« Mon souhait est d’ouvrir des centres de lectures pour enfants et adultes et de créer un PRIX de Littérature au Gabon.«
BL : Bonjour Monsieur Hamed. Plus qu’un honneur, c’est une véritable joie de vous recevoir sur notre blog. Comment allez-vous?
NM : Je me porte un peu bien, car mon pouls bat aux rythmes de mon continent, victime de multiples maux. « Rire »
BL : Et si vous vous présentez à nos chers amis lecteurs?
NM : Je suis Nze Mohamed Bah, écrivain poète gabonais auteur de « Miroir d’un Coeur » et « Les larmes du ciel« , de père Peul de la Guinée-Conakry et de mère Gabonaise Fang. Je suis le cinquième fils d’une famille de dix enfants. J’obtiens mon Bac et mon BTS en R.H au Gabon. Aujourd’hui je suis dans l’armée gabonaise.
BL : vous êtes graphiste de formation. Comment le passage à la littérature s’est-il opéré?
NM : C’est une longue histoire. En observant l’horizon et les réalités de mon Afrique, et en tant que Militaire, je me suis dit que je dois jouer ma part de conscientisation envers mes frères d’armes. Pour beaucoup, nous ne sommes que des hommes sans coeur ni larmes. Ils oublient que nous sommes des pères et maris aussi. Alors la plume a été mon moyen de toucher des coeurs et suis j’en suis fier.
BL : Hormis Charline Efa et récemment Rosny Lesage Souage, on entend pas trop parler de la Littérature Gabonaise sur le continent?
NM : La littérature gabonaise est dans l’ombre, car nos politiques ne portent pas un regard sur nos œuvres. J’ai la conviction qu’un jour, les choses changeront
BL : Être écrivain au Gabon de Omar Bongo et de Ali Bongo, qu’est-ce que cela peut-il signifier et à qui cela peut-il engager?
NM : Être écrivain au Gabon ? Cela signifie que tu as de la détermination et de la volonté, car écrire n’a jamais été chose facile au Gabon et en Afrique en général. Cela engage l’écrivain dans le rôle qu’il veut jouer dans le pays puisque nos écrits montrent notre engagement dans la société.
BL : Nous abordons là, la question de l’engagement de l’écrivain. C’est qui un écrivain engagé selon-vous?
NM : Un écrivain engagé est celui qui fait une prise de position dans la société par son engagement face aux maux de la société. Et non celui qui passe son temps à insulter le monde.
BL : Pensez-vous que les écrivains gabonais aient suffisamment épousé cette conception de l’Écrivain depuis les indépendance jusqu’à nos jours?
NM : Pour ma part je dis oui, car en 1970 M. Ndouna Depenaud, écrivain poète Gabonais avait déjà ouvert cette porte de par ces écrits. Dans les années 1990, nous avons vu les femmes écrire; Mmes Honorine Ngou, Justine Tsame, Chantal Magali qui ont su exprimer leurs prise de position. Aujourd’hui une nouvelle génération d’écrivains a vu le jour encore qui montre les réalités de leurs engagements dans le pays.
BL : En tant que poète, de quelle école vous réclamez- vous?
NM : J’étais influencé par les poètes de la Négritude car la liberté a toujours été leurs visions : Léopold Sédar Senghor a été influent pour moi.
BL : Vous avez à votre actif deux recueils de poèmes « les larmes du ciel » et « Miroir d’un Coeur ». Quelle est la genèse de ces deux recueils ?
NM : C’est un appel fait à nos hommes politiques, aux hommes en uniformes. L’Afrique n’est pas leur patrimoine ou un théâtre de batailles alors qu’ils fassent une prise de conscience. Le Pardon, l’Amour et le Partage doivent nous habiter.
BL : Quels liens y’a-t-il entre votre recueils » les larmes du ciel » et » les larmes du ciel » un court-métrage réalisé par Martial Carre?
NM : J’ai été très ému de suivre cette vidéo, j’ai pu trouver la soif de la liberté, un combat face à l’oppresseur allemand.
BL : Qu’est-ce que votre recueil » Miroir d’un Coeur » doit-il à « Miroir d’un Coeur » de Ravivi Lucienne?
NM : Rien du tout, j’ai juste trouvé que le thème est identique à nos deux textes » la vérité et la tristesse » et j’ai vraiment été ravi de découvrir cela.
BL : Le poème » Cantique d’Afrique » nous intéresse à plus d’un titre. On y lit la tristesse du poète, ses doutes et sa défection ?
NM : Cantique d’Afrique, un texte poignant car l’Afrique est un continent d’espoir. Seule notre prise de conscience nous sera importante, c’est une prière pour mon peuple à Dieu.
BL : vous- vous réclamez farouche défenseur de la démocratie et réclamez aussi le développement pour votre peuple. La Démocratie sous les tropiques, est-elle compatible avec le développement ?
NM : Oui, je réclame tout cela haut et fort. Je me considère comme la voix des opprimés et des offensés. L’Afrique a des hommes qui sont fiers. La Démocratie sous les tropiques est en train d’écrire une page nouvelle, pas avec les armes, mais avec nos plumes.
BL : Dans vos poèmes, on vous voit davantage préoccupé par le rôle que peuvent et doivent jouer les religions dans la promotion et la sauvegarde de la paix.
NM : La religion est un point culminant dans nos sociétés car les hommes religieux ont une influence et sont écoutés par le peuple et les politiques. En 2016, pendant la période poste électorale, j’ai pu observer le charisme et la sagesse dont ils ont fait preuve. Que tu sois chrétien, musulman, bouddhistes …, la paix et l’amour sont toujours la prédilection de toutes les religions.
BL : Avec » Apporter- moi vos larmes! » on voit le poète dans la peau de Dieu s’adressant à son peuple à travers le prophète Isaïe « Venez et plaidons! dit l’éternel. Si vos péchés sont comme le cramoisi, ils deviendront blancs comme la neige, s’ils sont rouges comme la pourpre, ils deviendront comme la laine ( Is 1;18), une prétention du poète qui se prend pour Dieu ou l’expression de la foi?
NM : Ce n’est pas mon intention de me prétendre d’être Dieu, je ne suis qu’un simple mortel. J’apporte un soulagement dans le coeur de mon peuple qui a perdu confiance et enterré tout espoir.
BL : L’Afrique, la France et Khadafi qu’en pensez-vous?
NM : Je suis confiant que l’Afrique est la terre d’espoir. Je demande aux Africains et aux Libyens de pardonner à ce peuple qui a écrit Liberté – Égalité -Fraternité sur leurs frontons car ils sont victimes de leurs ignorances. Et que nous Africains espérons voir un jour, c’est que nos Chefs d’Etats poursuivent ces hommes à la cour pénal international
BL : Qu’est- ce- que votre langue maternelle apporte à vos productions poétiques?
NM : Elle apporte une saveur exotique à mes textes car je montre mon appartenance à une communauté et fais en sorte que l’on puisse apprendre quelques mots du Fang à travers le monde. J’apporte un peu de l’Afrique vers l’occident.
BL : Hamed Nze, un coeur à prendre?
NM : Hamed Nze est un coeur conquis et épris d’amour par une belle Africaine Bantou. Rire. Mon plus grand regret est que notre Afrique est une symphonie de musique de tristesse et une pièce de comédie que jouent nos hommes politiques ; alors que nous avons une terre de bonheur.
BL : Si vous déteniez une baguette magique, quel secteur toucherait-elle en prémier?
NM : Ma baguette toucherait le secteur de l’éducation en premier lieu au Gabon car une génération sans instruction est une nation morte et le manque d’instruction de mon peuple est une épine pour sa marche vers son émergence. Mon souhait est d’ouvrir des centres de lectures pour enfants et adultes et de créer un PRIX de Littérature au Gabon.
BL : Votre mots de la fin?
NM : Mes oeuvres sont en vente à la « Maison Gabonaise du Livre« , a « l’ Union des Ecrivains Gabonais «
-Tel : 00241 06246121
00241 06244882.
Je remercie toute l’équipe et garde espoir que l’Afrique sera un havre de paix.
Salam mou aley khum.
Merci champion pour ces mots magiques. Merci à Biscottes Littéraires.