Simin écarquilla de grands yeux ronds, promena un regard méchant dans tout le séjour et toucha son cousin avec de petites tapes :
-Viens, on s’en va.
Il se levait déjà de toute sa lourdeur pataude et prit le chemin de la sortie. Sènou le héla et l’apaisa :
-Simin, calme-toi. Nous allons en parler.
Il se retourna vigoureusement.
-Parler de quoi ? cria Simin. Je te l’avais dit. Je t’avais dit que cette dame, aussi célèbre soit-elle, sélectionnait ses contrats.
Il lança encore un regard de biais à l’appartement et sortit à grandes enjambées. Missouwa, imperturbable, ne pipait mot. Elle souhaitait qu’ils prennent départ pour se reposer car elle était vraiment à bout de toute force utile.
Simin était un de ces hommes sur lesquels on ne compte pour rien. Son esprit était à l’image de son corps. Mal proportionné et mauvais. Bavard et sans retenue, il veut montrer une richesse qu’il n’avait pas. Il n’a rien et ne sait rien. En termes de savoir vivre, il a manqué sa part quand on en distribuait aux humains. Il ressemblait à un tonneau vide. Il était un tonneau vide, faisant du bruit dès qu’un simple caillou qui le touchait et bavait à chaque mot qu’il sortait. Atteint d’une calvitie qui l’enlaidissait de jour en jour, ses pas étaient lourds, on eût dit que la graisse dégoulinait de lui quand il marchait, tellement ses gestes étaient maladroites.
Les deux hommes prirent congé de Missouwa. Dès qu’ils démarrèrent leur véhicule, ils éclatèrent d’un rire tonitruant. Ils s’emplirent d’un gros rire, de ce rire qui fait suer et sortir des pets discontinus. Leur rire était un mélange massif de tristesse et d’espièglerie. Ils roulèrent longtemps sans arrêt et s’enfonçaient de plus en plus aux confins de la vie. Là où les habitations se raréfiaient et la végétation faisait loi. Il n’y avait plus d’hommes sur le chemin, mais rien que des arbres et quelques insectes qui, projetés par le vent venaient se coller au pare-brise de la voiture. Le silence rythmait leurs respirations à peine audibles. Dès que leurs regards se croisèrent, le fou-rire les prenait de plus belle. Sènou faillit manquer un virage. Il n’y avait pas de mots pour décrire leur euphorie. Ils étaient essoufflés, à bout d’émotion et fiers de leur visite à Missouwa. S’ils pouvaient, ils s’arrêteraient pour risquer quelques pas de danse. On eût dit qu’ils étaient seuls sur la terre. La nuit était opaque et muette. Aucune lune ne perçait son habit lugubre. Aucun bruit ne s’aventurait dans cet espace hostile aux êtres vivants L’air frais et bienfaisant offrait sa présence. Rien de cet aspect de la nature n’effrayait les deux compagnons. Ils étaient comme des parents de la nuit tant ils étaient sereins pendant le voyage et ne craignaient rien. L’asphalte de la route trompait le calme de cette nuit par leur rire et le vrombissement de leur véhicule. Peu à peu, le calme de la nature laissa place à une atmosphère lourde et chargée. Ils riaient moins maintenant et se rapprochaient de plus en plus du seuil du cimetière.
A suivre…
Myrtille Akofa
Simin et Sènou vont-ils nous conduire dans le monde des zombies qui vont venir harceler Missouwa ?
Houn?!!! Cimetière????
Très belle nouvelle Myrtille. J’en veux encore.
Cela ne saurait tarder, cher Bill