Chers amis, depuis « la mort de Dieu » et l’interdiction de toute interdiction, en passant par la Révolution Française, un nouvel air a commencé à souffler sur l’humanité. Les pensées générées en Occident se dressent désormais en oppositions aux idées jusque-là reçues. Une nouvelle conscience a pris corps, qui se manifeste par la volonté de s’autodéterminer et s’affranchir de tout carcan moral, dogmatique et socioculturel. Désormais, chacun entend être la mesure de ses actes. Les lois votées mettent davantage l’accent sur la liberté des citoyens, une liberté liberticide, plus proche du libertinage que de la libération de l’homme des serres et des rets de la déshumanisation, de la haine et du mépris de l’autre et de la vie. Et progressivement, avec les grandes découvertes en médecine, et la Loi Simon Weil, certains tabous sont tombés et les femmes sont autorisées à gérer leur corps comme elles l’entendent. L’individu prend le pas sur l’ensemble et l’égocentrisme joint au relativisme, fait du culte du « moi » le discriminant de toutes réflexions, décisions et actions.
Dans ce charivari civilisationnel où volontiers l’on embouche la trompette du rejet de toute autorité, l’on en est arrivé à saper l’une des structures les plus vieilles de l’humanité: la famille. Que Levi Strauss y voit une institution tridimensionnelle à savoir sociale, juridique et économique, les XIXème, XXème et XXIème siècles en Occident ont substitué à cette structure basale et basique, une civilisation du « chacun pour soi, la vie pour tous » où l’on fait difficilement de place à l’autre. Et avec le vent de la globalisation et de la mondialisation, ces idées délétères se sont infiltrées dans notre agir, à travers les interstices que la colonisation et le mythe de l’Occident ont fait subsister dans les couvertures que l’indépendance et l’autonomie de nos nations devraient nous procurer. Désormais, les pratiques antinatalistes et malthusianistes se propagent et le bastion défensif, le rempart que constitue la famille est secoué au plus profond de ses racines. Les lois naturelles établissant la sacralité des liens matrimoniaux entre un homme et une femme étant bafouées, les enfants à naître perçus comme une menace pour la beauté et l’intégrité physique de certaines femmes, le monde contemporain renverse l’équation « enfant=richesse » à laquelle il substitue l’inéquation « enfant = source de dépenses faramineuses« . Et donc pour continuer de jouir de la vie, la préférence égoïste l’emporte sur la loi du sacrifice fécond qui assure la vitalité de la société. Et le résultat est là : l’Europe offre une pyramide des âges calamiteuse avec un nombre démentiel d’asiles pour les personnes du troisième âge considérées comme chronophages, déphasées, obstacle à la quiétude.
La famille en Afrique est confrontée à ces vents contraires. La société familiale cède de plus en plus sa place à un marché d’intérêts. Les cas de divorce se multiplient (il y a certainement des raisons valables pour cela), de même que les familles monoparentales et celles recomposées. Les liens sont coupées avec la grande famille (sorcellerie oblige) et les familles nucléaires se constituent en cocons de survie, retranchées dans leurs zones de sécurité privée. L’époux est rebaptisé « le père de mes enfants » et l’épouse affublée de la grossière dénomination de « la mère de mes enfants ». Cette onomastique nouvelle révèle un malaise social couvé et entretenu –mutantis mutandis– par un refus d’un minimum de concession dans le couple. Résonne ici la réponse de Daba à sa mère Ramatoulaye dans le roman » Une si longue lettre (Mariama BA, Une si longue lettre, Nouvelles Editions du Sénégal, Dakar, P;89). « Le mariage n’est pas une chaine. C’est une adhésion réciproque à un programme de vie. Et puis si l’un des conjoints ne trouve plus son couple dans cette union, pourquoi devrait-il rester? » (Mariama BA, Une si longue lettre, Nouvelles Editions du Sénégal, Dakar, P;89).L’on ne saurait ignorer les nombreux malentendus qui peuvent pousser les époux à se quitter. Et pourtant un retour aux valeurs traditionnelles du pardon et de la compréhension pourrait sauver nos familles du naufrage. La pensée de Césaire est claire et lumineuse à cet effet : « Il n’y a pas d’Etat stable sans famille stable; pas de famille stable sans femme stable« . (Tragédie du Roi Christophe, P.89).
Le salut de l’humanité passe par la stabilité au sein des couples, ainsi que le met en exergue Habib DAKPOGAN dans Etha Contest (Editions Plurielles, Cotonou, 2016) à travers sa nouvelle « Moi, moitié de moitié ».
Si l’Afrique est le berceau de l’humanité, cette dernière attend d’elle qu’elle lui donne ce qui constitue le plus grand trésor du monde: « le respect de la vie et de la famille. », qu’elle redevienne ce foyer d’ignition où la vie se forge pour le règne de la civilisation de l’humain ouvert à la vie. Le salut ne réside pas dans le mimétisme ni dans la transplantation en Afrique de l’Europe et de ses travers.
Destin Mahulolo
Hum… Voilà qui plonge dans le silence en soi pour la réflexion
Oui, Myrtille. Mgr Robert Sastre a écrit que : » la famille demeure (…) le point de départ et le lieu géométrique de la vie de l’homme sur la terre » Robert SASTRE, « Pour une Pastorale de la famille » in Paroles d’un prophète, Cotonou, Editions Catholiques du Bénin, 2010, p. 186. ET le Pape Benoit XVI de renchérir : « En raison de son importance capitale et des menaces qui pèsent sur cette institution – la distorsion de la notion de mariage et de famille elle-même, la dévaluation de la maternité et la banalisation de l’avortement, la facilitation du divorce et le relativisme d’une « nouvelle éthique » – la famille a besoin d’être protégée et défendue (…) » . Benoit XVI, Africae Munus, n°43. Nous ne saurons sous prétexte de modernité ou d’ouverture à l’universel scier la branche sur laquelle nous sommes assis.
La famille est le noyau de toute société. Et toute bonne société est constituée de bonnes familles.
Sans famille, on aura une nation de canaille ou chacun fera la pagaille, car on serait dirigé par des racailles. Conclusion : rien n’ira.
Super, Claude. Voilà pourquoi nous devons retrouver les fondamentaux vitaux de la famille chez nous.
Cher Cyriaque, tu es sur la même longueur d’onde que M. BA quand elle écrit : « Ce sont toutes les familles, riches ou pauvres, unies ou déchirées, conscientes ou irréfléchies qui constituent la nation. La réussite d’une nation passe irrémédiablement par la famille. » Mriama BA, Une si longue lettre (P.109).