Bonjour les amis. Aujourd’hui, c’est lundi. Nous recevons pour vous un jeune auteur sénégalais. Allons à sa rencontre: « En tant que jeune  poète Africain et conscient de la situation de l’Afrique, je me dois de jeter un regard  critique« , Abdoulaye Diène Ndiaye

 

 

BL : Bonjour monsieur. Nous sommes heureux de plus recevoir sur notre blog. Veuillez-vous présenter, s’il vous plaît.

AN : Bonjour. Merci beaucoup pour cette opportunité que vous m’offrez pour s’exprimer au niveau de votre blog. C’est un honneur et un immense plaisir de partager avec vous. Je  suis Abdoulaye Diène Ndiaye. J’ai 28 ans. Je suis écrivain poète et étudiant en Master Pro à l’institut de la Gouvernance Territoriale.

BL : Pourquoi avoir choisi la poésie et en quoi/ à quoi cette poésie vous engage-t-elle, en tant que jeune africain?

AN : « La poésie est comme un univers sans limite / réservé à un groupe restreint nommé Élite / Transcendant l’âme de tout bonheur / elle est dans nos cœurs et elle y demeure ». La Poésie p.12  en quelque sorte, c’est un monde où je peux être moi, un monde où je suis libre et libre de m’exprimer parce que c’est beau. J’ai eu la chance de baigner dans un environnement littéraire et j’aimais ranger notre bibliothèque, jouer à des pièces de théâtre. Comme une sublimation, j’ai découvert ce genre qui est la poésie. Et elle est dotée d’une vie immortelle et en plus elle est placée en Haut de la chapelle de l’Art. En tant que jeune  poète Africain et conscient de la situation de l’Afrique, je me dois de jeter un regard  critique. D’ailleurs même dans un de mes textes intitulé « Afrique »,  j’imagine l’Afrique sortir de ses gouffres, je la vois planer au-dessus de tous les continents,  je la vois planer dans l’émergence maintenant, mais tout en lançant un appel à cette nouvelle génération d’être encore plus solidaire et de recoudre cette Afrique déchirée en lambeaux. Et donc finalement la poésie me sert de moyen d’expression et d’extérioriser mes ressentiments par rapport à une situation donnée.

BL : La problématique de la jeunesse africaine face aux enjeux du développement ne va pas sans l’épineuse question de l’immigration. Quel est le point du poète que vous êtes sur ce débat ?

AN : Oui l’immigration est devenue une réalité, un phénomène à déplorer. En effet, ma position reste simple : prôner des politiques Nationalistes adéquates mais aussi des politiques pour fixer cette jeunesse dans leurs pays.

De par mon expérience personnelle et mon profil, j’ai pu travailler aux seins des ONG qui sont dans l’offre de perspectives d’avenir et d’emploi aux jeunes. Et sur ce, j’ai pu voir et analyser que cette jeunesse n’est pas impliquée à la base et il faudrait que nos gouvernants s’adaptent à leurs besoins et surtout proposer des formations et métiers adéquats à la demande du marché du travail.

BL : Pensez-vous que l’âme puisse vraiment se trouver un refuge en ce siècle marqué par déification de l’avoir et le rejet de Dieu aux périphéries de l’existence ?

AN : Effectivement l’âme peut trouver refuge. Il s’agit de lever l’équivoque au départ. Comme vous l’avez dit, nous vivons déjà un monde sombre, un monde où la croyance n’est plus.

Donc pour le trouver,  il y’a d’abord une volonté personnelle mais aussi une connaissance de soi.

Et là, permettez-moi de faire un parallélisme. D’abord la connaissance de soi : elle est en fait un processus.

Et qui dit âme, dit croyance. Et ce processus nous amène vers Dieu. Plus on se connaît,  plus on connaît Dieu. D’ailleurs cette connaissance de soi renvoie à la quête de l’identité du poète qui en fait  est aussi un processus. Et qui sera bientôt achevé.

Donc l’âme peut trouver refuge, que ça soit dans cette vie pleine de vices vermeils, mais aussi pour le poète. Maintenant qu’elle soit perdue ou retrouvée,  c’est autre chose.

BL : Une question s’impose, à la lecture du titre de votre livre : Qu’est-ce qui justifie la perte de l’âme de nos jours ?

AN : De nos jours, la croyance n’est plus au rendez-vous. Cette vie est pleine de vices :  les biens matériels, l’orgueil, l’ignorance, la haine et tant d’autres phénomènes.

Et de ce constat, l’être humain se perd. Et quand il se perd forcément on n’en disconvient pas, il perd son âme. Il perd ce qu’il a de plus cher. Du coup, il erre. Et cette errance dans le recueil est l’image de cette société. Les âmes des humains sont perdues. Ce qui est intéressant est comment les retrouver ou comment trouver un refuge.

BL : Les auteurs pullulent de plus en plus. Les œuvres littéraires aussi. Les dénonciations des plus voilées aux plus virulentes voient le jour à chaque publication. Et pourtant le mal dénoncé subsiste, altier et arrogant. Devant un tel tableau, ne pensez-vous pas que l’écriture devient alors comme le mythe de Sisyphe ?

AN : L’éternel recommencement !  X3. Mais ne jamais abandonner car c’est une lutte sans fin. Mais nous ne céderons pas. Je dois l’admettre  Sisyphe est sans doute un lutteur, il ne cède pas au désespoir, ni à l’abandon puisqu’il continue à faire rouler son rocher, il choisit la vie envers et malgré tout. Donc nous poètes et écrivains, nous avons choisi d’écrire, mais d’écrire pour l’Afrique. D’écrire pour dire les maux de la société, d’écrire pour exister.  Et permettez-moi de vous dire que cette écriture est un fardeau, une obligation finalement nous devons écrire.

Cependant, ça paraît absurde aussi car disons-le cette lutte  sans fin et le fait que nous continuons à dénoncer et qu’à la fin, ça revient au même, il y’a quand même lieu de s’interroger. Mais on garde espoir.

BL : quels sont vos projets en littérature ?

Mes projets, c’est publier un second recueil qui sera en fait une suite, un aboutissement du premier projet. Car il faudrait que mes lecteurs aient une suite sur cette âme perdue quand même. Mais je suis aussi  sur un projet de Roman et aussi surtout des scripts que j’écris peut-être un jour, ils seront exploitables.

BL : Où et comment peut-on se procurer votre livre?

AN : Pour se procurer le livre, c’est simple. Avec l’avancée des nouvelles technologies, il suffit  d’aller visiter sur mes différentes pages : Instagram, Facebook, Twitter, et passer une commande. Le livre vous sera livré.

Instagram et Twitter @laye_Ndiaye @pensees_adn et  Facebook : Abdoulaye Ndiaye

BL : Quelle est votre source d’inspiration?

AN : Mon inspiration, c’est moi, c’est la nature, c’est le vide, c’est tout. Je m’inspire de tout ce qui est banal et naturel pour en faire quelque chose d’éternel. Car pour moi c’est la quintessence même de l’artiste. Cette capacité de créer, de donner sens, de rendre beau et vivant une chose.

BL : Vous vous trouvez toujours dans deux mondes différents : rêves et réels, Réalité et imagination, bien et le mal, comment expliquez-vous cela ?

AN : Pour moi, ce double postulat est naturel. Soit on est dans les nuées soit on est rattrapé par la réalité, la vie d’ici-bas. Soit on est illuminé soit c’est la décadence. Et moi en tant que poète je me trouve toujours dans ces abîmes profonds. Je me laisse emporter par mon ivresse, je plane, je voltige de par la poésie. Mais toujours la réalité me rattrape. Et dans ces abîmes aussi, on se trouve parfois dans le noir où tout est sombre même nos idées sont sombres et cela va sans doute se répercuter sur notre poésie tout comme ces moments de grâce « HAAL ». Vous pouvez voir le bout du tunnel et cela m’apparaît comme une jolie déesse qui réapparaît.

Mais n’empêche on finira toujours par se réveiller et voir se monde des humains avec leurs courses sans fin.

BL : Quelle poète vous inspire le plus ?

AN : Charles Baudelaire ! Je suis fasciné par sa poésie mais surtout sa personnalité et aussi un certain Oscar Wilde. Deux écrivains qui ont l’air différents mais avec pleines de similitudes. En effet des poètes maudits mais aussi deux Dandy qui ont des vécus très particuliers

BL : Que pensez-vous de cette nouvelle vague de génération de poètes sénégalais qui émerge?

AN : Au Sénégal, une nouvelle génération de poètes est en train d’émerger. Ces derniers veulent s’affirmer mais on le connaît tous : on est victime de cet héritage qu’on a de la poésie. De Léopold S Senghor à Amadou Lamine Sall ou Abdoulaye Racine Senghor, que dire de plus, que peut-on plus produire qui pourrait surpasser ces géants de la poésie. Ne serons-nous pas d’éternels petits devant  nos ainés ? Mais le travail continue. Et cette nouvelle génération adapte sa production face à une jeunesse qui ne lit plus.

BL : Comment expliquez-vous les mots : âme, refuge, perdue, solitude et noir ?

AN : Ces mots forment une entité. Je m’explique sous forme de schéma. Vous, avec deux cercles : le premier à l’intérieur du second. Dans le premier qui se trouve à l’intérieur du second nous avons l’âme et qu’est ce que cette âme fait là-bas ? Elle se réfugie  et elle est dans le noir. C’est là où elle se cache et puisque c’est un cercle à l’intérieur d’un cercle, ça tourne en rond donc elle est perdue. Et finalement elle se sent seule.

BL : Pouvez-vous nous expliquer la liberté dans vos écris?

AN : « Tel est le chemin où chemine ce texte / il va voguer vigoureusement dans ce vortex / Ou l’écriture LIBRE n’est pas un prétexte / mais un style, voir même un contexte ». Effectivement, je ne m’enferme pas dans un carcan m’emprisonnant moi-même surtout mon Art car je la veux être libre parce que c’est mon vécu, mon ressenti. Je ne vois pas me réclamer d’une école ou quoi que ça soit pour faire de mon art un prisonnier. Mon art c’est moi, c’est ma vie.

BL : Etes-vous un poète ivre? (air taquin)

AN : Oui ivre, mais ivre de poésie. J’aime flâner, j’aime me pavaner dans les rues de l’imagination. Laisser mon esprit se barricader de ces réflexions torrides de la vie réelle. Cette ivresse me procure des ailes permettant d’explorer tout ce dont j’ai envie. Donc, j’avoue, je suis ivre, mais ivre de poésie.

BL : Pourquoi vous n’attendez pas un retour positif envers vos lecteurs ?

AN : Vous savez, le lecteur est naturellement difficile à dompter. Mais j’ai fait mon choix de ne pas  lui laisser cette latitude car comme je vous l’ai dit tantôt, en prônant cette liberté dans la création, forcément ce lecteur  traditionnel peut voir les choses autrement. Et dans le recueil je dis : « j’ai profané la poésie, je l’ai souillée, je le sais ». Conscient de cela, c’est évidemment normal de ne pas attendre que ces lecteurs soient cléments avec moi. Mais  je lui ai déjà transmis le feu sacré et elle est immortelle. Ce retour positif ou négatif, il n’y pourra rien.

BL : Avez-vous rencontré des difficultés sur la publication de votre recueil de poème?

AN : Évidemment !  C’est le problème principal que nous rencontrons ; comment se faire éditer, Comment trouver une maison d’édition. Et vous savez les grandes maisons aujourd’hui c’est difficile d’y accéder d’abord lié à un problème de financement dû à la somme qu’elles demandent et aussi lié à des problèmes marketing. La réalité est là c’est un parcours du combattant. Et même après avoir trouvé une maison on est victime d’exploitation ; on est exploité.

BL : La problématique des écrivains de pouvoir vivre de leur  Art et palier même à la problématique de l’emploi ?

AN : Cette jeunesse est pleine de talents, de potentiel, mais le problème reste le même : vivre de son art. Il faudrait éduquer encore notre population à reconnaître la valeur d’un artiste, que sa production n’a pas de prix. Cela permettrait à ces jeunes pétris de talents de vivre de leur art et cela aiderait à l’insertion des jeunes dans le marché de l’emploi.

BL : Que proposez-vous pour la culture et sur l’employabilité des jeunes en étant agent de développement local et diplômé en management des territoires et d’ailleurs ; quelle politique proposerez-vous aux gouvernements étant donné que vous faites même votre Master Pro en Gouvernance Territoriale et Politique Publique ?

AN : D’abord, il faudrait faire un diagnostic puis assainir le milieu. Ensuite aire une politique de décentralisation des infrastructures culturelles. Et enfin aller à la base dans les collectivités locales, tenir des sessions d’échanges, des focus groupes et des formations. Faire comprendre aux populations les notions de droit d’auteur et production intellectuelle. Conscientiser l’opinion sur l’importance de la culture de ses enjeux sur l’impact  qu’elle a pour un développement d’une nation.

BL : Votre mot de la fin

AN : Merci de m’avoir donné cette opportunité.

C’était une interview  passionnant et intéressant.

Je veux juste dire à cette jeunesse de dire Oui ! Oui ! C’est faisable !

C’est faisable de changer l’Afrique, c’est faisable de développer notre cher continent, c’est possible d’être demain ce dont nous voulons être, croire en soi, croire en nos rêves et à nos capacités et saisir toutes les opportunités qui se présentent.

Car demain nous appartient. La jeunesse c’est demain.