Bonjour les amis. Nous recevons pour vous aujourd’hui un jeune auteur sénégalais: « Nous vivons dans des sociétés dominées par la recherche effrénée de matériels, de confort; des sociétés remplies d’hypocrites, de malhonnêtes, de gens qui ne sont pas trop catholiques », Ibn Bachir NDAO.
BL : Nous sommes heureux de vous recevoir sur notre blog. Veuillez-vous présenter, s’il vous plaît.
IBN : Le plaisir est partagé. Tout d’abord, permettez-moi de vous remercier de m’avoir offert l’opportunité de m’interviewer. Mais comme le voudraient les règles de la bienséance, j’aimerais saluer les internautes d’ici et d’ailleurs, mes chers lecteurs, entre autres. Mon nom, c’est Saliou NDAO, mon pseudo Ibn Bachir NDAO. Je suis jeune auteur sénégalais et professeur de Lettres Modernes.
BL : Quelle est la genèse de votre recueil ?
IBN : Je peux vous dire que la genèse de mon œuvre, c’est la Covid-19. Car, 23 des 25 poèmes de ce recueil sont composés pendant cette pandémie de Corona Virus. Le couvre-feu m’a servi de réquisitoire pour bien observer la société et composer sur elle. Tous les poèmes s’intéressent à la société.
BL : Parmi les poètes, qui est votre idole et pourquoi ?
IBN : Je traine le surnom de Ronsi Junior (Pierre de Ronsard) pour certains intimes, mais je peux me voir dans la poésie de Césaire pour ce qui est du militantisme de l’art poétique, celle de Senghor, car ma plume est ma diplomatie. Pour moi, la poésie est un tout. Elle peut être une lyre, un champ de bataille, une pharmacie, etc.
BL : De tous les genres littéraires, quel est le genre qui vous façonne le plus et pourquoi ?
IBN : Je taquine tous les genres, presque, mais je suis bien avec ma confidente (la poésie). On discute et dialogue sur la vie, ensemble. Elle peut écouter, me consoler ou me servir d’arme pour fustiger ce qui ne va pas dans la société. Nous sommes vraiment complices.
BL : Sachant que la poésie, c’est le langage dans le langage, qu’est-ce qui a motivé votre choix du titre, Océan manichéiste ?
IBN : En choisissant ce titre, je veux montrer les facettes de l’amour, de la vie, etc. Tous deux ont des hauts et des bas. Et ils méritent d’être vécus avec philosophie et sagesse. Dans la vie, on crie ici, alors qu’on pleure de l’autre côté, tout juste même. En amour, au moment où on est heureux, joyeux, gâté ; quelqu’un souffre, sombre dans la misère, etc. Donc, tous deux sont des océans dualistes, c’est-à-dire faits de bien et de mal, de bonheur et de malheur.
BL : Quels sont les thèmes que vous abordez dans ce recueil ?
IBN : Les thèmes dans ce recueil tournent autour de l’amour et de ses couleurs, de la politique, de la religion, de l’éducation, bref de la société et de ses composantes.
BL : Quelle est votre histoire avec l’écriture ?
IBN : Une véritable histoire d’amour. J’aime la poésie et je sais qu’elle m’aime, elle aussi. Car, elle m’est attentive, obéissante, et me soulage dans toutes les circonstances.
BL : Nous constatons un mélange du lyrisme et du militantisme dans ce recueil. Pourquoi cette dualité ?
IBN : Tout simplement parce que le recueil est une métaphore de la vie. Mais vous conviendrez avec moi que dans la vie tout n’est pas rose. Ainsi, on peut pleurnicher, mais il faut savoir essuyer ses larmes, faire taire sa souffrance pour combattre le mal, quelle que soit sa forme.
BL : Qu’est-ce qu’une littérature de l’idéal ?
IBN : Nous vivons dans des sociétés dominées par la recherche effrénée de matériels, de confort; des sociétés remplies d’hypocrites, de malhonnêtes, de gens qui ne sont pas trop catholiques. Nous oublions, de nos jours, les valeurs cardinales candidates pour de meilleures sociétés. C’est pourquoi ma poésie se veut idéale et s’adresse aux hommes en leur rappelant les bonnes valeurs, manières, etc. lisez le poème « La vertu » !
BL : Nous comprenons que la société demeure votre source d’inspiration, quel est votre avis sur les maux dont souffre le monde actuel ?
IBN : Le monde souffre des idéologies anti-valeureuses. Nous vivons ce que j’appelle l’ordre mondial du désordre. Nous sommes gouvernés par les sectes. Malheureusement, c’est l’Africain qui perd plus : sa personnalité, son authenticité, sa culture, etc. L’ordre mondial a mis chaos nos sociétés. C’est l’effondrement de nos communautés. Le recueil sur lequel je travaille, Le pays de nos rêves, peint tout ceci, voir plus encore.
BL : Quels sont vos projets dans l’avenir ?
IBN : D’abord, me faire éditer chaque année, c’est-à-dire chaque année un livre, me faire connaître sur l’international, bref tous mes projets tournent autour de la littérature. C’est mon domaine, je l’enseigne à mes apprenants et je la côtoie au quotidien. Je ne connais que ça et ne vis que littérature.
BL : Est-il facilite de s’inspirer ? Et comment l’inspiration vous rend visite ?
IBN : Je réponds par non, car il arrive souvent que l’inspiration vous fuit, que les mots vous manquent, que tout devient nase, nul.
BL : Vos promesses pour votre lectorat ?
IBN : Je leur donne rendez-vous d’ici la fin de l’année, au plus tard en début d’année. Je travaille sur un roman, une pièce de théâtre et d’autres recueils de poèmes. Comme ils me l’ont sollicité ou conseillé, je vais profiter des grandes vacances pour des directs avec eux sur ma page instagram ou facebook. Je reconnais que c’est des instruments incontournables dans ce XXIème siècle.
BL : Que vaut encore la poésie dans ce monde pragmatique où ce qui est recherché et attendu, c’est bien la rentabilité et la productivité ?
IBN : Le monde d’aujourd’hui a besoin de la littérature pour s’humaniser davantage et de la poésie pour sa prise de conscience. La poésie a toujours servi à l’humanité et elle restera à son service. Les hommes ont plus que jamais besoin de la poésie, ne serait-ce que pour oublier leurs soucis quotidiens : l’angoisse, le stress, la misère dictent leurs lois à nos contemporains et c’est des maux que le poète peut endosser.
BL : Le navire présent sur la première de couverture peut être interprété comme le cours de l’existence sur l’océan d’un monde de plus en plus agité. Est-ce que vous pensez que le navire arrivera à bon port sans chavirer quand on voit les tempêtes d’ordres idéologiques qui s’abattent sur l’humanité: homosexualité, capitalisme, euthanasie, légalisation de l’avortement ?
IBN : Intéressant ! Je m’interroge sur ces questions d’ordre idéologique. Mais, je suis optimiste que le bateau sera à bon port, car le capitaine est bien conscient de tout ceci. Et il est prêt à aller en guerre contre ces pratiques non catholiques. Il sera l’écho sonore et l’avocat du peuple ; un éclaireur et médecin du corps social.
BL : Que symbolise pour vous la lumière mise en relief dans le poème intitulé « le missionnaire » ?
IBN : Ce poème est dédié à feu Serigne Saliou Mbacké, mon homonyme. Sachant ce qu’il représente pour la jeunesse, il était plus qu’une lumière, il est une boussole pour nous. L’Absolu était et demeure une source de bonté, un guide, une référence et un don pour tous les musulmans, particulier les Murids.
BL : La politique et les États africains, parlons-en. Que pensez-vous de nos États à cette ère du numérique marquée par ce relent d’individualisme et d’indifférentisme que vient secouer la pandémie du corona virus?
IBN : Tout est encore parti pour que notre continent reste la contrée de tous les maux : maladies, guerres civiles, dictature, pouvoirisme, abus de pouvoir, mal gouvernance, etc. Ces maux sont ennemis de l’émergence. Les états africains sont orphelins de leaders charismatiques. Il nous manque un Thomas Sankara. Quant à la Covid-19, elle nous a fait ouvrir les yeux et comprendre qu’on ne badine pas avec la santé, que nous avons besoin d’établissements sanitaires dignes de leur nom et personnel soignant qualifié et outillé.
BL : Votre recueil est aussi le fruit d’une expérience douloureuse de l’amour. Finalement, les déceptions amoureuses peuvent vraiment rendre poète ? Rires !
IBN : Rire ! C’est cela la beauté de l’amour, sa richesse, etc. Heureusement, le poète a « Sa somme des femmes » à ses côtés pour panser ses blessures, goûter à nouveau aux délices de l’amour. Je considère que mes plus beaux poèmes ne sont pas ceux qui chantent la déception amoureuse, mais plutôt ceux qui font l’éloge de cette femme-népenthès que le hasard a voulu placé sur mon chemin.
BL : Votre mot de la fin !
IBN : Je suis trop enchanté par votre interview. Ce fut un honneur et un très grand plaisir de partager avec vous sur ma passion qui est l’écriture. Merci à toutes et à tous !