Djamile Mama Gao, c’est un artiste protéiforme, béninois et africain. Son travail se situe quelque part entre écriture poétique, slam décomplexé, musiques urbaines et influences du monde, arts visuels, érotisme, et quête(s)identitaire(s). Avec des œuvres qui vont vers la lumière, qui transcrivent l’espérance, qui évoquent son africanité, ses interrogations intérieures, son histoire, son goût de la transversalité, son sens de l’inattendu, ses impulsions anticonformistes ; il tente d’être une voix actuelle, raffinée, poignante, émouvante, et créative. Découvrez donc un talent qui sort des sentiers communs pour se dévoiler librement… à Biscottes Littéraires !

 « Nous n’avons ni problème de lectorat, ni d’écrivains, ni de qualité éditoriale (comme certains veulent le faire croire) ; mais d’argent : le pouvoir qui permettrait aux éditeurs, aux auteurs, d’élargir leur champ, leurs pistes pour atteindre de plus près le public

BL : Bonjour cher Djamile. Présentez-vous à nos lecteurs, s’il vous plaît !

DMG : Salutations à chacune et tous. Moi, c’est Djamile Mama Gao. Ecrivain, slameur, modèle photo, et journaliste/entrepreneur culturel. De père malien, et de mère togolaise, je suis né au Bénin. Après mes études au Prytanée Miltaire de Bembèrèkè, j’ai fait des formations estudiantines en journalisme. Et aujourd’hui, je me consacre essentiellement au développement de mes carrières artistiques et culturelles.

BL : Le slam, la poésie, la musique, la photographie, l’entrepreneuriat. Comment arrivez-vous à joindre tous ces arts dans une seule voix, une seule plume et une seule votre voie ?

DMG : De la même façon que je ne pose pas la question. Je crois qu’il y a autant de musique dans ma poésie, que de poésie dans ma musique. Pareil pour mon élan photographique et entrepreneurial. Ainsi, quand, je me mets à l’un ou à l’autre, cela se fait aussi naturellement, aussi spontanément, que j’intègre les codes qu’exige chacun. Pour moi, ce sont des arts qui se complètent en moi pour me rendre complet. Et qui me servent de prolongement dans ce que je suis foncièrement : une curiosité vivante en permanente remise en cause, et en pleine gestation.

BL : Le slam et la poésie se rejoignent à plusieurs carrefours. Pouvez-vous nous faire ressortir la différence qui les rend chacun particulier ou spécial ?

DMG : Il serait prétentieux d’y répondre sans prévenir qu’il ne s’agit que de subjectivité absolue. La différence première se situe au niveau de l’approche esthétique ; ensuite, au niveau de la cible, au niveau de l’impact sur le public, au niveau de l’état d’esprit ; et enfin, au niveau du mode de restitution.

Après, j’aime à penser qu’on étrangle le slam et révoque sa légitimité en tant qu’art (ou discipline) à part entière, à vouloir l’assimiler, ou le fondre, absolument dans la poésie – écrite, faut-il préciser –.

Il est un fait que le slam est héritage de cette poésie-là : ce qui peut lui valoir l’étiquette de « poésie orale », mais (et cela n’engage que moi), il importe de  distinguer distinctement les deux, afin de ne pas enfermer le slam dans la stricte nécessité de ce qu’exige la poésie écrite, avec tout ce que cela comporte de règles ordinairement (quoique, pas absolument) élitistes. Sinon, ce serait éloigner le mouvement de son intention primordiale : atteindre un public plus large, toucher toute la diversité sociétale qui existe, apporter la beauté de l’écoute, du dire et du ressenti ; aux yeux ou à l’oreille du peuple à la base.

BL : Dites-nous, quelles doivent être les potentialités du slameur ?

DMG : Etre soi ! Tout le reste n’est que subjectivités intrinsèques, et question de personnalité artistique.

BL : Quelle place accordez-vous à la littérature en général dans votre musique ?

DMG : La même que tous les éléments (qu’ils soient artistiques ou pas), qui m’entourent. Elle peut servir de déclic. Elle peut servir de point d’ancrage. Elle peut servir de guide.

BL : Parlant de slam et de musique, vous avez pendant longtemps porté « Negr’ Djamile » comme nom de scène. Maintenant, vous êtes revenu à votre nom de naissance. Qu’est-ce qui a poussé à ce choix ?

 DMG :Il a été question d’un cheminement. Je suis parti d’une révolte utérine qui m’intimait d’exulter à l’autre (l’africain surtout), ce que je considère nécessaire à incarner, ce que je pense capital de récupérer et de transformer comme atout plutôt qu’injure afin de ridiculiser l’abject. Et c’est pour cela que le terme « nègre » me semblait nécessaire. Autant parce qu’il vient du Prytanée Militaire de Bembèrèkè, où l’on m’appelait déjà ainsi, parce que je défendais toujours les détails ou nuances liés aux actes des dits négros. Mais aussi parce qu’à travers la rencontre avec le mouvement de la « négritude » de Césaire ou Damas (je ne me sens pas si proche que cela de la démarche de Senghor), j’avais trouvé les arguments pour étayer mon élan de récupération du pire, transformé en meilleur de soi. Sauf que progressivement, en me redécouvrant, en me connaissant, en allant à la rencontre de l’histoire de ma famille, de mon existence généalogique, j’ai senti le besoin de rendre plus intime ma démarche. De partir de moi vers moi, cette fois-ci. Et donc de me réapprendre, de me récupérer sous tous les aspects (historique, esthétique, idéologique etc.). Je me disais à pour l’autre, mais maintenant, je me dis au fond, à partir, pour moi, et à l’autre. Une suite logique donc !

 

BL : C’est certainement cela, qui contribué à l’aboutissement de votre premier album de slam. Un album assez musical, éclectique, poétique mais aussi allégé sous plusieurs niveaux. Est-ce convenable donc de prétendre que Djamile Mama Gao, c’est un être de rythme et de cultures ?

 DMG : Absolument! Cela signifie que vous avez bien prêté oreilles à mon travail. Parce que mon premier album « Na Yi Noukon », rend bien compte de tout ce que j’ai amassé,depuis le début de ma carrière en Septembre 2016, jusqu’au moment de sa sortie en Janvier 2019. C’est trois ans d’écoute, de travail sur moi, de travail sur ma prise de parole, de travail sur ma fluidité, de renouvellement, de remise en cause, d’ouverture d’esprit, d’évolution vers toutes mes facettes d’être et d’influences artistiques. Notamment entre la griotique ancestrale africaine, l’élaboration textuelle, la légèreté dans le ton, dans le phrasé, dans le propos, dans l’intention musicale, les mixtures des sonorités d’Afrique et d’ailleurs, la prétention d’intégrer pleinement le slam au giron des musiques actuelles, l’envie de se projeter au-delà des normes conservatrices (que ce soit au niveau du look, qu’au niveau visuel ou même au niveau du contenu slamé qui se veut beaucoup musical). C’est tout ça à la fois.

Donc, c’est vraiment comme vous dîtes : culturel, rythmé, jeune, recherché, fun, fin, mais c’est aussi fait pour être facile, accessible, fou. Et c’est tout ce à quoi peut consentir Djamile Mama Gao, mais que ne pouvait pas se permettre Negr’Djamile. Parce qu’avant, j’étais absolument dans l’engagement politique et identitaire uniquement sous sa forme la plus péremptoire, la plus formelle. Surtout pour le regard des autres par rapport à mon nom d’artiste. Alors que maintenant, je me suis libéré de tout ça, je me suis ouvert à d’autres nuances, et bien que je maintienne ces préoccupations dans mon travail, je les délivre avec plus d’ouverture à moi-même. En plus qu’il faut dire que, j’ai la littérature pour faire percevoir l’autre densité de mon travail d’écriture. Et je profite de l’occasion de la présente interview pour informer les uns et les autres que « Na Yi Noukon » est en vente au Bénin via Mobile Money (MTN & MOOV) ici : http://uselyne.herokuapp.com/DjamileMamaGao et en écoute à l’international (Deezer, Spotify, iTunes, etc.) ici : https://orcd.co/nayinoukon

 BL : C’est justement ce qu’on constate dans votre recueil de poèmes Une saison en Afrique qui se veut libre, surprenant, créatif, original sous plusieurs plans. Quel est le message que vous vouliez laisser percevoir à travers cet ouvrage ?

DMG :Le message était avant tout esthétique. Et dans le rendu poétique, il y avait une volonté presque autotélique. Puis j’avoue que je ne suis pas doué pour la restitution thématique de mes œuvres, surtout quand il s’agit de les circoncire à une seule évidence, ou une seule intention. Cependant, je dirais que « Une saison en Afrique » pour moi, c’est l’élan de ce que l’Afrique est dans mon moi d’émoi, versle monde. L’Afrique dans sa réalité d’être. Familière ou lointaine. Abjecte ou gracieuse. Captivante ou éprouvante. Anodine ou absolue. Spirituelle ou ontologique. Dans ce recueil, je crois observer. J’observe mon continent à partir de mon lieu de vie, et d’écriture.

BL : Et là encore, votre engagement sent quand même les relents de la Négritude. Qu’en est-il réellement ? L’assumez-vous pleinement ?

DMG : Bien sûr ! Je suis même ravi que cela puisse se percevoir comme tel. Et je dirais que je m’inscris dans la continuité de ce qu’incarne ce mouvement. Parce que comme dirait Jacques Rabemanajara: « pour moi, la Négritude n’est pas une chose qui est momentanée ou circonstancielle comme certains veulent bien le croire [ou le faire croire]. »

Il y a eu cette époque où il fallait [crier, hurler], au monde son existence, prendre sa place essentiellement de force, car elle nous était déniée. Nous n’étions pas « Homme » à l’époque coloniale et immédiatement après. Ainsi, une bataille rude devait être menée, avec rage, colère, insistance, résistance, et surtout présence affirmée et imposée à l’autre ; l’autre qui nous refusait d’être. Aujourd’hui, la démarche est différente. Elle est moins agressive. Elle est réorientée vers soi. Et une fois encore, vous comprendrez certainement mieux, pourquoi personnellement j’ai renoué avec mon nom de naissance.

C’est en cela que je me considère être dans une continuité. L’intention demeure celle de [participer à l’édification d’un nouvel humanisme] mais cette fois-ci, nous ne sommes plus contraints à nous affirmer à la face de l’autre. Les conditions humaines ayant quelque peu évolué– je précise bien : quelque peu, car beaucoup d’hypocrisie, de fourberie et de bassesses persistent encore– ;nous sommes appelés à nous affirmer vis-à-vis de nous-mêmes, de sorte à ce que le resplendissement de soi qu’on incarne, fasse que l’autre en face, se sente ridicule de vouloir s’en moquer, ou même ironiser à propos.

C’est donc un recentrement des nègres envers les nègres dorénavant. Contribuer à décomplexer suffisamment les nôtres pour qu’ils s’affirment tout en étant ce qu’ils ont devoir d’affirmer à travers eux.

Autrefois, la démarche était davantage plus intellectuelle, parce que c’était essentiellement sur ce plan, qu’il fallait d’abord opérer sa présence, exercer son influence, commettre son existence ; afin d’être en mesure de discuter d’égal à égal, de savoir à savoir, de potentialités à potentialités. Aujourd’hui, la démarche est davantage plus déconcentrée. L’ensemble des valeurs de civilisation du monde noir, afro, africain ; telles qu’elles furent, sont ou demeurent, s’expriment davantage dans la vie que dans les œuvres. Elle touche de ce fait, un peu plus à tout maintenant.

Le vestimentaire (indéniablement d’ailleurs). La langue (nous passons de l’assimilation à la récupération voire le remodelage de ce qui a été légué avec ce qui est notre langage primordial). L’attitude ou le comportement. L’orientation culinaire. Les choix musicaux. L’utilisation des réseaux sociaux ou d’internet en général. Le rapport aux médias, ou encore toute autre forme d’investissement de soi, qui contribue à rappeler ou à se rappeler qui l’on est (parfois même en dépit de « d’où l’on vient »). Et c’est cela qui est important aujourd’hui.

Et c’est en ce sens, qu’en tant qu’artiste, je trouve nécessaire de m’impliquer, de continuer à dire des choses, ou suggérer des choses, qui puissent faire en sorte que, quotidiennement, il y ait, cette volonté d’être soi-même pour s’éclore, qui se manifeste systématiquement partout, en tout, à travers tout, et pour tout. C’est cela ma négritude. Et si vous le constatez : elle commence déjà par mon désormais nom d’artiste.

Avant donc de parler, de me parler, j’insinue déjà qui je suis, et j’insuffle déjà à qui est de notre civilisation, ce besoin de ne se sentir nullement gêné, ou embarrassé par quelque sarcasme lancé à notre encontre parce qu’on serait ci ou ça. J’ai presque envie de dire : et puis quoi encore ?

En gros, pour moi, en tant que noir, nègre ou africain, si aujourd’hui, on est davantage capable de ridiculiser le pire que l’autre prétend que l’on est, ou même que les nôtres complexés prétendent qu’on est ; ce sera encore plus facile d’être qui on naît (est).

Et enfin ; il me plairait de convier ceux qui identifient la négritude (d’entretemps comme d’aujourd’hui) à une forme de racisme, ou à un complexe d’infériorité ; à regarder les informations, à se cultiver au sujet de la barbarie du siècle à travers le monde ; vis-à-vis des noirs, des afro-descendants, des africains, des nègres (pour rassembler toute la civilisation que nous sommes). Quand on voit ce qui se passe à l’encontre des nègres donc, dans les pays dit développés ou encore dans les nations dites fortes en termes de respect de la différence ; on se rend bien compte que l’affirmation de soi à travers notre culture en tant que noir (négritude de ce fait) est encore d’actualité.

Le monde est peut-être en train d’évoluer comme le prétendent certains, pour justifier qu’ils ne se sentent pas concernés par ces causes-là ; mais il ne faut pas perdre de vue, que le regard du monde vis-à-vis des noirs, des nègres est encore embryonnaire malgré tout. Et c’est pour cela que oui ! Je me réclame de pratiquer une forme de négritude.

BL : Peut-on faire du slam sans dénoncer, sans se révolter contre le mal-être qui gangrène les esprits de vos lecteurs et de vos auditeurs ?

DMG : Bien sûr ! Il n’y a d’art qu’en soi. Autant qu’il n’y a de choix d’engagement dans l’art, qu’à partir de soi. Je ne conçois même pas, toutes les volontés ou les rhétoriques, qui voudraient systématiquement que l’art ou l’artiste africain, se sente obligataire absolument d’engagement à des causes qu’il ne ressent pas, ne comprend pas, ne conçoit pas, et donc qu’il ne saurait bien défendre. A force de vouloir que tous les artistes deviennent des engagés, nous obstruons la liberté créative, nous portons atteinte à la liberté de se posséder, de disposer de son potentiel à sa guise, ou de pratiquer son art avec son cœur, son âme ; plutôt qu’avec un besoin de conformité à des idées préconçues, ou des conformismes socialisants.

Cela a tendance à créer des hypocrisies artistiques sans pareil. Je préfère un artiste qui fait bien ce qu’il est ; qu’un suiveur ou opportuniste qui fait mal ce qu’il n’est pas.

BL : Quel regard portez-vous sur le slam béninois. Que faites-vous pour porter haut l’étendard de cet art chez nous ?

DMG : Le slam du Bénin va au rythme de ses moyens, et de ses capacités. Il revient à chacun de jouer sa partition en ce qui le concerne ; et c’est ce qui se fait à chaque niveau. En ce sens, je travaille à ma carrière. Avec ma vision musicale. Voici ma contribution en tant qu’acteur du milieu : faire en sorte que le slam soit, à travers moi, et qu’il épouse autant de possibilités que d’inventivité. Du reste, il revient au public, de nous accompagner ; et aux investisseurs de savoir prendre des risques pour appuyer ou se positionner sur ce qui s’avère être l’un des arts majeurs du futur artistique béninois.

BL : Connaissez-vous le Mouvement Universitaire du Slam (MUS) du campus d’Abomey-Calavi (Atlantique, Bénin) ? Si oui, que pensez-vous de ce mouvement ?

DMG : Je connais parfaitement le « MUS ». Et avant de répondre à la question, je saisirai l’occasion pour préciser que dans le Slam, il y a plusieurs approches : les activistes, les carriéristes, les activistes qui font en même temps carrière, et les compétiteurs. En tout cas, dans le Bénin, c’est ce que j’ai réussi à identifier pour l’instant. Et le « MUS » s’inscrit dans la première catégorie. Les activistes sont ceux qui contribuent à la propagande à échelle de base du slam. Ils contribuent à l’insertion du slam dans les habitudes scolaires, universitaires, entrepreneuriales, ou autres secteurs d’activités qui relèvent du social ou de la société. C’est tout aussi noble que toutes les autres approches.

C’est pour cela que j’aime davantage le « MUS ». Car le ciblage qu’ils ont va contribuer à détecter la relève, à semer la passion en ces prochains porte-voix – quel que soit le sens thématique que cela prendra –du slam béninois. Il est à espérer qu’ils parviennent à trouver des moyens plus grands, plus conséquents, afin de faire voir un peu plus leurs activités, et par ricochet, susciter cette détermination en d’autres personnes, à travers les zones les plus lointaines du pays.

BL : De quelle originalité peignez-vous votre slam pour apporter quelque chose de neuf au slam mondial ?

DMG : Probablement mon besoin d’affranchir le slam de la seule nécessité du fin maniement du verbe en tant que matériau poétique et esthétique. Peut-être ce désir d’affranchissement de tout type d’appartenance fixe et fixé. Peut-être le désir de se forger dans la fourmilière musicale aveccette visiondes artistes qui se construisent par eux-mêmes, et qui œuvrent en indépendant à trouver leur place, à structurer leur business dans un esprit entrepreneurial, à la fois pour grandir, se positionner, éclore et faire du chiffre.

Peut-être cette envie de s’inventer avec ses propres critères de composition, de réalisations ou même de diffusion. Peut-être aussi cette quête griotique dans mes travaux. Probablement ce rapport à la pop, de quelque influence que ce soit.Peut-être ce plaisir d’être dérangeant pour les conservateurs du milieu. Probablement au final, ce rapport au mouvement incessant qui influe de façon systémique sur mon univers slam. Peut-être cet afroslam avec ses couleurs festives qui me définit et que je ne cesse de bousculer pour lui apporter le plus de fluidité. Quoiqu’il en soit, seul le temps saura nous dire.

BL : En guise de mot de la fin, donnez-nous votre point de vue sur la littérature béninoise aujourd’hui.

DMG : Je l’ai déjà dit, et je me permets de le répéter : J’ai le regard de celui qui… n’est pas gênée par le faible taux de publications annuel. J’ai le regard de celui qui… ne perd pas son temps à prétendre que nous manquons de qualité (quel que soit le plan). Pour ma part, autant pour les littératures africaines en Afrique, je songe que, le handicap premier de la littérature béninoise au Bénin, et à partir du Bénin, réside, dans l’absence d’autonomie financière des acteurs du secteur par eux-mêmes.

Nous n’avons ni problème de lectorat, ni d’écrivains, ni de qualité éditoriale (comme certains veulent le faire croire) ; mais d’argent : le pouvoir qui permettrait aux éditeurs, aux auteurs, d’élargir leur champ, leurs pistes pour atteindre de plus près le public.