Châtiments névrotiques de Dominik Fopoussi : écrire comme on vit et décrire comme on rêve!

Châtiments névrotiques de Dominik Fopoussi : écrire comme on vit et décrire comme on rêve!

Châtiments névrotiques de Dominik Fopoussi : écrire comme on vit et décrire comme on rêve!

Les mots sont agencés de telle façon que jamais l’écriture ne verse dans le pompeux ou un éventuel pédantisme. C’est le récit de la lourde fatalité-sa condamnation à mort et son exécution publique-qui s’attache au personnage central: Dégé. Ladite fatalité dicte son comportement, ses gestes, mais elle ne parvient à diluer ni sa grandeur ni son charisme. Et partant, sa toute – puissance: de la race des intouchables dans son pays, il ne sera jamais exécuté.
Ce roman tient fortement du roman psychologique et sociologique à la fois, moins du roman d’intrigues et du roman de moeurs auxquels il pourrait être confondu. Et ce, parce que l’intrigue, telle que menée par l’agent écrivant Fopoussi, c’est – à – dire comme une chronique dense (légèrement proche de ce que fit Prosper Merimé dans sa nouvelle Tamango, et très récemment le Gabonais Janis Otsiemi dans son polar La vie est un sale boulot), prendrait la forme d’un reportage – fiction. On reconnaît Fopoussi le journaliste, qui écrit comme nous vivons et décrit comme nous rêvons à la fois. En toute aisance !

Au centre de l’œuvre, une pléiade de thèmes, un entrecroisement de symboles : l’égoïsme cynique des élites africaines, jouisseuses et corrompues, dont Dégé- à l’image de Robert Bilanga dans Chauve-souris de Bernard Nnanga- le principal baladin du récit reflète la toute-puissance rimant en même temps avec la fragilité. La mise à nu directe du sort réservé à l’image de la femme que l’on résumerait sous la forme de la soumission ainsi que la personnifie les différentes conquêtes de Dégé.

Dominik Fopoussi octroie au lecteur une participation vive à l’élaboration du contenu, comme son partenaire en l’installant dans un échange circulaire de complicité, de connivence. Il lui suggère son adhésion à une contre-réflexion dans laquelle il lui faudrait saisir la performance et la compétence d’une écriture qui véhicule un projet à la fois réaliste et un autre psychologique. Dans cet échange circulaire écrivain-langage-lecteur ou écriture-lecture, l’œuvre de Fopoussi se dresse impérieusement comme « une commande et une exégèse sociale ».

Le journaliste et écrivain camerounais représente une multitude d’éléments utiles au questionnement des dimensions (idéologique, sociale, psychologique, sociologique, culturelle, cultuel, sociopolitique et juridique) de l’œuvre dont toutes les composantes narratives et discursives se trouvent centralisées autour de la parole d’une dénonciation déguisée et d’un état de lieux de la gestion globale des Etats africains en général- camerounais en particulier- par les africains eux-mêmes.

Châtiments névrotiques, qui nous donne à boire jusqu’à la lie nos vomissures et tout ce que nous avons laissé pourrir, complices, se pose comme une invite, devant le lecteur – citoyen ébahi, à prendre position dans les différents mouvements qui se font dans tous les sens dans les mondes, en pleine ébullition, dans lesquels il évolue. A méditer !
Baltazar Atangana Noah- Nkul Beti
(noahatango@yahoo.ca)

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