraient mieux vous connaitre à travers une présentation détaillée.

LD: Je suis Lhys DEGLA, communicatrice de formation, promotrice de jus de fruits nature mais avant tous ses titres, je me revendique d’abord écrivains.

BL : Un grand auteur dit qu’il faut écrire pour devenir riche et célèbre : qu’est-ce que l’écriture pour vous ? Un job ou une manière de se dire au monde ?

LD: Pour moi l’écriture est un mode de vie. L’écriture est la voix de l’âme humaine qui transpose sa sensibilité, son émotivité, sa personnalité et surtout son immortalité dans les mots. L’écriture est une réponse à un appel et un remède à bien de maux.

BL : L’écriture n’a pas de genre dit-on. Les femmes écrivaines béninoises, nous n’en avons pas assez sinon qu’elles n’ont commencé à se faire voir que dans un passé récent. Vous sentez-vous bien accueillie ou bien aisée dans l’arène littéraire béninoise ?

LD: Je me sens dans mon élément dans l’arène littérataire béninoise. J’y rencontre des personnes vives et très cultivés, des personnes magnifiques au contact de qui je me découvre un peu plus. Avoir intégrée cet univers m’a permis de réaliser que j’étais tout à fait « normale  » à ma manière et que j’avais plein d’autres alter ego c’est à dire des boulimiques de lecture et d’écriture. Dans la vraie vie, ça fait un peu décalé, cinéma. Sourire… maintenant, il y a des gens avec qui je peux parler livres et écriture pendant des heures sans avoir l’air complètement ennuyeuse.

BL : Vous êtes l’une des femmes évoluant dans l’association PLUMES AMAZONES composée de quelques femmes écrivaines du Bénin. Une manière pour vous de faire distinguer la plume féminine ou une ligue de revendications féministes ?

LD: Nous ne sommes aucunement une ligue de revendications féministes mais plutôt un creuset de valeurs féminines qui promeut l’excellence et l’émancipation de la femme. Une manière de mettre en valeur les plumes féminines mais aussi et surtout de les mettre au service des femmes du Bénin, d’Afrique et du monde.

BL : Vous avez participé à plusieurs ouvrages collectifs notamment « Anxyolitique », « Le temple de la nuit profanée » et les « Dernières nouvelles des écrivaines du Bénin », par ailleurs vous avez co-écrit « Ecrin d’ivresse » un recueil de poèmes paru en Avril 2017. L’écriture collective serait-elle pour vous un engagement, un style ou une source d’inspiration prolifique ?

LD: L’écriture collective est un cheminement d’humilité, de patience et de renoncement aussi je dirai. À travers, ces expériences, j’ai appris des autres, ma plume s’en est trouvée plus grandie, plus sûre, plus ferme et plus mûre. J’ai beaucoup apprécié travaillé avec d’autres auteurs: les découvrir en tant que personne, en tant qu’auteurs, décrypter leur style. Tout cela a eu un impact positif sur ma personne et ma vision de l’écriture.

BL : Dans votre tout premier recueil de poèmes « Compagnons d’infortune » quel message voudriez-vous que retiennent les lecteurs ?

LD: Mon premier ouvrage était un hommage poétique aux mots en résumé.

C’est comme l’air que nous respirons et sans lequel nous ne pouvons vivre. Nous y prêtons très peu attention. À la limite, il va tellement de soi, qu’il devient insignifiant. Notre rapport à l’air est pareil à notre relation aux mots. Nous ignorons leurs puissances, leurs vibrations, leur compagnie et pourtant ils sont pareils à l’air que nous respirons. L’âme sensible que je suis ne pouvait s’empêcher de rendre un hommage mérité à ces compagnons de chaque instant.

BL : En tant que femme écrivaine, quel rôle vous assignez-vous dans une société où l’on se tait sur l’avortement, où le lesbianisme, l’homosexualité, l’euthanasie deviennent des courants de pensées qu’on tend à mondialiser ?

LD: Ma plume avant tout cherche à toucher des cœurs, à titiller des âmes, à susciter de l’émoi. Et si dans une telle vision, elle arrive à induire un changement de comportement face aux maux qui minent notre société, Ce sera vraiment tant mieux. Je ne me revendique pas activiste ou syndicaliste. Sourire. Je constate, j’écris et chacun tire ses conclusions.

BL : Etes-vous fière aujourd’hui de la place qui est accordée aux femmes dans la société béninoise ? Si non, que proposez-vous pour un rehaussement de la personne féminine ?

LD: Aucune liberté ne se donne, elle s’arrache. Aucune victoire n’est donnée, il faut lutter. Si nous les femmes, ne sommes pas contentes du traitement qui est le nôtre dans notre société, c’est à nous-mêmes de changer la situation en notre faveur, d’oser des révolutions, de sorties de nos rôles classiques et de ne pas craindre les critiques et les difficultés.

BL : Avez-vous pensé au sein des collectifs des écrivaines béninoises à lutter contre les violences faites aux femmes par d’autres moyens outre celui de l’écriture ?

LD: Nous avons pensé à des séances de sensibilisation, des causeries-débats notamment avec les femmes en milieu rural mais cela n’a pas encore pu être concrétisé, les appuis nécessaires n’étant pas encore disponibles.

BL : Comment pensez-vous que le Livre Béninois peut-il survivre face aux progrès des mass-médias et des TIC ?

LD: Le livre n’a pas à survivre aux TIC. le livre beninois à à s’adapter aux tic, à prendre le train de la révolution numérique en marche. Sur ce plan, j’avoue que nous sommes très en retard.

BL : Quelle appréciation faites-vous de l’engagement des acteurs de la littérature au Bénin ?

LD: Les acteurs de la littérature se meuvent de plus en plus même si l’accompagnement qu’il faut ne suit pas, des efforts sont faits et sont à encourager. Je pense aussi que les aînés devraient se montrer aussi plus disposés à accompagner et coacher les jeunes talents

BL : Un message pour finir, à l’endroit des jeunes filles qui aimeraient se réfugier sous les passions d’une plume encore hésitante.

LD: Tout entreprise demande de l’audace, du courage, de la passion, de la persévérance et surtout du travail acharné. Je leur demande juste de nourrir suffisamment leur passion pour la lecture de sorte qu’écrire avec un souffle et une personnalité en soit la conclusion logique…

 

  1. Quand femme veut, le monde se soumet. Elle a du cran, cette auteure, en témoigne la chute de ses propos: « Tout entreprise demande de l’audace, du courage, de la passion, de la persévérance et surtout du travail acharné. Je leur demande juste de nourrir suffisamment leur passion pour la lecture de sorte qu’écrire avec un souffle et une personnalité en soit la conclusion logique… »