Les Hommes se mangent la queue de Kelly YEMDJI est un recueil de neuf Nouvelles plus bouleversantes les unes que les autres. Parus aux éditions Élite d’Afrique en mai 2022, ces récits de 129 pages seulement sont écrits dans un style simple mais incisif.
Pour emprunter à Stendhal ses mots, Kelly YEMDJI s’est baladée le long du chemin avec un miroir. C’est dire que son recueil de Nouvelles raconte la société dans sa plus vraie mais laide réalité. Ainsi, elle aborde une pléthore de thématiques ou doit-on dire de maux. On y découvre le côté sombre de l’Homme, on se découvre donc ; et cela peut être choquant. Si internet a permis aux humains d’être interconnectés et donc de partager leur quotidien, il a surtout permis à l’autrice de constater la recrudescence des violences qui prévaut. Violences conjugales, homicides, féminicides, viols, incestes, pédophilie, banditisme, corruption, emprisonnement arbitraire, mauvaise foi, etc. Kelly lève le voile sur les Hommes en plein acte d’anthropophagie. Et du sang coule, encore et encore. Et le destin s’enlise comme s’il n’y avait pas de limite. Et les Hommes savent de moins en moins pleurer, encore moins aimer. Et il faut écrire, pour souffrir, pour la postérité. Mais puisque la mission de l’écrivain n’est pas de dicter des comportements sociaux, Kelly YEMDJI se contente de décrire ce qu’elle aurait vu ou entendu. Mais prenez garde au ton sarcastique de la féministe qu’est l’autrice ; il pourrait subrepticement vous faire prendre position. C’est en cela que réside le charme de cette œuvre qui invite à la réflexion en suggérant subtilement au lecteur des réponses.
Les Hommes se mangent la queue est une œuvre qui interpelle, du titre au contenu, sans oublier la couverture très complexe dont on pourrait assimiler l’illustration à de la ruine humaine. Elle s’ouvre sur le titre « Pour une histoire de piment » et se referme sur « Le prix du bonheur ». Et le long de ce voyage haletant et palpitant, le lecteur a droit à chaque fois à une histoire tout à fait différente. Les récits sont captivants et les chutes toujours inattendues donnent sur l’imagination, car l’autrice fait en sorte de ne jamais vraiment terminer leur écriture. Tentez l’expérience de lecture, essayez le voyage avec Kelly YEMDJI ; il y aura sans doute des larmes, peut-être des sourires. Mais vous allez probablement aimer voir Kelly vous montrer comment Les Hommes se mangent la queue.
Merci pour cette analyse fidèlement tissée. J’adore.❣️