BL : Qui est Chédrack Dègbé ?
CD : Chédrack Dègbé est né le 10 mars 1988 d’un père Instituteur et d’une mère revendeuse de tissus. Il a reçu avec ses trois sœurs et deux frères, dont il est l’un des cadets, une éducation stricte qui lui a permis d’avoir assez tôt ses diplômes. Sa formation en Communication lui a permis d’obtenir successivement un Brevet de Technicien Supérieur en Communication et une Licence en Communication et Négociation Commerciale. Après avoir servi pendant deux ans entant qu’Agent Publicitaire dans une Agence de Communication de la place, il a choisi s’investir dans la communication livresque. Il crée en coopérative l’ONG IPROLEPE (Initiative pour la Promotion de la Lecture l’Excellence et la Protection de l’Environnement) dont il est le Directeur Exécutif. Une structure qui fait de la promotion du livre africain son cheval de bataille. Le ‘’Festival Samedi des Livres’’ est l’une de ses activités phares. Chédrack Dègbé vit avec sa conjointe et ses deux enfants.
BL : Vous êtes à l’heure actuelle auteur de deux recueils de poèmes. Pourquoi avoir choisi la poésie pour extérioriser vos pensées ?
Pour moi, la poésie permet de libérer assez vite, avec précisions et sans digressions ses pensées. Les différents styles qu’on y utilise, enjolivent le message et charment le lecteur au point ou il est intéressé par la forme du texte et par ricochet reste perméable à son fond. J’estime que la poésie est un canal idéal pour véhiculer moult messages.
BL : Si vous deviez définir fondamentalement la poésie, que diriez-vous ?
CD : La poésie est un art qui consiste à extérioriser ses pensées au moyens de textes généralement courts, usant de figures de styles et d’autres éléments esthétiques qui permettent d’habiller chichement le message afin de fasciner le lecteur ou l’auditeur.
BL : Quelle est selon vous la ligne de démarcation entre la poésie et l’amphigourisme ?
CD : La poésie et l’amphigourisme semblent être des réalités analogues. Cependant, certains poètes contemporains essayent de libérer des textes assez compréhensibles afin de permettre aux lecteurs d’accéder à leurs messages. Le maintien de cette tendance offrira peut-être un jour une nette démarcation entre ces deux concepts.
BL : La poésie est aussi communication. A quoi cela sert-il de publier un texte qu’on est seul à comprendre ?
CD : Les poètes qui écrivent des textes hermétiques doivent avoir leur raisons. Leurs sources d’inspiration et leurs écoles doivent en être pour quelque chose. Leurs productions dites inaccessibles proviennent peut-être ou/pas de leur dernier effort de simplification du message pour moins ‘’embêter’’ le lecteur. Ils sont comme des gardiens du temple – je les respecte beaucoup – car ils estiment que la poésie est un couvent auquel n’a accès que les initiés. La clémence du lectorat doit s’inviter dans ce débat.
BL : A quoi cela vous engage-t-il d’être poète ?
CD : Mon engagement provient de mon désir de faire de la poésie en français facile. Je suis foncièrement contre la poésie hermétique. Je ne sais pas ce que gagne le lecteur à lire un texte qu’il ne comprend aucunement. J’essaye donc de rendre mes productions assez claires afin de permettre aux lecteurs de les comprendre aisément. Néanmoins, j’avoue que surfe aussi parfois dans de l’amphigourisme malgré tous mes efforts pour me faire comprendre. Je crois que c’est un ‘’mal’’ qui guette tout poète.
BL : Que faut-il pour être un bon poète selon Chédrack Dègbé?
CD : Le bon poète est celui qui arrive à toucher la sensibilité des lecteurs à travers ses écrits et ses déclamations. Il doit émouvoir le public au tréfonds de leurs tripes tout en jouant aussi et bien son rôle d’objecteur de conscience.
BL : Votre premier recueil de poèmes s’intitule ‘’Pagaies du cœur’’. Que cache un tel titre ? Donnez-nous un bref éclairage sur l’illustration qui figure sur la première de couverture de l’ouvrage ?
CD : Le titre ‘’Pagaies du cœur’’ est une expression imagée qui traduit le rôle que joue l’auteur au travers de ce recueil de poèmes en traitant le thème Amour sous plusieurs aspects. Il (l’auteur) paraît ainsi comme un piroguier ramant quotidiennement de ses pagaies (les écritoires) pour voguer sur tout l’espace fluvial à sa portée (le thème Amour). L’image de l’ombrée d’un couple de jeunes gens au bord d’une mer ensoleillée est juste une annonce du contenu de l’ouvrage qui porte en grande partie sur l’Amour.
BL : Pourquoi une dominance de textes d’amour dans le recueil ?
CD : J’avoue que j’ai plus de facilité à écrire sur l’amour parce que la femme m’inspire beaucoup. La meilleure œuvre d’art, c’est la femme. Je me surprends à ne jamais tarir d’éloges pour elle. Je ne fais que transcrire mes ressentis à leur endroit à travers mes poèmes d’amour.
BL : En publiant un livre et plus particulièrement un recueil de poèmes d’amour, quel but visez-vous ?
CD : Il faut dire que, l’écriture est un don divin. Victor Hugo disait que Dieu est le Premier Auteur de tout ce qu’on écrit. L’écrivain est donc un secrétaire de Dieu. En écrivant, mon premier but est de partager avec le public ce que j’ai reçu. Ne pas le faire serait un péché de lèse majesté.
BL : Pourquoi un deuxième recueil de poèmes ? N’avez-vous pas envie de visiter d’autres genres de littérature écrite ?
CD : La publication de mon deuxième recueil de poèmes s’inscrit dans une démarche de prolongation du travail entamé lors de la publication du premier. Cela ne veut nullement dire que je n’ai pas l’ambition de visiter d’autres genres de littérature écrite. Cela peut intervenir à tout moment.
BL : Introduisez-nous dans le mystère du titre et de l’image de la première de couverture de votre deuxième recueil de poèmes : ‘’Danses d’émotions’’
CD : Le titre ‘’Danses d’émotions’’ pour dire que les textes de ce deuxième ouvrage transmettent de l’émotion et parfois à une échelle remarquable. L’image de la première de couverture illustre assez bien la chose. Il faut ému à un degré donné pour prétendre mettre au califourchon et sa femme et son enfant.
BL : Quelle est la genèse de ces recueils de poèmes ?
CD : Au départ, j’ai commencé par la rédaction des acrostiches. Chemin faisant, j’ai commencé par écrire de petits textes poétiques dans le journal de mon collège. La radio de ma localité m’a identifié et m’a associé à l’animation d’une émission hebdomadaire de déclamations poétiques. Il fallait donc y aller à chaque fois avec de nouveaux textes à déclamer. Cela a augmenté ma fréquence de production. Au bout du rouleau, je me suis retrouvé avec un nombre important de textes avec à la clé le devoir d’en faire jouir mes paires. L’Église nous enseigne que nous devrions partager avec autrui ce que nous avons reçu. Il fallait donc publier ces textes.
BL : Pourriez-vous nous parler du processus ayant conduit à l’édition de vos livres.
CD : La rencontre de mon Éditeur a actionné le poussoir. Ce fut le déclic. Ensuite, le processus a suivi son cours normal et puis voilà. Déjà l’accouchement de deux recueils de poèmes et d’autres ouvrages en préparation.
BL : Qu’est-ce qui à vos yeux, justifie le fait que vos livres ne soient pas connus du public béninois ?
CD : La promotion de mes livres est souvent concentrée dans le centre Bénin. Je projette l’étendre dans les autres régions du pays et aussi à l’extérieur.
BL : Chédrack Dègbé a certainement un mot à dire sur l’animation et la chaîne du livre au Bénin.
CD : J’apprécie énormément l’engagement des jeunes auteurs béninois qui s’illustre par les fréquentes publications de livres au Bénin. L’État devrait accompagner cette dynamique pour que vive la littérature dans notre pays. Les éditeurs aussi méritent de l’encouragement au regard de la professionnalisation progressive de ce sous-secteur. Mais le maillon de la distribution, lui, a besoin de plus d’attention pour un écoulement plus fluide des livres généralement produits à grands frais.
BL : A quoi le public devrait-il s’attendre prochainement, encore un recueil de poèmes ?
CD : Surprise !
BL : Votre mot de la fin
CD : Merci à Biscottes Littéraires !