« Dieu n’est pas Con »: L’Insondable présence de Dieu au cœur de nos réalités existentielles…

« Dieu n’est pas Con »: L’Insondable présence de Dieu au cœur de nos réalités existentielles…

La capacité de convoquer admirablement le passé et de s’y mouvoir librement est un art cognitif très exigent et réservé seulement à une certaine classe élitiste de la société. C’est un risque dans la mesure où elle engage la responsabilité sociale du sujet

Quoi de nouveau ici ? obérer ou accabler ou restreindre ou oblitérer ou affaiblir

Que l’on remonte au berceau de l’humanité ou que l’on descende dans les réalités existentielles de notre temps, il se dégage un et un seul principe de vie, une et une seule loi morale : « Puisque je ne peux mener entièrement la vie que j’aurais rêvée, il faut que je rende meilleure et plus féconde, pour Dieu et pour les âmes, celle qui m’est destinée. » Élisabeth LESEUR au carrefour des épreuves existentielles laisse échapper aux esprits conscients cette maxime universelle. En substance, soyez fiers de ce que vous êtes et de ce que vous désirerez être.

         Ces mêmes propos traverseront de pas-en-pas DIEU N’EST PAS CON, qui pourrait devenir aujourd’hui un vadémécum des temps difficiles, des moments de crises perpétuelles de lendemains incertains. Comment une existence aux fondements sapés et unijambistes pourrait-elle devenir ultérieurement un modèle de vie offerte à toute une génération montante, et par ricochet à toute une société ? Comment peut-il surgir aux croisées des péripéties et circonvolutions humaines, une vie assumée, accomplie et contagieuse ? Dieu écrit droit sur des lignes courbes dit-on.  La présence silencieuse mais active de Dieu dans le cours de l’histoire des hommes est exposée ici à nouveau frais. La connerie n’est vraiment pas un attribut de Dieu.

                   Que garder en substance ?

La République des Ossements Enchâssés est connue comme la figure de proue de tous les pays à immoralité dominante. Dans un recoin de cette République « Madrɛnvidé » plus précisément, s’éveillait à la vie une fillette, une véritable Klomɛvi Nyɔnukpego avant l’heure, dont les dossiers constituant ses archives d’enfances ne sont point extraordinaires au commun des filles de son temps. Avec ses amis d’école, Akpémianakou-Févimandodɛ, Alixonou-Zounkpɔta, Atchou Glézin et Dominiki-Gbɔthékou, notre narratrice se souvient avec clarté cette sacrée période de la vie où des conneries sont prises comme des vérités absolues, intangibles, infrangibles : où toutes les folies de la vie peuvent se décliner en sagesse ou encore la somme des caprices enfantines n’accoucheront plus tard d’un gouffre abyssal de regrets.

Après la mort de la maitresse Jumbo ajoutée à sa réussite au CEP, Klomɛvi Nyɔnukpego quittera son Madrɛnvidé natal pour continuer ses études à Plats-Propos. Après un bref séjour passé ici où elle impactera plus d’un par sa posture physique comme intellectuelle, ce qui lui valut d’ailleurs l’affection et l’admiration de ses tuteurs et de Dagbo Sossa Gbɛfa, elle débarqua au bord du Lac-de-la Mort pour écrire d’autres belles pages de son histoire. La vie est une suite de combats dont chaque victoire nous rapproche de la Vie. On ne peut y parvenir qu’à la condition de savoir qui on est, et d’où l’on vient.  Elle redécouvrira merveilleusement ici avec ses semblables la valeur du travail bien fait soutenu par la prière. C’est un retour salvateur à la foi raisonnée. Cette règle de vie combien modeste et profonde, l’aidera à décliner radicalement les avances orgiaques de Pavé Gentil. Le meurtre de ce dernier conduira Klomɛvi Nyɔnukpego en lieu de rétention. À Sɛbada, commença pour elle une nouvelle vie. Malgré sa liberté obérée, notre héroïne fraternisera très vite avec Ayanami et Miss Pipette. En plus d’elles, Klomɛvi Nyɔnukpego retrouvera à nouveau Alixonou-Zounkpɔta, Atchou Glézin et Dominiki-Gbɔthékou qui y étaient là avant elle. A plus de ces faveurs providentielles, elle s’attachera au régisseur Langanfin Azankpotoo, de qui elle tiendra la secrétairerie particulière. Tout concourt au bien de celui qui croit, qui lutte et qui espère.

         Dès sa sortie de prison, Klomɛvi Nyɔnukpego court rendre visite à sa mère qui l’attendait désespérément. Mais cette dernière avait déjà rendu l’âme. L’héritage qui lui revenait ne serait rien d’autre qu’un pagne, une radio et une cassette. Le pagne est celui avec lequel elle la portait au dos depuis sa tendre enfance. La cassette et la radio constitueront sa biographie sonore. Elle saura davantage sur l’histoire de sa grand-mère Wanrassin jusqu’à sa propre mère Gbɛmedablou. Au terme, elle retient qu’elle est le fruit d’une union conjugale sans consistance sacrifiée à l’autel du pouvoir. Elle doit tout à sa mère sans qui, elle n’allait jamais non seulement exister mais encore vivre.

         « De demain, tu ne sais rien, si ce n’est que la providence se lèvera pour toi plus tôt que le soleil. » Elle s’était même levée plus tôt que l’aurore dans la vie de notre personnage principal. Klomɛvi Nyɔnukpego, désormais membre de l’hémicycle, puis deuxième personnalité étatique, fera la rencontre de son père Adjinacou, le président de la République. Elle se résume dans la trilogie colère, vengeance et pardon. Les réconciliations ont été tremplins d’une mort reposante pour le père et d’un mariage béni. Aura-t-elle les armes nécessaires pour toujours défendre la cause des pauvres ? Une fois à la tête de l’État, parviendra-t-elle vraiment à faire l’union être croissance économique et développement social ? Pour l’heure, elle est consciente en même que son lectorat de ce que « qui vit d’espoir, ne meurt pas de chagrin. »

         Quel mérite pour l’ouvrage ?

La capacité de convoquer admirablement le passé et de s’y mouvoir librement est un art cognitif très exigent et réservé seulement à une certaine classe élitiste de la société. C’est un risque dans la mesure où elle engage la responsabilité sociale du sujet. On ne s’engage jamais dans une reconstruction et relecture biographique aux fins d’avoir, d’être ou de paraitre. On s’y engage seulement dans le but d’instruire et c’est tout. AGBAZAHOU l’avait compris plus tôt quand il faisait remarquer à la génération montante que « l’histoire est la torche qui éclaire les sentiers de l’avenir. » Se laisser instruire pour mieux décider.

         L’œuvre en lecture raconte l’histoire d’une vie, avec ses hauts et se bas, ses montagne et ses plaines, une vie qui est peut-être celle que mène bon nombre de nos contemporains, une vie qui au final, comme moult des contes de fées, s’est soldée sur un avenir radieux. Sans risque de nous tromper, nous pensons que l’auteur vient une fois encore d’assumer pleinement son engagement social, celui d’éducation. À la suite de Victor HUGO qui criait aux autorités de son temps cet impératif catégorique « ouvrez des écoles et vous fermerez vos prisons », l’auteur offre à son lectorat des notes de conduite pour une vie pleinement accomplie. Il n’est point de penser en dehors du souvenir. Partir des souvenirs rebelles de l’enfance pour offrir gracieusement à l’humanité les fruits de sa pensée sur la vie. Il s’y est bien pris dans cette entreprise grâce à l’apport ponctuel des lignes comiques qui stipulent que c’est au cours de l’hilarité que surgissent les grandes vérités. Vivement que ce joyau fasse de chemin et qu’il connaisse très vite des tomes.

Quelques citations

  • Le bélier n’a jamais mal à la hanche en restant accroupi ou en marchant à quatre pattes                                                                                     P. 17
  • Tout outrage fait à l’homme est un outrage à Dieu                        P.59
  • Le sexe est sacré. En user comme d’un jouet, c’est se livrer volontairement en proie à des tourments et à des désordres qui mettent à mal l’âme, l’esprit et le corps                                                                                                   P. 78
  • Pour exister vraiment, il faut savoir qui on est et d’où on a quitté        P. 93
  • Le monde est vraiment un minuscule point où, d’un endroit à un autre, la vie offre la possibilité d’énormes rencontres                                         P. 120
  • Quand on est dans l’eau, on ne craint plus le froid                                P. 175
  • De demain, tu ne sais rien, si ce n’est que la Providence se lèvera pour toi plus tôt que le soleil                                                                          P. 197
  • Quand on aime, on ne calcule pas                                                P. 227
  • Les intuitions et l’instinct d’une mère ne sont pas à prendre pour des délires de vieille femme superstitieuse                                                 P. 231
  • On ne dit pas adieu à la quotidienne pâte de mais de sa mère parce qu’on a vu un matin un plat d’akassa sur la place publique                            P. 239
  • Le cerf, qui a nom de la liberté, va se prélasser dans les repaires des loups, ne doit pas être surpris d’atterrir dans le ventre des loups           P. 239
  • La femme est un mystère debout, même quand elle est couchée       P. 249
  • La femme est une valeur universelle qu’on ne saurait oblitérer ni altérer sous aucun prétexte                                                                      P. 253
  • Pour l’homme qui ne vit pas d’espoir, tout finit dans les limites excentriques de la tombe. Pour qui croit que la vie ne finit pas, la mort est juste un passage, le Grand Passage pour rentrer dans la vie de Dieu où l’on contemple les ancêtres, les héros des temps passés                        P. 262
  • Ø Si l’enfant savait qu’il y avait des poils noirs dans le lait de vache, il n’n boirait pas                                                                                             P. 266
  • Le lion qui poursuit sa proie dans la forêt ne se soucie pas du sexe de cette dernière ; et au cas où cette dernière serait une femelle, le lion ne cherche pas à savoir si elle est enceinte ou nourrice                                        P. 266
  • On n’a pas les poussins en brisant l’œuf. Il faut laisser la poule mère finir sa couvaison                                                                                     P. 270
  • Quand la rouille est avancée, il y a des maillons qu’on ne retrouve plus à l’état naturel                                                                                   P. 273
  • La lumière n’est pas faite pour le boisseau ni  la perle pour la boue                                                                                                                      P. 273
  • Les larmes purifient l’âme, elles sont l’arme ultime quand l’on est poussé à bout, sans défense                                                                       P. 274
  • Nul ne peut cacher sa nudité à la salle de bain, tout comme l’on ne saurait se rejeter en regardant le reflet que le miroir nous renvoie de nous-même                                                                                                                                                       P. 275
  • S’accepter, accepter ses peurs et ses angoisses, c’est déjà le début de la guérison                                                                                          P. 275
  • La vie est parfois comme une orange. On ne peut délecter sa saveur avant de l’avoir goutée. Elle peut être acide, succulente, ou même avariée à l’intérieur, tout en présentant un très bel aspect                                                                                                                                                                                                    P. 276
  • Il n’est pas toujours facile de suturer un corps tout déchiré lors d’un accident                                                                                    P.276
  • Les cicatrices, les brulures se font toujours sentir sur la peau                                                                                                                                P. 276
  • Qui vit d’espoir, ne meurt pas de chagrin                                            P. 279
  • L’animal qui se nourrit lui-même en arrachant sa pitance à la nature ne dépérit jamais                                                                                    P.279
  • Avec un peu de persévérance et de volonté, le forgeron parvient à redresser un fer tordu                                                                                            P. 286
  • Les hommes tombent malades pour payer au corps la dette de sommeil et de repos contractée envers lui                                                             P. 343
  • Le destin se souvient toujours                                                              P. 343
  • Le vent ne se trompe jamais de direction et la vie ne s’avoue jamais vaincue tant que brille dans le cœur de l’homme la lampe de l’espérance    P. 343

WOLOU Justin

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