Ce matin, maman est allée me voir dans ma chambre. Elle sait que j’ai en horreur cette vilaine manie de papoter au lever du jour. Quand j’ai entendu taper, je m’étais déjà emportée avant de l’entendre m’appeler par mon petit nom : Désirée. J’ai un faible pour ce nom. Un grand faible. Et quand c’est ma mère qui l’utilise pour m’appeler, je l’aime davantage. Pourtant, je ne voulais pas ouvrir, je ne voulais même pas entendre les toc-tocs répétés qui faisaient geindre ma porte, et dont l’écho se répandait dans ma chambre, m’empêchant de continuer mon sommeil. Comment peut-elle ignorer, M’man, que je suis fatiguée, après une soirée si chargée ? Boissons. Danses. Ripailles. Beuveries. Mais qu’y pouvais-je ? C’était quand même ma mère. Je me suis étirée trois fois, égratignant mes doigts contre le mur. D’ailleurs, il me faut changer de position à ce dernier. Je sortis ouvrir. Un sourire ensoleillé m’accueillit. J’en reçus la décharge jusqu’au plus profond de moi-même. Elle me sourit de toute son âme pour me mettre à l’aise. Je la connais, M’man. Quand elle attend de vous une faveur, elle sait se faire agréable et irrésistible. Je la trouvai plus belle que jamais. Elle ne me laissa pas le temps de lui dire d’entrer. Elle sauta à mon cou, me décocha une chaude bise. Elle me devança et se mit à faire mon lit. J’en profitai pour faire ma toilette matinale. Dès mon retour, quelle surprise ! Ma chambre était rangée. Je vis posé à côté de mon réveil, un bouquet de roses fraîches dont la fragrance emplit ma chambre. Je la respirai à pleins poumons. Je m’en voulus d’avoir hésité à ouvrir à M’man. Je me suis dit intérieurement que c’est de cette façon qu’agit le bonheur. Il vous rend visite à l’improviste. Il n’a besoin que d’une petite fente, un insignifiant interstice pour s’introduire chez vous. Alors, ébahi et interdit, vous le gratifiez d’un sourire ou d’une petite larme d’émotion. Sans m’en rendre compte, je me jetai dans les bras de M’man. Elle me serra contre elle et je sentis son cœur battre très fort, je me sentis revivre. Je n’avais jamais su que l’enfant était toujours là présent en moi, l’enfant gâtée, la « fille à maman » que j’étais, ne m’avait pas quittée d’un pouce. Je me détachai de son étreinte. Nous nous assîmes sur le lit, le dos au mur, les jambes allongées. Chacune avait saisi un coussin. Un rideau de silence s’installa entre nous. Je m’attendais à un sermon de M’man. Je me disais qu’elle était venue me reprocher ma conduite d’hier. Moi-même je me demandais comment j’avais pu quitter la maison à 19h pour n’y retourner qu’au petit matin. Mais contre toute attente, elle soupira profondément et lâcha :
- Alors, Désirée, il y a longtemps que nous tournons autour du pot. Qu’en est-il de cette histoire entre toi et cette Camerounaise? Toute la ville en parle.
- Mais M’man…
- Il n’y aura pas de « mais M’man » aujourd’hui. Dis-moi la vérité. Je sais que tu as toujours été honnête et franche avec moi. C’est vrai que depuis que tu as été la première au Certificat d’Etudes Primaires (CEP), tu as vécu loin de moi. J’aurais voulu te garder près de moi, mais tu devais suivre ton destin. Aujourd’hui, tu as grandi. Tu es majeure. Tu es une femme pleine. Dis-moi ce qui se passe entre vous, toi et ta Camerounaise. La Proviseure du lycée m’a envoyé une note que je me fais le devoir de te lire ici :
« Parakou, le 18 Mai 2017.
A
Madame Grâce Renard
Cotonou
Bénin
Objet : Au sujet votre fille
Chère Madame,
C’est, la mort dans l’âme que je vous envoie cette petite note. Je suis au regret de vous annoncer que votre fille ne peut plus poursuivre ses études dans notre lycée. Le haut conseil de discipline a décidé qu’elle se retire. Peut-être pourra-t-elle s’épanouir ailleurs. En effet, à plusieurs reprises, votre enfant a enfreint le règlement intérieur. Et malgré les nombreuses mises au point et les mesures disciplinaires prises à son endroit, elle n’a pas voulu entendre raison. La dernière infraction est son amour effréné pour une Camerounaise… Elle-même saura vous fournir les détails nécessaires…
Vous verrez dans l’enveloppe contenant cette lettre, ses relevés de notes. Je mesure votre peine. Je sais les nobles ambitions que vous nourrissez pour elle. Mais il est de notre devoir de préserver les autres élèves de la contagion.
En vous souhaitant une bonne réception de ce pli, je vous prie de croire, chère madame, en mes sentiments cordiaux.
Signé,
La Proviseure.
A suivre ….
Destin Mahulolo
Une fille nommée Désirée, africaine sûrement avec un amour pour une camerounaise! Houm!
C’est quoi cette histoire ?
Belle plume quand même Destin.
Relaxe, Monsieur OBOE, la suite ne saurait tarder
belle histoire, la suite serait surprenante j’imagine.
je l’attend avec impatience
Salut, frère Alex, la suite vient sans tarder
pour l’amour d’une camerounaise!!!!!!!!!!!!!!!!!
Eh oui, pour l’amour d’une camerounaise