« L’étranger », Albert Camus

« L’étranger », Albert Camus

FICHE DE LECTURE : L’ETRANGER


Albert Camus, L’ETRANGER, Paris, éditions Gallimard, 1942, 172 pages.
Structure de l’œuvre
Le roman est scindé en deux grandes parties : La première s’étend de la page 09 à la page 88 tandis que la seconde partie s’étend de la page 91 à la page 171. Chacune des deux parties du roman est à son tour subdivisée en 05 chapitres. Dans la première partie, il est question de l’annonce de la mort de madame Meursault. Elle est la mère du personnage principal nommé dans l’œuvre Meursault. Cette première partie du récit relate la vie de Meursault depuis l’annonce du décès de sa maman jusqu’à son arrestation à la plage après le meurtre d’un Arabe.
Dans la seconde partie de l’œuvre, il est essentiellement question de l’incarcération et du jugement de Meursault.
Vie et œuvres de l’auteur
Albert Camus est né le 07 novembre 1913 à Mondovi en Algérie et décède en 1960 suite à un accident de voiture. Philosophe, écrivain romancier, dramaturge, essayiste, il a été aussi journaliste engagé dans les combats moraux de l’après-guerre. L’ensemble de ses œuvres embrassent sa philosophie basée sur l’absurdité et l’irrationalité. Sa bibliographie se présente comme suit :
-1936 : Le temps du mépris
-1937 : L’envers et l’endroit
-1939 : Noces
-1942 : L’étranger
-1942 : Le mythe de Sisyphe
-1944 : Caligula
-1944 : Le malentendu
-1950 : Les justes
-1954 : L’Eté
-1956 : La chute
-1958 : Discours de Suède
-1959 : Les possédés

Résumé de l’œuvre
La trame se déroule à Alger en Algérie et s’articule autour du personnage de Meursault. Il constitue à la fois le narrateur et le personnage principal de l’ouvrage. Appartenant à cette catégorie de personne que l’on pourrait qualifier de « hors pair », Meursault présente des caractéristiques sentimentales et émotionnelles plutôt étranges. Il est exempt de toute sorte d’émotion et néglige des détails importants à l’instar de l’âge de sa mère. Agent d’une entreprise de la place, Meursault ne parvenait plus au fil du temps à subvenir aux besoins de sa mère déjà vieille et esseulée compte tenu de sa condition de vie modeste. Pour remédier à cet état de chose, il prend la décision de la placer dans un hospice de vieillards à Marengo où elle sera en compagnie des personnes de son âge. Cependant, il n’a jamais eu l’occasion de rendre visite à sa mère jusqu’au jour où il reçoit le télégramme : « Mère décédée. Enterrement demain. Sentiments distingués. » Meursault se rend alors à l’hospice où il veille et enterre sa maman. Contre toute attente, ce dernier non seulement refuse de voir la dépouille de sa mère mais aussi ignore son âge. Après l’enterrement, il reprend le cours normal de sa vie avec la présence de marie son amie, de Raymond son colocataire et Céleste chez qui il prend ses repas. Un dimanche, Raymond, Meursault et Marie se rendent chez Masson un ami de Raymond à la plage pour une journée de détente. Après de beaux moments passés à se baigner, à manger et à discuter, Meursault se rend de nouveau sur la berge avec le revolver de Raymond où il commet l’irréparable. Il tue un Arabe qui était en querelle avec Raymond. A cause de ce meurtre, il est emprisonné et condamné à mort.

Etude Thématique de l’œuvre.
L’étranger de Albert Camus est développé autour d’une panoplie de sujets. Cependant le thème principal abordé par l’auteur est la mort.
La mort.
En biologie, ce mot se défini selon le dictionnaire Larousse comme étant l’arrêt définitif des fonctions vitales. Pour certains, elle marque la genèse d’une vie nouvelle dans l’au-delà. Dans l’œuvre, elle a été mentionnée 03 fois.
On l’observe une première fois au début du récit : « Mère décédée Enterrement demain. Sentiments distingués » Page 09. Il s’agit d’une annonce de décès. Une mort que l’on pourrait qualifier de naturelle. Ce thème revient une deuxième fois à la fin de la première partie de l’œuvre : « La gâchette a cédé, j’ai touché le ventre poli de la crosse…alors j’ai tiré encore quatre fois sur un corps inerte où les balles s’enfonçaient sans qu’il y parût. » Page 88. Il s’agit à ce niveau d’un meurtre ; une mort provoquée. Ce même thème est encore abordé à la fin de l’œuvre, dans le dénouement de l’histoire : « Je n’en ai pas eu le temps parce que le président m’a dit dans une forme bizarre que j’aurais la tête tranchée sur une place publique au nom du peuple français. » On se retrouve ici en face d’une sentence prononcée à la cour de justice. Une condamnation à mort, une mort planifiée, prévue à l’avance.
Ces différents aspects de la mort s’observent dans nos sociétés. Albert Camus en abordant ce sujet nous fait montre du déclin de la vie. L’homme nait, vit et meurt. Que cette mort soit naturelle, l’objet d’une sentence ou provoquée, elle est une évidence dans la vie de tout être humain. Elle explique en quelque terme la recherche en vain de sens de l’homme et de la vie. Ce qui rejoint l’idéologie philosophique de Albert Camus qu’est l’absurdité et l’irrationalité.

L’amitié
Elle peut être considérée comme un sentiment qui engage deux personnes l’une vers l’autre sans distinction de sexe. Dans L’étranger, elle explique le lien entre Marie et Meursault ; Meursault et Raymond ; Céleste et Meursault……etc.
Marie, Raymond et Céleste constituent les amis de Meursault. Chez céleste, Meursault a l’habitude de prendre ses repas. « J’ai mangé au restaurant, chez Céleste, comme d’habitude. » page 10.
Raymond quant à lui est le voisin de palier de Meursault. Il a souvent demandé à Meursault d’être son ami : « …et il m’a demandé encore si je voulais être son copain. » page 46. Meursault a l’habitude de discuter avec lui, aussi, se rendent-ils visite par moment. « Mais il me parle souvent et quelques fois il passe un moment chez moi parce que je l’écoute. » page 44.
Entre Marie et Meursault, il existe au-delà de la simple amitié une relation plus ou moins amoureuse. Marie et lui passent de beaux moments ensemble et il leur arrive aussi par moment de faire l’amour. « Quand elle a ri, j’ai eu encore envie d’elle. Page 55.
L’auteur à travers ces liens d’amitié autour du personnage de Meursault met en exergue son importance. L’homme a besoin d’être entouré d’amis, car ces derniers remplissent différentes fonctions dans notre vie et nous sont d’une grande utilité. Ce sont eux qui viennent à notre secours pendant nos moments les plus critiques. Marie illustre cela lorsqu’elle rend visite à Meursault en prison à plusieurs reprises. « J’ai aperçu Marie en face de moi…de mon côté, il y avait une dizaine de détenus… » page 105
Céleste aussi a fait pareil en témoignant en faveur de son ami au procès. « …on a entendu Céleste qui était cité par la défense… » page 130

L’absurdité
L’absurdité désigne le caractère de ce qui est absurde, insensé. Dans l’œuvre, cette expression est revenue plus d’une fois dans les prises de parole de Meursault : « cela ne voulait rien dire » Quand Marie lui a posé la question de savoir s’il l’aimait, sa réponse fut celle-ci : « … un moment après, elle m’a demandé si je l’aimais. Je lui ai répondu que cela ne voulait rien dire… » page 55
Après son arrestation, quand son Avocat lui rend visite pour chercher des arguments pour sa défense, il a répondu à la question concernant l’amour qu’il porte pour sa mère en ces termes : « Sans doute, j’aimais bien maman, mais cela ne voulait rien dire. » page 94.
Cette expression revient maintes fois dans l’œuvre et représente la manière de répondre du personnage. A travers cette réponse plutôt désintéressé que naïve, l’auteur nous montre tout simplement l’aspect absurde de tous les éléments de la vie du protagoniste de son roman : la question du mariage ; celle de l’âge de sa mère ; la question de la foi et même de la mort. Si Meursault ne trouve aucun sens aux éléments qui constituent le cours de notre histoire, cela signifie que la vie toute entière n’a pas de sens et par la même occasion, l’être humain.
Etude de personnages
Meursault : Il est le narrateur et le personnage principal du roman L’étranger. Il est un employé dans une entreprise à Alger. IL passe une partie de sa vie en prison pour avoir assassiné un Arabe.
Madame Meursault : C’est la mère de Meursault. Elle est placée par son fils à l’hospice des vieillards de Marengo jusqu’à sa mort.
Marie : Elle est l’amie de Meursault. Ils ont vécu de beaux moments jusqu’à la condamnation à mort de ce dernier. Notons aussi qu’elle a émis plusieurs fois le désir de l’épouser.
Raymond Sintès : Il est le voisin de palier de Meursault et constitue en même temps son amie. C’est un proxénète qui s’est toujours fait passer pour un magasinier.
Céleste : C’est un proche de Meursault, il gère un restaurant où Meursault a l’habitude de prendre ses repas.
Masson : Il est l’ami de Raymond. Un dimanche, il invite Raymond, Marie et Meursault à la plage où Meursault commis un meurtre.

Apports personnels.
L’étranger est une prose narrative qui s’étend sur de nombreuses pages (172). Il est rédigé dans un style d’oralité et emploie des termes qui sont pour la plupart populaires. La justification du titre de l’œuvre se trouve dans les caractères uniques et prodigieux de Meursault qui est caractérisé par un manque d’amour et de toutes sortes d’émotions, qui juge absolument tout absurde dans un monde où les hommes veulent tout expliquer. Il représente alors un étranger de par ses comportements étranges qui diffèrent de ceux du commun des mortels.
Les thèmes qui y sont développés convergent tous vers l’idéologie selon laquelle tout est absurde et irrationnel. Il s’agit de l’idéologie philosophique de Albert Camus. Le roman L’étranger s’inscrit sur la liste des trois œuvres (L’étranger, Le mythe de Sisyphe et Caligula) que l’auteur appelle « Le cycle de l’absurde », qui décrit les fondements de la philosophie camusienne.
Dans Le mythe de Sisyphe, Camus aborde sous un autre aspect la question de l’absurdité et de l’irrationalité. Il présente la vie non seulement comme un éternel recommencement mais aussi comme un ensemble dépourvu de sens. Cependant, la leçon à retenir à travers cet essai est qu’il ne faut pas abandonner son sort en faisant recours au suicide. Il faut se battre dans la vie afin d’obtenir un meilleur sort.
Dans L’étranger, Camus ne propose pas une solution face au souci d’abandon, il conduit le personnage à une condamnation à mort et met ce dernier dans un état de soulagement. Il présente la mort comme étant une solution aux problèmes de la vie, une réponse parfaite à l’absurde.
Baptista ADJAHLINⁿ

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