Myrtille A. HAHO: « Publier un roman est une expérience unique ».

Myrtille A. HAHO: « Publier un roman est une expérience unique ».

Bonjour chers amis de Biscottes littéraires. Vous êtes désormais habitués à un nom dans la sphère de la littérature féminine béninoise. Dans son parcours, elle a publié plusieurs genres littéraires à travers des thématiques actuelles et poignantes de notre société. Sa plume d’une truculence rare retient toujours l’attention et apporte de la culture à son lecteur. Après avoir publié en 2016, son premier recueil de poèmes « Escalades », en 2017 elle enchaîne avec un autre recueil de poèmes intitulé « Comme un funambule ». Puis en 2022, elle publie « KIDAL » qui est un recueil de nouvelles.

Aujourd’hui, Biscottes littéraires reçoit avec tous les honneurs Myrtille Akofa HAHO qui vient de publier en Juillet 2024 son roman « Pique-assiette » paru aux Éditions Savanes du Continent.

BL : Myrtille Akofa HAHO, c’est un honneur pour nous à Biscottes littéraires de vous retrouver pour votre nouvelle parution. Deux ans après « Kidal, », « Pique-assiette », qui est d’ailleurs votre premier roman sort. Qu’est-ce que ça fait de publier un roman ?

MH : Publier un roman est une expérience unique. C’est un exercice de longue haleine qui requiert concentration et créativité comme tous les autres genres d’ailleurs. La manière de mener le récit du début jusqu’à la fin est une autre forme d’art. C’est exaltant de travailler assidûment tout en espérant combler les attentes du public.

BL : Vous aviez démarré l’écriture avec de la poésie. Se sont ensuivis un recueil de nouvelle et maintenant un roman. Quelle est la nature du pont que l’on peut établir entre la poésie et la fiction chez une auteure qui est comptable de formation et de métier ?

MH: Le pont qu’on peut établir réside dans le fait de toujours tendre vers l’excellence dans les domaines qu’on a choisis. Il n’y a pas eu dans ce parcours de « petites » difficultés ou de découragement quand survenaient les moments de doutes et de remise en cause. Et comme la destinée rattrape toujours, nous agissons selon ce qui est écrit dans notre destinée. J’exerce mon métier de comptable sans jamais oublier ou m’éloigner de mon autre métier d’écrivain

BL : A quoi sert la fiction quand on sait que la vie, c’est la réalité, le concret et le palpable ?

MH: La fiction s’inspire de la réalité où se mêle l’imagination. La vie, c’est aussi savoir s’évader, rêver pour mieux appréhender sa propre réalité à soi. C’est là qu’intervient la fiction pour que l’humain ne cesse jamais de croire au bonheur et connaître son congénère. La fiction et la réalité sont intimement liées beaucoup plus qu’on le pense.

BL : « Pique-assiette » fait la part belle à une relecture du totalitarisme et du crime au sommet de certains Etats africains. Doit-on y voir une trahison des ambitions et des espoirs des Africains au lendemain des indépendances ?

MH: C’est un secret de polichinelle puisque chaque africain a eu le temps, au fil des décennies, de faire le bilan chacun à son niveau. Le but est de mettre le doigt sur cette forme de gestion de nos cités en espérant que les choses s’améliorent. Tant qu’il a à faire, c’est que rien n’est encore fait. Et tout est à faire après les indépendances.

BL : Si le peuple est symbolisé par l’assiette que piquent les pouvoirs dictatoriaux, comment expliquez-vous que ces pouvoirs exercés par des hommes et des femmes issus du peuple en arrivent-ils à opprimer ce même peuple et à le piquer indéfiniment ?

MH: C’est le propre des êtres humains de jouer du pouvoir pour asseoir l’hégémonie sur son monde. Le pouvoir est enivrant et en bon prédateur, on se souvient à peine de ceux qui nous font accéder à ce niveau. Le mentionner clairement dans de la fiction montre au lecteur qu’il n’est pas seul à vivre cela.

BL : Aborder la thématique des dérives autoritaires, c’est aussi se positionner et prendre parti. A quoi estimez-vous que la dénonciation comme ligne de crête de votre roman vous engage ?

MH: Encore une fois, la fiction dénonce des faits mais ne va pas en guerre. C’est une forme de solidarité par rapport à la douleur humaine sans pourtant inciter à la haine. On ne va pas écrire dans de l’eau de rose uniquement quand on sait que tout n’est pas rose. J’écris pour laisser des traces, pour qu’un jour l’histoire retienne qu’en 2024, la gestion de la cité était un peu comme ceci teinté d’imagination et de créativité.

BL : L’une des grandes surprises de Pique-assiette, c’est la cohabitation de la dénonciation des abus de pouvoir et cette grande réflexion sur Dieu. Comment percevez-vous que Dieu et la politique puissent faire bon ménage ?

MH: La politique c’est la gestion de la cité par nous tous. Chaque citoyen a une conscience et s’il croit en l’existence d’un être suprême, il va se retourner vers cet être suprême qu’est Dieu pour aimer son prochain comme lui-même. Sans être dans les bondieuseries, Dieu inspire et aide très souvent dans la gestion de la cité et par ricochet dans la politique.

BL : Vous vous êtes aussi penchée sur la conscience humaine. Vous y avez consacré une profonde réflexion. Quand on est comptable de formation, que de par le métier on peut se faire une certaine idée de l’argent et de la richesse et qu’on a exploré la poésie, à quoi la conscience humaine se résume-t-elle finalement ?

MH: La conscience humaine est la base de toute réflexion. On peut être happé par son métier, par ses influences, par les coups de la vie sans s’éloigner de ses convictions. La conviction est personnelle autant que la conscience. Je crois que tout est lié et le reconnaître est un guide pour le chemin qu’on aura choisi.

BL : Dans votre recueil de nouvelles « Kidal », la réflexion sur la politique était déjà présente. Elle s’intensifie dans « Pique-assiette ». De par ce lien thématique que l’on peut établir, sans trop forcer, peut-on dire que « Pique-assiette » est un prolongement de « Kidal » ?

BL: Non. Pique-assiette n’est pas un prolongement ni une suite de Kidal parce que l’écriture de Pique-assiette a commencé banalement il y a plus d’une décennie. Ce n’est que fortuitement que Kidal a eu à parler de certaines thématiques présentes dans Pique-assiette. Et puis, c’est la même auteure que je suis qui ai écrit ces deux ouvrages. Donc qu’on le veuille ou non, c’est normal qu’on y voit ma signature.

BL : L’univers stylistique de « Pique-assiette » est tout autre. Il est bigarré et se veut le point de convergences de plusieurs sensibilités artistiques. Le choix du style n’est jamais un hasard. Comment en êtes-vous arrivée là et pourquoi mettre un tel style multicolore au service de la dénonciation des dérives autoritaires ?

MH: L’ inspiration a beaucoup aidé à cela. Mes influences, observations et parcours ont aussi contribué à donner cette connotation bigarrée sur ce que vous reconnaissez aujourd’hui à travers Pique-assiette.

BL : Ceci relance la question des rôles attribués aux divers personnages. Le personnage « Pique-assiette » est présenté comme un héros mais s’entoure d’autres personnes non moins charismatiques et importants. Pourquoi ce choix de faire de la plupart des personnages, des personnages avec des rôles importants ?

MH: Je crois que c’est une autre appréhension de l’écriture qui voudrait que les personnages tout autant qu’ils sont soient importants dans la machine fictionnelle de cette œuvre. Que chacun ne se voit pas secondaire mais tout aussi principal pour que les scènes décrites gardent leur souffle.

BL : Qu’attendez-vous des lecteurs qui tiennent en main votre tout premier roman « Pique-assiette » ?

BL: J’attends des lecteurs une grande générosité de cœur, un bon accueil à Pique-assiette pour que ce roman reste dans nos mémoires et ne nous quitte jamais. Il ne sera pas le seul mais il ouvrira la porte à d’autres publications littéraires grâce au public de chez moi.

BL : Êtes-vous prête à une collaboration pour une adaptation de Pique-assiette au cinéma ?

MH: Oui bien sûr. J’ai écrit ce roman certes mais il devient la propriété de nous tous, hommes et femmes. Dès que les termes d’adaptation sont clairs, c’est avec plaisir je collaborerai avec un cinéaste ou un réalisateur de films pour que Pique-assiette crève l’écran.

BL : Quel sera votre mot de fin pour cet entretien ?

MH: J’ai une profonde gratitude envers tous ceux qui me soutiennent constamment. Merci beaucoup car vous avez l’accueil facile et les mains ouverts, vous acceptez ce que nous vous proposons. Que Dieu vous bénisse tous !

2 comments

Pique-assiette est une production littéraire qui montre la polyvalence de Myrtille Akofa HAHO. On ne peut lui souhaiter encore plus d’inspirations pour le plaisir des amoureux de la littérature.

Merci monsieur pour votre commentaire. Force et élévation à nous !

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