« Être émancipée, c’est vivre à sa guise « . Bonjour les amis. Comme annoncé, nous recevons pour vous Cécile AVOUGNLANKOU, auteure béninoise, promotrice de « fémicriture ». Elle s’investit beaucoup dans l’émancipation de la femme, notamment en milieu scolaire. Ses combats dans ce sens lui font dire que : « Être émancipée , c’est se sentir libre de faire ce qu’on croit bien, c’est désirer pour soi une certaine vie et l’assumer. C’est se marier quand on le veut, c’est aussi ne pas se marier quand on le juge peu nécessaire pour son bien-être. C’est vivre à sa guise. » Ensemble, allons à sa découverte.

BL : Bonjour Mme Avougnlankou. Un plaisir de vous recevoir sur notre blog. Veuillez vous présenter, s’il vous plaît.

CA: Je suis AVOUGNLANKOU L. Cécile. Je suis enseignante. J’enseigne le français dans les collèges et lycées du Bénin. Je suis écrivaine aussi. Du moins j’entre dans le métier.

Je travaille aussi à la sensibilisation des filles en milieu scolaire. Sensibilisation que j’ai  commencé depuis 2003 au CEG N’Dali contre les grossesses en milieu scolaire ( 90% de filles du collège étaient mères en 2003 et il n’y avait aucune fille au secondaire), le harcèlement des filles, la violence faite aux filles, la stigmatisation… Mon dévouement et la réputation de mon club m’ont valu d’être repérée par le LARES et nous avons eu de bons rapports jusqu’à mon départ du CEG N’Dali en 2OO7.  Quand je partais de N’Dali en septembre 2007 nous avions déjà quatre (4) filles bachelières…

BL : Qui vous connaît sait qu’entre la littérature et vous c’est l’amour fou. D’où est née cette passion, comment est-elle née et depuis quand ?

CA: Cet amour de la littérature me vient de mon enfance. La communication avait une grande place chez nous. Les mots avaient aussi beaucoup d’importance dans notre éducation. Mes deux mères étaient analphabètes. Elles ne savaient pas lire mais elles nous contaient beaucoup d’histoires. Chaque comportement déviant suscitait une histoire inspirée de leur vécu qu’elles racontaient pour nous édifier. Les contes étaient le fondement de cette éducation par les mots. Mon père était aussi un conteur formidable donc j’ai évolué dans un environnement dominé par les récits. J’aimais beaucoup cette ambiance et ces récits tournaient constamment dans ma tête. Je vivais avec eux, je me les  répétais et les contais à mes amis…

Alors quand je sus lire, je n’arrêtai plus. Je retrouvais dans les livres certaines histoires de mon enfance. Très jeune la lecture était devenue ma passion favorite. Je découvrais le monde, d’autres mondes. Je retrouvais dans ces livres l’atmosphère excitante des récits de mes parents. Mes souvenirs véritables de lectrice passionnée remontent à ma classe de CE1-CE2. Mon père, instituteur passionné d’histoires et de lecture me faisait lire ses livres. Je devais lire des textes (des extraits) et lui rendre compte. Il voulait jauger ma compréhension des textes. Mes émotions ainsi que mes opinions l’intéressaient aussi. Quand il avait un bout de temps, nous relisions le texte ensemble, moi adossée à l’une de ses grosses cuisses et nous en discutions avec complicité. Je pouvais lui dire ce que j’ai pensé, dans une totale liberté. Je pouvais aimer, adorer ou détester avec hargne mes lectures. Mon père ne critiquait jamais mes prises de position. Cependant j’avais le devoir de justifier mes points de vue. Je devais pouvoir dire pourquoi j’ai aimé la bravoure du petit garçon du conte qui a tué le dragon qui terrorisait le village… J’adorais ces moments de partage. Alors je lisais… Ces lectures portèrent le monde jusqu’à mes pieds.

Nous vivions au village et en dehors des hommes et la brousse qui s’étendait à perte de vue, il n’y avait pas grand-chose à voir (en dehors des jours de fête, de mariage et de grandes cérémonies). Or les livres semblaient une mine intarissable. Ils m’offraient des voyages chaque fois renouvelés. La lecture, telle une fenêtre ouverte sur le monde, un monde inconnu de moi, un monde fabuleux, m’enchantait. Les livres m’offraient une certaine liberté ; je pouvais être ici et ailleurs. Je pouvais rencontrer d’autres hommes et d’autres femmes, les aimer et m’attacher, les craindre et les fuir, les détester et m’opposer à leur choix… je visitais de nouvelles maisons, construites autrement… Je découvrais par la lecture d’autres univers et des plaisirs chaque fois variés et si  intenses que mon quotidien ne pouvait m’offrir. Cette découverte m’apprenait que je pouvais par la lecture sortir de mon environnement ceint de broussailles. Dès lors je ne m’arrêtai plus. Je lisais. La lecture était devenue ma distraction favorite. Les lectures me passionnaient jusqu’aux larmes. Je crois que cette possibilité de voyager, cette curiosité débordante de découvrir d’autres mondes… ont beaucoup joué dans l’attachement que je vouais et que je voue toujours  aux livres.

J’avais souvent plein d’images qui me trottinaient dans la tête et j’aimais ces visions d’un ailleurs, d’un autre vécu que je pouvais posséder moi, couver. Au fil de mes lectures et de mes échanges, ma curiosité décuplait et je persévérais. Je voulais tout savoir, tout comprendre…

BL : Vous êtes aujourd’hui ce qu’on peut appeler une farouche amazone de la littérature. Et c’est justement ce qui vous a amenée à créer Fémicriture. Parlez-nous un peu de sa genèse et de son évolution jusqu’à ce jour.

CA: « Farouche amazone de la littérature ! » (rire) Merci pour le compliment. J’ai crée Fémicriture. Oui. La création de Fémicriture est partie d’un constat. En effet j’ai remarqué que mes élèves et mon entourage connaissaient très peu les écrivaines.

Mais à vrai dire, l’histoire de Fémicriture remonte à 2005 quand j’ai remporté le premier prix Senior du concours LU POUR VOUS de madame Djamila IDRISSOU SOULER. Quand l’auteur dont nous  eûmes le texte en final a lu mon compte rendu de son texte que je n’eus que 10mn à lire, il était sidéré. Puis il m’a écrit une belle lettre qui m’a beaucoup grisée. Je me sentais sur un petit nuage. J’étais convaincue que je pouvais partager mes lectures avec plus de mondes.  L’objectif étant de faire lire le lecteur du compte rendu. Le concours m’avait gratifiée d’un ordinateur, je me mis donc à produire de petits résumés des livres que je lisais.  J’ignorais ce que j’allais bien en faire jusqu’à ce qu’en 2007 je perde tout le contenu. Des virus disait-on… J’étais effondrée. Moi qui avais une croyance absolue dans le pouvoir de l’ordinateur, je tombais des nues… Mais je continuais de partager mes lectures avec mes élèves dans des séances que je nomme ‘‘Incitation à la lecture’’ que j’organise dans mes classes pour inciter mes apprenants à la lecture.

Puis en 2013 avec l’avènement de whatsapp, je me suis rendue compte que j’étais moi aussi un peu déconnectée. Mes auteures Were-Were Liking, Gisèle Hountondji, Aminata Sow Fall, Maryse Condé, Tony Morison, Tanella Boni, Ken Bugul, Myriam Warner-Vieyra, Mariama BA, Adélaïde Fassinou… avaient cédé la place à une nouvelle génération d’écrivaines. En tombant sur une vidéo de Fatou DIOME que je ne connaissais pas en 2013, j’ai compris que je passais  à côté d’un monde littéraire en plein renouvellement, un monde en pleine effervescence. J’ai couru à la librairie et je suis tombée sur La préférence nationale un recueil de nouvelles de cette écrivaine. Et là, c’est reparti ! Place aux livres d’écrivaines, il faut se remettre à l’ouvrage… J’ai écrit à quelques amis pour leur parler de mon désir de partager avec les autres mes lectures afin de leur donner envie de lire. Ils ont trouvé l’idée géniale. Mais le déclic viendra avec  Assouka, cette pièce de Sophie ADONON.

BL : Fémicriture ou L’écriture au féminin. Vous donnez le pouvoir à la femme. Vous célébrez la plume féminine. Pourquoi cette orientation ?

CA: Je donne le pouvoir à la femme ? C’est possible. D’abord, il faut reconnaitre que jusqu’à une période récente, j’ai toujours lu les livres de façon invariable. Mais au moment de créer Fémicriture, il a fallu opérer un choix. Et naturellement mon choix s’est porté sur les femmes, par amour et par curiosité aussi. J’avoue que j’adore les femmes. En dehors d’aimer les livres, les femmes me passionnent. J’ai un faible pour tout ce qui touche aux femmes, pour tout ce qu’elles font, pour tout ce qu’elles réussissent. Alors quand j’ai décidé de partager avec les autres mes lectures et mes coups de cœur, j’ai pensé aux livres de femmes qui, selon mon expérience sont peu connus.

Par ailleurs, je célèbre la plume des femmes parce que personne ne peut dire la femme mieux que la femme elle-même. Et puis je le fais par conviction. Je suis convaincu que les réponses à nombre de mes multiples interrogations sont là. Car, qui mieux que les femmes peuvent dire leur vie ?

BL : Quelle est selon vous la place de la femme dans l’arène littéraire mondiale, africaine et notamment béninoise aujourd’hui ?

CA: La femme dans l’arène littéraire mondiale occupe une place de choix. D’abord en se référant à l’histoire des femmes, ‘‘Deuxième sexe’’, reléguée au foyer, confinée dans le rôle exclusif de mère, muselée, assujettie à  l’homme, je peux vous assurer que ’’La marche des femmes’’ est en branle dans tous les domaines. Le domaine littéraire n’est heureusement pas du reste. De grands noms d’écrivaines tels que : Toni MORISSON, Maryse CONDE, Mariama BA, Simone De BEAUVOIR, Goliarda Sapienza, Elsa MORANTE, Véronique TADJO… figurent parmi les plus prestigieux de la littérature mondiale. Ensuite, nous sommes loin de ces privations sexistes qui interdisaient le métier d’écrivain aux femmes. Entre le vécu de George SAND et le mien, il n’y a pas de commune mesure. Aujourd’hui, elle a droit à la parole. Elle est libre , ce qu’elle croit. Ainsi par rapport au passé la femme, de façon générale, est en bonne posture dans la littérature partout à travers le monde. Il est donc évident que nous avons fait du chemin.

Au Bénin la littérature féminine est dans une dynamique nouvelle. Les ainées peuvent compter sur une relève de qualité.

BL : Quels défis la femme qui écrit doit-elle relever aujourd’hui, selon vous?

CA: Les défis actuels sont nombreux. Mais il dépend de l’orientation que l’écrivaine donne à sa plume. Pour moi, la littérature doit être engagée. Elle doit être une arme au service de la société, une arme dirigée contre les travers de la société. J’épouse donc totalement le point de vue de Victor HUGO dans son poème Les fonctions du poète :

« Le poète en des jours impies

Vient préparer des jours meilleurs. »

La littérature doit donc avoir pour défi d’aider à « faire flamboyer l’avenir ».

BL : Quelle(es) opinion (s) avez-vous des mouvements et revendications féministes qui défraient la chronique par les temps qui courent ?

CA: Il y a beaucoup de revendications qui défraient la chronique actuellement : les droits des femmes, l’égalité entre les femmes et les hommes, l’émancipation des femmes…Beaucoup de luttes des féministes sont légitimes. Il faut protéger les femmes contre certains abus. Franchement ! Notamment les violences faites aux femmes, sous toutes ses formes. J’adhère totalement aux différentes luttes pour l’émancipation de la femme. Je sais que les hommes s’inquiètent de l’émancipation des femmes. Ayant vécu tout le temps dans le patriarcat, ils s’inquiètent de leurs prérogatives Mais je pense qu’ils devraient  s’en réjouir pour leurs sœurs, leurs filles, leurs amies, leurs femmes. Car lutter pour l’émancipation c’est lutter pour une société plus humaine, plus équitable. C’est  considérer enfin la Femme comme un être humain à part entière. Un être qu’on accepte et qu’on tolère dans sa dualité ange et démon. Etre émancipée c’est se considérer comme un être humain ayant tous les droits, c’est se sentir libre de faire ce qu’on croit bien, c’est désirer pour soi une certaine vie et l’assumer. C’est se marier quand on le veut, c’est aussi ne pas se marier quand on le juge peu nécessaire pour son bien-être.  C’est vivre à sa guise.

BL : S’il vous était demandé de définir le féminisme, qu’y répondriez-vous?

CA: Pour définir le féminisme, je répondrai que le féminisme c’est d’abord l’aptitude de toute personne à admettre la femme comme ‘‘un être humain’’ à part entière. Oui, la femme est un être humain, avec ses forces et ses faiblesses, un être avec sa dualité : ange et démon.  Je reviens sur cette dualité parce que les Hommes occultent cette dualité parce qu’ils ne veulent retenir de la femme que l’ange qui leur sourit sans s’opposer à eux. Tant que la femme peut demeurer  l’ange, la vie est belle. C’est condamner la femme à vivre dans l’hypocrisie et la dissimulation. Pour beaucoup la femme est douceur, elle et grâce. Je vous le concède. Mais sachez qu’elle est aussi foudre. Les circonstances peuvent la faire furie aussi.

Le comprendre,  c’est être féministe. Respecter cette personne humaine et Croire en elle est la meilleure forme de féminisme que je connaisse. La croyance en la femme implique de croire en ses potentiels,

BL : Doit-on être nécessairement féministe avant de promouvoir les droits de la femme ? N’avez-vous pas l’impression que le féminisme est un concept créé et qu’on essaie de développer chacun selon ses orientations sans savoir à quoi cette thématique se rapporte concrètement ?

CA: Promouvoir les droits de la femme c’est déjà penser que la femme mérite mieux. C’est considérer que quelque chose ne tourne pas rond et qu’il faut remettre les pendules à l’heure.

C’est possible que le féminisme soit devenu un concept vidé de son contenu pour des fins inavouées. Mais ce que je sais, il y a toujours de nombreuses luttes à mener pour rendre à la femme sa dignité de personne humaine.  Par exemple, j’organise dans mes collèges depuis des années des prix aux filles premières de leur classe. ce sont les photos de l’édition passée. cette année nous venons de faire les comptes et nous avons 27 filles premières de leur classe sur 52 classes.

BL : Mme Avougnlankou se réclame-t-elle féministe ?

CA: Si aimer les femmes, croire en leurs potentiels est du féminisme, oui je suis féministe. J’ai une croyance inébranlable dans la force de la femme. Ce qu’il nous reste à faire c’est de  lui montrer comment elle est puissante. Et nous y travaillons chaque jour. Nous travaillons à éveiller les filles à leur force et c’est beau de voir combien elles sont heureuses de découvrir que sous leur poitrine vibrante de tentation et de faiblesse, il y a une force terrible.

Mes classes sont une forge où je modèle sur l’étau de mes expériences, leur conscience frileuse.

BL : A quelles difficultés peut-on se trouver confronté lorsqu’on décide de promouvoir la littérature par les femmes, comme vous le faites ? Parlez-nous des vôtres, si vous en avez rencontré, et dites-nous comment vous avez pu les surmonter.

CA: Je ne crois pas que se consacrer aux écrits des femmes aient des difficultés particulières. Dans toute initiative, il y a des difficultés. Des difficultés existent mais nous ne nous en inquiétons pas outre mesure. Ma véritable difficulté est le manque de temps.

BL : Quelles sont à ce jour les grandes réalisations de Fémicriture ?

CA: La plus grande réalisation de Fémicrture c’est d’exister. C’est d’être sorti du néant. Pour moi c’est très important.

BL : Quel est votre secret pour allier aisément vie de famille, préoccupations d’activiste littéraire et tracasseries de professeur de français ? Comment vous y prenez-vous?

CA: Mon secret !? Ai-je un secret véritable? Le secret tout le monde le connait : c’est le travail, la volonté de réussir. Dans toute entreprise le travail est le moteur qui maintient la barque. Je suis déterminée à réussir dans mon entreprise. C’est là mon véritable secret.

Et puis je crois que c’est une chance que je sois professeur de français. Mon métier nourrit ma passion. Et vis-versa. Cette possibilité me soulage un peu. Cependant, je dois reconnaitre que ma famille et certains de mes amis sont d’un grand soutien. Franchement !

Cependant je mentirais si je répète à votre suite que c’est aisé. Non ce n’est pas aisé d’allier passion et devoirs.  Mais j’aime ce que je fais. J’aime raconter mes lectures, partager mes coups de  cœur, faire découvrir des livres. J’aime donner du plaisir. J’aime par mon travail aider à faire mieux connaitre les femmes et à les aimer. J’aime imaginer le lecteur accrocher à un compte rendu de lecture et qu’il soit posséder par ce qu’il lit. J’aime l’imaginer courant à une librairie pour s’acheter le livre et s’en délecter. C’est ce plaisir que je peux donner qui me pousse à veiller, et à investir dans cette passion.

BL : Éprise de belles lettres que vous êtes, on se doute que vous avez dans vos tiroirs des textes qui n’attendent que d’être édités. Se méprend-t-on?

CA: Non vous ne vous méprenez pas. J’ai quelques textes qui s’agitent déjà dans mes tiroirs.

BL : Si non, parlez-nous de vos projets littéraires personnels.

CA: Mon prochain projet littéraire, c’est la publication de quelques textes.

BL : Parlant toujours de texte, vous avez dernièrement présenté votre texte  » Un sourire dans le lever du jour » à un concours littéraire organisé en France. Parlez-nous dudit concours et dites-nous ce qui vous a poussée à vous y intéresser ?

CA: Il s’agit du concours Alafia. Il a été organisé par l’Association des Professeurs de Français du Bénin ( APFB) en collaboration avec la Fédération Internationale des Professeurs de français et d’autres pays de la sous région dont le Burkina-Fasso, le Sénégal. Le concours avait pour thème La paix. J’ai surtout participé à cause du thème. Il y a tellement de guerre dans le monde que la perspective de devenir ambassadrice de la paix m’a galvanisée… J’ai donc écrit la nouvelle Un sourire dans le lever du jour qui a remporté le  2ème prix africain.

Dans le document final titré « La paix incendie mon palais« , j’ai trois de mes nouvelles :

Un sourire dans le lever du jour

– Le rossignol

– De la race des vainqueurs

BL : Magdali, malgré la guerre, les souffrances, se marie à « son bourreau ». Que voulez-vous exprimer à travers ce tableau de tragédie ?

CA: Magdali n’a pas épousé son bourreau. Magdali a épousé Natacha, la petite qu’il a renversée ce matin-là et qu’il a secourue malgré la guerre et les coups de feu. La guerre venait d’éclater. Magdali vient d’assister à l’assassinat de son père. Les miliciens l’ont exécuté presque en sa présence. Il est reparti en trombe. Dans sa fuite, il a cogné cette petite fille. Mais contre toute attente, au risque de sa propre vie, il s’est arrêté pour la prendre et la mettre dans sa voiture. Que va-t-i bien faire de ce corps diantre ! S’interrogeraient certains lecteurs. Cette main tendue, il la retrouvera, quand il rentré traumatisé par la guerre. Cette fille du passé sera la seule à lui tendre la main et une oreille attentive. Elle a par ses mots, son attention, ses soins, apaisé cet homme. Elle  l’a réconcilié avec lui-même, elle lui a redonné la confiance et la force dont il a besoin pour continuer à instruire les enfants, orphelins.

 Je veux montrer par cette histoire que la vie est  sacrée, toute vie est sacrée. Il faut le rappeler aux faiseurs de guerre que chaque vie est un trésor. Qu’ils n’ont pas le droit de les gaspiller, de les rompre comme ils font. En outre la vie est un cycle. Tout est connecté, rien n’est laissé au hasard. Nos vies sont interconnectées les unes aux autres. Nous  devons donc déployer une chaine de solidarité et de sollicitude.

Les deux amants étaient heureux de se retrouver. Elle retrouve son sauveur, lui sa protégée. Il l’avait certes cognée. Mais c’est grâce à lui qu’elle a survécu.

BL : Auriez-vous, dans la vie réelle, accepté de faire ce qu’a fait Magdali ?

CA: Cela dépend de l’angle dans laquelle la question est posée.

Il a posé un acte noble. Certes, il a commis un crime mais il s’est vraiment racheté.

BL : Votre portrait chinois :Un personnage historique préféré

CA: Béhanzin

BL : Votre repas préféré

CA: La pâte blanche au gombo

BL : Un défaut

CA: Perfectionniste.

BL : Merci Mme Cécile Avougnlankou de vous être prêtée à nos questions. Votre mot de la fin.

CA: Je vous remercie pour votre engagement à célébrer la littérature. Je connais les misères du métier. Merci à vous.

©  Interview réalisée par Junior Gilles GBETO, pour Biscottes Littéraires