Quand un livre démarre par une citation d’Aminata Sow Fall : « La culture est la nourriture la plus noble, elle nous élève au-dessus des petits instincts matériels« , on est curieux de découvrir ce qu’il peut contenir. « 50 pionniers africains depuis 1880 » est une encyclopédie qui met en lumière ces personnalités Africaines qui ont impacté le monde et ont hissé le continent noir très haut. C’est un catalogue de 135 pages subdivisé en huit compartiments, huit domaines d’intervention à savoir ARTS ET SPECTACLES, LITTÉRATURE, SANTÉ ET MÉDECINE, SPORTS ET JEUX, SCIENCE-TECH ET INGÉNIERIE, DROITS HUMAINS ET SOCIÉTÉ, ENTREPRENARIAT ET ÉDUCATION, GOUVERNANCE ET LEADERSHIP. Publié en 2021 par le docteur Tèju Baba, médecin et économiste de la santé, puis illustré par la Française Hélène Berly, cet ouvrage est un document vaste et diversifié. Très coloré, chaque personnalité décrite est dessinée et accompagnée de la description de son parcours.
Pour nous, pour la génération naissante et celle à venir, ce chef-d’œuvre est une pierre monumentale pour l’édifice de la fierté africaine. Jonché de citations factuelles qui sont définitivement une source de motivation forte pour cette jeunesse africaine à la recherche de repères solides, « 50 pionniers africains depuis 1880 » élève la culture à une autre dimension. Lire le parcours de vie des personnalités comme Manu Dibango, Alphadi, Wole Soyinka, Melody Millicent Danquah, Lupita Nyong’o, Agnes Yewande Savage, George Oppong Weah, Cheikh Anta Diop et même des légendaires Nana Benz, lire toutes ces vies, contempler ces fresques et ces météorites, cela ne peut que rendre compte de la richesse de ce livre. Il manquait ce véritable outil d’instruction dans l’univers des œuvres littéraires africaines. Ce livre fait déjà mouche car il trône dans les foyers et peut être consulté comme un dictionnaire des grands Hommes de l’Afrique. Il est en plus bilingue (français et anglais). Petit bonus à peine perceptible mais efficace, c’est que vous avez le mot « Merci » ou l’expression de la gratitude dans le dialecte d’origine de chaque personnalité, donc dans plus de 20 langues africaines. Ainsi, il y a merci en mina, en yorouba, en swahili, en Zoulou, en wolof etc.
Le docteur Tèju Baba met en page 6 un propos liminaire d’exhortation pour chaque jeune africain : « Si tu es Africain (e) ou afro-descendant(e), alors tu sais sûrement que les vies et les exploits des pionnières et pionniers qui te ressemblent, (en dehors des Africains américains) sont rendus invisibles par une inégalité systémique dans la recherche et le monde de l’édition. La première raison d’être de ce livre, c’est donc de te servir de source d’inspiration et de motivation« . Son message est l’expression réelle d’un défi, d’un combat identitaire pour que ne se taisent plus des noms et que l’oubli s’éloigne à jamais de leurs exploits.
Au non-Africain(e), l’auteur désire montrer un visage plus positif, plus conquérant et plus performant de l’Afrique que celui qu’on montre habituellement.
Amadou Mahta Mbow est cité en page 115 : « Soyez fidèles à l’Afrique. Notre destin n’est inscrit dans aucune fatalité« .
C’est le genre d’ouvrage qui restera des millénaires après et inspirera les générations futures à mettre en valeur les pionniers que l’avenir engendrera dans tous les domaines. Il servira de socle pour tisser la suite des souvenirs à venir.
J’ai aimé ce livre pour sa pertinence et l’engagement qu’il porte. Je l’ai aimé pour le feu qu’il a allumé en moi. Il ne m’a pas laissée indifférente. J’ai pleuré de voir que les héros africains ne sont pas assez mis en exergue. J’ai pleuré de joie de découvrir toute la richesse que charrie l’histoire de chaque légende de ce livre. Et même au-delà de cette histoire émouvante qui force l’admiration, j’ai été frappée par le combat et la résilience de chaque météorite de ce livre. Les personnages de ce grand livre ont bataillé dur, ils ont ferraillé comme des forcenés afin d’écrire leur nom dans les annales de l’histoire universelle. Et quand bien même chaque coin de la terre a ses héros et que l’Afrique aussi a les siens, ces derniers ne sont malheureusement pas célébrés en Afrique comme cela se doit. C’est pour cela que ce livre de Tèju Baba représente pour moi un bréviaire, un livre de chevet qui nous rappelle chaque matin : « Bats-toi, oui, c’est possible. Tu es de la lignée d’illustres hommes et femmes qui ont porté le monde et ces hommes et femmes sont de ta race. Tu es de leur race ». J’ai aimé ce livre, car il répond à la nécessité de parler de soi, de ne pas laisser aux autres le soin de parler de nous : « Tant que les lions n’auront pas leurs propres historiens, les histoires de chasse ne peuvent que chanter la gloire du chasseur. » Nous sommes dans un monde multipolaire et c’est la somme de toutes les individualités qui formera ce monde. Et nous Africains, avec quelle marchandise identitaire allons-nous à la rencontre et à la conquête de ce monde. S’il est vrai que c’est au bout de l’ancienne corde qu’on tisse la nouvelle, comment tisser la nouvelle quand on ne sait même pas qu’une ancienne corde existe ? J’ai aimé ce livre pour son audace. Nous sommes dans un monde où les paradigmes occidentaux semblent les plus idoines dans tous les domaines. Tèju Baba crée son propre paradigme et fait sa classification avec des critères qui lui sont propres. Et cela n’est pas rien quand on sait que pour vivre aujourd’hui, il faut, dans une certaine mesure, plaire à une certaine catégorie de lobbies, l’auteur maintient son indépendance intellectuelle et son autonomie de choix et d’action. J’ai aimé cette liberté.
Comme vous pouvez le constater, ce livre m’a énormément plu. Je suis sûr qu’il vous plaira aussi par son contenu et par son aspect physique. Il faut saluer la qualité de l’édition. C’est un livre agréable à lire et à déguster à petits morceaux.
Voir sur https://citations.ouest-france.fr/citation-proverbe-africain/lions-auront-propres-historiens-histoires-112892.html pour Il y a ci-joint dans le livre l’adresse du podcast My African Clichés « www.myafricancliches.com » qui propose un voyage audio sur la culture et les identités africaines.
Disponible à la librairie Savoir d’Afrique à Cotonou au Bénin et partout en Afrique et en occident, « 50 pionniers Africains Depuis 1880 » attend expressément que vous le découvriez.
Myrtille Akofa HAHO