Vous trouverez par ailleurs dans ce livre, plusieurs noms béninois ou de construction béninoise. Et tout ceci dans nos langues : Assibavi, Titigouéti, Pépélou, Assévinoukoka.
Jobala Gang : tel est le titre de la quatrième œuvre du Père Destin AKPO. Fameux titre avec une première de couverture évocatrice ! Constitué de sept nouvelles, chacune abordant des réalités socio-culturelles diverses, ce recueil de nouvelles de 126 pages est paru aux éditions Savanes du continent. Les réalités de l’amour, du mariage, de la jalousie, du destin, de la souffrance, de la tradition, de la modernité et d’autres questions intéressantes ont meublé ces pages.
Dans En attendant le commissaire Kougblénou Volcan, Titigouéti sera obsédé par l’idée selon laquelle son beau-père lui infligera une sanction sévère pour avoir osé souffleter sa fille qui était d’ailleurs enceinte. Yaovi quant à lui, sera l’homme le plus comblé de tout le village suite à la naissance de sa première petite-fille Trésor. C’est dans La Benjamine de Pépé que vous saurez davantage. Le Père Noël existe-t-il vraiment ? Est-ce une illusion ? C’est ce que vous comprendrez dans Mon journal de faim d’année. Pendant ce temps, contre son vouloir, une mère sera obligée de voir son enfant en treillis puisque c’était son destin…….
Et tout ceci dans un style reconnu à l’auteur qui n’est plus à sa première expérience. La nouvelle que j’ai aimée particulièrement d’un amour pointu est la deuxième intitulée Amour pointu, puisque nul n’échappe à l’amour et l’amour donne des ailes et du zèle aussi. L’auteur même le dit à la page 15. Ainsi, épris par l’amour de Serge, Rose, une fille issue d’une famille bourgeoise ne trouvera son bonheur qu’aux côtés de son cher Serge. Cet amour fera qu’elle soutiendra, volontairement et avec l’aide de ses parents, Serge dans les études. Les deux étant finalement prêts pour le mariage, un élément perturbateur fera son irruption. Il s’agit de la tradition selon laquelle Serge devrait épouser une fille choisie par ses ancêtres. Les deux amoureux recevront un grand choque car « plus grand est l’amour, plus violente doit être la déception » (p. 35). Pendant ce temps, la tradition en question avait cédé place en réalité aux volontés humaines, surtout à celle d’un oncle qui avait décidé ainsi pour Serge. La tradition était truquée. Mais comme la vérité finit toujours par apparaître, cette manigance de l’oncle sera déjouée grâce à la sagesse d’un patriarche. Les deux amoureux pourront donc retrouver leur bonheur initial car « l’amour ne se perd jamais » (p. 37) et qu’il faut veiller sur son amour au lieu d’avoir à le surveiller. C’est souvent peine perdue. Quand on commence à surveiller son amour, c’est souvent trop tard pour avoir la main sur lui (p. 28).
En mettant les réalités du mariage à l’ère de la modernité et les contraintes de la tradition sur la balance, l’auteur, sans discréditer la tradition, montre subtilement les écueils que peut contenir la tradition lorsque la sincérité de ses garants est remise en cause. Un appel indirect est donc lancé à ceux-ci.
Vous trouverez par ailleurs dans ce livre, plusieurs noms béninois ou de construction béninoise. Et tout ceci dans nos langues : Assibavi, Titigouéti, Pépélou, Assévinoukoka. Le high level d’humour, la simplicité du style et son accessibilité à tous reconnus à cet auteur sont toujours présents. D’ailleurs, pourquoi vais-je tout dire sur le livre ? Jamais. Prenez ce livre et vous découvrirez les merveilles qu’il vous réserve. Bonne aventure à Jobala Gang.
Kévin HOUNTY