BL : Bonjour Iman. Merci de nous recevoir. Quelques mots en guise de présentation.

IE : Je m’appelle Iman, j’ai bientôt 30 ans, chef de projet IT de profession, ainsi qu’auteur, traductrice et éditrice de passion depuis autant de temps.

BL : Les œuvres de votre tendre enfance sont à la base de votre entrée en littérature. Peut-on dire que vous êtes un artiste né ?

IE : Ha ha, il est vrai que j’ai commencé à imaginer des histoires, jeune. Mais j’aime mieux me présenter comme une fille constamment dans les nuages qu’une artiste.

BL : Avez-vous eu une enfance hors du commun ?

IE : Définissez hors du commun ! Je ne sais pas, j’ai eu « mon » enfance, qui me semble normale à moi, et je n’ai aucune idée de la norme. Je dirais par contre que, dans mon entourage, j’ai toujours été catégorisée comme étant singulière, de même que ma famille, et je pense que si tout le monde le dit, c’est que c’est sans doute vrai (rires).

 

 

BL : Très tôt la passion littéraire a pris le dessus sur le travail. Vous avez décidé de laisser votre travail pour la littérature. N’est ce pas un risque? Le livre ne nourrit pas l’écrivain dit-on…

IE : Tout à fait, le livre ne nourrit pas (ou alors très difficilement), et il faut noter que j’ai quitté mon travail pour le monde littéraire (traduction notamment, édition, etc.), pas pour uniquement l’écriture. Je suis quelqu’un de réaliste, et ce que je vis en ce moment est une expérience que j’ai planifiée et souhaitée par besoin de souffler, mais qui ne durera sans doute pas éternellement. Je me nourris donc d’autres d’activités littéraires pour l’instant, mais je devrai sûrement retourner à un travail plus « classique » bientôt. Toutefois, passionnée comme je suis, je continuerai à me battre pour tenter d’exister uniquement via ma passion. Un jour, peut-être…

BL : Vous aimez beaucoup voyager, pensez-vous que les sorties, la contemplation d’autres paysages apportent quelque chose de nouveaux à l’esprit comme inspiration pour être créatif ou plus déterminé à écrire?

IE : C’est sans doute différent pour tout le monde, mais pour ma part, les paysages ne m’inspirent pas grand-chose (rires), mais les gens, oui. Ce qui peut être inspirant dans un voyage, c’est sa façon de nous nourrir de l’intérieur, de nous ouvrir à d’autres univers de pensées et de réalités. Les gens sont une source infinie d’inspiration pour moi… de la même façon, la découverte de nouveaux mets sont également très enrichissants ! Je suis gourmande, et cela se ressent d’ailleurs dans mes ouvrages je pense (rires).

BL : Que pouvez vous apporter de nouveau au livre au béninois ?

IE : Du rêve ! Le monde sur un plateau !

BL : Iman, c’est uniquement que le roman. Les autres genres ne vous inspirent-ils rien?

 

IE : J’écris des nouvelles, des romans pour enfants, pour adolescents, pour adultes, en surfant entre le contemporain, le fantastique, la romance, la fantasy, et peut-être bientôt du thriller… je suis une exploratrice, j’écrirai sans doute un peu de tout, tant qu’on reste dans la fiction (et non dans le roman). Seule la non fiction ne m’intéresse pas vraiment.

BL : Du Français au Chinois. Intéressant. Envisagez vous écrire des romans dans cette langue ou est ce déjà fait ?

IE : Euh non, je vais rester sur le français en écriture (rires). J’explore déjà les autres langues via la traduction.

BL : Dans votre enfance quel fut votre livre préféré?

 IE : J’en ai plusieurs, mais si je dois choisir, je dirais « Le petit lord Fauntleroy », de Frances Hodgson Burnett et « Candide » de Voltaire.

      

 

BL : Quelle fonction littéraire assignez-vous au dessin dont vous êtes aussi une vraie passionnée ?

IE : La même que l’écriture, pour ma part. J’aime raconter des histoires, le moyen pouvant varier : texte, dessin, dessin animé, film, série, etc. Tous les moyens sont bons pour moi, l’écriture est juste celui qui me permet le plus de m’exprimer. Le dessin, lui, me permet de m’exprimer, mais autrement.

BL : En dehors de la littérature, à quoi d’autres vous occupez-vous ?

IE : Wow, comme tout le monde : beaucoup de choses ! La lecture, évidemment. Le cinéma, les mangas et les séries télé, aussi, surtout les séries asiatiques (rires). J’aime marcher quand je le peux, aller au restaurant (j’ai dit que j’adorais découvrir de nouveaux plats), faire du vélo, jouer à des jeux vidéos, aller au karaoké, voyager, etc.

 

BL : De « cœur de flamme » à « Au-delà du miroir« , comment évaluez-vous le chemin parcouru?

IE : J’ai beaucoup appris en chemin, en tombant et en me relevant, et je suis fière de ma progression ainsi que des résultats.

BL : Iman Eyitayo, avec son livre « Au-delà du miroir » est lauréate du concours littéraire « manuscrit francophone 2017 ». Un mot sur cette consécration et tout ce qui y a conduit…

 

IE : Ouh la, la question est vague ! Disons que ma participation à ce concours était complètement hasardeuse. J’avais déjà participé à un concours ce même été et je n’étais plus motivée pour écrire un 2nd roman en un temps record. J’étais épuisée. Mais je l’ai finalement fait : pendant environ 6 semaines, j’ai arrêté de vivre et j’ai écrit ce livre de A à Z. J’étais si limite au niveau de la deadline (soumis quelques jours avant la fin) que j’étais persuadée que le texte n’était pas « assez bon », mais finalement je me trompais !

BL : “La culture nous unit”. Ainsi se formule le thème du concours littéraire « manuscrit francophone 2017 ». Croyez-vous que la culture nous unit vraiment à cette ère de néocolonialisme où l’impérialisme culturel se manifeste à travers les systèmes éducatifs sournoisement imposés à certains pays du Sud? N’est-ce pas plutôt l’argent et la soif du pouvoir, du moins les intérêts, qui nous unissent?

IE : Je pense également que la culture nous unit (pour les bonnes ou les mauvaises raisons), ce sont les différences culturelles qui nous désunissent (malheureusement). Seulement, que sommes-nous, à part foncièrement différents ? Un travail d’acceptation de l’autre est réellement nécessaire en ce siècle où le besoin de conservation et la peur de la différence ont pris le dessus sur l’humanité…

BL :Vous avez, aux côtés de certains de vos compatriotes, représenté le Bénin au Salon du Livre de Paris 2016. Honneur? Défi de mieux faire?

IE : Les deux ! Ce fut un honneur (la première représentation de l’Afrique sur un stand, au Salon du livre) et un défi de mieux faire (on n’avance qu’en s’améliorant, c’est normal). Le salon du livre 2018 est déjà là, et j’ai hâte de voir les évolutions par rapport à l’année dernière.

 

 

BL : Vous étiez peut-être déçue que ce genre d’événement ne se produise que très loin des frontières de notre pays. Ne pensez-vous pas qu’on pourrait mieux faire?

IE : Je pense que mieux faire passe par une représentativité au salon du livre Paris qui est un événement culturel incontournable au niveau littéraire. Cela passe également par l’organisation événements culturels au Bénin, mais aussi un regroupement des éditeurs (et des auteurs), et l’organisation de notre réseau de distribution local et dans la sous-région… Mais pour avoir connu le monde littéraire béninois d’avant les années 2000 et celui de maintenant, je sens une évolution constante et positive et j’en suis fière. Il faut que cela continue !

Vous avez certainement d’autres œuvres ou projets en cours, voudriez-vous bien les partager avec nous ?

IE : J’en ai beaucoup trop pour les partager, je ne sais même pas où j’en suis ! (rires)

Je peux juste vous dire qu’en 2018, voici les sorties prévues :

  • Au-delà du miroir (Eté ou Automne 2018)
  • Le 2ème opus de mon roman jeunesse : Abiola et la déesse des mers (Eté 2018)
  • Le dernier tome de ma série de fantasy « Cœur de flammes » (Printemps 2018), qui m’a lancé dans le monde littéraire
  • Et peut-être une réédition d’un de mes ouvrages sur le territoire canadien (à venir)

C’est déjà pas mal !

BL : Quels conseils pourriez-vous prodiguer à ces jeunes qui désirent embrasser l’écriture comme vous ?

IE : Tout d’abord, lisez ! On ne le dit jamais assez ! Et ensuite, posez des questions auprès de ceux qui publient déjà : allez à des ateliers d’écriture, lisez des articles, mais renseignez-vous !

BL : Mois de Mars, mois aux femmes, quel est votre message à l’endroit des femmes en général, et des jeunes filles béninoises en particulier.

IE : Je dirai simplement : « Vous êtes capables : vous avez le devoir de vous éduquer et vous avez le droit de penser à vous… et de rêver. »

BL : Votre mot de la fin.

IE : Merci de m’avoir accordé votre temps, et prenez rendez-vous pour la parution, ce mois, du dernier opus de ma série « Cœur de flammes » ! ^_^

 

  1. Belle interview de Iman que j’ai eu le bonheur de rencontrer il y a quelques jours. Merci pour cette biscotte.