« Les hommes sont des calamités. Ils veulent néanmoins épouser des anges. En tout cas, si un homme veut que sa femme soit un ange, il doit créer un paradis; parce que les anges ne vivent pas en enfer».

BL: Bonjour monsieur Hector. Merci de nous avoir accordé la présente interview. Dites-nous: qui est Hector?

HD: Je m appelle Hector DJOMAKI. Économiste financier, j’ai fait un DESS (Diplôme d’Etude Supérieure Spécialisée) en finance et un DEA (Diplôme d’Etude Approfondie) en Economie Industrielle. Je suis fonctionnaire en service au centre des chèques postaux. Auteur, écrivain, j ai trois romans à mon actif : « La flamme du mensonge», « Revers à rebours», et « Ce jour où j’ai failli».

BL: Rien ne se fait au hasard dans la vie. Pourquoi avez-vous décidé d’écrire?

HD: Ecrire est avant tout une passion à laquelle mon père a beaucoup contribué en m’inculquant le goût de la lecture. Cette passion a été entérinée par certaines difficultés de la vie. Des difficultés dont devraient mourir mon adolescence, mon insouciance. j ai appris à tuer ces phases de ma vie en écrivant. Et c’est passionnant d’offrir aux lecteurs une série de faits, de scènes. De leur construire des fresques, des paysages. Tellement passionnant de pouvoir dénoncer des vices qui squattent les esprits et transforment la société en un marre à caïman. Si tout était à refaire, si écrire était une coupe, je la boirai à la lie. Car selon moi, il n’y a d’octave supérieur pour celui dont la vie consiste à donner aux lecteurs des ailes pour planer là haut où l’âme en liberté se meut.

 

BL: A quelle histoire le lecteur doit-il s’attendre en ouvrant « Ce jour où j’ai failli »?
HD:  C’est évidemment une belle histoire qui l’attend. (Rires). Sans trop aller dans les détails, il apprendra que Atchebi avait le contrôle de ses combines tout lui marchait jusqu’au jour où elle a commis l’erreur de coucher avec Obinanyé, un faux commissaire, qui lui a transmis le virus du SIDA. Pire, elle tombera enceinte de lui.  Saura-t-elle affronter le regard de son mari? Pourra-t-elle garder à vie son horrible secret?…

BL: Dans « Ce jour où j’ai failli» il y’a cette citation plus ou moins étrange : « quand tu fais la cour à une fille, c’est comme si tu lui délivres une attestation de prise en charge». Que voulez-vous exprimer en réalité?

HD: C’est une manière de m’insurger contre cette éducation avilissante qui laisse croire que nos jeunes dans une relation doivent être à la charge de leur partenaire. Ça fait partie des éléments qui faussent le socle des relations, qui imposent des sentiments de possession et de dépendance. Ce faisant elles tombent dans un piège sans fin, s’écroulent sous un orage où l’avenir devient aussi sombre qu’un pagne noir. A la page 57 dans « Ce jour où j’ai failli» il est écrit: « (…) les femmes ne sont pas des parapluies qu’on utilise pendant la pluie, encore moins des abris contre les orages inopinés de la vie. Elles sont comme les rêves de la nuit, beaux, enivrants; mais dès que surgit le soleil du malheur, elles disparaissent».

BL: Ne pensez vous qu’il s’agit là d’un mépris de la femme ou, autrement vu une des nombreuses conséquences de la pauvreté qui fait que la femme s’accroche au premier venu dont elle fait sa pactole?

HD: J’aime la femme et en me lisant vous l’auriez remarqué. Mais puisqu’elle est la porte d’accès facile aux vices, j’habille mes personnages principaux en femme pour dérouler mes histoires. Je sais aussi bien m’en passer comme l’attestera mon prochain roman et mon recueil de nouvelles en cours d’édition écrit dans un style très différent. Cependant ne nous cachons pas sous la pauvreté pour dépraver à l’extrême les mœurs. Pauvre ou riche, soyons bienséant. Et quelque part dans « Ce jour où j’ai failli», il est écrit : « Les hommes sont des calamités. Ils veulent néanmoins épouser des anges. En tout cas, si un homme veut que sa femme soit un ange, il doit créer un paradis; parce que les anges ne vivent pas en enfer.» Qui diabolise les femmes ou les méprises parle-t-il ainsi? (Rires)

BL: Pourquoi avez-vous choisi l’amour comme trame de fond de vos œuvres ?

HD: L’amour me sert de prétexte pour planter le décor de mes réflexions. C’est la façade des problématiques que j’aborde. A mon humble avis, il est des histoires qu’il sied de tremper dans la vague des émotions, des sensations fortes et des bruits du cœur

BL: Pensez-vous sincèrement qu’amour rime avec souffrance, comme vous le décrivez dans vos romans ?

HD: Mes romans sont le fruit des observations, des faits vécus, des faits de société. Si on y décèle des souffrances, ce sont des souffrances inhérentes à l’existence humaine, tout comme l’est l’amour

BL: La plupart de vos personnages préfèrent paraître plutôt qu’être. Croyez-vous que le monde n’est qu’une comédie ?

HD: Mes personnages révèlent l’abîme moral dans lequel s’enlise constamment le monde. Les valeurs morales face aux nécessités, aux priorités des Hommes sont considérées comme un luxe

BL: Dans vos romans, le méchant trouve la mort, d’une façon ou d’une autre. Est-ce une coïncidence, ou votre perception de la vie ?

HD: Qui tue par l’épée périt par l’épée. Notre vie est la récolte issue de nos semences:  quand vous semez la douleur, la souffrance, vous la récolterez en retour. C’est clair.

BL: « Revers à rebours», original comme titre, tout de même…
HD: « Revers à rebours » pour dire le revers de la médaille dans un compte à rebours

 

 

BL: Dans « Revers à rebours», vous avez choisi un entremêlement de situations, qui conduit le lecteur dans des dédales à n’en point finir. Mais dans  » Ce jour où j’ai failli», vous êtes allé droit au but, sans trop de tergiversations. Pourquoi ce changement brusque de style ?

HD: « Revers à rebours» est une histoire à travers laquelle je convie les lecteurs à la découverte de l’Homme face aux impondérables de la vie. L’ambivalence et la diversité de la pensée humaine justifient les dédales et les entremêlements de cette histoire. Un roman qui plonge les lecteurs dans le fleuve tumultueux et imprévisible de la vie. Par contre « Ce jour où j’ai failli» a été un coup de cœur, une caméra promenée dans les villes du 229, un genre de micro trottoir pour exposer quelques vices de la jeunesse en l’occurrence la gent féminine

BL: Votre premier roman,  »La flamme du mensonge», est presque inconnu des lecteurs. Pensez-vous en faire une réédition prochaine ?

HD: « La flamme du mensonge » a été mon roman d’initiation, la béquille qui m’a permis de faire mes premiers pas en 2011 dans le cercle des Écrivains. Je compte y revenir prochainement

BL: Dans un monde hautement érotisé où l’érosion des mœurs atteint de plus en plus des proportions inquiétantes, le sexe serait-il alors un moyen d’intéresser le lecteur et de le captiver?

HD: Notre devoir en tant qu’écrivain, ce n’est pas de nous laisser emporter par le flot de la dépravation des mœurs. Nous ne pouvons pas célébrer le sexe pour nous accommoder à la tendance du monde. Nous devons plutôt interpeller les consciences. Amener les lecteurs à se découvrir à travers le vécu des autres (les personnages), car le roman nous instruit sur nous-mêmes et le monde qui nous. Il jette une lumière sur nos doutes, il nous fait voyager au-delà de nos tanières.

BL: Qu’est-ce qui vous inspire le plus?

HD: Pour écrire, je m’inspire de chaque regard, chaque sourire, chaque fait imbibé de joie, d’amour ou de douleur. Mon inspiration n’est pas définie. Elle peut surgir n’importe quand, n’importe comment. C’est tout le réel qui m’inspire.

BL: Vous qui travaillez à la poste, que répondriez-vous si l’on vous demandait de dresser le portrait robot de l’écrivain en ce siècle des NTIC et de la globalisation?

HD: On a l’impression que les NTIC et la globalisation entretiennent le désamour de la lecture.  Je pense que les gens ne sont plus enclins à se cultiver, à apprendre chaque jour quelque chose de nouveau. Les NTIC pouvaient servir de support à la promotion ses œuvres littéraires. Aujourd’hui la jeunesse utilise les NTIC pour développer et entretenir des vices (cybercriminalité, groupe de sexe…) Dans un tel monde, le portrait robot que je peux dresser de l’écrivain est tout simple. Pour ma part,  l’écrivain a dans ce contexte la responsabilité d’éveiller les consciences, de limiter les dégâts issus du trop plein de « la culture d’ailleurs ». L’écrivain ne peut plus réduire le champ de ses investigation à son environnement immédiat ; il doit réfléchir tel un citoyen du monde ancré dans le concept de la globalisation. Il doit orienter sa plume de manière à rester en phase avec cette révolution des Technologies de l’Information et de la Communication.

 

 

BL: Le matérialisme gagne de plus en plus de terrain. Un danger à l’horizon qu’on ne voit pas venir?

HD: Il est évident que dans ce monde actuel on ne peut plus se passer du matériel. Cependant, nous ne devons pas être au service du matériel au point de détruire notre âme. L’homme n’est pas que matière. Il est aussi esprit et âme. Et c’est très important de vivre en y pensant constamment. Notre conscience, notre dignité et les valeurs morales ne doivent pas être reléguées au second rang au profit seulement des biens matériels. Les biens matériels sont censés nous servir et non nous asservir. De ce fait, on doit donner priorité à l’éducation. Elle est l’arme la plus puissante que nous pouvons utiliser pour changer le monde et nous prémunir des dangers liés à la subordination de la vie à la matière périssable.

BL: A quand remonte votre rencontre avec la littérature?

HD: Ma rencontre avec la littérature remonte en 2006 où j’ai fait mes premiers gribouillis. Le titre c’était « perpétuel drame« . Ensuite sont nées d’autres histoires qui n’ont jamais été publiées. C’est en 2008 au milieu d’une situation académique pénible, dans une solitude écrasante que j’ai vraiment décidé aller au bout de cette vocation. Aujourd’hui je reste convaincu que la passion de l’écriture est la meilleure chose qui me soit Arrivée. La langue française avec toute sa musicalité, sa complexité ne cesse de me séduire. Tout mon plaisir d’écrire de lire s’y trouve.

BL: Comment se déroule une journée de Monsieur Hector DJOMAKI?

HD: Je passe mes journées aux heures de travail à répondre de mes obligations professionnelles. Ensuite, priorité est donnée à mes études et à ma passion d’écrire

BL: Avez-vous des projets littéraires/livresques en cours?

HD: Oui, pour le compte de cette année j’ai un roman et un recueil de nouvelles à publier.

BL: A présent nous allons dresser votre portrait chinois. Si vous étiez un rayon dans une bibliothèque, lequel seriez-vous?

HD: Rayon de livres pour jeunes

BL: Un défaut?

HD: La solitude

BL: Un personnage de roman

HD: Trabi dans les tresseurs de corde de pliya

BL: Un fruit

HD: La mangue

BL: Une passion

HD: L’écriture

BL: Cher Hector DJOMAKI, nous sommes au terme de notre interview. Nous vous remercions de vous être prêté à nos questions. Votre mot de la fin

HD: Je remercie biscottes littéraires pour le travail abattu en vue de promouvoir la littérature en l’occurrence les écrivains. De telles initiatives ne peuvent être que louées. J’exhorte le public à renouer avec la lecture qui nous accompagne dans notre développement personnel. Merci