Introduction

La mal gouvernance est une gangrène qui sévit dans nombre d’Etats. En effet, plusieurs dirigeants après leur accession au pouvoir, développent toutes sortes de travers insoupçonnés alors qu’ils étaient candidats aux échéances électorales. Au couvent chrétien, pièce de théâtre écrite par Gildas OUNSOU, ce type de dirigeant est illustré à travers le personnage de Hounvi.

Résumé

Un Hounvi, Président-Directeur Général d’une entreprise nationale se rend chez son Hounnon à qui, il expose avec fierté ses travers, ainsi que ses actions et intentions machiavéliques sur sa gestion de la société d’Etat. C’est dans ce lieu, qu’il fera la rencontre d’un frère hounvi, éclairé sur ses intentions. Entre les deux éclatera une dispute qui révèlera les tares de la gouvernance du PDG.

Etude des personnages

Hounvi : fidèle du couvent chrétien, Président-Directeur Général de l’entreprise nationale dont la gestion est en réalité un condensé d’actions témoignant de sa mauvaise gouvernance.

Hounnon : chef du couvent chrétien, mère spirituelle de tous les hounvis et selon ses propres dires, dieu vivant sur terre. Elle est la confidente de Hounvi, mais aussi celle qui l’aide à envoûter spirituellement ses partenaires et adversaires.

Nuini : fidèle du couvent chrétien, il est aussi formateur (enseignant). Il fait partie des meneurs de la grogne des formateurs.

Etude des thèmes

  • La mauvaise gouvernance 

C’est le thème principal de la pièce. Ce phénomène nuisible à l’émergence des Etats est regrettablement très à la mode et particulièrement en Afrique  depuis quelques décennies. Les dirigeants révèlent souvent leurs « incompétences de gestionnaire »(P.58) par la « mal gouvernance faite de duperie, d’escroquerie, de mensonges, de parjure »(P.47). Ils décident de diriger « pour être proche de la marmite au trésor et décider du partage afin de se faire bien servir »(P.19). Malheureusement, la seule finalité est « la dépouille de l’économie pour son enterrement précoce »(P.45).

  • La corruption

Etant un procédé bien connu en politique, elle s’observe aussi au sommet des Etats. En effet, le dirigeant dans le but de museler ses opposants, « les tient au vue par leurs désirs satisfaits, rompus dans le silence en bâillonnant, par quelques bandes collantes de billets de banque envoutées, leurs bouches enfournées de quelques pièces d’argent »(P.15). Il n’est d’ailleurs pas omis que ces mêmes dirigeants multiplient « la rémunération des membres du Conseil d’Administration de la firme nationale pour les avoir en marionnettes »(P.21). Et comme tout professionnel, ils ne laissent « que des traces inattaquables devant les tribunaux »(P.23).

  • La grogne

C’est un moyen utilisé le plus souvent par des employés pour amener leur employeur à « respecter ses engagements d’employeur »(P.36). Cependant, elle a des inconvénients considérables dont « la paralysie de l’appareil de production. La paralysie de la firme nationale engendrant la récession économique avec tous ses corollaires » (P.54-55). Toutefois, étant aussi « le recours ultime pour sauver et sauvegarder la démocratie »(P.55), il faut au lieu de la supprimer, en « raser les racines cancérigènes »(P.56).

Conclusion

« On ne prend pour argent comptant les paroles d’un visionnaire », disait Ahmadou Kourouma dans Allah n’est pas obligé. Mais c’est bien cette erreur que commettent trop souvent certains peuples, en élisant des dirigeants qui à première vue paraissent de bons partis, mais dont l’incompétence à gérer les affaires publiques crée la paralysie du processus de développement. L’émergence étant le but ultime des Etats, les méthodes de gestion des gouvernants doivent être revues pour favoriser l’atteinte de ce but.

Ariel MIGAN