C’est parce que l’être humain est insondable et que l’immensité de son intelligence ne saurait être contenu par le monde vivant que l’écriture est née.
Pieds à l’étrier et début du trajet
C’est parce que l’être humain est insondable et que l’immensité de son intelligence ne saurait être contenu par le monde vivant que l’écriture est née. Cette pensée m’a été suggérée après la relecture de Xà nũ xā mì, huit mois après sa sortie officielle. Un recueil de nouvelles de 175 pages paru en Novembre 2023. À la genèse de cette parution était le blog littéraire béninois Biscottes Littéraires (www.biscotteslitteraires.com) où sept jeunes avaient décidé de se réunir le 1er Août 2017 pour partager leur passion pour la littérature avec le monde entier et surtout la jeunesse actuelle. Nous avions publié (et nous continuons de le faire) des chroniques sur des livres de tous les genres africains et surtout béninois, des nouvelles issues des sept différentes plumes qui meublaient le blog, des contes, des poèmes, des « lu pour vous » etc. Nous avions tous une grande passion pour l’écriture et la littérature. Mais le fait de gérer et d’animer un blog littéraire dans le paysage littéraire béninois était une vraie gageure qui nous mettait immédiatement au travail. L’excellence était notre leitmotiv car nous avons toujours voulu proposer du contenu agréable et exclusif à nos abonnés. Puis l’idée de faire une parution physique de sept nouvelles que nous avions déjà publiées sur le blog a commencé par germer car nos lecteurs la réclamaient expressément. Adébayo Ifèdoun Adjaho, Amoni Bachola, Destin Akpo, Fabroni Bill Yoclounon, Kouassi Claude Oboé, Myrtille Akofa HAHO et Théodore Gildas Zinkpè ont décidé alors de faire paraitre dans le premier tome sept histoires, sept textes, sept nouvelles croustillantes issues des publications de Biscottes littéraires qu’ils ont fait eux-mêmes. Xà nũ xā mì naît avec pour mission être le pont intemporel entre les lecteurs et nous.
De ces réalités racontées grâce à l’envie de s’écrire.
La première nouvelle qui prend corps et annonce les succulentes autres à venir a pour titre « Ordre de mission » écrite par Myrtille Akofa HAHO. Il est question d’un couple vivant l’amour parfait sur un nid de mensonges et de roublardises. Il n’a pas fallu longtemps pour que les masques tombent et que la douleur s’empare de la narratrice de cette histoire. Si l’on est très attentif, chaque scène de cette nouvelle défile dans le subconscient du lecteur et lui offre un film où il s’évade pour son propre bien-être. La mort du fils de ce couple a été l’élément déclencheur de la traversée du désert qui les attendait. Les figures de style, les descriptions et la psychologie des personnages restent un atout qui fait que le lecteur ne dépose pas le livre sans avoir fini de lire cette nouvelle.
« Mme X : Je ne suis pas étonnée. Tu m’as toujours chanté les mêmes airs. Mais il est temps que je te chante les miens. S’il y a quelqu’un qui ait jeté un sort d’amour à l’autre, je crois dur comme fer que c’est toi. Sinon comment un homme du XXI ème siècle peut-il expliquer que moi, une femme intellectuelle, une diplômée de deux licences et d’un master de la période révolutionnaire, une fonctionnaire d’État sous le règne du gouvernement des compétences, une féministe pointue jusqu’aux talons, comment expliquer qu’une telle femme élite, une influenceuse dont la notoriété a déjà fait le tour de la terre(…), explique-moi comment une telle femme puisse se retrouver sous le toit trop modeste d’un meunier comme toi ? Dis-moi, flè Zomõnon¹ ? » Page 47 et 48, extrait de la nouvelle « XY » de Bill Fabroni Yoclounon. Quel humour ! Quelle force à mener une dispute entre monsieur Y et madame X pour déboucher sur un cours de Sciences de la Vie et de la Terre (SVT) ! Vous y êtes. Ce journaliste et juriste-écrivain, doctorant en droit, concepteur et promoteur de la plateforme IamYourClounon qui œuvre pour la digitalisation des langues béninoises a imaginé une fiction narrative savamment orchestrée, jouable sur les planches et bien dessinée pour le plaisir de tout lecteur.
En page 63, commence la nouvelle « Mon fils a BAC + 3 » de Théodore Gildas ZINKPE, entrepreneur, ingénieur des systèmes d’information et créateur de Lux Corporate, agence d’ingénierie logicielle. L’auteur a fait défiler à travers cette histoire la vie de Sounoukpo, personnage principal que la nature éduqua après avoir pris un mauvais départ. Cette œuvre fictionnelle est un bien gracieux car il donne assurément une grande leçon de vie sur les bienfaits du travail, le respect de l’autre et de la nature. Sounoukpo sensé avoir le BAC+3 n’eût aucun diplôme et devra se contenter de tout recommencer à zéro malgré la richesse de ses parents.
Vient « Gogotinkpon et ses 400 coups« , une nouvelle écrite par Adébayo Ifédoun Adjaho, passionné de littérature, d’art oratoire et de dramaturgie. Cette nouvelle à l’allure d’une trame épistolaire raconte la fragilité et la légèreté dont fait preuve le jeune Gogotinkpon avec ses amourettes. Il y a de la drôlerie, un sentiment d’auto-flagellation et une victimisation dans l’attitude du personnage principal qui succombe à ses premières pulsions dès qu’il s’agit de croquer le fruit défendu. C’est une facette de la réalité de cette jeunesse en quête d’identité et de reconnaissance de soi.
Pour une vétille de rat tué, l’épouse de Richard l’empêcha de conclure une affaire professionnelle qui lui aurait permis de se relever de l’arnaque qu’il a subi. La nouvelle « L’ homme d’affaire » de Kouassi Claude Oboé, professeur de lettres dans les lycées et collèges, auteur de recueils de nouvelles, touche plusieurs aspects de notre société à savoir l’arnaque liée aux différentes formes d’investissement qu’on miroite aux gens, la calomnie et le fait de se mettre avec une femme qui peut ruiner la vie d’un homme à jamais. La chute surprenante de cette nouvelle montre la dextérité de Kouassi Claude Oboé à travailler ce genre littéraire exceptionnel.
Amoni Bachola écrit l’avant-dernière nouvelle de Xà nũ xā mì intitulée « Désastres« . Content manager et gestionnaire de projets, il montre avec emphase et art la dualité que constitue le sentiment d’amour. Déchiré entre Emma et Ariane, le narrateur compare, raconte, se souvient et parle de cet unique désir du cœur que chaque être humain vit à sa manière. Cette histoire est empreinte de douceur et d’espérance malgré les aléas de la vie. Si vous lisez Désastres, vous continuerez à espérer en amour car l’amour peut tout.
Fait exprès, la dernière nouvelle « Gratitude » raconte l’ingratitude de Sènablo qui décrit aisément l’adage populaire : « Quand vous guérissez l’impuissance sexuelle d’un homme, c’est sur votre femme il viendra tester sa virilité retrouvée« . Nouvelle écrite par l’abbé Destin Akpo, prêtre de Jésus-Christ, elle fait profondément réfléchir aux différentes souillures de notre époque. Sans s’ériger en donneur de leçons, on réfléchit intensément à l’insatisfaction permanente de l’ Homme qui recherche par le pire à atteindre toutes les richesses matérielles inimaginables de ce monde. En page 168 de la nouvelle Gratitude, cette réflexion dit : « (…) Notre vie est comme un miroir promené le long de l’histoire et de notre histoire. Cette vie, en somme, ne se définit pas en amont et en aval que par la trajectoire que, dans leur déploiement, nos actes et notre volonté, nos motivations et facultés intellectuelles et psychologiques lui imposent.(…)Rien n’est gratuit. »
De la force de perpétuer grâce à l’art qu’on découvre.
L’écriture de la prose dans ces différentes histoires est une nouvelle forme du genre littéraire de la nouvelle qui demande souffle et précise, humour et description, suspense et réalisme. S’il y a de l’art en toute littérature, il y a la science des lettres à respecter et la force de chaque nouvelle de « Xà nũ xā mì » est qu’au-delà du respect des principes d’écriture d’une nouvelle, il y a de la créativité.
Quand vous prenez le recueil de nouvelles « Xà nũ xā mì » de Biscottes littéraires, les 3/4 de la première de couverture sont teintés d’une couleur bleu olive avec à droite en haut, de petits carrés jaunes qui sont des bouts de papiers transformés en ailes d’oiseaux qui s’envolent. Nous avons écrit ces histoires pour qu’elles volent vers vous, vers d’autres horizons et écrivent l’histoire. Le blanc empreint de pureté est là couleur utilisée pour écrire le nom « Xà nũ xā mì« . Puis en jaune, couleur de l’espoir, l’espoir qui nous tient nous les sept auteurs dont nos noms sont posés sur cette couverture. Le quart de couverture restant est blanc avec le logo de Biscottes littéraires pour que cette pureté ne quitte aucun de nos contributeurs, abonnés et lecteurs. En quatrième de couverture, c’est la couleur orange signe de lumière, de positivité pour que des décennies s’enchaînent sans s’arrêter.
Qu’on aille au vent pour se raconter.
Vous avez votre joyau que vous avez aidé à construire entre vos mains désormais. C’est vous qui avez permis cela et il est normal que chaque ligne de ce livre vous revienne de droit.
« Xà nũ xā mì » est disponible auprès de nous les sept auteurs de ce livre, à la librairie Savoir d’Afrique de Cotonou ou la Librairie Delphina à Cotonou.
¹Flè Zomonon signifie Frère meunier en langue Fon et Goun du Bénin
Myrtille Akofa HAHO