« La princesse du diable « , Colince Yann

« La princesse du diable « , Colince Yann

Si écrire est un acte de liberté, lire l’est encore plus. Si chaque lettre qu’on dessine est un pas vers la liberté, chaque mot qu’on lit serait le trophée de liberté. Cela se comprend aisément quand on sait que, écrire, c’est vivre, et que vivre fondamentalement, c’est être véritablement libre. L’acte d’écrire offre une telle vie à tout auteur qui empoigne sa plume pour se livrer à ses lecteurs à travers ses mots. A ce concert de mots, s’est invité Yann Colince qui,en soufflant dans la trompette de son imagination, fait résonner d’échos en échos, les complainte de « La princesse du diable« . Rassurez-vous! Ici, il ne sera pas question de Sorbonnard ni de Béninoise en pagne ou en bouteille! A travers cette œuvre dont le titre frappe aux yeux et conduit avec excitation à sa lecture, l’auteur nous livre un message touchant et émouvant. Comme Yann Colince n’a pas manqué à son envie d’être libre en nous gratifiant de cette œuvre truculente et succulente, riche en couleurs et en émotions. Alors nous ne manquerons donc pas de le suivre en nourrissant notre esprit qu’il se plait pourtant à torturer volontiers. Il faut bien le dire, le titre « La princesse du diable » soulève des interrogations : Qui est le diable? Et qui est la princesse? Le diable peut-il avoir une princesse? Si oui, de quel royaume serait-il alors le roi? Si non, cette princesse serait-elle le fruit de ses fantasmes? Nous avions entendu parler de  » La beauté du diable » (René Clair), de « La marre au diable » (Georges Sand). Mais qu’en est-il réellement de « La princesse du diable » ? Nous le découvrirons ensemble en mettant en saillie toute la richesse que renferme l’œuvre en commençant par la présentation de l’auteur.

1- Qui est Yann Colince?

Blogueur, journaliste, écrivain, Colince Yann est camerounais, de par ses origines. Mais il a fait du Bénin sa terre d’adoption et de prédilection. Avec sa plume éclectique, il se met au service de sa communauté, en dévoilant par ses écrits, les maux qui minent le développement social. Il s’investit beaucoup dans tout ce qui a trait à la littérature en général et au livre en particulier. À travers ses deux chefs-d’œuvre, « l’ivrogne de la Sorbonne « et « la princesse du diable » il nous livre assez de messages et donne vie à ses passions.

2- Résumé

Catherine ou Cathy, une jeune, belle et intelligente Camerounaise issue d’une famille aisée, se vit après son obtention du Baccalauréat, obligée de continuer ses études universitaires à Cotonou, loin de ses parents. Aînée d’une famille de deux enfants, toutes filles, Cathy se retrouva coincée dans les réalités de la vie dès l’instant où elle posa pied sur le territoire du pays hôte. Livré à elle même, à la recherche d’un lendemain meilleur, l’étudiante en Faculté des Sciences de la Santé, se retrouva dans une histoire d’amour avec Élysée, un étudiant de la même faculté. Une histoire passionnante au début, mais qui se transforma en un véritable enfer dans la mesure où ce dernier la livra à Pat, un cybercriminel, un tocard qui heureusement ou malheureusement trouva la mort plus tard. A la vérité, tout tourna au vinaigre quand Cathy, qui se faisait filmer par Élysée lors de leur relation sexuelle, se vit dans la triste obligation d’accepter être l’objet de plaisir de Pat, vrai psychopathe, puisque ce dernier détenait toutes ces vidéos d’elle. Pat, le diable personnifié dans le livre, eut assez de courage pour manquer de pitié et d’humanité au point de porter des coups à Cathy qu’elle viola sans la moindre once de regret et de remord. Malheureuse ou malchanceuse avec des hommes, Cathy s’initia à des expériences sexuelles avec Fiorine sa colocataire. De retour au bercail après tant d’années de souffrances avec son diplôme en poche, Cathy n’eut plus le courage de vivre comme la princesse d’un dieu alors qu’elle fut celle du diable qu’était Pat. Elle s’offrit donc à la mort tant elle se sentait souillée.

 

3-Structure de l’œuvre

Réédité chez LAHA Editions en 2017, « La princesse du diable » est constitué de 22 chapitres :

1- Mona Lisa (

2- On m’appelle Cathy

3- Le tunnel,

4-Élysée,

5- Première fois,

6- Le cauchemar,

7-Seule dans la tempête,

8- De feu et de grêles,

9- Mes refuges,

10- Les bûchettes d’allumette,

11- Le déclic,

12- Le retour du traitre?,

13- Exit Pat ,

14- L’onde de joie,

15- Laver mon honneur,

16- Le face- à- face,

17- La vengeance de Fernand,

18- Confession publique,

19- Fernand et la seringue contaminé,

20- Et les démons s’y mêlèrent,

21- L’indigne montage

22- Docteur, mon œil.

 

C’est à travers ces 22 chapitres que l’auteur nous a relaté l’histoire de Cathy , la princesse du diable ou des diables.

 

4- Les personnages

Il s’agira ici, de faire ressortir le rôle de chaque personnage du roman.

A- les personnages secondaires

Mona ou Alexandra: sœur cadette de Cathy, malgré tout son charme et son jeune âge, elle se retrouve morte dans le cœur de sa mère. Elle n’avait plus droit à l’amour de sa mère, même en étant dans la même maison, on ne la voyait presque plus.

Jérémie: Répétiteur de Mona, il fut surprit en plein ébat sexuel avec cette dernière.

Tonton Jacques: chef des employés de la maison, il fut trompé par le plan de Mona et Jérémie.

Larissa: camerounaise d’origine c’est elle qui hébergea Cathy à ses premières heures à Cotonou.

Mireille: Ex petite amie d’Élysée, elle légua non seulement sa chambre à Cathy mais aussi Élysée.

Fiorine: Elle fut colocataire de Cathy.

Laeticia: Elle fut la copine de Fiorine.

Rosine: Amie de Cathy, c’est elle qui lui fila l’astuce de la bûchette d’allumette contre Pat.

Madame Béatrice: présidente d’une ONG, baptisée le Déclic, où Cathy travailla.

Dame Charlotte ou Ma’cha: camerounaise, elle est gérante d’un bar à Cotonou.

Léa: serveuse au bar de Ma’cha

Monsieur Johnson: chef de la délégation qui eu pour mission de contrôler l’ONG avec laquelle travaille Cathy. Il n’a pas manqué d’avoir des relations sexuelles avec elle.

Ben: Professeur de Cathy et aussi père de Fernandez, fils de Cathy.

Myriam: première femme de Ben et mères de ses deux premiers enfants.

Tonton: oncle maternel de Cathy, c’est par lui qu’on a eu l’histoire de Cathy, sa nièce.

B- Les personnages principaux

Catherine ou Cathy: Sœur aînée de Mona, toute l’histoire tourne autour d’elle.

Élysée: premier amour de Cathy, il fut aussi le premier à lui ouvrir les portes de l’enfer.

Fernand: Il fut l’un des amours de Cathy, victime du VIH. Le nom Fernandez que Cathy attribua à son fils vient de la promesse qu’elle lui fit.

5- La thématique

Dans cet ouvrage, plusieurs sont les thèmes abordés.

* L’amour qui se traduit par les nombreuses expériences amoureuses de Cathy, mais aussi cet amour pur, cet amour entre elle et ses parents.

* La trahison: Si Élysée n’a pas su la protéger, et l’a laissée dans les griffes de Pat juste pour un voyage en Allemagne, cela est une grande preuve de trahison. Aussi, Ma’cha à qui elle se confiait, a eu le courage de lui voler son enfant, Ben. Et même toute cette vie qu’elle eut à mener à l’insu de ses parents est un grand signe de trahison.

* La violence: Elle se justifie par tous ces coups violents subis par Cathy par ses agresseurs.

* L’homosexualité de Fiorine, Laeticia et même de Cathy.

* La cybercriminalité: l’exemple de Pat et sa bande.

6- Style de l’auteur

L’auteur nous livre son message avec une certaine simplicité. Il n’a pas manqué de faire usage de figures de style telles que :

* La synecdoque: » Mais, dame chance qui ne lui avait jamais ménagé son assistance, lui posa un lapin ce soir là. »

L’euphémisme: « Dans le lit conjugal, sa fille de dix- sept ans était là, étendue , suant, en tenue d’Ève.

La répétition: « Il voulait savoir si j’avais été bien accueillie, si je me sentais à l’aise,… » « …; maman me demanda si je n’avais besoin de rien, si le climat n’était pas très rude, si j’étais certaine que j’allais tenir le coup »

La comparaison: « A partir de ce moment là, j’agissais comme une automate, désorientée par l’entame des évènements. »

L’énumération: « Tous les tenanciers des échoppes du coin proposaient des services de photocopie, de reliure et de saisie. »

 

7- La portée du livre

« La princesse du diable » un roman qui sonne comme un appel au secours à la jeunesse. Faire un rapport entre roman et l’actualité, paraît comme refléter le réel dans le miroir de ce nous vivons aujourd’hui dans notre pays. En effet, Yann colince à travers ce roman, a dévoilé certains phénomènes qui minent notre société, maux auxquels certains peuvent s’accommoder en y voyant des élans de liberté profonde : la cybercriminalité, l’homosexualité, deux thèmes forts qui semblent, au-delà de l’histoire de Cathy, s’imposer comme la ligne de crête de ce roman.

8- Critique

« La princesse du diable« , un roman très intéressant et très riche dans son contenu. Cependant, l’auteur dans sa posture de « dieu », semble mettre à tout prix tous les malheureux sorts sur le dos de Cathy. Comparaison n’est pas raison, mais si dans « L’ivrogne de la Sorbonne  » il fait bonne place à la joie de vivre en attente d’un lendemain meilleur, dans « La princesse du diable « c’est tout le contraire. Ici, il est plutôt question de souffrances, de douleurs, de déchirements, de trahisons, d’amours sans lendemain, de mort…

Par ailleurs, au niveau de la structuration, l’on remarque que les chapitres sont pléthoriques : 22 chapitres pour un livre de 222. Pages. Il aurait pu simplement fusionner quelques-uns. Mais c’est lui l’auteur. Nous, on n’émet que des avis.

 

 

Conclusion

Après la lecture de « La princesse du diable « , l’on peut dire que Colince Yann a fait preuve de courage pour conquérir les esprits. En effet, « La princesse du diable  » est un roman dont la première de couverture reste dominée par la demi- face d’une jeune fille à la peau brune, aux cheveux noirs et longs. On y voit aussi un fond noir, lugubre. Cela traduit sans doute le destin tragique du personnage autour duquel l’histoire tourne. Belle couverture qui plonge vraiment le lecteur dans l’atmosphère peu joyeuse où l’auteur campe son histoire. Cathy qui avait tout pour avoir un avenir meilleur, elle qui est issue d’une bonne famille, une fille si belle et si obéissante, comment a-t-elle pu se convertir finalement en princesse du diable? Elle était pourtant juste sur le point de parfaire et de réussir sa vie. C’est la vie, dira-ton, mais n’est-ce pas aussi cela la liberté?

 

© Camelle ADONON

Camelle ADONON est étudiante en première année de droit à la Faculté de Droit et de Sciences Politiques d’Abomey-Calavi . Elle aime la lecture et l’écriture.

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