Alphonse Mona : « Les auteurs doivent, bien entendu, bénéficier de promotions et de tournées. »

Alphonse Mona : « Les auteurs doivent, bien entendu, bénéficier de promotions et de tournées. »

L’auteur que nous recevons pour vous cette semaine, chers amis, s’appelle Alphonse Mona. Il nous vient du Bénin.

BL: Bonjour M. Alphonse Mona. Nous sommes heureux de vous accueillir sur le blog. Veuillez vous présenter aux lecteurs.

A.M : C’est un plaisir pour moi d’être sous le feu des projecteurs de Biscottes littéraires , cette page promotrice des plumes d’ici et d’ailleurs et des œuvres de l’esprit. Je suis Alphonse MONTCHO, étudiant à l’Université d’Abomey-Calavi, jeune auteur d’origine béninoise même si j’ai fait une infidélité à ma terre en naissant ailleurs (rire)

BL: Dites-nous. Comment vous êtes devenu écrivain?

A.M : Sûrement que je l’étais dans une vie antérieure (rire)Eh bien, le besoin de porter la plume s’est vivement fait ressentir en moi après la lecture d’un roman au programme en classe de français. J’étais en cinquième dans mon premier lycée, en Côte d’Ivoire (mon pays natal). Je suis de ceux qui croient que la pratique de lecture régulière prédispose un lecteur passionné à l’écriture. Je suis alors parvenu à faire mes premières preuves très jeune. Je suis arrivé à ce stade où j’ai qualifié de magique cette capacité humaine à transcrire des histoires. Je me suis dit : « Bah dis donc ! Faut que je m’y essaie aussi. » J’avoue qu’à cette époque mes idées manquaient encore de cette technique et cette finesse qui épicent et confèrent à un texte un caractère de littérarité.

BL: Qui est cet auteur qui a suscité en vous l’envie de vous frotter à l’art de coucher du noir sur du blanc ?

A.M : Ils sont deux auteurs de la même nationalité à avoir réussi à m’exhorter, de par le biais de leurs livres à produire ceux miens. Je cite les romanciers ivoiriens prolifiques Camara Nangala de  »Le cahier noir » et François d’Assise N’dah de  »Le retour de l’enfant soldat » que j’ai eu la chance d’étudier respectivement en sixième et cinquième.

BL: Si vous deviez ressembler à un auteur, qui choisiriez-vous?

A.M : Le célébrissime auteur américain Stephen King pour sa fécondité exceptionnelle. Aussi, choisirais-je volontiers le remuant Florent Raoul Couao-Zotti du Bénin pour son impressionnant style d’écriture qui ne laisse pas le lecteur indifférent.

BL: Vous êtes auteur de deux livres. Pouvez-vous nous les présenter ?

A.M : J’ai à mon actif deux recueils de textes. Le premier est un recueil de poèmes intitulé  »Mon Afrique, leur art-fric », publié chez Edilivre France, en septembre 2018. Le deuxième,  »Le parfum d’un soir » est un recueil de nouvelles littéraires paru chez Christon Éditions Cotonou dans le courant de juin 2020.

BL: Pourquoi avez-vous publié le premier en France et le deuxième au Bénin?

A.M : Edilivre fut la seule maison qui put me proposer un contrat d’édition à compte d’éditeur. J’ai confié le deuxième manuscrit à un éditeur local parce que je voulais mettre à disposition du lecteur d’ici mon livre. Je me suis aussi qu’il était de mon devoir en tant qu’auteur d’ajouter ma pierre à l’édifice national.

BL: Deux recueils de textes pour vos premières tentatives en tant qu’auteur, pourquoi ce choix?

A.M : J’ai jugé bon de publier des recueils de textes pour mes premières tentatives parce que j’ai ressenti un besoin pressant de publier quelque chose. Peut-être le syndrome de l’auteur novice qui veut à tout prix se faire une renommée dans le milieu littéraire (rire). Dès ma venue au Bénin en août 2017, j’ai courtisé en premier lieu, pendant les jours qui ont suivi, la poésie sous l’une de ses formes généreuses qu’est le slam grâce à un très bon ami que j’ai rencontré à la fac. C’est ainsi que j’ai commis le premier  »crime » de mon casier littéraire. Vous me demanderez pourquoi ensuite la nouvelle ? La nouvelle littéraire parce qu’elle a réussi à faire de moi un écrivain polygame. Fallait que je goûte à ses délices insoupçonnés. Très vite, j’en ai produit plusieurs pour des candidatures de prix littéraires. La concision, la délicatesse et la maîtrise auxquelles soumet son écriture font partie de ces charmes que je lui apprécie beaucoup.

BL: Envisagez-vous écrire, à l’avenir, des ouvrages dans d’autres genres littéraires?

A.M : Si je vis avec les mots, mon existence ne sera qu’un champ de livres. Je vous assure, au nom de la virilité de mon encre que je serai père de plusieurs enfants de mères différentes. Je suis un touche-à-tout. Si la muse m’est docile et fidèle, et que l’Être qui détient la suprématie sur toute chose me prête vie, je publierai des romans, des contes, du théâtre pour ne citer que ces genres. J’aurai pour souci de diversifier ma bibliographie comme l’émérite écrivain Bernard Dadié. Pourvu que je rivalise avec le regretté centenaire ivoirien en terme de longévité.

BL: Quel regard portez-vous sur la littérature contemporaine béninoise ?

A.M : Je peux affirmer qu’elle arbore de très belles couleurs tant au plan national qu’international. Nos auteurs s’évertuent à la hisser au plus haut sommet en publiant des œuvres empreintes de qualités littéraires. Je trouve également très encourageante l’initiative du Ministère du Tourisme, de la Culture et des Arts pour le rayonnement et la promotion de notre littérature au travers du Grand Prix Littéraire du Bénin. Je salue cette attention. Vivement que cet événement perdure les années à venir.

BL: Qu’est-ce qui vous a motivé à écrire  »Le parfum d’un soir »?

A.M : Je dirais que ce fut mon envie de publier, d’honorer cette promesse que je me suis fait moi-même : devenir écrivain.

BL: Comment les lecteurs ont reçu le livre après sa sortie?

A.M : Bien avant sa sortie, j’ai été félicité par mon éditeur pour la qualité du manuscrit. Des proches ayant lu le recueil ont trouvé qu’il est bien écrit avec une maturité de grand auteur et n’ont pas tari d’éloges à mon endroit. Je suis preneur pour les critiques constructives puisque je suis conscient que je ne pourrais faire mieux qu’avec les suggestions du lectorat.

BL: Pouvons-nous nous attendre à d’autres sorties cette année ?

A.M : Pour le moment, je continue de travailler mes projets. Peut-être qu’ils auront la chance de paraître cette année ou très prochainement.

BL: Selon vous, comment pourrait-on inciter les jeunes à la lecture ?

A.M : Le désintérêt qu’éprouvent les jeunes pour la pratique de la lecture est certes grand mais n’est pas impossible à combattre. Au plan familial, il va falloir que dans les foyers béninois (ceux qui en sont capables), les parents apprennent à leurs progénitures, dès les premières années de scolarisation, les vertus de la lecture. Qu’ils leur offrent, en plus des livres au programme scolaire, d’autres ouvrages. Cela nourrirait en eux un grand amour pour cette activité qui ne doit pas seulement être pratiquée à l’école. Les parents doivent s’efforcer à entretenir cette atmosphère  au fil du temps en étant eux aussi (les alphabétisés) des passionnés de lecture. Vous conviendrez avec moi qu’un enfant qui voit les siens régulièrement plongés dans des livres, prendrait grand plaisir à les imiter. S’ils arrivent à trouver du temps pour lire, je suis sûr que cela contribuerait à l’effectivité de la lecture chez les jeunes. Au plan scolaire, la tâche revient aux éducateurs et formateurs de créer un univers où interviendront fréquemment les livres. Par exemple, des séances de retour de lecture d’œuvres qu’ils leur proposeraient en cours de français, des prix littéraires inter-écoles, des cafés littéraires, des séances de dédicaces avec des auteurs, des émissions télé de débats littéraires. Au plan politique, le Ministère de l’Éducation national doit doter les écoles de bibliothèques. Cela n’est pas impossible. Il faudra que l’État subventionne les librairies pour que le livre soit moins coûteux et à la portée de toutes les couches sociales.

BL: À quelles difficultés avez-vous été confronté pour la sortie de vos livres ?

A.M : J’ai eu de peines à trouver un éditeur susceptible de me publier sur fonds propres. Mes nombreuses recherches sur Internet m’ont finalement permis d’éditer mon premier recueil en France, à compte d’éditeur. Le livre n’a pas eu sa chance puisqu’il me fallait souscrire à des prestations coûteuses pour sa visibilité. Je préfère vous épargner les détails du processus de publication du deuxième livre. La procédure a été assez longue et éprouvante. Mais grande fut ma joie quand il sortit et fut mis à la disposition du lectorat.

BL: Que désirez-vous pour que notre littérature connaisse un essor?

A.M : Déjà, il faut que les éditeurs donnent une chance aux jeunes auteurs qui le méritent. Les maisons d’éditions doivent bénéficier de subventions auprès de l’État pour que soit effective la politique éditoriale <<à compte d’éditeur>>. Les salons du livre doivent être fréquents et les acteurs du livres doivent nécessairement participer aux salons du livre à l’international histoire de faire la propagande des livres locaux. Les auteurs doivent, bien entendu, bénéficier de promotions et de tournées.

BL: Où peut-on trouver vos livres?

A.M : Le recueil de poèmes  »Mon Afrique, leur art-fric » est disponible sur le site de Edilivre France, à 8.50€.  »Le parfum d’un soir », quant à lui, est disponible dans les librairies SONAEC de Cotonou et  »La Capitale » de Porto-Novo, à 3000FCFA. Pour des exemplaires dédicacés, je suis disponible sur Facebook et Messenger au nom de Alphonse Mona, sur WhatsApp au numéro suivant : +229 67 18 62 99.

BL: Votre portrait chinois à présent :

Héros : moi-même

Personnage historique : Sandjata Kéïta

Livre : La traque de la musaraigne de Florent Couao-Zotti

Plat : du riz accompagné de sauce de noix de palme

-Animal : lion comme mon signe zodiaque

Passetemps : lecture

Phobie : peur de ne rien laisser de marquant après mon existence

BL: Votre mot de fin

A.M : Je remercie <<Biscottes littéraires>> pour l’opportunité offerte. Je dis également merci à monsieur le Directeur des Éditions Christon Cotonou. Je n’oublie pas tous ceux qui jusque-là continuent de me soutenir. Merci à eux tous.

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