« L’histoire rend un peuple grand et immortel » AKPO RICARDO

« L’histoire rend un peuple grand et immortel » AKPO RICARDO

L’histoire rend un peuple grand et immortel.

Elle porte ses joies, ses spleens bleus de pastel.

Quant à l’homme même, elle le rend pur ou sombre,

Selon que fut blanc ou noir son acte sans nombre.

Tout peuple a ses héros qui ont souffert le martyre,

Et que loue après la voix ou la vibrante lyre.

Tout peuple a connu de braves, de cœurs vaillants,

Des âmes bien fortes, de vrais esprits saillants,

Des têtes pensantes, qui ont défendu ses causes,

Et ont rendu fort joyeux ses moments moroses.

Tout peuple garde toujours serein en mémoire,

Ses braves qui après font, le soc de son histoire.

L’homme fait le peuple et le peuple fait l’homme.

Il lui fait tout, le suit jusqu’à son dernier somme.

Le peuple, c’est la fleur. L’homme, le papillon.

Les deux font le matin, et le soir vermillon.

Les deux s’aiment et sèment la joie et paix ensemble.

Devant les entraves, aucun des deux ne tremble.

Ils repoussent l’autan, ils bravent la tempête.

Ils baissent et relèvent tout en chœur la tête.

Le peuple protège l’homme et l’aime s’il a un cœur.

L’homme défend son peuple même au prix de douleur.

Le peuple béninois a connu des héros,

Dont les gestes sur la terre firent des échos.

Le plus noble de ses braves fut un homme doux.

Un homme qui lui fut un guide, un père et époux.

Un homme au grand front pur et au cœur tout tendre.

Un homme qui sut l’aimer et sut le comprendre.

Un homme qui fit son histoire unique et vivante.

Un homme à la verve sincère et séduisante.

Ce fut un homme au doux nom de Mathieu Kérékou.

Lui qui accepta, jeune, de briser le licou,

Qui entrainait le peuple béninois vers l’abime.

Indépendant, le peuple était fort à la cime

De la cacophonie. Tout n’était que désordre.

L’intérêt à la vertu faisait le cou tordre.

Le Pouvoir était le précieux or disputé.

Pour lui, la mort recueillait maint corps muté.

Les durs coups d’état s’amplifiaient qu’en onze ans,

Ô ! le pays connut neuf différents dirigeants.

Mathieu accéda au pouvoir, voulut changer la donne.

Il désirait au pays faire l’image bonne.

Il nomma alors ce temps de : Révolution.

Tout flairait l’odeur du progrès de la nation.

En mille-neuf-cents-soixante-douze, un neuf vent

Soufflait donc sur le pays. L’homme était au cœur souvent

De la drue critique. Il gérait avec rigueur.

Il était craint, mais aussi aimé pour sa vigueur.

C’était un humble, un franc, un homme généreux,

Un grand homme toujours de l’équité soucieux.

Deux ans après, pour un pays fraternel, serein,

Il fit Dahomey République du Bénin.

C’était un homme obnubilé par l’amour.

Il le démontrait assez partout et tout jour.

C’était l’ami vrai des pauvres et des enfants.

Le sauveur des faibles, le secours des mendiants.

L’espoir des orphelins, le chant des démunis.

L’écho des miséreux, de sombres cœurs réunis.

Il se fit proche du peuple et goutât ses peines,

Consola les âmes faibles de douleurs pleines.

Il construisit des écoles, des hôpitaux,

Des stades, de grands ponts, des instituts nouveaux.

Il misa sur l’industrie et l’agriculture.

Il mit en place aussi mainte infrastructure.

Il était fort aimé. Il fit dix-sept années

Au pouvoir. Ces ardeurs ne s’étaient pas fanées.

Mais l’horrible crise étendit ses sombres ailes.

Les émoluments n’étaient du tout point fidèles.

Le peuple souffrait pour la quotidienne pitance.

La faim frappait à une extrême cadence.

C’était une crise économique très forte.

On ne savait donc quel volet ou quelle porte,

Quelle strie, ou encore quel pilastre approcher.

Le pays, triste, semblait à reculons marcher.

Crise voulue par des ‘’tarés d’intellectuels’’

Qui firent des détournements de fonds cruels.

L’homme voulut avoir de l’extérieur de subside.

En vain. Tous le traitèrent d’un veule perfide.

Il était hué et même reçut de crachats

Au visage. Il montra pourtant de doux regards.

On voulait son départ. Déjà les mercenaires,

Lancèrent du coup d’état les flots luminaires

Juste cinq ans après sa prise de pouvoir.

Mais cet homme se montra fort qu’ils n’ont pu l’avoir.

Devant la crise donc, l’homme écouta la nation.

Il accepta son désir pour l’évolution.

Il accorda une conférence nationale.

Toute tête, communale ou régionale,

Toute âme, tout esprit, tout homme et tout cœur,

Fut convié. On voulait au pays une autre couleur.

Les grands exilés pouvaient rentrer au bercail.

L’homme montra qu’il avait l’amour au poitrail.

En dix jours,en mille neuf-cent quatre-vingt-dix,

Corbeaux politiques, Renards, Lions et Perdrix,

Tous firent cénacle pour redonner la joie,

Et couvrir le pays d’un linge d’amour en soie.

Mathieu, animé toujours d’un divin esprit,

Pour avoir été un produit des hommes du Christ

Se para d’une humilité surhumaine

Et proclama : « La décision est souveraine ».

Il mit le pays sur une voie démocratique.

Il laissa le trône, n’eut cure de critique.

Geste qui juste le lendemain fit le tour

De l’Afrique où la paix était dans une tour.

Tant les dirigeants usaient de la tyrannie.

L’acte fut exemple qui, à la cacophonie,

Mit fin. Dans son recès nommé les Filaos

Il resta loin des vacarmes et des chaos.

Il revint encore régner pendant dix ans

Sur le pays qui l’aimait pour ses gestes luisants,

Prouva ainsi comme le dit son bâton magique,

Qui fut son conseiller, son grand ami unique,

Que la branche jamais et jamais ne se casse

Dans les mains du caméléon qui suit sa trace.

Ce fut un homme bon. Il fut sien, du prélat,

Le verbe fort qu’il adressa à maint scélérat.

Il fit tout. Aucun bain de sang n’emporta un homme

Dans ses flots. Il se fit, et la partie et la somme.

Son nom roule d’année en année, avec fierté,

Parce qu’il fut seul pour le pays la vraie clarté.

 

 

 

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