MONSEIGNEUR ANTOINE GANYÉ : Identité et entendement épiscopal…

MONSEIGNEUR ANTOINE GANYÉ : Identité et entendement épiscopal…

(…) s’il n’a pas vécu comme un saint, il n’a pas été non plus un mauvais homme. Il tenait le milieu, voilà tout (…) Page 91

« MONSEIGNEUR ANTOINE GANYÉ Identité et entendement épiscopal », ode d’un homme et d’un Vous! » est un Essai Portrait qui retrace la vie du prélat. Sa vie oui, mais pas telle que vous et moi nous nous attendions à lire dans une biographie. Il ne s’agit pas ici d’un développement de son curriculum vitae où nous aurons le loisir de suivre la courbe existentielle et chronologique du prélat, de sa naissance à sa retraite en passant par les nombreux et divers postes qu’il a occupés. Non, Stephens Akplogan utilise son style et nous emmène en randonnée en suivant une carte qu’il a lui même pris la peine de tracer.
Le livre comporte trois parties et s’étend sur 209 pages, parfois limpides, parfois sinueuses, qui oscillent entre exaltation et hommage. Dans cette œuvre biographique, Stephens AKPLOGAN commence la présentation de Monseigneur Antoine Ganyé par son ordination presbytérale le 4 janvier 1969. Et alors que l’on s’attend à lire dès lors une suite cohérente de ce qu’a été son parcours, l’auteur nous impose encore sa fameuse carte.
Dans la première partie de son ouvrage, il nous traîne sur les routes, ou nous zigzaguons entre le personnage et sa vie de serviteur du Christ. Comme un maître servant comme appéritif, un bon vin à ses invités, Stephens Akplogan nous donne à lire des facettes, des témoignages et des réflexions sur le personnage. Il en fait, en réalité, une loupe à travers laquelle l’auteur découvre par lui-même, dans la deuxième partie, qui est ce prélat vif et intrépide.
La deuxième partie, pour moi, restera exaltante. En effet on y découvre Monseigneur Antoine Ganyé dépourvu de ses attributs de prélat, d’homme de Dieu. On nous présente ici l’homme, le simple. S’enchaînent des témoignages, mais aussi des souvenirs, des pans de discours. Et alors s’égrène devant nous un chapelet d’identité, de qualités d’un homme. Tour à tour on apprend à le connaitre, on chemine avec « Le passeur« . C’était un passeur de savoir et, en cela, il fut particulièrement attentif sur le sort de ses « petits » […] Tout ce qui devait concourir à leur épanouissement intégral ne « lui était pas indifférent » qu’il s’agisse des travaux intellectuels ou de la formation du corps par les travaux de champs. Par le fer et la charrue, il les mena, faisant d’eux des hommes capables et des prêtres heureux. » (Page 84-85)
On tend la main au « Père de famille« . Maintenant, s’il y a des pères parmi vous, des pères qui ont pour bonheur de se promener le dimanche en tenant dans leur bonne main robuste la petite main de leur enfant, que chacun de ces pères se figure que cet enfant-là est le sien. Monseigneur Antoine Ganyé a réussi à tenir la main de quelques prêtres et laïcs pour les enfanter autrement à ce lien de famille dont rêve tant de gens. Page 58
Et on suit le « Citoyen » conscient de son devoir de citoyen. Mais au-delà, Stephens Akplogan, ne nous présente pas le personnage sans ses défauts. Qu’est ce que l’homme sans ses traits de caractères, ses défauts, ses qualités. « L’homme est vif avec des réparties vives.»  » Antoine Ganyé est un sympathique personnage. Simple et originale à sa façon. Je me souviens du jour où j’ai débarqué chez lui, un midi à Sainte Rita, suite à l’annonce de l’ordination épiscopale de l’Abbé Pierre Seshie, un de nos promotionnaires.
– Oloudé, tu as déjeuné ? s’enquit-il
– Ce n’est pas là le plus important
– Et c’est quoi le plus important ? Enchaîna-t-il en ricanant.
Il savait déjà ce qui m’a amené vers lui.
– Quelles sont les dispositions pratiques que nous pouvons prendre pour apporter notre soutien à notre confrère Pierre ?
– Qui va même nous voir parmi cette foule de gens intéressants ? répondit-il toujours avec son rire bruyant.
– Et quel livre peut-on acheter et lui offrir pour lui témoigner notre soutien dans sa nouvelle charge ?
– Oloudé, les évêques ont déjà tout lu, quel livre encore pour quelqu’un qui aurait tout lu déjà ?
– Ton tour viendra ! « 

Oui, dans cette 2ème partie de l’œuvre qui restera ma préférée, on ne lit pas, on découvre juste Antoine Ganyé, tel qu’il est.
Et enfin, viendra se délier devant nous notre dernier passage, la 3ème partie de notre œuvre, pour clore notre randonnée. Et là, la loupe n’aura plus son utilité, puisque nous sommes enfin dans le moule de notre texte, impatients, mordus, prêts encore à en savoir davantage sur ce personnage. Si déjà à l’entame, ma lecture fut un débordement de curiosité, d’émotion, de respect et de joie, je fus particulièrement émue de la page 141 à la page 149 où dans un récit simple, Stephens Akplogan nous fait revivre un événement unique, dont je vous laisse lire la fin: « Le Président de la Célébration » le fit asseoir sur son siège et le voilà évêque du diocèse de Dassa-Zoumé. C’est une métonymie. Une partie pour le tout.
L’intérêt de ce livre, c’est de s’y plonger soi-même pour vivre les vives émotions que charrie cette 3ème partie qui nous présente le prêtre, l’Evêque et l’Archevêque. On le voit évoluer dans tous ses rôles, assumant ses honneurs, ses devoirs et ses prises de position :  » (…) ma préoccupation est de voir unis les fils et filles du Diocèse de Dassa-Zoumé, quelle que soit leur appartenance ethnique ou religieuse. Tout n’est pas négatif. Nous nous attelons tous à cette tâche. Mais d’énormes efforts restent à faire en vue d’une communion réelle. Cette communion importe beaucoup pour que chaque ethnie ne devienne pas un ghetto dans le Diocèse mais s’ouvre sur les autres pour que nos relations et nos partages soient plus vrais et plus profitables à tous et à chacun.  »
Au fur et à mesure qu’on avance dans l’œuvre, on voit se délier progressivement tous les nœuds que Stephens Akplogan nouait dans la 1ere partie de l’œuvre. On prend acte des actions, des vérités, des combats, des sentiments de Monseigneur Antoine Ganyé : « Là où s’organise la dépossession de Dieu, Antoine Ganyé retrousse les manches et engage la riposte« .
J’avais commencé, sans savoir, la lecture d’un ouvrage qui allait me traîner sur une pente vertigineuse faite de questions, de découverte d’un personnage symbolique, mais aussi de curiosité et d’émotions. Ma première lecture de la Biographie « MONSEIGNEUR ANTOINE GANYÉ : Identité et entendement épiscopal » fut tellement bouleversante que, arrivée à une partie que je ne saurai dire, j’eus envie de refermer le livre. Je ressentais un besoin pressant d’appeler Stephens Akplogan, mais je résistai sur le coup… Une trentaine de minutes plus tard, je le contactai : « Tu sais, ce livre tu l’as encore parsemé de toi, de ton style, de ton language. Et pourtant il ne devrait pas s’agir de ça ici. Mais de nous laisser découvrir le personnage pas avec ton style mais avec tes yeux. Là, j’avoue que tu nous en rends la lecture bien compliquée ! » Et lui de me répondre : « Tu vas y arriver« .
Oui, j’y suis arrivée et quand j’en ai terminé avec ma troisième lecture, j’ai bien voulu rêver qu’un jour, j’aurais la chance de le voir de près ou de l’entendre de près, ce personnage iconique que je me tuais à découvrir, à lire, à apercevoir à travers les 209 pages de cette biographie.
Je veux parler de ce « serviteur qui n’a pas rêvé mieux que de servir, se contentant du peu. Qui donc peut se cacher en Antoine Ganyé ?« 

Annette Bonou

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