La fille d’AGAR (4/5)

La fille d’AGAR (4/5)

Ce soir, elle jouerait toutes ses cartes et même les jokers. Elle en était là de ses réflexions quand la maitresse de maison fit son apparition. La jeune femme pouvait voir dans son regard un air de dégoût à peine dissimulé.

L’enfant bâtarde de son défunt mari était là sous son nez et il s’avérait qu’elle l’avait déjà vue plus d’une fois à la télé sans savoir qui elle était véritablement.

Madame Yassir avait découvert le secret de son mari par le notaire, il y a deux jours. Ce fut un choc supplémentaire.

Elle s’était rendue sur Google pour « checker » et elle avait eu un haut le cœur. La photo de cette fille…son visage…Elle l’avait déjà vu quelque part…

Évidemment ! Son mari regardait souvent la chaîne nationale du Bénin et il restait béat d’admiration devant cette fille ; cette ambassadrice qui portait le même nom de famille qu’eux. Cette dame était la même personne que celle qu’elle voyait sur l’écran de son ordinateur.

Debout face à elle dans son propre hall, elle s’était mise à se remémorer une conversation entre son mari et elle.

-Qui est cette fille, chéri ? ça fait plus d’un mois que je remarque que tu t’intéresses à ses interventions à la télé.

-C’est la fille d’un de mes cousins de Cotonou. Tu ne le connais pas. Je suis fière que mon sang soit à ce niveau de réussite disait-il.

Yaëlle regardait la femme de Yassir depuis une bonne dizaine de minutes. Toute sorte d’émotions passaient sur son visage, comme si elle était perdue dans ses pensées. Enfin, elle lui adressa la parole.

 

-J’aurais dû me douter que cela n’était pas anodin. Yassir ne tombait jamais en admiration devant personne. Il était réputé pour savoir cacher le moindre sentiment, la moindre émotion.

Yaëlle jubilait intérieurement. Tout à coup ; toute la rancœur qu’elle avait nourri contre Yassir fondit comme neige au soleil mais elle n’en laissa rien transparaître.

-Vous êtes donc la fille de mon mari, c’est bien cela ?

– Oui madame : la fille aînée de votre défunt mari précisa-t-elle pour lui signifier que toute bâtarde qu’elle puisse être, elle était la première née de son cher mari et par ricochet la grande sœur de ses deux fils.

– Soit chère dame, mais cela n’ajoute aucune légitimité à votre présence en cette demeure à mon humble avis.

Bien qu’offensée, Yaëlle ne pipa mot.

La dame la scruta un moment et du reconnaitre en son âme et conscience que cette fille était bien la progéniture de Yassir.

– Bien. Je vais de ce pas appeler mes garçons pour la réunion. Le notaire non plus ne tardera à venir.

 

Yaelle jeta un coup d’œil à sa montre. Une demi-heure qu’on la faisait attendre. Sans doute pour augmenter son niveau de stress mais elle resterait zen par tous les saints en ce moment crucial.

Finalement ses deux frères apparurent et la dévisageait comme si elle eut été un phénomène de foire.

Nous aurions été en plus grand nombre : trois contre deux si les jumeaux avaient été vivants pensa Yaëlle

-Bonjour cher sœur. Je me présente ; je suis Richard le fils aîné de notre père et voici Thomas notre jeune frère.

-Enchanté chers frères : ravie de vous rencontrer même si c’est à une bien triste occasion. Mes condoléances.

-Plaisir partagée et toutes mes condoléances à vous aussi. Nous aurions sincèrement aimé vous connaître plus tôt.

Yaëlle se demanda s’il pensait vraiment ce qu’il disait mais répondit tout de même

-Moi de même.

Un homme de race blanche d’un certain âge fit son entrée dans la pièce, sans doute le notaire.

 

A suivre…

Lhys DEGLA.

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