Monsieur Martial KOGON est un jeune écrivain béninois vivant en France. Il a remporté le premier prix du concours littéraire Plumes Dorées 2013 .  Votre Blog l’a reçu pour vous…

___________________________________________

« Je pense que la lecture est une question d’éducation. J’écris aujourd’hui car mon père m’a mis un livre entre les mains. C’est à nous de faire le travail. Et pour ce qui est de mon rôle, c’est juste de partager une façon de voir le monde, être porte-voix des autres. » Martial KOGON

 

BL : Bonjour Monsieur Martial. Merci pour votre intérêt porté à la littérature béninoise. Nos amis lecteurs sont très heureux de mieux vous découvrir à travers cette interview. Veuillez vous présenter à eux.

MK : Bonjour cher ami, et bonjour aux amis internautes et lecteurs. Je vous remercie du grand honneur que vous me faites en orientant vos projecteurs sur mon humble personne. A l’état civil, je suis Martial KOGON, plus connu sous le pseudonyme de L’Ange Gardien.

BL : Monsieur Martial a une double casquette ou personnalité, celle d’artiste et celle d’écrivain. Comment est-elle née, cette double passion ?

MK : Effectivement, j’ai une personnalité artistique qui est irriguée par plusieurs passions. Disons que j’ai toujours été passionné par l’écriture depuis mon plus jeune âge. La pratique de la musique a aussi toujours fait partie de moi. Ça a toujours été une part de moi qui ne demandait qu’à s’affirmer, mais que j’ai dû brider à une certaine époque, en raison des contraintes académiques. Suite à l’obtention de mon Bac, je disposais de plusieurs mois devant moi, avant de commencer les cours à l’université. Alors j’ai décidé d’écrire un roman, car l’idée me taraudait depuis un certain bout de temps. Et je m’y suis mis. Ce fut ma première expérience. Je n’ai pas encore eu l’occasion de publier ce premier manuscrit. Ensuite, j’ai rédigé d’autres manuscrits, dont un me permettra de remporter un concours de littérature quelques années plus tard. Ce qui fut le point de départ de ma jeune carrière.

BL : Comment arrivez-vous à unir, harmoniser et rendre complémentaires ces deux personnalités en vous ?

MK : La musique et la littérature sont beaucoup plus liées qu’on ne pourrait le croire. Il s’agit de jouer avec les mots, de leur faire connaitre une certaine harmonie. Après, c’est dans le rendu et le style que se retrouve la différence. Il m’est arrivé parfois d’écrire des textes de poésie dont l’inspiration m’est d’abord venue sous forme de chanson. Au final, les deux disciplines sont très complémentaires.

BL : En déduisez-vous que derrière tout écrivain se cache un musicien, ou vice-versa ?

MK : Je ne dirai pas que c’est forcément le cas, dans la mesure où vous retrouverez des écrivains qui n’ont pas une fibre musicale très développée, et vice-versa pour les musiciens. Il faut juste se découvrir et ne pas faire les choses par mimétisme, mais parce qu’on les ressent. Socrate disait : « connais-toi toi-même ».

BL : Dans cette interview, nous nous intéresserons beaucoup plus à votre casquette d’écrivain. Dites-nous pourquoi vous écrivez?

MK : J’écris car je le ressens. C’est comme une injonction supérieure à laquelle je ne peux qu’obéir. Je n’ai pas l’impression d’écrire, mais de prêter ma plume à des personnages qui m’ordonnent d’écrire ce qu’ils ressentent, ce qu’ils vivent. Parfois, il m’arrive de m’écrire à travers mes personnages. Comme si on s’amusait à transvaser nos émotions. Ecrire a une portée cathartique incroyable.

BL : L’écriture vous nourrit-elle aujourd’hui? Avez-vous envie d’écrire pour être célèbre ou riche comme le pense Balzac?

MK : Je ne crois pas écrire pour l’argent ou la gloire. Je fais les choses par passion, comme je les ressens. Ceci étant, l’idéal serait de vivre de son art ; ce qui aura pour conséquence une plus grande qualité des œuvres, dans la mesure où je m’y consacrerais entièrement. Malheureusement, l’écriture ne nourrit pas encore son homme au Bénin, sauf à de très rares exceptions près. Mais des choses se mettent en place, avec des éditeurs comme Koffi ATTEDE qui ont pris le pari. Gageons que les actions en cours porteront très prochainement des fruits.

BL : Vous êtes le lauréat du concours national d’écriture Plumes Dorées édition………..avec votre roman intitulé « Temps Additionnel », un véritable polar à la « Agatha Christie ». Dites-nous comment vous avez reçu et mené cette inspiration de l’œuvre ?

MK : Je ne saurais vous dire exactement dans quel contexte l’idée m’est venue. Ce qui est sûr, un soir, je me suis mis à écrire sur du papier, puis les personnages ont commencé à faire leur entrée. Ils m’ont laissé peindre leurs émotions. Ensuite ce manuscrit est resté longtemps dans les tiroirs. Puis le concours Plumes Dorées m’a forcé à le ressortir et à le retravailler.

BL : Au Bénin et peut-être en Afrique, plusieurs auteurs ne s’intéressent pas au roman policier. Ne pensez-vous pas qu’un c’est un atout original pour vous que de continuer dans ce genre afin de vous rendre original et particulier?

MK : C’est vrai qu’il s’agit d’un genre qui n’est pas très exploré au Bénin. Mais j’ai d’illustres précurseurs en la matière, comme Florent COUAO-ZOTTI. C’est un genre littéraire qui me passionne et dans lequel je compte poursuivre. Mais j’évite de m’enfermer. J’écrirai toujours comme je le ressens, sans prédéfinir le genre.

BL : Quelles sont les grandes difficultés que vous avez rencontrées lors de l’écriture de ce roman policier? Les films policiers vous ont-ils été utiles?

MK : Pour parler de difficultés, je parlerai du syndrome de la page blanche. Parfois on a une furieuse envie d’écrire, mais les mots ne suivent pas. Et à l’inverse, on trouve l’inspiration parfois, alors qu’on n’a pas le temps. Je n’ai pas suivi de films policiers, uniquement pour les besoins du roman. Mais je vous accorde volontiers que cette chose que nous appelons inspiration est très brumeuse, et qu’elle se nourrit de tout : en l’occurrence des films policiers, des romans, des scènes auxquelles on assiste au quotidien.

BL : D’après vos analyses, le public a-t-il réservé un bon accueil à votre roman?

MK : Le roman a été très bien accueilli par le public. Nous avons effectué des tournées à l’intérieur du pays et les jeunes élèves comme les étudiants ont été très enthousiastes. Je continue de recevoir des retours positifs et j’avoue que ça me pousse à faire encore mieux. C’est le lieu de remercier le public pour le grand intérêt qu’il me porte.

BL : Dites-nous Mr Martial : quel engagement meut votre volonté d’écrire ? Quel rôle vous accordez-vous dans cette société béninoise qui s’intéresse peu ou prou au livre?

MK : Je pense que la lecture est une question d’éducation. J’écris aujourd’hui car mon père m’a mis un livre entre les mains. C’est à nous de faire le travail. Et pour ce qui est de mon rôle, c’est juste de partager une façon de voir le monde, être porte-voix des autres.

BL : Après Temps Additionnel, que devons-nous espérer comme projet livresque?

MK : Je vais vous faire une confidence. Je travaille actuellement sur un projet de recueil de nouvelles qui devrait sortir avant la fin de l’année. Ce sera assez éclectique, avec des histoires qui se déroulent en France, comme au Bénin.

BL : Quel regard portez-vous sur la littérature béninoise par rapport à celle africaine?

MK : Je crois que le Bénin regorge de Plumes de qualité, mais dont une grande part demeure à l’état de « potentiel ». Il faut multiplier les initiatives en faveur du livre et surtout encourager les acteurs actuels. Le livre est une vraie industrie et pour obtenir des fruits, il faut accepter d’investir.

BL : Vous vivez en France. Dites-nous quelle est la côte de la littérature béninoise aujourd’hui ?

MK : Vous savez, la France est un marché difficile à pénétrer, surtout pour les auteurs africains. Nous existons sur les sites des éditeurs et les petites librairies de leur réseau, ainsi que sur les sites de vente en ligne. Mais nous n’existons pas dans les rayons des grands magasins comme la FNAC. En Afrique, seuls quelques rares auteurs peuvent avoir cette prétention, dont Alain MABANCKOU et Yasmina KHADRA. Mais les lignes vont bouger, avec la foi et la détermination de la jeune génération

BL : Un mot à l’endroit de nos lecteurs.

MK : Je dirai tout simplement merci du soutien, merci pour la littérature. Les lecteurs sont au commencement, car on a envie de leur parler et ils sont à la fin, car ce sont eux qui permettent à l’art de vivre. Nous serons toujours là pour être leur porte-voix

BL : Votre mot de la fin.

MK : Je tiens à vous remercier pour cet honneur et pour ce que vous faites pour la littérature béninoise. Nous n’allons sans doute par tarder à nous revoir lors du lancement du deuxième livre. Force à vous !