« Bonjour les amis. La littérature béninoise continue de faire son petit chemin. A la suite des anciens, se lèvent des jeunes qui osent. Votre blog vous fait découvrir aujourd’hui l’un de ces jeunes : Charlemagne GBONKE qui vient de signer « Moi, Ahouefa…« , son premier roman. »
BL : Bonjour Mr Charlemagne GBONKE. Le Blog www.biscotteslitteraires.com/2021 s’intéresse à vous aujourd’hui. Merci de nous accorder cette interview. Voudriez-vous vous présenter à nos amis internautes ?
CG : Merci pour l’attention que vous accordez à mon humble personne. Je suis Charlemagne, consultant en Éducation, spécialisé dans la formation et l’orientation scolaire et professionnelle.
BL : Mai 2019 ! Vous vous introduisez avec apothéose dans l’arène littéraire béninoise avec un titre merveilleux » MOI, AHOUEFA « . À quand remonte ce projet d’écriture devenu réalité ?
CG : Ce projet d’écriture remonte à Octobre 2017. J’ai appris avec Jean Paul Sartre que : « Pour que l’évènement le plus banal devienne une aventure, il faut et il suffit qu’on se mette à la raconter. » J’ai alors senti ce besoin de partager un message qui me tenait à cœur. J’ai commencé avec les difficultés de débutant, les questionnements sur le style. Et lentement j’ai avancé.
BL : La Lecture ? L’inspiration subite ? L’actualité quotidienne ? Quel élément parmi ces trois déclenche votre envie ou votre désir d’écrire ?
CG : En premier la lecture, il y a eu des auteurs que j’ai lus comme MABANCKOU avec Verre cassé, Alain Fournier avec » Le grand Meaulnes » qui vous donnent envie de passer à l’écriture. Je crois que si je devrais attendre l’inspiration, je n’aurais jamais finir ce livre. C’était beaucoup plus le travail assidu.
BL : S’il faut écrire pour se faire lire, pour vous ! Qu’est-ce L’acte d’écrire au Bénin implique ? Écrire pour se faire lire ? Écrire pour se faire connaître ? Écrire pour qui ? Pourquoi ?
CG : Je dirai écrire pour se faire lire à mon avis. Je considère le message à faire passer comme primordial. Et dans le cas de « Moi, AHOUEFA… » J’ai écrit pour les adolescentes surtout mais cela n’exclut pas le fait que tout le monde y trouve son compte.
BL : Vous êtes spécialiste en matière d’éducation. Votre tout premier roman aborde une question d’actualité étroitement liée à l’éducation. Vous écrivez pour éduquer ?
CG : L’écriture est pour moi l’occasion de concilier savoir-faire et passion. D’une part j’apporte ma pierre à l’édification de l’éducation et d’autre part je m’amuse dans le jeu littéraire. Pour éduquer, il est besoin d’utiliser tous les canaux possibles.
BL : Peut-on en conclure que votre plume ne se veut engagée que pour la cause éducative ?
CG : Oui, le prochain roman ne s’en éloignera pas à coup sûr.
BL : N’avez-vous pas peur que les gens vous taxent de donneur de leçons ou de moralisateur ?
CG : C’est un risque à prendre, déjà je suis conscient que je ne ferai pas l’unanimité. J’ai déjà une critique qui me reproche la trop grande importance que je donne à la présence d’un père dans la vie d’un enfant.
BL : À quand remonte l’histoire du personnage principal de votre Roman ? On dirait une histoire vraie ou vécue par une proche à vous.
CG : Une dizaine d’années (Rires) et c’est seulement maintenant que je trouve la force de l’écrire. C’est vrai que c’est une histoire vécue par une proche mais le reste j’ai dû glaner ici et là pour en faire un roman.
BL : « Moi AHOUEFA… », un état des lieux de la situation des adolescents au Bénin ?
CG : Personne ne dira le contraire, à mon avis ; les grossesses précoces, il faut en parler plus que jamais. Cela n’arrive pas qu’aux autres, vous savez, et il suffit d’un peu d’inattention pour que cela se fasse sous nos yeux. Mon but c’est de montrer que la confiance n’exclut par le contrôle.
BL : Quelle suite imaginez-vous pour ce roman ?
CG : Sur ce coup, je laisse le soin aux lecteurs. D’ailleurs j’ai beaucoup de retour dans ce sens. Tout le monde veut connaître la suite. Et j’y réfléchis surtout que Ahouefa perd sa place au détriment de Boukini dans les sondages.
BL : Pourquoi ne pas alors écrire un essai ou un document d’éducation sexuelle au lieu d’aborder un tel sujet dans un roman ?
CG : Le roman me donne cette largesse d’utiliser tous les genres littéraires à ma guise.
BL : Pensez-vous qu’il suffit d’écrire pour que la donne change quand on sait que la lecture n’est vraiment plus la priorité de cette couche à qui le livre s’adresse ?
CG : Le livre reste l’un des meilleurs moyens de joindre les jeunes, mais l’Internet et la télévision ont pris le devant. Mais cela ne doit pas décourager l’écrivain que je suis. Et c’est là où il est important d’inculquer aux enfants l’habitude de la lecture. On ne devient pas lecteur du jour au lendemain.
BL : Qu’attendez-vous des maîtres et professeurs, dans cette entreprise?
CG : Ils sont des acteurs clés dont ce livre a besoin pour être connu.
BL : Être écrivain au Bénin. L’édition, la distribution, le lectorat, tout ceci ne cesse d’être un mythe pour nous qui n’en savons pas grand-chose. Voudriez-vous vie de vous prononcer sur ces notions ?
CG : En tout cas, être écrivain au Bénin, ça ne paie pas factures, mais quand il y a la passion on ne fait attention à rien. Les maisons d’édition font de belles choses et j’en ai pour preuves Les Editions Plurielles. J’aime bien le travail qu’ils font en amont pour donner une touche finale exceptionnelle à l’œuvre. C’est à leur actif. Pour ce qui est de la distribution, le manque d’engouement des lecteurs tuent la chaîne du livre. Mais les choses évoluant dans un monde de plus en plus électronique, il faut à faire les choses comme ça se fait ailleurs.
BL : Quels sont les rôles que vous vous assignez dans le développement de notre pays ?
CG : Continuer à éveiller les consciences à travers différents canaux de communication.
BL : Quels sont vos projets dans la vie ?
CG : Écrire, travailler et vivre ; (voyager à travers le monde) parce que c’est là où se trouve la connaissance il paraît (rire) !
BL : Si vous devriez incarner un écrivain classique aujourd’hui, quel serait votre choix ? Pourquoi ?
CG : Hermann Hesse, je ne saurai pas comment l’expliquer. Il me tient en haleine des heures.
BL : Un message à tous ceux qui croient que lire, c’est perdre son temps.
CG : La meilleure façon de rester jeune sur le plan intellectuel, c’est de lire encore et toujours. Et ça vous permet de vous améliorer dans l’expression orale et écrite.
BL : Un mot de la fin !
CG : J’invite les lecteurs à lire mon livre « Moi, Ahouefa…. » C’est une mine d’or pour les lecteurs (Rires). Infiniment merci à Biscottes littéraires.