INTRODUCTION
Les années 90 signent le début d’une nouvelle ère de la littérature négro-africaine d’expression française, période marquée tant par un virement esthétique que par l’ampleur et le poids des écrivains. Taxée en effet, à ses débuts de littérature participative et pro-colonialiste, la littérature négro-africaine d’expression française s’inscrit ensuite dans la vague de la lutte contre la colonisation avant de s’engager à dénoncer les travers des hommes et régimes politiques de l’après indépendance. Florent COUA-ZOTTI, auteur béninois, digne représentant de cette nouvelle tendance le prouve par son écriture iconoclaste et sa thématique ancrée dans un vécu de plus en plus sordide. Son roman, Les fantômes du Brésil, conjointement édité par Laha et Ubu Editions (2013), reste et demeure le symbole de cette Afrique qui n’a pas encore fini avec ses idées préconçues. La pertinence des thèmes de l’œuvre et des personnages mise en exergue par une écriture à la fois fine et truculente mérite qu’on y fasse un détour.
I- BIOBIBLIOGRAPHIE
1- BIOGRAPHIE
À sa naissance en 1964, sa mère est sage-femme à l’hôpital de Pobé et son père, fonctionnaire à l’Organisation commune Bénin-Niger (OCBN), une société de chemin de fer. En 1973, sa mère meurt d’un cancer à l’hôpital de Porto-Novo. Florent Couao-Zotti vit deux ans chez sa grande sœur à Parakou, puis chez son père à Cotonou, dans la maison familiale. Il y retrouve une fratrie de dix enfants. Deux de ses frères, qui participent à la série littéraire Edgard et Ludovic avec un ami du quartier, parlent beaucoup des grands auteurs français, anglais et américains. Son père, Gilles, ancien instituteur, aime aussi la littérature.
Florent Couao-Zotti est titulaire d’une maîtrise de lettres modernes de l’Université nationale du Bénin, d’un diplôme de journalisme et d’un diplôme d’entrepreneuriat culturel.
En 1989, il part en Côte d’Ivoire pour devenir professeur de français dans un collège d’Agnibilékrou, mais l’expérience tourne court. Florent Couao-Zotti retourne au Bénin où se prépare la conférence nationale.
Au début des années 1990, sous l’ère du «Renouveau démocratique», il occupe successivement les fonctions de rédacteur en chef de deux journaux satiriques (Le Canard du Golfe et Abito), puis est chroniqueur culturel dans plusieurs quotidiens, Tam-Tam Express (hebdomadaire indépendant ayant paru à Cotonou entre 1988 et 1995); Forum de la Semaine (hebdomadaire ayant paru à Cotonou entre 1990-1996), Le Bénin Nouveau (bi-hebdomadaire ayant paru entre 1990 et 1993 avant d’arrêter le journalisme, continuant seulement de publier des chroniques dans le quotidien indépendant La Nouvelle Tribune.
En quelques années, il réussit à construire une œuvre littéraire originale. Depuis 2002, Florent Couao-Zotti se consacre entièrement à l’écriture qu’il décline dans différents genres littéraires (romans, nouvelles, pièces de théâtre) et dans les arts narratifs (bande dessinée, série télévisée et films vidéo).
Les œuvres de Florent Couao-Zotti sont traduites dans cinq langues (japonais, italien, catalan, allemand, anglais), c’est une des plumes de référence sur le continent. Ses œuvres ont reçu plusieurs récompenses, dont le prix Tchicaya U Tams’i, le prix de la Francophonie de littérature de jeunesse, le prix de l’Excellence du Bénin, Meilleure plume de la décennie, le prix Ahmadou Kourouma, etc.
2- BIBLIOGRAPHIE
- Ce soleil où j’ai toujours soif, 1996
- Notre pain de chaque jour, Le Serpent à plumes, Paris, 1998
- L’homme dit fou et la mauvaise foi des hommes, Le Serpent à plumes, Paris, 2000
- Notre pain de chaque nuit, J’ai lu, Paris, 2000
- Charly en guerre, Dapper, 2001
- La diseuse de mal-espérance, 2001
- La Sirène qui embrassait les étoiles, L’œil, Paris, 2003
- Le collectionneur de vierges, Ndzé, 2004
- Le Cantique des cannibales, Le Serpent à plumes, Paris, 2004 Retour de tombe, Joca Seria, 2004
- Les Fantômes du Brésil, UBU éditions, 2006
- Poulet-bicyclette et Cie, Gallimard, 2008
- Si la cour du mouton est sale, ce n’est pas au cochon de le dire, Le Serpent à plumes, 2010, prix Ahmadou-Kourouma
- La Traque de la Musaraigne, Jigal, Marseille, 2014. (Wikipedia)
II- PRESENTATION DE L’ŒUVRE
1- Etude du paratexte
a- Le titre du roman : Les fantômes du Brésil
Selon le dictionnaire de langue française Maxipoche LAROUSSE 2013, le fantôme est une apparition d’une personne morte sous l’apparence d’un être réel. Ici, nous pouvons dire que le titre de l’ouvrage Les fantômes du Brésil est un titre métaphorique pour parler de la résurgence de l’ensemble des conceptions, des modes de vie, de pensées culturelles qui est pérennisé par les descendants des esclaves noirs revenus du Brésil.
b- L’image de la 1ère de couverture
Sur la 1ère de couverture, nous voyons deux mains : une jaune et une noire enchaînées qui se sont retenues par l’index et le majeur. L’utilisation des mains gauches qui sont celles du cœur et la façon dont les doigts se sont retenus témoignent d’un amour fort entre deux êtres qui veulent s’unir et qui refusent une séparation. La chaîne cassée de la main noire symbolise une libération ; les nombreux obstacles, les nombreuses péripéties traversés par les amoureux. Sous la couverture, nous sommes au bord de la mer à la plage avec des falaises qui symbolisent une terre africaine. Cela montre que l’histoire se déroule en terre africaine. Un ciel bleu qui évoque la quiétude et pour les avertir de la spiritualité, c’est le paradis. La couleur rouge du livre véhicule les nombreux problèmes soulevés dans le roman.
2- Structure de l’ouvrage
Le roman Les fantômes du Brésil est une histoire écrite en 21 chapitres. Après la lecture de l’œuvre, on constate qu’il y a deux grands rebondissements avant la fin, à savoir : la fuite d’Anna-Maria de la maison et sa libération par Adado. Ainsi, le roman peut être subdivisé en trois mouvements.
a- 1er mouvement : du chapitre I au chapitre VII, autrement dit, de la page 9 à la page 96 : « c’est dans le gris …une porte de sortie »
Titre : L’opposition de l’union entre Pierre et Anna-Maria sur fond de conflit culturel
b- 2è mouvement : du chapitre IX au chapitre XIII : page 97-194 : « elle a couru tout le temps…Pierre sentit la vigueur et la fraîcheur de sa poigne« .
Titre : La fuite d’Anna-Maria
c- 3è mouvement : du chapitre XVIII au chapitre XXI : page 195-240 « La maison de Carlos Orlando Oquianoh… le silence a rempli nos vies et viens… ».
Titre : Un destin funeste
3- Schéma narratif du roman
« Les fantômes du Brésil« , est un roman à travers lequel Florent COUAO-ZOTTI nous plonge dans une histoire à problématique. Comme pour tout récit, on observe un schéma narratif qui présente la chronologie du contenu. Ce roman aussi en comprend. Voici son schéma simple.
- Situation initiale
Anna-Maria et Pierre consomment leur amour dans un bungalow. Ils sont ensemble. (Tout va pour le mieux. Pp 9-14).
- Elément perturbateur
Les frères d’Anna-Maria viennent chercher leur sœur frappant par l’occasion Pierre et le laissant dans un état critique.
- Série d’actions
Pierre est rentré chez lui
Pierre s’est fait soigner chez l’oncle Kpassè dans la forêt
Anna-Maria n’en pouvant plus, fuit la maison familiale
Elle est capturée par les hommes de Vautour
Adado l’aide à s’échapper
Elle est conduite à Pierre dans la forêt
Les deux se retrouvent et préparent leur plan
A la fête, ils se montrent publiquement au grand désespoir de tout le monde
- Situation finale
Pierre et Anna-Maria se jettent à l’eau pour sauver leur amour.
4- Résumé de l’ouvrage
Dans le roman Les fantômes du Brésil, il s’agit d’une histoire d’amour entre Pierre Kuassi KPOSSOU et Anna-Maria Doleres Do Mato, deux jeunes issus de deux mondes différents, de deux familles que rien n’unit hormis les préjugés sociaux et raciaux. Anna-Maria est une Agouda, belle descendante d’esclaves et dont les parents sont riches et Pierre descendant des vendeurs d’esclaves. Leur amour est de ce fait considéré comme indécent de la part des parents de la jeune fille. Ils sont surpris par Eugénio, Octaviano, Fulgencio, les frères d’Anna-Maria dans un bungalow à la plage en train de savourer leurs ébats charnels. Ils ligotèrent Pierre, l’abandonnèrent puis rentrèrent chez eux avec leur sœur. Pierre, après avoir retrouvé ses forces et ses esprits, rentra chez lui. Il est reçu par son oncle Kpassè dans la forêt pendant qu’Anna-Maria, ne pouvant plus supporter la punition à elle infligée, fugua. Dans cette fuite, elle ne savait plus où aller et pris la direction de la forêt. Une pluie drue s’abattit sur elle et l’arrêta dans sa course contre la montre. Elle fut kidnappée par un groupe de bandits dans lequel se trouvait Adado, le cousin de Pierre. Dans le même temps, ses frères étaient à sa recherche, mais sans succès. Adado s’évada avec elle et l’amena à son fiancé dans la forêt chez l’oncle Kpassè. Celui-ci les ramena en ville et les laissa à leur sort. Le samedi, lors des obsèques de Manuel Luis da Gonceiçao, toute la communauté Agouda était allée soutenir la veuve Bébédicta. Au cours du bourignan marquant la phase de la réception, Anna-Maria fut démasquée par son frère Eugénio. Pierre vint alors à sa rescousse en se jetant sur le frère. Octavio et Fulgencio rejoignirent Eugénio pour une lutte sans merci. Mais Pierre et Anna-Maria eurent raison d’eux en allant se jeter à la mer pour savourer leur amour éternel.
5- Etudes des personnages et thèmes principaux
a- Les personnages principaux
Dans le roman, on dénombre plusieurs personnages qui ont joué d’importants rôles. Mais parmi ceux-ci, il y en a qui ont davantage marqué le contenu de l’œuvre. Les personnages principaux sont :
- Anna-Maria Dolores Do Mato:
Fille de Juliana et d’Alvaro Ribeiro Do Mato, est issue d’une famille privilégiée. C’est une belle fille qui a perdu sa fraîcheur (virginité) de jeune fille pour un amour impossible aux yeux des autres mais réaliste pour elle. Elle pourrait être prise comme la responsable de toutes les péripéties du roman. Elle a lutté pour sauver son amour pour Pierre. Elle préfère mourir avec son homme que de vivre loin de lui. Elle incarne l’abnégation de l’amour, la persévérance.
- Pierre Kuassi KPOSSOU:
Fils de maman Pipi, la lavandière du quartier, il est un jeune homme issu d’une famille modeste. Malgré sa différence de peau, sa classe sociale, il aime follement Anna-Maria et ne conçoit pas non plus sa vie sans elle. Malgré tout ce qu’il a subi, il a lutté pour cet amour. Il incarne l’opiniâtreté.
- Julian Do Mato:
Née d’OLIVEIRA de la branche des da MATA SANTANA, elle est la mère d’Anna-Maria. C’est une femme un peu autoritaire à l’ancienne, qui veut que sa fille épouse un Agouda, un homme d’un haut rang afin d’éviter à sa famille le déshonneur. Elle déteste le métissage culturel entre les Agouda et les autres de Ouidah. Elle incarne le racisme, la ségrégation et l’ambition démesurée.
- Les frères Do Mato (Eugenio, Fulgencio et Octaviano):
Ce sont les frères d’Anna-Maria. Ils n’hésitent pas à user de force et de violence pour avoir raison de leur vis-à-vis. Ils incarnent la violence, la révolte.
- Maman Pipi:
Elle est la mère de Pierre. C’est une lavandière, une femme protectrice. Elle s’est opposée à l’union de son fils et d’Anna-Maria lorsqu’elle a su que Pierre a été victime de la méchanceté des frères do MATO. Elle incarne la pauvreté dans la dignité et le respect des usages.
- L’oncle KPASSE:
Frère de maman Pipi, il a accueilli Pierre chez lui pour le soigner de ses blessures après que les frères Do Mato l’ont ligoté. Il a voulu faire de son neveu un homme nouveau. Il incarne la sagesse, l’intelligence.
b- Les thèmes principaux
- L’Amour:
Il se manifeste entre Anna-Maria et Pierre. C’est un sentiment d’estime et de désir réciproque. Les deux personnages sont amoureux l’un de l’autre et bravent tout pour le montrer au prix de leur vie. Ni les invectives de la famille d’Anna-Maria, ni le désespoir de Geneviève, ni la sagesse de l’oncle Kpassè n’ont eu raison de leur foi en cet amour interdit. Toutes leurs actions ont toujours convergé vers cette union. La fin du livre leur donne raison.
- La rancune, la haine
Elle se manifeste à travers le personnage de Geneviève contre Adado et Do Mato et ses enfants contre Anna-Maria et Pierre. Cette haine est née du fait simplement que ces protagonistes ne veulent pas de l’union entre Anna-Maria et Pierre.
- L’honneur :
L’honneur voudrait qu’aucune chose ne vienne souiller ce qui est. Et la famille Do Mato tient beaucoup à lui, et c’est pour cette raison d’ailleurs qu’elle fait tout pour qu’Anna-Maria ne commette l’irréparable. Même chose avec Geneviève qui pense que même pauvre, on peut garder l’honneur en évitant certaines choses comme cette union par exemple entre Pierre et Anna-Maria. Les deux familles ont lutté pour cela avec leur moyen de bord.
- La corruption
Le commissaire Noukpliguidi entretient un rapport suspect avec le chef des malfrats Vautour. Ce dernier a tout le champ libre dans ses opérations mafieuses et comme obligation, il doit souvent aider le commissaire à arrêter d’autres bandits. Et puis, ce commissaire reçoit de l’argent avant de faire son propre travail. Sachant qu’Orlando est un fugitif, il pouvait l’arrêter, mais il espérait une compensation de lui garder le silence.
- La tradition :
Chaque famille (celle des do Mato et Geneviève) garde ses principes traditionnels. Les choses ont toujours été faites ainsi, alors, on ne change rien. Ce thème se manifeste avec le personnage de l’oncle Kpassè dans la forêt sacrée. Les forces en présence en ce moment étaient les esprits, les plantes, les racines, feuilles, décoctions, le silence. Tous ces éléments (médecine traditionnelle) ont réussi à remettre Pierre à blanc et à neuf. Ce que la médecine moderne ne peut faire, celle traditionnelle a réussi.
III- Etude de l’espace et du temps
1- Etude de l’espace
L’espace est le cadre dans lequel interviennent les actants dans le livre. Il y joue un rôle déterminant en fonction de leur désir.
- La maison des Do Mato:
C’est le seul endroit où Anna-Maria ne peut pas être inquiétée et peut se sentir en sécurité selon la mère Juliana. Et pourtant, c’est un lieu qui étouffe Anna-Maria au point où elle préféra la fuite. Ce lieu lui rappelle de mauvais souvenirs de la part de sa mère et de ses frères. Elle reçut la correction de sa vie après avoir été surprise dans son union intime avec Pierre. Elle fut enfermée avant de s’évader avec une ruse digne d’une bandite.
- La plage:
C’est le lieu où débute l’histoire du livre ; et c’est d’ailleurs à ce même lieu que s’achève l’histoire du livre. C’est là où pour la première fois, les deux personnages ont consommé leur amour dans un bungalow. Et c’est le même lieu qui fut témoin de leur destin funeste.
- La forêt :
Lieu hostile pour Anna-Maria après sa fuite de la maison. Psychologiquement atteinte à cause de sa séparation avec Pierre, la nature a voulu l’achever en se déchainant sur elle à travers une pluie torrentielle. Seule en ce lieu dans la nuit noire, impuissante et vulnérable, mais décidée quand même à braver tous les dangers, pourvu qu’elle ne soit loin de la maison, elle ne s’est pas laissé avoir. Malgré l’hostilité donc de la forêt, elle réussit à survivre avec les hommes de Vautour qui vont la trouver. Et pourtant, c’est grâce à cette même forêt que Pierre trouve le salut avec l’aide de son oncle Kpassè. Un lieu dangereux pour un novice, mais familier pour un initié. En effet, c’est là que se trouvent les esprits, les génies et autres plantes dont les vertus médicinales ont eu sauvé Pierre.
- L’église :
C’est un milieu symbolique pour Juliana. Chaque fois quand elle y vient, c’est pour se confier à la Vierge Marie et pour trouver le réconfort. C’est le seul lieu où elle se sent à l’aise.
- Le commissariat
Un lieu de tous les vices : corruptions, magouille. Le commissaire Noukpliguidi, au lieu de faire son travail consciemment, utilise la ruse et d’autres moyens pour arriver à ses fins. C’est là qu’il prit l’argent chez Orlando avant de lancer une recherche pour trouver Anna-Maria, et pourtant c’était son devoir.
2- Etude du temps
Nous parlons à ce niveau du cadre temporel du roman, le moment de l’action dramatique, le temps des personnages, le temps de l’œuvre et ses indices et le temps de l’auteur.
Dans le cadre temporel du roman, pour situer l’action du roman, l’auteur peut préférer le temps historique et le faire à une époque précise, parfois à un moment critique de l’histoire. Dans Les fantômes du Brésil, on constate que cette œuvre rappelle l’histoire des « Agouda » au Bénin, passant par l’esclavage et la traite négrière. Les « Agouda » revenus du Brésil (descendants d’anciens esclaves) habitent Ouidah. L’auteur nous montre seulement leur présence, mais ne nous dit pas comment ils sont venus s’installer là.
Dans le moment de l’action romanesque, lorsqu’un auteur situe l’action dramatique de son œuvre dans une période historique connue ou dans un cycle légendaire, il est amené à choisir un moment précis de la période ou de l’histoire des événements qu’il veut montrer. Ainsi, dans Les fantômes du Brésil, comme il s’agit d’une vieille histoire d’esclavage et les rapports qui existent entre descendants d’esclaves et les autochtones, l’auteur commence son roman avec les personnages déjà sur place à Ouidah.
En ce qui concerne le temps des personnages, on constate que la temporalité des personnages est moins liée à leur âge qu’au moment de leur histoire personnelle où l’auteur a choisi de nous montrer : naissance d’un sentiment, première confrontation avec le monde des adultes, mariage, rupture, mort, action décisive pour leur avenir…On peut ainsi distinguer dans ce livre, le moment où les personnages sont pris à un moment critique de leur vie : refuser l’union entre Anna-Maria et Pierre par les Do Mato et la famille de Geneviève ou l’accepter et subir la honte. Dans ce livre, on constate que l’auteur commence son livre par une relation d’amour déjà mûrie entre Anna-Maria et Pierre. Il nous le montre d’ailleurs par la consommation de l’acte charnel. Pour Juliana et de Geneviève, il ne faut pas du tout accepter cette relation, ni aujourd’hui, ni demain. Mais pour Anna-Maria et Pierre, seul le présent compte. Vivre leur jour au jour le jour.
Chaque personnage a son propre rapport avec le temps. Pour certains, seuls comptent le présent et le futur, telles Juliana, ses enfants et Geneviève. Mais pour d’autres, le présent seul suffira.
En ce qui concerne le temps de l’œuvre et ses indices, on constate qu’il y a un certain nombre d’indices temporels qui nous renseignent sur la temporalité de l’œuvre. En effet, dans le premier chapitre à la page 9, nous avons les indices portant sur le moment de la journée : « un matin dans un bungalow », ce qui prouve le matin de bonheur. Nous avons aussi le matin où Carlos Orlando était allé chez les Do Mato pour demander la main d’Anna-Maria, page 63. « La nuit », à la page 97, Anna-Maria a été mouillée sérieusement par une pluie drue.
A travers les interventions des personnages, nous avons aussi des indications qui portent sur la temporalité des personnages. Les indications sur le passé : dans le chapitre 4, Fulgencio fait la genèse de la famille Do Mato à Anna-Maria à la demande de Juliana. Dans Les fantômes du Brésil, l’histoire commence à la plage un samedi et finit au même endroit un autre samedi. Il n’a duré qu’une semaine.
IV- Approche sociocritique, portée et littéralité de l’œuvre
1- L’approche sociocritique
La société est perçue comme un ensemble « d’individus unis au sein d’un même groupe par des institutions, une culture », Dictionnaire Universel 2015. Il s’agira pour nous, ici, de mettre entre exergue les différents rapports entretenus entre les différents personnages phares de l’œuvre. Mieux, il s’agira d’expliciter les rapports entre la société qui a généré l’œuvre et son contenu. Lesquels rapports ne se qu’à travers les personnages.
Juliana Do Mato : c’est elle, la femme qui a été à la base de tous les problèmes qu’ont vécus les deux amoureux Pierre et Anna-Maria. L’auteur nous met en relation étroite avec les injustices sociales d’une part et la situation réservée aux sans voix : la basse classe, d’autre part. Pour Juliana, sa fille doit se marier à un homme de son rang social ou de sa race pour faire honneur à sa famille et avoir un nom dans la région de Ouidah. C’est ce qu’elle veut d’ailleurs en voulant donner sa fille à Carlos Orlando (p.125). Malgré l’indignation de ses garçons, elle n’a pas changé d’avis et a eu raison d’eux. (pp. 181-182). Pour l’auteur, nous sommes dans une société où les riches ont de la valeur contrairement aux pauvres considérés comme étant moins que des hommes. Il nous présente une société où rien n’est contrôlé. Ainsi, il nous montre à travers le personnage de Carlos Orlando que certains hommes riches ont toujours un passé trop peu orthodoxe et qu’il faut faire très attention avec eux. En outre, dans cette société, nous comprenons que les gens qui sont chargés d’assurer la sécurité des populations ont des accointances avec des gangsters et sont corrompus. Sinon, comment comprendre que le commissaire ait pris d’abord de l’argent avant de lancer l’avis de recherche pour retrouver Anna-Maria (p.144). Au lieu de confier cette tâche à ses collaborateurs, c’est lui-même qui a rencontré Vautour Aklassou et il a accepté de se faire bander les yeux et d’abandonner son arme avant de se rendre dans le logis de ce dernier (pp. 171-176). On comprend aisément que les gangsters sont plus puissants que des hommes en uniforme.
Par ailleurs, Anna-Maria est comme un personnage qui décide de mettre fin à des préjugés et idées préconçues concernant la religion, la région, la race ou le rang social communs avant l’union de deux personnes. Elle a choisi de mettre un point final à ces heurts historiques hérités de l’esclavage et de la Traite Négrière. Elle a décidé d’être l’icône de la réconciliation et de l’acception de l’autre, le symbole du pardon et la nécessité pour la race noire qu’elle soit ébène ou métisse, de viser l’union, l’unité, la communion et l’amour. On le voit, l’amour unit, il ne divise pas. Il n’a pas de frontière. Anna-Maria exhorte donc les peuples à accepter le brassage culturel.
D’un autre côté, Pierre s’est montré respectueux avec son oncle Kpassè afin d’être façonné, métamorphosé (pp. 77-78). C’est un bon exemple que les jeunes doivent suivre et s’approprier au lieu de chercher à user de la violence en toutes circonstances ou se braquer contre les personnes âgées ou à vouloir les défier au nom d’une modernité mal comprise.
2- La portée de l’œuvre
Les différents problèmes abordés dans le roman Les fantômes du Brésil sont encore d’actualité. En effet, lorsqu’on le lit et le relit, on s’aperçoit que ces comportements sont observés dans nos villes et campagnes où les mariages continuent d’être basés sur la religion, l’ethnie, le rang social ou l’histoire des anciennes guerres tribales ou encore les mésententes entre deux familles. A travers ce roman, Florent COUAO-ZOTTI invite tout le monde à un brassage culturel et cultuel si nous voulons amorcer le développement de nos pays en particulier et celui de l’Afrique en général et surtout promouvoir nos langues nationales car il a utilisés certaines expressions de sa langue maternelle sans pour autant rendre indigeste le contenu du livre. En témoigne cet avis de Marthe Fare : « Mais ce roman est aussi une écriture simple, pleine de néologismes empruntés aux langues locales du Bénin et du Togo. Florent Couao-Zotti mélange le vernaculaire au français. Mélange finement traduit à travers une plume qui depuis ses premiers écrits, valorise le néologisme. Les Fantômes du Brésil, c’est un style fleuri, un récit au rythme rapide qui se lit en un seul souffle. » (https://nounfoh.wordpress.com/2010/11/21/les-fantomes-du-bresil-florent-couao-zotti/)
CONCLUSION
En somme, ce roman, tissé autour d’une intrigue amoureuse, présente des sujets d’ordre cultuel et social. Même s’il s’agit d’une affaire béninoise, le lecteur, qu’il soit béninois ou étranger, pourra facilement comprendre cette œuvre. Et comme le dit si bien Carmen Toudonou, « Les fantômes du Brésil » de Florent Couao-Zotti est : « Une saga historico-passionnelle » (http://quotidien-lematinal.info/les-fantomes-du-bresil-de-florent-couao-zotti-une-saga-historico-passionnelle/). L’oeuvre est belle, bien écrite. Elle est inscrite au programme. Les jeunes pourront y puiser assez d’éléments pour se positionner face à l’histoire sans être victime du passé de leurs parents.
Claude Kouassi OBOE
Beau livre. Belle présentation. Merci cher Claude.
Merci. Beau boulot !
Merci, Fabrice
La présentation est assez exhaustive pour donner envie de lire l’ouvrage…
Merci Monsieur Marcel Padey
C’est Un Bon Roman
c est un roman pertinant
qualifiable
JE KIF
cool/ merci
c’est top
Cool
Ce livre est trop cool!Si seulement si on pouvait jouer la série et on regardera,ce serait encore plus fantastique…
Merci maintes fois pour cette production! Vraiment d’après ma lecture de cette présentation de ce roman,il m’est tout comme si je suis devant une poste télévision en observant cet agréable,éducatif,compréhensible filme. Fais la lecture c’est nourrir son âme du savoir.
C’est un roman qui me donne du begain quand je suis avec ma petite amie
Il faut nous en dire davantage, cher tobossi martin merveille sèdjro. il est des curiosités qui ne sont pas malsaines
C’est un roman qui me donne du begain quand je suis à côté de ma petite amie <3
Vraiment,merci beaucoup!!! C’est attirant et compréhensible….
Monsieur Yekini, nous sommes contents que cela vous ait plu. Nous serons aussi heureux de lire un de vos comptes rendus de lecture