Présntation de l’œuvre 

S’il est une œuvre qui ait véritablement révélé au peuple béninois et au monde entier, Olympe BHELY-QUENUM, son génie et ses talents, c’est incontestablement son roman intitulé « Un piège sans fin ». Cette œuvre insérée dans le programme scolaire du cours de Français dans les classes de Première au Bénin est l’un des classiques qui n’ont manqué d’impacter le style d’écriture de plus d’uns. Ce roman sur lequel nous braquons nos projecteurs en ce numéro de Lu pour vous est publié aux éditions Présence Africaine, Paris en 1985 comptant 284 pages.

Biobibliographie de l’auteur

Olympe B-Q est né le 20 Septembre 1928 à Ouidah, Bénin, ex-Dahomey. Il est diplômé d’une licence en lettres classiques, titulaire d’une maîtrise en sociologie et certifié d’études diplomatiques d’une part ; d’autre part, il a étudié la psychologie sociale et l’administration et gestion des entreprises. D’abord professeur de lettres, Olympe s’est ensuite tourné vers le journalisme et a dirigé la Revue de la Vie africaine, fondé et dirigé l’Afrique Actuelle.

Il est l’auteur de plusieurs ouvrages dont :

  • Un piège sans fin qui a été traduit en plusieurs langues étrangères ;
  • Le chant du Lac, 1965, roman qui lui a valu le Lauréat du Grand Prix Littéraire d’Afrique en 1966 ;
  • Liaison d’un été, en 1968 et traduit en plusieurs langues ;
  • Un enfant d’Afrique en 1970 ;
  • L’Initié, roman publié en 1979 ;
  • Mon Pouchkine ;
  • Les appels du Vodou, roman paru en 1994 ;
  • La naissance d’Abikou, nouvelles, 1998.
  • C’était à Tigony, 2000.

Par ailleurs on lui attribue aussi deux romans inédits :

  • As-tu vu Korolie ?
  • Années du bac de Kouglo.

Problématique de l’œuvre

Pourquoi la vie parait-elle parfois injuste ? Pourquoi n’est-elle toujours pas favorable ni douce pour ceux qui s’exercent à pratiquer la vertu ? Pourquoi le bonheur, la joie, la paix du cœur ne sont-ils pas continuels ni continus dans la vie de l’Homme ? Pourquoi le malheur doit-il toujours apparaitre dans le bonheur ? Voilà autant de questions que ressort cette œuvre dans laquelle l’auteur décrit des faits qui nous amènent à nous questionner constamment sur la destinée humaine.

Résumé de l’œuvre

Ahouna, est un jeune peul, de famille modeste, de bonnes mœurs. Très tôt, il a connu des événements marquants qui ont bouleversé sa vie. Alors qu’il vivait heureux avec sa famille, il devait se séparer de son père qui, pour l’honneur, s’est donné la mort dans les champs de travaux forcés. Tandis qu’Ahouna partageait le quotidien avec sa mère, il se préoccupait aussi de retrouver son bonheur dans l’accomplissement effectif de son statut d’homme mûr. Son bonheur commença fortuitement par sa rencontre avec Anatou qu’il épousa pour retrouver le sourire à la vie perdu depuis le suicide de son père. Malheureusement, ce bonheur mis à l’épreuve par diverses situations aggravées par des futilités ne dura pas longtemps. En effet, suite aux fantasmes, aux jalousies répétées et aux accusations sans fondement d’Anatou, sa femme, la destinée d’Ahouna prit un cours tragique. Son existence paisible d’antan fut soumise à la rude réalité du mal gratuit, de l’amertume, de la violence et de l’acharnement des forces cosmiques qui se conjuguèrent pour l’obliger à l’errance. Le dénouement se fit tragique. Et Ahouna périt comme un vil malfaiteur. Ses cendres furent transférées au pied du Kinibaya…

Personnages principaux

  • Ahouna : toute l’histoire gravite autour de lui. Il perdra son innocence et s’enlisera dans des bassesses à cause de sa femme. Il finit par être calciné.
  • Anatou : Epouse d’Ahouna. Elle est la principale cause de la déchéance de son époux.

Personnages secondaires

Séïtou, Bahari, Camara, Bossou, le Commandant, les Gardes, Tiba, Samba, Boubakar, Houraï’nda, Mariatou, Fanikata, Ibayâ, Vauquier, Affognon, Père Dandou, Boullin, Toupilly, Dakô, Mauthonier, Tovignon, Houinsou, Houéfa, Monsieur Houénou, etc.

Thèmes abordés dans l’œuvre

  • Futilité/ fatalité

La première thématique qui nous intéresse et qu’on pourrait taxer de thème principal c’est le binôme futilité/fatalité. La futilité et la fatalité ne sont pas nécessairement les deux faces d’une même pièce. Toutefois à voir l’évolution du récit dans Un piège sans fin, on se rend bien compte comment des situations anodines peuvent engendrer des conséquences dramatiques inimaginables. Il suffit d’un « Rien du tout » pour que tout périclite. Des concours de circonstances malencontreux qui poussent le sort d’Ahouna sur les routes du désespoir et de la mort. L’auteur lui-même semble attirer notre attention sur cette réalité quand in affirme à la page 62 ceci : « Tout est lié à des choses terriblement vaines ».

Dans le présent contexte romanesque, les problèmes d’Ahouna sont nés d’un rien, de futilités. Son père qui se donne la mort suite à une annonce banale faite en quelques secondes, une annonce qu’il pourrait bien accepter et supporter au-delà des temps.

Ahouna, plus loin, a épousé Anatou grâce à la flûte qu’il jouait et que celle-ci de passage, écoutait et admirait. Juste à cause d’un air de flûte, Anatou tomba amoureuse et Ahouna tomba amoureux d’elle à cause d’un sourire qu’elle lui a décroché à leur première rencontre.

Ce cours des choses qu’on pourrait appeler « banalité » amène Ahouna sur le chemin d’une existence amère. Il accorde une grave importance aux fantasmes et aux prétendus rêves prémonitoires de son épouse Anatou, aux jalousies dépourvues de justification de celle-ci. Il prit avec grand sérieux les futilités dont cette femme était l’origine et son existence en reçut un choc. La considération des futilités l’amène à être assassin, à être prisonnier et à finir calciné. Et pourtant, il aimait Anatou.

  • L’Amour

Ce thème fait ici allusion à l’affection parentale dont était entouré Ahouna d’une part. D’autre part, il est relatif à l’idylle existant entre Ahouna et Anatou. Malheureusement cet amour sera fauché par la hache de la jalousie. Peut-être que les choses auraient pu se passer autrement si Ahouna avait su se montrer plus réaliste en descendant de son nuage. L’amour, ce n’est pas seulement de la romance. C’est aussi affronter la réalité, sans oublier que la jalousie est un poison mortel qui n’épargne aucune relation, aucun couple.

  • Jalousie

C’est un dépit envieux qui résulte de ce que l’on voit d’autres personnes posséder des choses dont on est soi-même privé.

Inquiétude douloureuse au sujet de la fidélité de quelqu’un.

Contrevent formé de planchettes minces assemblées parallèlement qu’on remonte et baisse à volonté.

Telle que définie par les dictionnaires, la Jalousie a conduit très loin et à des dérives dans ce roman. C’est en fait Ahouna qui est victime des scènes de jalousie de sa femme Anatou qui doute se fidélité.

  • L’injustice

Manque de justice. Acte contraire à la justice.

Elle est présente dans toutes les sociétés ; elle est présente dans les relations entre les colons d’alors et les indigènes. En réalité, ces colons brisaient arbitrairement les droits humains l’arbitraire et favorisaient une classe ou une race. C’est l’exemple typique de la situation faite au père d’Ahouna dans l’œuvre. Avec l’injustice va le Racisme : les administrations coloniales qui favorisaient les gens de même peau qu’elles et maltraitaient les Noirs qu’elles désignaient par le vocable Nègres.

  • La souffrance

Douleur, état de celui qui souffre. Ce thème dévoile au lecteur combien la vie de l’homme est tissée de souffrance. Dans le roman Un Piège sans fin, elle fait principalement allusions aux douleurs morales que subissaient Ahouna de la part de sa femme qui l’accusait injustement. Elle est également relative aux douleurs physiques infligées à Ahouna en prison jusqu’à sa mort.

Quelques Citations

 

  • « … rien ne dure dans cette vie, tout finit vite, tout y est feu et paille ». Page 57
  • « Tout est lié à des choses terriblement vaines ». Page 62
  • « Les préjugés naissent de la bêtise humaine ». Page 73
  • « Toute vie est une longue attente et une patience qui s’achèveront seulement dans la mort ; c’est la condition des femmes dignes du nom de mères ». Page 105
  • « La vérité vous blesse ! Vous ne pouvez pas prétendre l’ignorer ». Page 183
  • « … si vous savez où vous allez, vous ignorez absolument ce qui vous y attend ». Page 253

Fabroni Bill YOCLOUNON

  1. Merci à Fabroni pour cette étude. En attente d’autres œuvres décortiquées par toi,….

  2. Merci à Bill pour ce travail. Une redécouverte de ce chef-d’œuvre. Jusqu’à présent je n’ai pas encore réussi à comprendre ce qui a vraiment pu allumer le feu de la jalousie de Anatou. Paraît qu’il faut être femme pour comprendre le mécanisme de la genèse et de l’évolution de le jalousie chez une femme. C’est un cratère…

    • Anatou, femme. Denominatif fon « nyonou »: savoir boire. La femme serait donc un poison que l’homme doit savoir prendre, sinon, ce sera chaud pour lui. La preuve, Ahouna a échoué avec Anatou et cette dernière a pris la tête.

  3. Merci infiniment Mr Bill pour ces informations.Je vous en suis vraiment gré.

  4. merci beaucoup pour l’effort fournir, mais c’est incomplète.