Plusieurs cultures ont des façons particulières de célébrer l’amour et le fêter. Mais, le jour de la Saint-Valentin, le 14 février, est considéré dans de nombreux pays comme la fête moderne des amoureux et de l’amitié. C’est le cas du Bénin où la Saint-Valentin est l’une des occasions les plus attendues, surtout par les jeunes. Ainsi, cette fête suscite beaucoup d’intérêts divers. Elle donne libre cours à l’amour autant qu’elle fait accroître les revenus des hommes d’affaires, entrepreneurs et commerçants de tout genre.
Mais que fêtons-nous en réalité ? L’amour à la façon de Saint-Valentin ou l’occasion que nous offre Saint-Valentin d’exprimer l’amour à notre façon ?
La Saint-Valentin aujourd’hui, occasion de dérives diverses
Dès que le 14 février s’annonce, tout le monde se mobilise pour lui donner l’éclat le plus sensationnel afin que ce jour soit une occasion exceptionnelle d’extase. C’est le moment idéal pour les déclarations, déclamations, acclamations, proclamations, expressions, impressions et même pressions d’amour. Les couples, qu’ils soient formels ou informels, clandestins ou rendus public, conjoncturels ou normaux, … tous les amoureux donc, profitent « légitimement » de cette occasion pour échanger des mots doux, des paroles valorisantes, des cadeaux, des moments de qualité, comme preuves et langages d’amour.
La satisfaction de ces besoins circonstanciels devenus indispensables et même vitaux pour ceux qui s’en sont faits esclaves, est une opportunité rêvée d’affaires pour les annonceurs, commerçants, promoteurs de boîtes de nuit ou d’hôtel, … qui, alors, rivalisent d’ingéniosité pour proposer toute sorte de biens et services aux amoureux.
Une fois servis, les amoureux offrent un festival d’expressions, de manifestations et d’actes indescriptibles où les langages d’amour utilisés échappent aux éducateurs et spécialistes du sujet. Des euphories aux déraillements, la morale de l’amour, en général, fait vite de disparaître totalement, puisqu’il n’en existait que quelques traces.
Si les dégâts se limitaient à ce jour seulement, les meubles peuvent être sauvés. Mais le mal est que tout cela conduit à n’enseigner de l’amour que les désirs charnels et toutes stratégies et manies pour les satisfaire… Et pourtant, aussi lugubre que puisse être cette célébration, elle est faite sous le nom d’un Saint.
Genèse de la Saint-Valentin
Les lupercales
L’association du milieu du mois de février avec l’amour et la fertilité date de l’antiquité. Dans le calendrier de l’Athènes antique, la période de mi-janvier à mi-février était le mois de Gamélion, consacré au mariage sacré de Zeus et de Héra. Dans la Rome antique, le jour du 15 février était nommé les lupercales ou festival de Lupercus, le dieu de la fertilité, que l’on représente vêtu de peaux de chèvre. Les prêtres de Lupercus sacrifiaient des chèvres au dieu et, après avoir bu du vin, ils couraient dans les rues de Rome à moitié nus et touchaient les passants en tenant des morceaux de peau de chèvre à la main. Les jeunes femmes s’approchaient volontiers, car être touchée ainsi était censé rendre fertile et faciliter l’accouchement. Cette solennité païenne honorait Junon, déesse romaine des femmes et du mariage, ainsi que Pan, le dieu de la nature.
La Saint-Valentin
Saint Valentin désigne plusieurs saints chrétiens (Selon l’encyclopédie catholique de 1908). Mais le Saint-Valentin commémoré est bien Valentin de Terni (le Terni moderne). Il est encore appelé Valentin de Campanie ou Valentin 1er , prêtre martyr, il aurait été évêque de Terni. Cette fête a été fixée le 14 février par décret du Pape Gélase 1er, aux alentours de 498. C’est à cette date qu’il a été mentionné dans les premiers martyrologes.
Mais il faut dire qu’il est difficile de faire un rapprochement entre la Saint-Valentin et l’amour courtois. Ce n’est d’ailleurs mentionné dans aucune histoire ancienne et est considéré par des historiens comme une légende. Si l’on doit faire allusion à un Saint Valentin en célébrant l’amour, il s’agit généralement de Valentin de Terni. Et que retient-on de ce Valentin ?
Valentin a été cet évêque qui, dans la Rome antique en proie aux idoles et sous le règne de l’empereur Claude II, prônait sans s’en cacher l’adoration d’un seul Dieu, le Créateur du ciel et de la terre qui a envoyé Jésus-Christ son Fils unique pour nous sauver. En plus, pendant que l’empereur Claude II estimait que le mariage empêchait les hommes de se rendre disponibles pour l’armée, Valentin a préféré obéir et défendre les lois de l’amour telles que prescrites par Dieu. Il prônait l’éthique de l’amour et célébrait clandestinement des mariages. Tout ceci l’a fait souffrir le martyre dans la deuxième moitié du IIIe siècle. Après plusieurs interpellations, la prison et diverses formes de tortures, il a été finalement décapité le 14 février 268 et enterré sur la Via Flaminia.
Ainsi, pour sa part, l’Eglise fête la Saint-Valentin pour invoquer ce martyr dont on retient qu’il a été protecteur des couples et défenseur de l’amour, le vrai.
Pourtant, le jour de la Saint-Valentin a longtemps continué à être célébré comme étant la fête des célibataires et non des couples. Le jour de la fête, les jeunes filles célibataires se dispersaient aux alentours de leur village et se cachaient en attendant que les jeunes garçons célibataires les trouvent (définition des lupercales). À l’issue de ce cache-cache géant, les couples formés étaient parfois amenés à se marier dans l’année. Mais cette pratique laissait surtout libre cours à beaucoup de tricheries de la part de couples officieux ainsi que des hommes qui visaient une jeune fille en particulier et notamment « la plus belle du village », très courtisée. Ce qui faisait perdurer les lupercales, au point de vue de la morale de l’amour.
Symbole de l’éthique de l’amour malgré tout
La première mention du jour de la Saint-Valentin avec une connotation amoureuse remonte au XIVe siècle en Angleterre, où l’on croyait que le 14 février était le jour où les oiseaux s’accouplaient (lire entre autres « La Dame à la licorne »). Il était courant durant cette période que les amoureux échangeassent des billets et qu’ils s’appellent chacun leur Valentin. Il est probable que nombre de légendes sur la Saint-Valentin aient été inventées pendant cette période. Parmi ces légendes, on trouve celles-ci :
- La veille du martyre de Saint Valentin, il a glissé une feuille en forme de cœur (un « valentin ») à la fille adoptive de Astérius (le juge qui avait son dossier en charge) qu’il aurait guérie de la cécité avant d’en tomber par la suite amoureux. La fille aurait lu sur la feuille « de la part de ton Valentin ».
C’est probablement l’origine de l’échange mutuel de « billets doux » ou de valentins illustrés de symboles tels qu’un cœur ou un Cupidon ailé, qui s’est développé au XIXe siècle. Aujourd’hui, c’est l’échange de cartes de vœux. On estime que plus d’un milliard de ces cartes sont expédiées chaque année à l’occasion de la Saint-Valentin, record battu seulement par le nombre de cartes échangées lors des fêtes de Noël et nouvel an.
- Pendant une période d’interdiction de mariage des soldats romains par l’empereur Claude II, Saint Valentin arrangeait secrètement les mariages. Dans la plupart des versions de cette légende, le 14 février est la date liée à son martyre.
Que ces légendes soient vérifiées ou non, le jour de commémoration de l’amour porte le nom d’un Saint qui a porté le flambeau de l’éthique de l’amour.
Alors à chacun de choisir : lupercales ou Saint-Valentin ?
De toute l’histoire ci-dessus visitée, je nous propose de tout oublier pour ne retenir que deux choses essentielles :
- Les lupercales (15 février) que rappelle plus ou moins le 14 février se rapporte à la culture du célibat sur fond de débauche et autres formes d’immoralités, parlant de l’amour ;
- La Saint-Valentin nous suggère d’invoquer Saint Valentin de Terni et de méditer sur la vertu qu’il a défendue en tant que martyr des lois imprescriptibles, inscrites dans les cœurs par Dieu sur l’amour.
Dans l’espoir que nous sommes désormais mieux avertis, faisons donc le choix. Oui, par essence, l’Homme a la liberté de choisir, même si je pense parfois que Dieu devrait regretter de lui avoir donné cette grâce.
Mais je ne peux rien, et peut-être Dieu non plus ne peut plus rien, … vous êtes libres de commémorer les lupercales ou Saint Valentin.
C’est donc à vous de conclure, mais de grâce, ne faites pas les lupercales sous le nom de Saint Valentin. Il a assez souffert de son vivant pour lui faire encore couler des larmes du haut des cieux.
Aimer suffit à tout !
Pour plus d’information Biblio :
- Rodrigue GBEDJINOU (Prêtre de l’Archidiocèse de Cotonou), 2010 : Et si on parlait un peu d’amour, lettre aux amoureux ;
- Internet :
Document enrichissant. Merci BL pour le parcours
Merci chère Myrtille Akofa HAHO. Tant qu’il y aura à lire, il y aura la vie
merci pour ce bel exposé.
Merci frère. On s’est régalé avec Cyro et Cyra