A présent je me rends compte que tout repose sur moi. Je dois prendre une décision, faire un choix. Pourtant en matière de prise de décision je ne suis pas un exemple pour autant. Je ressens un amour ambivalent. Mon coeur bat au rythme de deux cœurs. Je les aime toutes les deux. Oui à présent j’en suis convaincu je les aime. Tant pis, si ce n’est pas raisonnable. Je me moque bien de la raison. Elle n’a d’ailleurs pas son mot à dire en amour. Elle ne ferait que résonner comme un tonneau vide. Judith dit « La distance ne changera rien à un vrai amour  » Je l’ai toisée et je crois qu’elle a compris que pour moi le concept de vrai amour est à l’étape embryonnaire. Un amour, c’est un amour. J’en convenais mais je n’avais cure de ce qu’elle mettait dans vrai amour. Ce qu’elle et moi vivions comment l’appelle t- elle ? Le faux ou le vrai ?

– Le vrai amour est celui là qui résiste à toutes les épreuves, trahison, blessures , distance , médisances etc… Il est beau poétique, source d’éthique, métaphysique et dialectique. Cet amour est soutenu par les dieux .Il est voulu par le peuple de ceux qui entoure les deux amants. C’est ça le vrai amour. Il est à l’image d’un roseau, il ploie mais ne rompt pas…

-Et le nôtre ne répond pas à ces caractéristiques ?

-Bien sûr que non. Nous, nous ne faisons pas les choses de façon catholique. Tu vis une double vie sentimentale et moi aussi. C’est pas orthodoxe.

– Point n’est besoin de porter des lunettes pour que cela soit clair. Et même les agissements de notre entourage immédiat en dénotent clairement. Les gens ici, dans la maison Aladji Héyé, sont très enclin aux petites rivalités fondées sur du vent. Rien de concret au fond. Une incompréhension, un moment de boude… Quoi de plus normal en société? Mais ici ces choses sont érigées en vraies querelles. On eût dit celles des universaux. Le zèle des querelles habite toute la maison. Du moins ceux qui étaient fils et filles du terroir se réclamaient une sainteté de vie que nous (Judith et moi ) n’avons pas, selon leurs propos . La plus active, nous l’avions surnommé Maribelle. En référence à ce personnage de feuilleton qui boitait. Car elle boite.  Clopin-clopant, elle passait. Mère de deux enfants de pères différents, elle ne trouva pour refuge que le toit de son aïeul. Un grand-père amoureux de l’espèce sonnante qui, d’après les bruits de couloir, la retenait là pour le non paiement de dote par l’un ou l’autre des maris. Une chienne de vie qu’elle menait, soutenue par une autre fille du même grand-père se trouvant dans la même situation. Cependant toutes deux se plaisaient à nous clouer au pilori, nous injuriant à longueur de journée. De toutes les insanités dont on nous traitait, une pourtant émergeait du lot et arrivait en tête de liste .Ochinon !! Ce mot goun, je l’entendais à longueur de journée. Le matin, en allant au cours. Au retour et même quand ma Judith et moi étions dans le secret de notre intimité, les allées et venues rependaient Ochinon ! Vraiment ! Si la cours du mouton est sale est ce au cochon de le dire ? Maribelle était ce que j’appelle une oisive de trop pour la société. Toujours à la quête du moindre défaut de tel ou tel autre, laissant les siennes dans sa besace. Elle voyait tout le monde en Ochinon. ! Vraiment ! Mais comme je la multipliais toujours par zéro, elle avait compris que le chien aboie, la caravane passe. Dans le cas d’espèce, la chienne boite, la caravane passe. Et le bruit de la mer ne pouvant empêcher le poisson de dormir, Judith et moi vivions notre idylle, sans nous soucier du « qu’en dit-on? ».

Les jours passèrent les nuits également. La relation se vivait malgré les orages en vue. Bientôt la fin du premier semestre. Les révisions nous occupaient. L’avenir de notre relation aussi. Des fois j’y pensais tellement au point de ne plus penser à mes cours. Judith, résistante entre temps, montrait des signes de désespoir. Elle n’y croyait plus. Pour elle la rupture était évidente. Ça ne collait plus entre nous. Nerveux de nature, je me mettais en courroux pour le moindre petit détail. Je n’étais jamais satisfait. Je me plaignais de tout .Elle n’en pouvait plus. Un soir la goutte d’eau déborda le vase

– Je préfère qu’on fasse une pause dans notre relation. Je fais tout pour te satisfaire, mais hélas. Je suis fatigué, je n’en peux plus.

-Penses-tu que c’est la meilleure solution ?

-Oui, chacun ira réfléchir de son côté.

  1. Hmmmm….. Quand la vérité prends une couleur littéraire….!!!!! Belle plume. Bien à vous et paix à tous. Clak