Bonjour les amis. Voici l’intégralité de la nouvelle de la semaine du 29 Janvier au 03 Février 2018 sur votre blog : «AMOUR GLACÉ » de Bill Fabroni YOCLOUNON. Bonne lecture à tous et à chacun en compagnie de http://biscotteslitteraires.com/.
Chérie, c’est bientôt la Saint-Valentin. Et tu sais que quand Saint-Valentin approche, mon cœur bat comme le moulin à maïs. Je sais que tu n’ignores pas que mon amour pour toi est toujours chaud. Rassurant. Je viens récapituler ici ce que le Verbe a fait, ou n’a pas pu faire malgré le grand secours de notre ami Internet. Je t’envoie ce courriel sans aile court vers toi comme mon amour vers ton cœur que tu as du mal à ouvrir pour sentir comment mon cœur bat pour toi. Tu y verras nos mails, messages via les autres médias.
1- Email
Chérie, je t’aime mais tu ne sais du tout pas. L’amour que j’ai pour toi t’a rendue aveugle au lieu de me rendre moi aveugle. Je ne sais pas comment c’est arrivé mais tu ne vois plus mon amour pour toi. C’est bien bizarre que cela puisse arriver de la sorte. Je vois mon amour pour toi mais toi tu ne le vois pas. Aujourd’hui j’ai voulu aller prendre conseils chez le cardiologue mais je me suis rendu compte que ce n’était pas un problème de cœur que tu avais mais plutôt un problème de vision. Tu ne vois pas tout ce que je fais pour te garder et te conserver dans ma boîte à sentiments. Mon sentir ne ment pas. Mon sang ne ment pas non plus. Tu peux en être sûre. Je te l’ai prouvé par 1+1=1. J’ai essayé de te présenter à mes collègues de service, mais tu en avais souri juste pour cette soirée de distraction à la plage où tu m’avais séché toutes tes dents pour un pot de yaourt que je t’avais acheté avec une tiède viennoiserie traînée par un vendeur ambulant depuis le lever du jour. Tu ne faisais que sourire à toutes mes questions.
- Chérie, tu es ravissante ce soir tu sais ?
- … (sourire) Or je jouais au poète inspiré par la plage.
- Regarde la beauté de la mer, tu es plus belle la grande bleue, toi ma petite Da-yovo aux pieds noirs.
- … (sourire large) Or je venais de défier la nature pour toi.
- Bébé, tu es très belle quand tu souris.
- … (sourire avec dents à découvert)
- Tu prêtes ta beauté au paysage, à la mer et à la nature.
- … (sourire avec clignement d’yeux) Or je venais de citer une phrase retenue d’un morceau de musique.
- Chérie, tu es mon favori, ma préférée…
- … (sourire brillant)
- Chérie, je t’aime.
- … (sourire sorcier) ok !
Cette réponse sorcière m’avait étonné. Je ne comprenais pas qu’on puisse dire simplement « okay » à son chéri qui dit « je t’aime ». Malgré cette sorcellerie, je t’aimais, et je t’aime encore, mais tu ne le sais pas. L’amour pardonnant tout, je t’avais pardonné cette sorcellerie, et j’ai appris avec toi que l’amour ne rendait pas uniquement aveugle mais parfois aussi muet.
Chérie je t’aime, mais tu ne parles pas. Je me suis efforcé pour que tu rencontres mes parents, mais tu as préféré que je te montre juste leurs photos sur mon téléphone portable. Je me suis donc calmé puisque l’amour patiente. Tu m’avais rassuré que tu les verrais quand tu aurais jugé cela bon. Jusqu’aujourd’hui tu cherches à me convaincre que tu continues à regarder leurs photos pour mieux t’habituer à eux avant de t’aventurer à les rencontrer. Je me suis contenu car l’amour comprend tout. Mais l’amour ne comprend pas que malgré tout ce que j’encaisse pour un « Nous » épanoui et heureux, tu ne puisses pas réaliser tout cet amour que j’entretiens pour toi.
Chérie, je t’aime mais mon amour est trop chaud déjà. D’ailleurs ta plus proche voisine à l’Est de ta maison me l’a dit encore hier. Elle m’a dit que mon amour pour toi était trop chaud. Je lui ai servi comme argutie que les bons plats se mangent à chaud. Si je t’aime à chaud, c’est pour que tu puisses consommer mon amour à chaud avec appétit. Elle est repartie en me disant que les repas chauds sont parfois laissés se refroidir avant consommation.
Chérie, maintenant que j’y pense, ta plus proche voisine de l’Est a raison. Mon amour est trop chaud. Il va falloir que je le refroidisse un peu pour que tu ne te brûles pas ou plus la gorge. J’ai réalisé que c’est le caractère chaud de mon amour qui te brûlait la gorge pour que tu sois incapable de parler.
Chérie, je t’aime mais mon amour a besoin de glace. Je vais le mettre au frais pour toi au réfrigérateur, non au congélateur. Mais serait-ce pour toi seul ? Je ne sais vraiment pas car ta plus proche voisine de l’Est me propose son frigo qui, paraît-il d’après ses dires, refroidit plus vite. C’est un réfrigérateur qui glace vite les choses, m’a-t-elle dit, avec son sourire glaçant et rafraichissant. Un réfrigérateur qui joue le rôle d’un congélateur ? C’est une découverte de l’amour glacé.
2 KIF
Chérie, il y a maintenant deux semaines que mon amour est au frigo. Des fois, il se rafraichit très vite si la tension constante est de 220voltes avec ta plus proche voisine de l’Est. D’autres fois, il se glace, comme elle m’avait prévenu, si la SBEE (Société des Baisses et Enervements Energétiques) est généreuse et ne coupe pas l’électricité de toute la journée. Par ailleurs, mon amour se déglace très vite s’il y a délestage nocturne. Toutefois, chérie, laisse-moi t’avouer que mon amour se glace bien dans le frigo de ta plus proche voisine de l’Est. Depuis qu’elle m’a permis de mettre mon amour dans l’un des rayons de son frigo, elle ne cesse d’accroitre la solidification par un mécanisme pas très physique ni chimique. Il y a quelques jours, elle avait commencé par rafraîchir ma boîte de messagerie. Toi-même tu sais très bien que mon téléphone portable est très intelligent et peut, avec ses applications, déterminer l’identité de celui ou celle qui m’envoie un texto ou qui m’appelle avec un numéro non enregistré. Eh bien ce samedi-là, la température était ambiante comme à l’intérieur d’un porc, 39°C. La batterie de mon téléphone s’échauffait parce que mon wifi était allumé. Soudain l’appareil vibra dans mes mains. Je vis un numéro inconnu dont l’identité était déjà recherchée par l’identifiant d’appels qui notifiait son fonctionnement dans la barre de notifications en haut de mon écran trois pouces (3“). Il a fallu quelque secondes pour que je visse s’afficher à mon écran en caractère gothique « la go fraîche ». Je fus surpris par cet identifiant que je ne connaissais pas encore.
- Allo ! répondis-je, avec une mine questionneuse.
- ….
- Oui je vais très bien, repris-je, avec une mine toujours méfiante.
- ….
- Ah ! c’est toi ! La go fraîche ! Ravi de recevoir ton appel.
- ….
- Si, je me sens tout moi également dans les textos.
Chérie, ta plus proche voisine venait de m’appeler pour qu’on discute de frigo, de rafraichissement, de formation de glace et d’amour glacé. Comme convenu, elle ne perdit aucune tierce. Ma barre de réseau était pleine dans l’angle droit de mon écran. Je reçus son premier texto dans ma boîte de réception. Cette boîte était presque pleine puisque j’avais limité le compteur de messages à 1000 messages. J’intégrai dans le menu de paramétrage de la messagerie pour changer le nombre en illimité. Mon téléphone portable est très intelligent, et tu le sais. Je lus son premier message.
- Cc (Coucou, Comment Ca va ?, Coucou Chéri, Coucou Chou, Comment Chéri/Chou ?) Cette abréviation a plusieurs sens, et j’avais pris celui qui convenait à mon identité mise en face de la go fraîche.
- Salut, ma chère. Comment allez-vous ?
- Très bien depuis que j’écris avec toi.
- Ah bon ? Pourtant vous ne venez que de m’envoyer deux messages.
Sa réponse prit un peu de temps à venir. Je dus comprendre qu’elle cherchait une bonne tournure pour ne pas se montrer très tôt collante à moi comme les glaces qui formaient en bas du congélateur. Je saisis ce temps aussi pour penser à ma contre-attaque.
- J’étais très ennuyée. Je ne fais rien actuellement et j’avais besoin de me relaxer un peu.
- Ah je vois ! L’ennui est ennuyant. Que puis-je faire pour vous ?
- Hum… Déjà, évite de me vouvoyer. Ca me met mal à l’aise et m’empêche de te dire certaines choses.
La go fraîche voulait donc me dire des choses qui nécessiteraient qu’on se tutoie. J’étais aussi ennuyé ce soir du samedi et je voulais tutoyer certains moments inoubliables.
- Comme cela la go fraîche aurait des choses à me dire c’est ça ?
- Oui ! Cette réponse vint instantanément. Je le lis et je tapai :
- Des choses comme quoi « ma chère » ? J’avais utilisé cette appellation pour lui inspirer confiance et l’inviter à tout dire sans carrefour. Tout droit.
- Eh bien je veux parler avec toi.
- Je suis disponible, ma grande. Tu me parles de quoi ?
- Hum, de tout et de rien.
Chérie, tu vois ce que ta plus proche voisine décide qu’on fasse. Elle veut qu’on se tutoie, qu’on discute, qu’on parle de tout et de rien. Surtout de rien! En bon textologue, je lui balançai ce message :
- Alors, commence par le tout. Comme cela le rien y serait
- Rires… Okay. Je voudrais mieux te connaitre. Parle-moi de toi.
Comme cela chérie, ta plus proche voisine de l’Est ne me connait pas. Tu ne lui avais pas parlé de moi ? Ca me gêne un peu parce que vous êtes voisines et tu devrais lui parler de ton chéri que je suis. Mais c’est pas grave, j’ai joué ton rôle auprès de la voisine.
- Oh ! Parler de moi ? Est-ce vraiment opportun ? Je m’appelle Ro mais appelle-moi le gars choco. Je fête mon anniversaire quand un 29 Février se présente. J’ai fait une pause dans mes études pour un stage professionnel dans la vie active. Je suis en couple chaud et j’ai fait un break pour glacer mon amour comme tu me l’avais conseillé il y a quelques jours. Si tu ne le sais pas, je suis très sympa et très romantique. (Ro-mantique) comme la Rome Antique.
A demain sur Viber!
3-VIBER
La go fraîche avait pris tout son temps pour lire ou étudier ce message avant de me répondre une dizaine de minutes après :
- Waoh ! j’adore bien les gars romantiques. Ils sont rares, comme la Rome antique sous les tropiques. Quelles sont tes préférences, gars choco ?
- Comme couleurs, j’aime tout ce qui est multicolore mais on m’a souvent dit que le blanc me sied à merveille. Depuis que je suis à la recherche d’un amour glacé, j’évite le noir puisqu’il attire la chaleur. Je sais jouer au football quand il n’y a pas un arbitre pour diriger, ni un bon gardien pour me décourager. Cela me permet d’être libre comme les autres joueurs. J’aime beaucoup le basketball. Le tennis de table, je l’apprends à mes heures perdues que je rentabilise en pensant à mon avenir. Le handball et le volleyball sont aussi dans mes sports. Autres loisirs, j’adore danser ; tant qu’il y a mes deux écouteurs qui fonctionnent, je suis épanoui dans ma chambre. Le riz, les pommes frites au lapin sont les repas devant lesquels je souris. Dans mes relations humaines, j’accoste les gens sympathiques, simples comme toi, directs et francs comme toi et qui ne cachent pas leurs sentiments.
Chérie, je venais de jouer ton rôle près de ta voisine par ce message. Je me suis présenté comme tu me connais. Je n’ai pas menti sinon que toi-même tu sais que j’arrive difficilement à résister devant le riz ou les pommes frites au lapin. C’est d’ailleurs avec ces mets que tu me désorientais de tes petites tournures amoureuses pas très claires jusqu’encore aujourd’hui. Mais tu sais, je ne veux pas savoir ni voir clair car l’amour ne sait rien et ne voit jamais clair sinon que tu ne serais pas encore aveugle de mon amour.
- Ro, s’il te plaît, renvoie le message. Je l’ai réceptionné incomplet chez moi.
- Ro, tu m’as comprise ? Renvoie ton dernier texto s’il te plaît, le contenu est manquant.
Avec cette insistance, je compris que la go fraîche était sur le gril de dévorer des yeux son écran qu’elle devait être en train de palper pour avoir mon retour. Le texte était manquant parce que très long pour le format kif. Je lui renvoyai la dernière partie du texto. Un bip vint confirmer la réussite de l’envoi. J’attendais aussitôt une autre sonnerie de notification témoignant de l’arrivée d’un nouveau message de sa part. Mais les minutes passèrent et aucune sonnerie. La barre de réseau avait diminué d’un ou deux traits. Ma batterie était en dessus de 50%. Je ne supportais plus trop ce retard de sa réponse. Je mis la musique dans ma galerie pour détendre mes nerfs. Une musique me fit penser à toi. C’est cette sonorité que je te dédiais et t’interprétais presque avec ma voix pas très obéissante, lorsque tu me demandais si je t’aime vraiment. Je te répondais par la voix de la vedette qui disait tout dans le morceau. J’ai même dû conclure qu’il était inspiré par ma muse avant d’écrire cette musique. Elle te faisait plaisir. Je le savais par ton sourire décroché aux temps forts de la sonorité. Malgré cela, tu doutais encore. Chérie, je t’aime, mais tu ne sais pas. Seule ta plus proche voisine sait et en a déterminé même le degré : amour chaud qu’elle me propose de glacer. Le bip de notification me fit bondir légèrement et d’un seul coup le cœur. Un message était notifié. Je ne compris pas pourquoi mon cœur avait battu. Peut-être parce que je l’espérais, ce message. Je ne cherchai pas à comprendre. J’ouvris la messagerie et je pus lire :
- Ro, c’est curieux qu’on ait assez de points communs. Tu es mon paronyme, je dirais. Tes préférences sont aussi les miennes. Je suis heureuse de ce qu’on partage assez de traits communs. Saufs le basket et le foot que je ne maitrise pas du tout, je me retrouve un peu partout dans ta liste. Mais pour qu’on quitte l’étape de paronymie à celle de la synonymie, je vais me mettre à jouer du foot et à faire du basket.
Chérie, ta voisine me ressemblait à ce point, et tu me l’avais pas dit? Par surcroît je ne l’avais jamais remarqué! Mais comment pouvais-je le constater si la chaleur de mon amour pour toi m’avait presque brûlé les yeux. Ta voisine est très accro du téléphone, tu sais ? Je n’avais même pas fini de lire son dernier message avant qu’elle ne m’envoie cette question :
- Euh, gars choco, dis-moi sans carrefour, quel genre de filles aimes-tu ?
L’arrivée de ce message me fit détourner l’attention du précédent. Je le lus rapidement et je souris. Un sourire autant moqueur que questionneur. Je me suis moqué parce que je me disais voir déjà dans ma tête là où voudrait venir ta plus proche voisine ; puis je me suis demandé dans mon cœur ce qu’elle voulait que je réponde afin de ne pas tomber dans son piège.
Chérie, tu sais que les pièges de l’amour sont sans fin, et qu’il faille les éviter pour ne pas tomber dans des frasques. Je me protégeais ainsi d’une rupture entre toi et moi. Je t’aime même si tu ne le sais pas. Je regardais l’écran tactile sans savoir quoi servir comme réponse. Je le regardais et son temps de mise en veille l’éteignait. Je le retouchais pour le rallumer. Je relisais ensuite le message et je me mettais à écrire puis à supprimer tout ce que je venais d’écrire. Enfin je finis par être court :
- Chère amie, j’aime les genres de fille comme ma chérie que tu connais et qui est ton amie.
J’ai voulu envoyer ce petit texte mais je me suis retenu soudain. Je le trouvais très simple et je pensais qu’il n’enrichirait pas la conversation, au contraire la limiterait. Je voulais faire élasticité et prolixité. Je voulais surtout faire tomber ta plus proche voisine dans son propre piège pour lui montrer combien je t’aime, et tu dois me croire, chérie. Je supprimai une nouvelle fois ce que j’avais pianoté et je lui écris :
- J’aime les filles comme toi : simple, sympathique, fraiche et tout. Je confirmai l’envoi. j’attendis le bip de réussite de l’envoi.
Chérie, l’amour est magique : le bip de réussite ne venait pas. Je vérifiai et je vis en rouge « échec de l’envoi ». La même note s’afficha après moult essais. Je compris que mes messages bonus étaient épuisés. Chérie tu vois combien notre amour est magique. Le message n’est pas envoyé. Mon silence enquiquinait la go fraîche qui me renvoya la question. Ayant perçu un silence écrit, elle se mit à me biper. Je n’avais pas d’unités. Notre musique à nous deux, toi et moi, me fit endormir. Je crois même avoir rêvé de toi. Je me suis vu avec toi sur un grand rosier sans épines avec plusieurs roses de diverses couleurs. Nous étions montés grâce aux ailes de géants papillons. Les oiseaux venaient chanter notre musique que j’écoutais sur le portable endormi. Je t’avais arraché trois roses pour te les poser, une dans un coin de tes mèches, une autre entre ta tête et ton oreille gauche et la dernière dans ta main. Tu me souriais comme d’habitude sans rien dire. Tu voulais me dire : « Je … » quand je m’éveillai un peu brusquement. Je pris prestement mon téléphone portable dont le voyant de notifications clignotait. Cinq appels en absence, tous de ta plus proche voisine de l’Est. Ça devenait trop serré entre elle et moi…
La fréquence des messages nous avait rendus un peu plus familiers au fil de six jours. Ta plus proche voisine ne se sentait plus obligée de tout m’écrire en lettres. Elle utilisait des chiffres et des lettres pour abréger ses textos. Et comme l’amour glacé ne parlait pas trop, je dus apprendre grâce à ta voisine comment écrire des abréviations. Tout ça pour glacer mon amour pour toi. C’était passionnant je l’avoue. Ecrire peu pour dire beaucoup. La go fraîche s’y plaisait mieux :
- Choury, cmt vas-u ? Et ta swré ? Jsp que u ne t’enn8 pa a7. (Chéri, comment vas-tu ? Et ta soirée ? J’espère que tu ne t’ennuies pas assez.)
- Oh nn. Kan u è en train de write ak mw, je m 100 b1. U fè kw ? (Oh non. Quand tu es en train d’écrire avec moi, je me sens bien. Tu fais quoi ?)
Chérie, cette nouvelle manière d’écrire les messages m’a fait perdre quelques degrés de ma chaleur. Ta plus proche voisine de l’Est m’en félicitait :
- Ro, je dw t’avouer q u as bcp changé ; u es miE relax actu. Cntin8 coe cela, ton amr se glax. Lol ! (Ro, je dois t’avouer que tu as beaucoup changé ; tu es mieux relaxe actuellement. Continue comme cela, ton amour se glace. Rires !)
J’en riais presque aux éclats seul, la tête baissée ou plongée dans le portable. Je ne pouvais plus me passer de lui une dizaine de minutes d’affilée. On kiffait mais il manquait quelque chose au kif. Quelque chose que “Messenger“ comblera.
4-MESSENGER
Chérie, ce jour-là, ta plus proche voisine de l’est m’avait demandé mon identifiant sur Facebook. Ce que je lui donnai sans ambages. Une notification me parvint sur la messagerie de Facebook que la go fraiche – c’était son identifiant – m’avait ajouté sur Messenger. Je cliquai sur le lien et je vis deux messages qui m’attendaient dans mon “inbox“ :
- Cc champion. On se retrouve ici. Il y a plus de vie.
Et pour marquer cette vie, elle avait joint à son texte trois émoticônes de sourire : une tête jaune avec des dents toutes blanches exposées. Chérie, ta plus proche voisine de l’Est m’amusait encore mieux sur Messenger. Nos conversations devenaient épicées d’un mélange de sujets. Une salade de tout et de rien. Messenger et ses plaisirs nous rendaient en quelque sorte intimes. Des fois, on n’écrivait plus trop. Les émoticônes exprimaient mieux nos sentiments.
Elle m’envoyait un émoticône d’une main imitant un salut.
Je la lui rendais avec un émoticône de tête d’ange pour lui signifier que je vais bien.
Elle me répondait avec un sourire et me renvoyait un émoticône d’assiette remplie de spaghetti fumant pour dire qu’elle mange.
J’envoyais la tête jaune avec une langue dehors pour et j’ajoutais « miam, bon appétit ! »
Son merci était représenté par un émoticône de deux mains jointes.
On avait oublié les messages kif. Messenger me glaçait les doigts. Assis, debout, couché, dans le taxi, chez le coiffeur, devant le repas, même assis sur mon pot, je délectais des yeux les petits billets doux que m’envoyait ta plus proche voisine de l’Est. Je sentais vraiment que mon amour se glaçait. Parfois je me mettais à sourire au portable et à rire aux éclats comme les émoticônes : tête jaune avec des larmes bleues et la gueule béate, parfois même béante, ou tête jaune avec un œil fermé et la langue sortie pour signifier l’expression que m’avait fait découvrir la go fraîche : MDR (Mort De Rire) ou encore PDR (Pleurer De Rire). Elle m’envoyait quelques longues blagues de Toto qui me poussaient à lui répondre par ces émoticônes railleuses et sarcastiques au plus haut degré. Quelquefois, on rendait locale notre conversation. On écrivait tout en langue fongbé et pour dire MDR on mettait NKK (NouKiKo). La go fraîche m’amusait bien et Messenger m’était devenu un canal d’épanouissement quotidien.
Chérie, je regrette que ce ne fût pas avec toi que je vécusse tout ce plaisir Notablement Transmissible à l’Intérieur du Cœur, NTIC. Mais je pris mon regret en patience car l’amour glacé prend patience. Je savais que les expériences que me faisait acquérir ta plus proche voisine de l’Est me serviront quand toi et moi nous reverrons. J’espère vivement qu’on se retrouve. Est-ce un espoir, une espérance, un souhait ? Non, c’est plus que tout cela. Je tiens à ce que nous nous retrouvions pour que je te fasse sentir les ferveurs de mon amour glacé.
Tu sais, la connexion a tellement évolué entre ta voisine et moi que nous sommes passés d’’un débit de 3G à 4G+. Elle m’a promis me faire vivre la phase pratique de l’amour glacé. Tellement j’étais sur le gril que je me posais moult questions sur comment cela allait se dérouler quand on sait tout ce que ta plus proche voisine insinuait dans nos shows téléphoniques.
Quand je t’écrivais sur whatsapp, à peine tu me répondais. Mais avec ta voisine, c’est elle-même qui prend le devant de tout. Elle est la première à me dire bonjour sur whatsapp et la dernière à me dire bonne journée quand il sonne zéro heure. C’est son prénom que mes yeux voyaient à l’écran, qui parcourait mes méninges, avant que je m’en dorme. C’est sur son inbox whatsapp que je ferme mon portable. Je ne dormais qu’après qu’elle m’eut souhaité une agréable nuit. Surprenant, elle m’activait les forfaits de données mobiles pour internet lorsqu’elle ne me voyait pas en ligne de toute une journée. J’avoue, avec elle je sentais quelque chose se glacer en moi. Est-ce l’amour ou mes sentiments ? Je ne puis le dire avec certitude. Mais certain est-il que ta plus proche voisine de l’Est réussissait ses coups.
5- WHATSAPP
L’icône verte brodée de blanc de whatsapp était surmontée du chiffre 4 entouré d’une couleur orange. J’avais quatre messages. Tous étaient de la même personne.
- Coucou chéri. Tu as bien dormi ? Je te souhaite de passer une bonne journée en pensant à moi.
Le quatrième message finit son téléchargement et me présenta un petit triangle posé à la verticale. C’était une note vocale. J’appuyai sur cette icône et j’eus droit à un Bonjour bien harmonisé avec des voix de diverses couleurs qui m’ont fait sourire dans mon lit. Je m’étirai de plaisir puis me mis à répondre à ta voisine, la go fraîche. Ainsi débutée, notre conversation ne connaissait une pause qu’à nos heures de travail et d’occupations diverses. Je passais mes journées aux côtés de la go fraîche sur whatsapp. On se partageait assez de choses.
Ce samedi-là, ta plus proche voisine de l’Est avait sans crier gare initié un divertissement virtuel pour nous deux. Elle m’avait expliqué le contexte la veille. Le samedi matin, j’allumai ma connexion pour lire ses messages. Premier message, je vis la photo qu’elle m’envoya. Une photo d’elle-même à peine réveillée dans son lit. Je contemplais ses atours et atouts qui valaient le bonjour matinal. Je n’avais pas eu le temps de répondre à ce bonjour vivant. La go fraîche m’avait une autre photo : elle venait de sortir du bain avec une serviette blanche nouée jusqu’à la poitrine et sa tête couverte d’un chapeau de bain. Les pépites d’eau scintillaient sur son visage et au dessous de son menton. La photo laissait découvrir l’amont de son balcon protubérant. Mes yeux ne se détachaient pas de cette partie comme s’ils voulaient descendre la serviette pour voir le corps du balcon et son aval. Son sourire sur la photo était bien beau grâce au reflet du flash de sa caméra sur ses incisives. La go fraîche était vraiment fraîche et cette fraîcheur fit monter en moi une chaleur fraîche. Pour toute réponse je lui envoyai trois émoticônes de la tête jaune dont les yeux sont en cœur rouge avec des lèvres souriantes :
- Tu es très belle les matins.
Notre conversation se poursuivit normalement avec les textos, les émoticônes et les notes vocales de la go fraiche m’interprétant un slow ou une ode d’amour.
- Tu as une très belle voix. Elle aguiche mes oreilles qui transmettent leur charme à mon cœur.
On se taquinait et on se blaguait. Le comble sur whatsapp, c’est qu’on avait toujours quelque chose à dire. Je saluais l’ingéniosité de ta plus proche voisine qui épiçait la conversation avec de nombreux biscuits et de petits billets.
- Tu es quelqu’un de bien, la go fraiche. Et j’aime bien ta sympathie. Tu gagnes une grande place dans mon quotidien.
A midi, elle me fit savoir qu’elle préparait le déjeuner. Elle me faisait savoir instantanément ce qu’elle faisait via notes vocales et des photos. Je vivais sa cuisine, une cuisine en ligne.
- Là, je suis entrain d’émincer les oignons, les tomates et les aulx. Le piment est déjà écrasé. Photo.
- J’ai fini de saler les poissons et j’ai mis l’huile sur le feu pour les frire. Photo.
- Tandis que les poissons dansent dans l’huile chaude, je prépare l’akassa sur un autre feu. Photo.
- Tout est fin prêt et je nettoie la cuisine. Photo.
- C’est prêt chou et je t’invite à manger. Photo :
dans une assiette en faïence étaient servies, bien blanches, trois boules d’akassa fumantes. Dans une autre, la couleur rouge des tomates coupées en D frappa vivement mes globes oculaires. Dans un autre coin de l’assiette, trônait un petit mont d’oignons blancs légèrement tachetés de violet, coupés en virgule fine. Le vert-gazon du piment rendait très beau le plat. La dorure du poisson frit posé au centre de gravité vint remonter l’élégance du repas. J’avalai lentement une couche de salive. La photo me fit gratter le ventre et je me rappelai que je devrais aller manger pour ne pas faire une crise d’ulcère.
- Waouh ! La beauté de ton plat témoigne déjà de combien tu sais préparer. Que je meure d’envie ici de goûter à cette saveur exquise. Miam… lui envoyai-je avec l’émoticône de tire-la-langue. Et ma part ? lui ajoutai-je.
- Tkt (T’inquiète) mon champion ! Je te l’emmènerai ce soir quand je viendrai chez toi pour notre phase pratique.
16heures 30minutes !
- Je suis prête et je m’amène déjà. Je t’envoie ma photo pour que tu puisses être en train de me dévorer avant que je ne me pointe. Photo.
Le flou du téléchargement me laissait voir la position et la forme de ta voisine. Le cercle de téléchargement tournait au vert alors que je voyais en filigrane une couleur rouge, sûrement la couleur de sa parure. J’impatientais. La connexion n’étant pas au 4G, un « échec du téléchargement » s’afficha à l’écran terrassant mon désir en berne. J’éteignis rapidement la connexion puis la rallumai et bingo ! La pose de ta plus proche voisine m’avait flashé. Avec le schéma de ses jambes, elle voulait tirer sûrement un lancer-franc au Basketball. Une de sa paire de fesses était tournée vers le ciel et la courbe était bien arrondie vers les nuages. Naturellement avec cette pose, ses seins suivaient la direction, l’un du haut vers le bas et l’autre du bas vers le haut. Seins obliques donc qui n’avaient pourtant pas prêté leur protubérance au soutien-gorge. Ta plus proche voisine, ce jour-là avait préféré faire jouer un rôle du bas vers le haut au soutien. Tu vois ce que je veux dire puisque tu es une femme aussi. Le soutien sous-tendait et relevait la protubérance vers le cou da ta voisine. Mes yeux, voyous que fussent-ils, ne finissaient toujours leur exploration à cette partie saillie. Les lèvres étaient bien rendues lippues grâce au rouge qui mariait bien avec la couleur uniforme de sa robe. Le modèle de robe que vous désignez par « chéri, regarde mes clavicules » non, plutôt « chéri, regarde mes os », en tout cas tu sais de quel modèle je parle. Si c’était pour me séduire, ta voisine avait réussi. L’emprisonnement de sa forme de guitare dans cette robe collante heureusement élastique, me poussait à explorer chacun des plis observés au ventre et légèrement en bas du ventre. La robe étant délicatement transparente, j’arrivai à voir entre le début de ses cuisses un chiot derrière elle. Cela me permit de savoir que ta plus proche voisine élevait un chiot dans sa maison. Avertissement donc : attention ! Chien méchant. Moi qui me projetait escalader les murs de sa maison si les ailes de l’amour me manquaient. Amour, j’ai dit ? Pardon chérie. Je blaguais.
Je faisais le portrait professionnel de cette photo que m’avait envoyée ta plus proche voisine de l’Est. Je ne l’avais pas quittée des yeux une seule minute jusqu’à ce que ta voisine ne rentre chez moi avec un plat du repas désiré virtuellement il y a quelques instants. Les choses allèrent très vite. La connexion était hyper rapide chérie. La température chuta à 0°Celsius et l’amour commença à glacer entre ta plus proche voisine et moi. Comme le repas, rien n’était plus virtuel. L’amour se glaçait toujours.
Fameuse phase pratique ! Tout alla si vite !
Chérie, j’aurais voulu te raconter tout dans les détails mais hélas ! Mon stylo se coule, s’est coulé. L’encre est terminée. Mon inspiration s’est glacée.
POST-SCRIPTUM
Chérie, j’ai peur de ne pas t’avoir pour moi seul. Tu as peut-être fermé le livre de notre amour mais moi je ne suis qu’à la page de garde. Le film ne vient que de débuter. Nous sommes les seuls acteurs de cet amour tant entretenu.Ne me lâche pas car j’aurai besoin de toi pour combattre le chef bandit que tu connais bien. Chérie, je t’aime et pour toi j’ai accepté apprendre à glacer mon amour. Mais le frigo de ta plus proche voisine commence par trop glacer cet amour. J’ai peur que mon amour pour toi commence à grelotter de froid. J’ai donc besoin de ton frigo qui, ma foi, contiendrait une petite boîte à chaleur.
Chérie, je t’aime et j’ai besoin de ta chaleur. Je désire ta chaleur. Il faut que je déglace un peu cet amour déjà trop glacé. La glace de mon amour a besoin de se fondre un peu. Et il me faut la chaleur de ton amour. Aime-moi chaudement. Et surtout, ne me fais pas rater cette Saint-Valentin.
Fabroni Bill YOCLOUNON
Merci BL
Belle plume ! J’ai kiffé. 😍
J’ai fini de lire😁 j’avoue que c’est long mais très intéressant. Il y’a de l humour et en même temps du romantisme 😍
Heureux que cela vous ait plu, chère Arame Ndiaye. Nous ne serons pas fâchés de publier sur ce blog vôtre une de vos nouvelles.😍😍😍